jeudi 4 juin 2015

Joe SATRIANI : Unstoppable Momentum (CD 2013) – par Vincent le Chaméléon



Le moment est enfin venu !
Pourquoi la guitare instrumentale ne devrait-elle être comprise qu'aux travers des seules oreilles aiguisées de quelques guitaristes avides de sensations ? Tenez, je ne le suis pas, et pourtant la musique de Joe Satriani me parle et m'accompagne durablement depuis exactement 28 ans. J'ai toute sa discographie ainsi que ses 4 derniers DVD Live. Je suis donc ce que l'on appel d'ordinaire : Un vrai Fan du Maître guitariste.
 A ce stade-ci, on pourra alors s'interroger sur le pourquoi de ma découverte tardive de cette dernière cuvée datant déjà d'il y a 2 ans (2013).
La vérité est que, même si j'ai beaucoup aimé ses deux dernières livraisons, j'ai, à la sortie de Unstoppable Momentum, ressenti le besoin d'aller voir un peu ailleurs. Sans doute persuadé que, le jour où je me déciderai à enfin poser mes oreilles sur ce 14ème album studio, les surprises et la vraie nouveauté ne seraient guère plus au rendez-vous. Erratum !

Le changement, c'est maintenant

La photo illustrant la pochette aurait dû me mettre sur la bonne voie. Joe avait enfin apporté un soin particulier à celle-ci. Comparez à celle d'un Strange Beautilful Music ou encore à celle de Is There Love in Space ? Et vous comprendrez ce que je veux dire par là. À la vérité,  Le Satch' ne se foulait plus trop, même dans ce domaine. Même leurs intitulés à chacun étaient dénués d'une quelconque recherche. C'est dire !

Côté inspiration musicale, celle du guitariste semblait elle aussi tourner un peu au ralenti depuis quelques temps. Certes, Joe nous gratifiait toujours de belles mélodies et d'une technique sans failles, mais la fougue et l'audace dont il avait plusieurs fois fait preuve sur quelques unes de ses œuvres, et bien tout cela commençait à lui faire un peu défaut ces dernières années. Toutefois, en s'adjoignant les services d'un nouveau bassiste, en la personne de Chris Chaney, et d'un réel clavier, celui de Mike Keneally sur son précédant album Black Swans and Wormehole Wizards, Satriani nous avait déjà montré qu'il cherchait à se démarquer de certaines de ses habitudes de composition. En laissant par endroit une vraie place aux claviers, la musique du guitariste tendait alors parfois à œuvrer en direction du Jazz. La liberté d'expression que seul ce style offre soufflait alors par endroits sur ce disque réussi (lire l'article).    

Veni vedi vecci... Vinnie

Sur ce nouvel album de tout juste 45 minutes pour 11 morceaux, Joe a reconduit la même équipe que deux ans auparavant. À une exception près toutefois : celle du batteur. Exit donc le fidèle et impeccable Jeff Campitelli (au moins 15 ans de services aux côtés du guitariste).
Vinnie Colaiuta
XXXXXX
Ainsi, et pour la première fois, la guitare de Joe Satriani côtoie (enfin !) le jeu incroyable du monstre polyrythmique Vinnie Colaiuta. L'imparable, l'incontournable, le remarquable, l'Unstoppable Vinnie Colaiuta. Une pointure comme on dit par chez nous. Car en matière d'exception, justement, l'homme se pose carrément au dessus de la mêlée et impose systématiquement le respect auprès des siens. Son C.V parle d'ailleurs pour lui: De Sting a Megadeth en passant par Jeff Beck et Franck Zappa. Vous voyez le genre ! Autant dire que le Monsieur sait TOUT jouer. Je dois le dire de suite, la réussite, dans sa globalité, de Unstoppable Momentum, lui doit énormément. Sûrement parce que la science rythmique qui est la sienne aura définitivement poussé Satriani a se surpasser lui même. Bien sûr, la patte, le "style Satriani" reste et demeure sur cet album. Mais Unstoppable Momentum s'inscrit pour moi dans le carré de tête des meilleurs albums du Satch'. D'abord parce que le guitariste y aborde des thèmes et des schémas qu'il n'avait jamais encore exploité a ce point. En permettant de laisser d'avantage de place aux claviers et à la batterie, sa musique et sa guitare s'en retrouvent sublimées.

Dès le début des hostilités, l'album s'ouvre sur le morceau éponyme avec clairement l'envie qu'a Joe de nous surprendre une bonne fois pour toute. D'emblée, ça joue technique avec une tournerie en mesures impaires en 5/4. Bref, avec Vinnie dans les rangs, on n'est pas là pour plaisanter. Pourtant moi, qu'est ce que je m'amuse déjà. L'instant d'après, "Can't Go Back" confirme la grande forme du guitariste. Le titre est un classique en puissance et la pulse de Colaiuta en impose comme jamais. Ses ouvertures de charlé, ses syncopes, ses accents et autres placements et/ou déplacements font désormais souffler un vrai vent salvateur dans les nouvelles compos du guitariste. Ce sentiment ne fait que se confirmer sur les deux morceaux suivants que sont "Lies and Truths" et "Three Sheets to the Wind". Ce dernier étant une sorte de faux Blues aux accents de fête foraine. Oui vous avez bien lu ! Un Blues shuffle de fête foraine j'ai dit. Si ça ce n'est pas de la nouveauté !
Un peu plus loin, Satriani revient a quelques uns de ses fondamentaux. Le temps de deux morceaux bien Rock et donc assez carrés. Le feeling ne baisse pourtant pas en intensité et "A Door to Summer" tout comme "Shine on American Dreamer" sont eux aussi deux petites merveilles énergiques aux mélodies tout simplement irrésistibles. S'en suit le doublé composé de "Jumpin' In" et "Jumpin' Out". Une nouvelle fois, Satriani et Colaiuta s'en donne à cœur joie dans un savant mélange de solos et de rythmiques qui me laisse alors a penser que ces musiciens touchent à ce moment là (le famous momentum) à quelque chose de sacré chez eux : L'état de grâce.
Fichtre, jamais la musique du guitariste ne m'avait à ce point emporté tout du long. "The Weigh of the World" confirmera cette impression, tandis que Joe clôturera son disque par le très frais et enjoué "Celebration". Et voilà c'est déjà fini. La variété tout comme la qualité des morceaux m'auront donné l'impression d'un album presque trop court. Je vous assure !! Du haut de ces 45 minutes, il ne l'est pas, et Joe prouve surtout qu'il a encore beaucoup de choses à offrir. Tant mieux ! 

Un son à apprivoiser

Bien sûr, un tel album (instrumental qui plus est) ne s'apprivoise pas de la même façon et aussi rapidement que n'importe quel album de Pop. Et ce n'est pas avec une œuvre aussi riche que celle là, que je me risquerais a tenter de vous prouver le contraire. Unstoppable Momentum nécessite en effet qu'on lui accorde un peu de temps et d'attention pour en déceler toutes les trésors qui le compose. Lors des premières écoutes, seule sa production m'était apparue assez bizarre. Le son très Jazz Rock de la batterie de Vinnie Colaiuta m'apparaissait comme un peu sèche. La caisse claire avant tout. La basse aurait peu être mérité aussi un autre traitement que celui qui lui aura été alloué sur ce disque. Elle me paraît encore un peu lointaine par endroits. Idem pour les claviers. Ils me semblaient également manquer d'un peu de présence lors des premières écoutes.

Après une bonne dizaine d'écoutes, ces observations se sont finalement estompées et j'avoue que ce 14ème album du virtuose Satriani n'a définitivement pas fini de tourner sur ma platine CD.

Dernière minute.

A l'heure où j'écris ces lignes, j'apprends que Joe s'apprête à sortir sous peu un nouvel album intitulé Shockwave Supernova. Une tournée française de 7 dates est d’ores et déjà prévue pour Septembre : Paris, Lille, Nantes, Lyon, etc. A vos agendas donc !    


18 commentaires:

  1. Si il vient à Lille, j'y vais, je me ferais une idée de son jeu 25 ans après l'ayant vu à Lille à cette époque " Au Grand Palais"...

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  2. Vinnie Colaiuta n'aura participé qu'a l'enregistrement du disque. C'est ensuite Marco Minnemann qui lui aura succédé sur la tournée. A priori, l'excellent batteur (c'est rien de le dire !) aurait rempilé avec Joe sur son nouvel album a venir et sur la tournée promotionnelle qui s'en suivra également. Paris /Lille c'est quoi en train ? 1 heure de trajet... Non ?

    Merci de ton passage HRT.

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    1. C'est incroyable il passe le 25/09 au Théatre Sébastopol ! C'est une petite salle de 1500 places environ et toutes assises !!
      Pour moi ça va aller je suis un vieux con j'aurais mon cul assis mais pour les jeunes ?!?!
      En plus c'est une salle avec à certains endroits des pilasses...
      En effet, Paris : Lille c'est 1 heure de trajet, si t'arrives à la gare Lille Europe ou Lille Flandres ( oui nous avons 2 gares Monsssieur ! ), tu prends le métro et tu descends à la préfecture et là t'as 5 minutes à pieds pour rejoindre la salle.
      Voici les tarifs annoncés :
      atégorie 1
      BALCON FACE Normal 78,50 €
      BALCON COTE Normal 78,50 €
      ORCHESTRE Normal 78,50 €
      Catégorie 2
      BALCON COTE Normal 62,00 €
      ORCHESTRE Normal 62,00 €
      Catégorie 3
      BALCON 2 Normal 45,50 €

      le 16 octobre je vais voir Glenn Hughes à la Poudrière à Lefrinckouque avec en 1re partie Jareh James Nichols, non de diou !

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    2. Dernière précision, des 2 gares, la durée du trajet sur La préfecture c'est 10 à 15 minutes, donc t'as largement le temps d'arriver à l'avance pour boire une chope, à coté du Sébaste il y a profusion de restos et de bars interlopes.
      www.hardmaisrock.com
      ( un peu de pub pour ma gueule pour faire chier le breton Rockin )

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    3. Pas donné les places... c'est l'inflation. De mémoire, j'étais loin d'avoir payé ça pour Satch. Et le concert, 1ère partie comprise, avait duré près de 3 heures.

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  3. "Joe prouve surtout qu'il a encore beaucoup de choses à offrir" Bigre ! Vingt'dieux !

    J'avais craint le début de la fin avec "Professor Satchafunkilus and the Musterion Rock" mais heureusement, il a vite redressé la barre dès le suivant "Black Swans...".
    S'il y a bien des dieux d'la gratte, Satriani en fait partie.

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  4. Oui le prix des places est devenu de nos jours indécent. Mais pourquoi d'après vous ?
    Quand je dis que je continue d'acheter physiquement des disques à mon entourage, beaucoup se gaussent. Aujourd'hui, ces mêmes personnes râlent qu'elles n'ont plus les moyens de s'offrir une place de concert à moins de 50 euros (premiers prix chez les grands noms). Là c'est moi qui me gausse. Voilà ce qui s'appel le retour de boomerang. Comme si débourser 10 euros ou 15 euros pour un CD était la fin du monde.
    Au festival "Guitares en scène" (74) cette année, Sting, tout comme Mark Knopfler et le cramés de Scorpions sont ainsi tous a 90 euros la place. Merci qui ?

    Oui Bruno, "Professor truc muche" est assurément son disque le plus faible. Je ne l'écoute presque jamais d'ailleurs.
    Rapport a mon observation Bruno. Que voulais-tu signifier exactement par "Bigre !" et par "Vingt Dieux !" ? Tu ne partages pas mon avis sur le disque ?

    Go HRT ! Go ! En plus tu ne risques pas de te retrouver au milieu d'une marré de d'jeun' a ce genre de concert. Au Hellfest plus sûrement ! Moi aussi je vieilli tu sais. Trop vieux pour ces conneries. 100 groupes sous un déluges de décibels a bouffer de la poussière sous un soleil de plomb. Pfff !!!! Je passe le relais cette fois.

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    1. Au contraire, cher Vincent. Au contraire. Je le partage, je le conforme, je le soutiens.
      (Bien qu'en étant critique, je n'aurais peut-être attribué "que" 5/6 ; voire 4,70 /6)
      Un disque que j'ai beaucoup et longtemps écouté. Comme tous ceux de Joe, à l'exception de "Professor Satchafunkilus and the Musterion Rock" qui m'avait laissé un arrière goût de bâclé; Toutefois, même là, il y a un petit lot de joyaux : « I just wanna Rock », un futur classique, rock binaire rappelant les 1ers AC/DC avec un choeur « à la Ramnstein » ( !), un refrain à la talk-box et un superbe solo arrachant tout sur son passage ; « Revelation » ou « Come on baby » pour leur recherche mélodique assez dans la veine des précédents opus ; et « Andalusia » pour sa magnifique 1ère partie de guitare classique Espagnole quelque peu inspirée par Joaquin Rodrigo et d'Isaac Albéniz (deux grands compositeurs Espagnols qui ont allié leur patrimoine national musical aux divers courants européens de musique classique).

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    2. Bon écoute ma tiote bébête qui change de couleur comme pour rire, je te prend la main à la Gare et on y va fissa,
      Sort ta crème solaire pour ta carte Visa car elle va prendre des coups de soleil à force de la sortir de ton portefeuille, on s'en balle quelques mousses avant et on va au Sébasto, je veux bien être ton guide.
      Ensuite on lunch et je te ramène à la gare. Pour l'intendance va falloir me courrieller ton adresse email sur mon site.
      Pelle baveuse

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    3. Ou alors tu passes une annonce sur le Chasseur français ? Pourquoi pas ?

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  5. Pour le prix des places, il paraîtrait que les mêmes concerts soient plus abordables dans les pays limitrophes (dont l'Italie et l'Espagne, d'ailleurs également bien mieux pourvus en matière de prestations Rock).
    Ce qui signifierait que le prix est aussi affaire de promoteur plus ou moins gourmand... Et, bizarrement, ce ne sont pas nécessairement les musiciens les plus intéressants, et méritants (qualité et/ou durée de la prestation), qui soient les plus onéreux.
    A titre d'exemple, j'ai constaté que pour un festival de juillet, où devraient se produire Marcus Miller, Rival Sons, King King, Bertignac, Shaka Ponk, la soirée la plus chère est celle de Julien Doré (!?). Ha ! Non ! La famille Chedid fait monter les enchères... Super. Chercher l'erreur.

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    1. Je fais partie des rares cons qui continuent à acheter vinyles et Cds et Dvd, j'arrive pas à faire du torrent ! j'ai essayé plusieurs fois et je me retrouve à avoir loadé des films de boules !
      Et je te parle pas de la bande son des films de boules !!!

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    2. Alors je pense que tu es entouré ici de tout une bande de cons !! Moi aussi j'achète de cd et des dvd, et même des livres et des journaux en papier !! Qu'est ce que tu crois ?

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    3. HRT, Luc, Je m'inscris comme con solidaire...

      D'ailleurs Vincent et Luc sont témoins de mes achats compulsifs qui encombrent l'appart des Toon ! 4 à 5000 bouquins dans tous les coins. On risque l'enfouissement, les chiens d'avalanche, etc. Pour les polars et SF, j'ai maintenant une liseuse (1 m linéaire environ de gagner).
      Quant au CD : > 2000 (13 colonnes IKEA). Un logiciel pour savoir que la symphonie de machin est en H6 (système bataille navale). Ben oui, en classique : les récitals, les anthologies avec une flopée de compositeurs différents posent problème...

      J'ai refilé 120 Vinyles à Pat Slade... Ah Ah, il vaut mieux que ça soit le boxon chez lui que chez moi... hi hi :o)

      Il faut s'inquiéter ??????????

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    4. Quatorze "Billy" Ikéa (hé ! hé ! hé!)... plus un p'tit carton...
      Mais... Je suis quelque peu surpris... Il y aurait autant de disques de classiques que ça ? Pas possible ! Il y a forcément autre chose...

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    5. Grâce au blog, il faut compter une cinquantaine d'albums rock-blues, 126 B.O et une centaine de CD de chanson française, divers, etc. Le reste c'est du classique en effet : 1727 ce matin à 11H…
      "Autant de disques classiques" ??? : Ben… avec 150 parutions par mois d'albums simples ou de coffret de 2 à 50 CD et plus, ça monte vite.

      Quelques exemples : Mahler avec entre 2 et 12 versions des symphonies et lieder : 71 CD ; Bach : 133 CD (une intégrale Bach, c'est environ 250 CD); Beethoven a la palme dans ma disco avec 163 CD dont une intégrale en 100 CD (un cadeau sympa, mais y a pas que des chefs-d'œuvres…).

      Tiens sur amazon, ils ont 22 392 articles "musique classique" en ce moment dont les… fameux coffrets anthologiques qui ne comptent que pour un ! Heureusement que l'on ne risque pas de faire une connerie du genre "tout commander" :o)

      C'est Fou non !!!!! D'autres questions ?

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  6. MDR ! :-D

    Par contre les vinyles j'ai arrêté il y a très longtemps. Mais je reste un acheteur et un collectionneur assez compulsif.

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