lundi 13 avril 2015

STEVE HACKETT -"The Tokyo Tapes"- (1998) par Philou




La "Dream Team" du Rock Progressif remonte le temps...

Alors que GENESIS était toute la vie de Phil Collins, de Tony Banks et de Michael Rutheford, Steve Hackett se rendit vite compte que le groupe ne serait qu'une étape dans sa quête musicale et il prit donc le risque énorme de quitter GENESIS en 1977, juste avant la sortie du double live "Seconds Out".
Arrivé au sein du groupe en décembre 1970 pour remplacer le guitariste Anthony Philips, il participe à 6 albums studio avant de se lancer définitivement dans une carrière solo.
Pendant toutes ces années GENESIS, Steve Hackett est resté un guitariste assez mystérieux, discret, ignorant les exploits de rapidité et les démonstrations interminables. Bien au contraire, c'est un créateur de sons, de couleurs, toujours à la recherche d'atmosphères délicates, tout le contraire d'un shredder iconoclaste, d'un bretteur psychopathe ou d'un branleur de manche.
Il se définit lui même comme un créateur d'atmosphères. Il aimait l'idée de faire sonner sa guitare afin qu'elle puisse imiter le phrasé d'autres instruments. Pour lui, la guitare n'a pas forcément besoin d'être héroïque. Dans GENESIS, Hackett avait rejeté cette attitude. Ces recherches de sons nouveaux et différents l'amenèrent des 1971 sur le titre "Musical Box" à lier des notes en tapant les cordes avec la tranche de son médiator. Il utilisera la même technique en 1973 sur "Dancing With The Moonlight Knight" afin d'imiter les synthétiseurs à la guitare. Alors, Hackett précurseur du tapping ? On sait que la technique existait déjà en guitare classique. Mais dans le rock, Steve Hackett, avant Eddie Van Halen, y avait eu recours.
 
Après le succès de son 1er album solo "Voyage Of The Acolyte" (1975), publié alors qu'il était encore avec GENESIS, il se consacre exclusivement à ses propres recherches musicales. En 1978, il sort  "Please Don't Touch" qui réunit une pléiade de musiciens célèbres comme Phil Ehart et Steve Walsh de KANSAS, la chanteuse Randy Crawford ou encore Ritchie Havens, la figure légendaire de Woodstock. Le résultat sonne très US et fait le bonheur des radios FM  américaines. Début 1979, le génial guitariste s'expatrie aux Pays-Bas pour l'enregistrement de "Spectral Morning", le plus romantique de ses albums.
En 1980, "Defector" prolonge l'ambiance progressive de son prédécesseur, mais Steve Hackett pense qu'il commence à stagner et décide d'innover avec "Cured" (1981) en enregistrant l'album avec une batterie électronique. L'ensemble sonne un peu trop pop/rock pour convaincre, mais réussit quand même à grimper jusqu' à la 15ème place des ventes d'albums en Angleterre. Après ce disque moyen, "Highly Strung" (1983) rassure ses fans, sauf quand l'obscur guitariste se met au chant ... Après le divorce avec sa maison de disques Charisma, Steve Hackett signe avec le label Lamborghini et s'offre une petite parenthèse acoustique classique sur "Bay Of Kings" (1983).

En 1996, presque 20 ans après son départ de GENESIS et une bonne dizaine d'albums solo, Steve Hackett effectue un retour aux sources avec la parution de l'album "Genesis Revisited", un projet sur lequel il veut donner une seconde jeunesse aux classiques de GENESIS de la grande époque (1971-1976). Le résultat est inégal voire même décevant, car finalement aucune des versions proposées, ne dépassent les originales.

Après la sortie de "Genesis Revisited", Steve Hackett accompli un désir de longue date en effectuant une tournée au Japon en compagnie de 4 amis musiciens. Les concerts sont prévus à Tokyo au Koseinenkin Hall, les 16/17 décembre 1996, puis le 19 à Osaka et le 20 à Nagoya.
Les amis musiciens en question sont :  
  • John Wetton ( basse, guitare, chant) sur les routes depuis le début des années 70 avec MOGUL TRASH, FAMILY, KING CRIMSON, URIAH HEEP, ROXY MUSIC, UK, WISHBONE ASH & ASIA.
  • Chester Thompson (Batterie) une bête de scène, qui a usé ses baguettes en compagnie de FRANK ZAPPA, AIR POCKETT, WHEATHER REPORT, THE POINTER SISTERS et évidemment, tout le monde s'en souvient, GENESIS
  •  Ian McDonald (flûte, saxophone, guitare, claviers, chant) un multi-instrumentiste qui a fait les beaux jours de KING CRIMSON et de FOREIGNER dans les années 70... un revenant.
  •  Julian Colbeck (claviers, chœurs) moins connu mais non moins doué, il accompagne Steve Hackett sur scène depuis plusieurs années.
Avec un tel line-up, on se dit que l'on ne peut pas être déçu, mais quand on sait que les cinq musiciens ont répété pendant 10 jours seulement, on est en droit de se poser des questions. Dés les 1ères notes de l'album, on est vite rassuré, c'est du haut niveau !!!
La légendaire ouverture de "Watcher Of The Skies" retentit dans le Koseinenkin Hal, admirablement jouée par les claviers de Ian McDonald qui restituent le son original du mellotron de Tony Banks. Même si John Wetton chante dans un registre plus grave que celui de Peter Gabriel, il ne trahit pas du tout l'esprit originel de la chanson et arrive même à lui donner un peu plus d'intensité. Petit échauffement pour le maestro Steve, avec l’instrumental "Riding The Colossus", histoire de se dégourdir les fingers. La basse de John Wetton annonce le classique des classiques "Firth Of Fifth", avant le solo incandescent de Hackett qui vous hérisse les poils (enfin ce qu'il vous reste !). Petit moment d'émotion avec le "Battlelines" du sieur Wetton, un souffle épique se dégage de cette ballade grandiose, une des meilleures de la carrière solo du bonhomme. C'est Steve Hackett qui assure le chant sur le titre suivant "Camino Royale", super morceau avec un super solo de sax de Ian McDonald, mais Steve H n'est définitivement pas un chanteur, heureusement, il assure juste le refrain et c'est bien suffisant. Back in 1969, avec la chanson "The Court Of The Crimson King", une mélodie composée par Ian McDonald pour l'album "In the Court of the Crimson King – An Observation By King Crimson", considéré comme l'ultime chef d’œuvre du rock progressif par beaucoup d’aficionados du genre.
John Wetton
Après ce trop plein d'émotions, petite pause acoustique avec "Horizons", millésime 1972, grand cru "Foxtrot", juste pour démontrer que le gars Steve en 1mn et 44 s, les cordes de nylon, il maitrise un tout petit peu... l'interlude instrumental se poursuit avec "Walking Aways From Rainbows", moment intime avant la Big Surprise de "Heat Of The Moment", le méga tube de ASIA, joué ici en version acoustique, débarrassé de tout arrangement Pompeux/Clinquant/FMmisant, qui prouve bien qu'une grande chanson, même dépouillée à l’extrême, reste une grande chanson.
Petit coup de vent qui nous pousse jusqu'au rivage de "Wind And Wuthering", avec l'instrumental "In That Quiet Earth" écrit par Mike Rutheford et Steve Hackett, un titre concédé par Tony Banks & Co et qui aurait du convaincre Steve de rester avec GENESIS... intro à la Van Halen pour le titre suivant "Vampyre With A Healthy Appetite", juste pour confirmer ce que je disais plus haut, le tapping, il maitrise le gars Steve. Si vous avez encore des doutes, écoutez "The Return Of The Giant Hogweed" dans l'album "Nursery Cryme". En tous cas, superbes parties de guitares sur ce morceau, dommage que le refrain (chanté par Hackett) soit si médiocre.
Ian McDonald accompagne John Wetton au chant pour une superbe version de "I Talk To The Wind", un autre extrait de l'album "In the Court of the Crimson King".
Les 5 musiciens poursuivent leur voyage dans le temps avec "Shadow Of The Hierophant" du premier album de Steve Hackett "Voyage Of The Acolyte"
Chester Thomson
La tension monte petit à petit, la frappe de Chester Thomson se fait de plus en plus puissante et le batteur se lance dans un solo pas très passionnant et trop long, mais qui sert de rampe de lancement pour "Los Endos", le clou du spectacle. Après une (trop courte) pause acoustique de 2mn 30 s pendant laquelle on reconnait des extraits de "Blood On The Rooftops","Unquiet Slumbers For The Sleeper", "Cuckoo Cocoon" et de "The Colony Of Slippermen", Steve ressort l'artillerie lourde avec "The Steppes", une brillante démonstration du talent de l'ex-guitariste de GENESIS qui conclut le concert. Pour le rappel, les spectateurs aux anges, ont droit à l'inévitable "I Know What I Like", (mal) chanté par Steve Hackett. Heureusement, ce bon vieux John Wetton le soutient pour le refrain...ouf !!! Il faudrait certainement que Steve Hackett arrête de s'obstiner de chanter car parfois, le résultat est catastrophique.


Arigatô les Azumaotoko et les Kyoonna .... le concert se termine et tout le monde a l'air super heureux, les spectateurs et les musicos !!! C'est vrai que c'était plutôt sympathique cette plongée dans l'univers progressif d'antan et ça fait vraiment du bien d'entendre de la vraie musique jouée par des pointures comme Steve Hackett, John Wetton, Ian McDonald, Julian Colbeck & Chester Thomson.
Merci les gars !

L'album a été compilé avec les titres joués au Koseinenkin Hall à Tokyo, devant un public d'environ 2000 personnes. Il contient également deux morceaux studio inédits de Steve Hackett : "Firewall" et "The Dealer".








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