samedi 23 mai 2015

Gustav MAHLER – Symphonie N° 9 – Carlo Maria GIULINI – par Claude Toon



- Ah ! Retour à la musique symphonique après quelques articles consacrés à de jolies et talentueuses solistes M'sieur Claude…
- Oui Sonia, et puis à part la 6ème symphonie dirigée par John Barbirolli, je n'ai pas écrit sérieusement sur les symphonies de Mahler, pourtant toutes essentielles…
- Heuuu, pourtant il me semble avoir vu dans l'index un article dédié aux enregistrements d'Otto Klemperer, un coffret paru  en 2011 pour le centenaire…
- En effet, un article évoquant l'art du grand chef allemand, mais survolant les symphonies 2, 4, 7 et 9 plus le Chant de la Terre… Chaque symphonie justifie un article…
- Et vous avez choisi une gravure de Carlo Maria Giulini, le chef italien qui n'est pas un nouveau venu dans le blog…
- Exact, mais on l'a souvent rencontré comme accompagnateur de concertos… Et puis parmi les versions cultes, j'avais deux vidéos… Alors…

Gustav Klimt : "La vie et la mort" (1908-1911)
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Cette reproduction du tableau "La vie et la mort" n'est pas juste destinée à illustrer ce billet. Klimt, peintre de la génération de Mahler, a traduit fidèlement les oppositions philosophiques, morbides et sarcastiques qui nourrissent la gigantesque et ultime symphonie achevée du maître viennois. Mahler connaissait Klimt, admirait l'œuvre du symboliste qui faisait partie des courants artistiques novateurs de la Vienne de la fin du XIXème siècle et du début du XXème… Le tableau est d'ailleurs contemporain des trois dernières années de vie du compositeur (1908-1911).
12 septembre 1910 : Il reste huit mois à vivre au compositeur qui brûle la vie par les deux bouts. Cardiaque, épuisé, dépressif malgré une visite à Freud, il continue de s'imposer des séries de concerts à un train d'enfer, tant à New-York, qu'en Europe. J'avais évoqué dans le 1000ème article du Blog la création mouvementée, lors de l'exposition universelle de Munich, de sa huitième symphonie, pseudo oratorio dément et génial surnommé Symphonie "les mille" de par l'effectif de chanteurs, de choristes, de maîtrises de gamins, et d'instruments requis par ce "monstre" (Clic). Sans le savoir, Mahler entend pour la dernière fois l'une de ses œuvres nouvelles. En mai 1911, Mahler succombe à sa maladie après une dernière tournée épuisante aux USA. Il n'aura pas eu le temps de créer deux chefs-d'œuvre pourtant achevés : La 9ème symphonie et le Chant de la terre, un cycle de 6 lieder symphoniques. Une dixième symphonie est ébauchée et restera un temps inachevée comme pour donner raison au maître qui était terrorisé par un chiffre maléfique : 9 !!!
Mahler est un angoissé pathologique, surtout depuis la mort de sa jeune fille Maria. Le couple avec Alma, de 19 ans sa cadette, bat de l'aile. Il est obsédé par le fait qu'aucun compositeur d'importance depuis Beethoven n'ait pu écrire plus de 9 symphonies sans y laisser sa peau : Beethoven, Schubert, Bruckner (9ème inachevée), Dvorak (mort en 1904)… Il y voit une malédiction. Pourtant ses craintes ne reposent sur rien de bien solide :
- Schubert a composé une 9ème symphonie "La grande", mais la 7ème n'existe pas, ce qui ne fait que 8...
- Bruckner a produit 11 symphonies voire plus avec les variantes, 9 est un hasard d'un catalogue tronqué…
- Dvorak a écrit sa 9ème symphonie du "Nouveau Monde" en 1893. Le sujet ne l'intéressait plus à priori, aucune partition n'était ébauchée à sa disparition…
La 9ème symphonie sera un chant de mort et de nostalgie face à la vie qui s'enfuit… Tragique mais goguenarde, comme si Mahler faisait un bras d'honneur à la grande faucheuse…
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Carlo Maria Giulini
Revenons à Carlo Maria Giulini (1914-2005), le chef d'orchestre que j'avais comparé à un Visconti de la baguette. Trois articles sont parus dans le blog, un premier en 2011 pour commenter une gravure du concerto "Empereur" de Beethoven avec au clavier Arturo Benedetti Michelangeli (Clic) et plus récemment : le 1er concerto de Brahms avec Claudio Arrau ainsi que la 4ème symphonie également de Brahms avec la Philharmonie de Vienne (Clic) & (Clic). Des gravures mettant bien en évidence la probité du chef dans ses lectures des partitions, son souci du détail et de la clarté, son humilité face au compositeur.
Opposé au fascisme, cet altiste de formation, grand humaniste, ne verra sa carrière de maestro s'envoler qu'après la guerre. Chef d'opéra, il est l'un des piliers de la Scala d'après guerre. Le 19 janvier 1956 il dirige La Traviata de Verdi avec Maria Callas dans le rôle de Violettta. Quoi d'extraordinaire ? Et bien une soirée dont on parle encore, au point que l'affiche originale est éditée sous forme de poster et même de tapis de souris. (Il est sous mon coude. Un cadeau.) Un concert non enregistré. Tiens, la mise en scène était assurée par Luchino Visconti...
La porte de la loge de Carlo Maria Giulini était ouverte à tous. Mais il refusait de recevoir des fans ou amis sur le pied de ladite porte : "Entrez mes amis ! Sinon ça porte malheur" ?! Octogénaire, ses enfants le conjurent de diriger assis. Il refusera toujours par respect de ses musiciens et du public.
Carlo Maria Giulini n'était pas de ces chefs enregistrant des intégrales de manière compulsive. Seules les quatre symphonies de Brahms échappent à la règle. Pour Mahler, deux exceptions isolées en studio sont connues : La 1ère pour EMI et cette 9ème pour Dgg. Les deux avec le Symphonique de Chicago dans les années 70. Des références.
Résumer le style de Carlo Maria Giulini en deux mots : la noblesse et l'élévation spirituelle.
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Bruno Walter en 1912
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Mahler, rattrapé par son destin dramatique, ne pourra jamais créer lui-même ni la 9ème symphonie, ni le Chant de La terre, en fait une 10ème symphonie avec lieder (une astuce typique d'un homme superstitieux, obsédé par le chiffre 9). Bruno Walter né en 1876 avait rejoint le compositeur comme assistant en 1894 à l'opéra de Hambourg. Les deux hommes vont se lier d'amitié et Bruno Walter sera un ardent défenseur de la musique de son mentor jusqu'à sa mort en 1962, date marquant la lente reconnaissance que la musique de Mahler va enfin rencontrer. La première aura lieu en juin 1912 avec la Philharmonie de Vienne et Bruno Walter dirigera la première gravure en 1938 à Vienne avant que l'Anschluss et l'antisémitisme nazi ne l'obligent à fuir vers les USA. Il récidivera à la fin de sa vie en 1961 en stéréo avec l'Orchestre de la Columbia.
Commenter cette symphonie revient à, soit philosopher, soit essayer de mettre simplement en exergue l'incroyable richesse de sentiments, d'évocations de souvenirs intimes à l'aide de métaphores et quelques précisions sur la complexe architecture. Ce que je vais tenter de faire. J'ai terminé la découverte de l'univers mahlérien avec cette œuvre et le final drôlatique jusqu'à l'absurde de la 7ème.
Curieusement l'orchestre est imposant mais moins surchargé que dans les opus précédents : 1 piccolo, 4 flûtes, 1 cor anglais, 3 hautbois, 5 clarinettes (dont une basse), 3 bassons, 1 contrebasson, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba basse, timbales, nombreuses percussions (tamtam, grosse caisse et caisse claire), triangle, glockenspiel, cloches graves, harpe et des cordes à foison.
La forme est en 4 mouvements, ce qui apparaîtrait comme très classique si deux gigantesques mouvements lents (Andante) n'encadraient pas deux mouvements survoltés et plus courts. (Un emploi inversé des tempos et architectures usuels - Tchaïkovski dans la Symphonie N°6 "Pathétique" faisait de même.)

1 - Andante comodo
Ce mouvement, étendu sur une demi-heure, représente à lui seul la quintessence de l'art de Mahler. Une telle durée se rencontre souvent dans ses œuvres précédentes, mais ici, toute la palette des émotions se trouve réunie : la nostalgie, l'angoisse, le cynisme et l'humour grinçant, les citations piochées dans les bruits de la nature (Naturlaut). Par contre, si parfois on a pu déplorer dans ses œuvres antérieures certaines facilités, voire des soupçons de vulgarité ou de trivialité (en un mot : du tintamarre, même si écrit avec une imagination débordante), dans cette grande page, tout n'est que pureté.
Mahler en 1907
Un motif rythmique des violoncelles et des cors semble ramper, issu du néant. Mahler recourt à une gamme pentatonique employée aussi dans le Chant de la Terre illustrant des poèmes chinois (la notation pentatonique est typiquement orientale). La harpe simule le glas d'une cloche. Souffle de mort ou transfiguration pour établir un lien avec le poème symphonique de Richard Strauss de 1889 que Mahler a vraisemblablement dirigé ? Écoute-t-on une phrase mélodique tarabiscotée par plaisir ou l'expression de l'anxiété d'un compositeur qui couche les premières notes d'une 9ème que le musicien pressent fatidique ? J'imagine Mahler, en copie charnelle du Penseur de Rodin. J'entrevois ainsi l'expression musicale des tourments existentiels qui traversent sans logique bien rationnelle la psyché du compositeur (analogie avec l'âme impénétrable dudit Penseur). Une analyse transactionnelle par partition interposée.
Un cor lointain, puis les altos, puis des bois développent un premier thème plus serein. Le fruit de la réflexion aboutirait-il à une acceptation de l'inéluctable quoique philosophiquement incompréhensible trépas. L'introduction conduit rapidement à un premier tutti, un cri comme celui de Munch dans son célèbre et terrifiant tableau. La peur ? D'autres thèmes vont ainsi se mêler, opposant rage, résignation, désespoir, souvenirs d'une vie épique. Mahler exploite l'orchestration pour varier à l'infini l'effet bouleversant de ses matériaux symphoniques. Technique qui lui permet de ne pas complexifier la polyphonie et le contrepoint à outrance. Il obtient ainsi, au bénéfice de l'auditeur, une cohérence mélodique qui évite à l'écoute de se relâcher, de se perdre, comme dans les méandres du final délirant de la 7ème symphonie.
Ensuite, seule l'écoute concentrée permet de percer les secrets et la magie de cette musique. Carlo Maria Giulini avec le magnifique orchestre de Chicago qui allie transparence, puissance et couleurs vives, magnifie les élans harmonieux de ce mouvement aux sonorités si inventives. Ainsi, on retrouve le thème initiale réexposé aux cuivres, devenu marche inexorable et tragique, et bien d'autres trouvailles encore. La synthèse d'une vie de confrontation face à l'univers symphonique. L'analyse de Jean Matter s'étire sur 4 à 6 pages en petits caractères. Ce n'est pas le but ce cet article, je pense avoir exprimé l'essentiel à propos de cet andante.

2 – "Dans le tempo d'un laendler, un peu pataud et très vigoureux" (laendler : danse austro-hongroise ancêtre de la valse)
Avec une telle indication de tempo, Mahler affiche clairement ses intentions : s'éloigner de l'univers astral de l'andante pour revenir danser dans le terroir. En compositeur postromantique, Mahler raffole des mélodies frustes, festives et rurales. Souvenirs, souvenirs des temps heureux à travers le miroir déformant d'une mémoire perturbée par l'angoisse présente. L'introduction n'est autre qu'une suite rythmée de traits aux cordes suivies d'une mélopée des vents, une berceuse ironique. Ou alors une danse macabre loufoque ? Allez savoir ? Mahler, depuis le 3ème mouvement de sa 3ème symphonie rejoue sans fin ces jeux ironiques et fantasmagoriques. Le mouvement est une fresque foraine d'un bon quart d'heure dans laquelle vont se succéder diverses danses toutes plus caricaturales les unes que les autres. Est-on à l'écoute d'une parodie sinistre d'un séjour bucolique ou, tout au contraire, assiste-t-on à des réjouissances paradisiaques à l'instar du paradis enfantin que Mahler mettait en musique sous forme d'un lied en conclusion de sa 4ème symphonie. Huit danses se suivent ainsi, démontrant le génie de l'orchestration, le sens incomparable de Mahler pour faire intervenir les solistes (le solo ricanant du tuba basse !). Le 6ème passage reprend la thématique initiale donnant ainsi au mouvement une allure de scherzo. La reprise se veut plus dramatique et frénétique : tuba et grosse caisse participent à cette diablerie orchestrale. Seuls les meilleurs orchestres savent se jouer des difficultés inouïes de la partition et obtenir une discipline absolue dans le discours et le dialogue vertigineux entre les pupitres. L'Orchestre de Chicago en fait partie et Carlo Maria Giulini exalte l'énergie fantasque de ce mouvement caustique et singulier.

Egon Schiele (1890-1918, ami de Klimt) La mort et la jeune fille
3 – Rondo burlesque
Mahler ne connaissait pas le deblocnot ni son zélé admirateur et serviteur. Diable, il ne facilite pas mon travail ! Comment commenter ce mouvement ? Bruno Walter lui-même alla poser une question avant la création du Chant de la Terre à un autre ami de Mahler et chef chevronné (Oskar Fried ?) "Dites, vous dirigeriez cela comment ?". Burlesque ce rondo ? Pas évident. Narquois, assurément. Le compositeur, maître dans l'art du fugato, déploie une forme de démence furieuse dans un orchestre gagné par la folie, la furie. Un cri de hargne des trompettes, réponse tout aussi rageuse des cordes basses puis des cors. Un rondo suggère une pièce brillante et savante. Savante, c'est le cas, mais la brutalité, le staccato déchaîné apporte une évidence à cette construction. Panique, lutte intérieure, à chacun  son interprétation de ce jeu à la fois morbide et volubile.
L'humour noir se rencontre à chaque instant, principalement dans les solos instrumentaux. Rarement un compositeur n'a su éclaircir avec pareille aisance une telle "tuerie" symphonique (mot à la mode chez les d'jeunes). Giulini est un génie et chapeau au preneur de son. Mahler pense-t-il à un scherzo satanique lorsqu'il interrompt le flot torrentiel par un coup de cymbale pour nous convier au plus intime de lui-même à travers un étrange "trio".
Dans un orchestre séraphique, un solo de trompette puis de cordes annoncent le thème résigné qui sera le leitmotiv de l'adagio final. Encore une des pages parmi les plus réussies du parcours du musicien : pathétique et déchirante. Impossible de rester insensible. On songe à un concerto pour orchestre face à cette débauche de sonorités, de timbres, de motifs langoureux ou affligés. Mesure par mesure, la violence reprend ses droits par une réexposition du thème initial pour conduire à une coda cataclysmique : grosse caisse, glockenspiel, cuivres, caisse claire se fracassent. Mahler se rit du trépas par un  indicible sarcasme musical.

4 – Adagio
Edward Munch (1863-1944) : Le Désespoir
Terminer une symphonie sur un mouvement lent et méditatif est une invention de Mahler. La 3ème symphonie recourait déjà à ce procédé dans un long et religieux adagio qui se terminait en apothéose… Là, dès les premières mesures, le contraste avec la fureur du rondo est saisissant. On anticipe par ailleurs un final tout en douceur, une résignation apaisée et secrète. Un thrène des cordes énoncent lamento le motif présenté par la trompette dans le trio. Bien que la tonalité de ré bémol majeur ne soit pas par nature très sombre, le climat psychologique reste tendu. Mahler cherche-t-il à exprimer encore et toujours la tristesse de sa situation du moment, l'angoisse d'un homme gagné par la maladie, l'ombre de la mort qui plane sur le condamné par la médecine, l'incompréhension du public face à ses œuvres malgré le succès de la 8ème symphonie ? Autre interrogation à l'écoute de ce chant du cygne : le compositeur ne se projette-t-il pas déjà dans l'au-delà, nous livrant alors la vision qu'il aurait d'une vie achevée de manière cruelle, un kaléidoscope de souvenirs anciens et qui vont se perdre : Alma, ses filles, l'amertume d'un échec dans sa recherche inaboutie de l'absolu artistique ?
Mahler est en cela l'ultime héritier d'un XIXème siècle romantique qui se nourrissait de drames et de tragédies souvent inspirées de la mythologie ou de la littérature classique.
Analyser en détail cette immense déploraison de 25 minutes n'a aucun sens hors d'un cours du conservatoire. Même Jean Matter précise qu'il y renonce, alors moi… L'idée du mouvement est d'exprimer le douloureux chemin vers la sérénité, d'échapper aux affres qui précèdent un trépas paraissant si (trop) proche. Le solo de violon vers 5', expression d'une solitude glaciale, n'est qu'un exemple parmi cent des merveilleuses variations et jeux de couleurs diaphanes et élégiaques qui émaillent cet émouvant adagio. La lutte intérieure ne semble jamais complètement gagnée. Un passage central paroxystique, galvanisé par les cuivres et les cymbales, nous fera-t-il partager enfin cette transfiguration tant attendue vers la lumière et la paix intérieure. Pas certain.
Dans la coda, avec une nuance notée pppp (sympa pour les ingénieurs du son…), l'adagio s'éteint dans un orchestre quasi désert. Juste quelques cordes... Vaincre ou être vaincu ? Le combat face au passage obligé vers l'au-delà ne peut aboutir qu'à un renoncement. Un combat que Mahler savait perdu d'avance, tôt ou tard. Encore fallait-il s'y résoudre. En écrivant ses ultimes mesures, Mahler accepte paisiblement ce que Malraux exprimera bien plus tard "Lorsque l'on a eu une vie aussi riche, la mort ne devient qu'un simple évènement que l'on nomme trépas". Si cette lutte s'apparente à une prière, à la croyance en la miséricorde, alors, par cet adagio, Mahler s'est réconcilié avec le Divin.
Carlo Maria Giulini ne cravache pas ses talentueux musiciens. Non, au contraire, il semble les amener un à un à se personnifier au compositeur et à ses conflits existentiels. J'admire ce maestro qui n'a jamais interprété du Giulini à partir des partitions des musiciens. La prise de son exemplaire participe grandement à électriser mes émotions à l'écoute de ce disque.
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Il existe ou a existé environ 150 gravures de cette symphonie. Il est évident que celle de Giulini est une réussite totale mais que nombre de ses confrères ont également su vivifier la beauté extatique de ce chef-d'œuvre. Bruno Walter (1938 et 1961), Leonard Bernstein (à New-York, Vienne et à Berlin en live), John Barbirolli également en Live à Berlin, et Herbert von Karajan avec le même orchestre (L'un des plus grands disques du maestro autrichien qui jouait l’œuvre divinement mais rarement car l'exercice l'épuisait). Continuons : Otto Klemperer avec le Philharmonia, Vaclav Neumann à Prague, et bien sûr Pierre Boulez à Chicago ou Baden Baden. Je n'ai retenu que des enregistrements que je connais bien et qui bénéficient d'une qualité technique digne de la prolixe orchestration. Exception : Walter en 1938, mais pour l'époque, c'est miraculeux… Chaque interprétation apporte de la nouveauté, une osmose spécifique entre une œuvre et son interprète.
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L'interprétation de Carlo Maria Giulini.

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