Et si on arrêtait de parler tout le temps de Devon Allman comme le
neveu de Duane et le fiston de Gregg, j'ai lu que cela lui pesait
qu'on le ramène constamment à son illustre famille et qu'il
voulait être considéré pour son art et non sa légendaire
ascendance, dont acte, d'autant qu'avec la fin de l'Allman Brothers
Band après 45 de bons et loyaux services rocknrollesques on parlera
peut être bientôt de Greg Allman comme étant le papa de Devon...
Faut dire qu'il ne chôme pas le Devon entre le Royal Southern
Brotherhood dont il partageait le leadership avec Mike Zito et Cyril
Neville et sa carrière solo. Pour mieux se consacrer à celle ci il vient d'ailleurs, -tout comme Zito- de lâcher le "supergroupe". Son premier effort solitaire,
Turquoise (la chronique) m'avait laissé partagé par son coté inégal alternant
formidables plages blues rock et d'autres plus dispensables flirtant
avec le FM. Pour celui ci, direction Chicago : "J'ai fait tous mes
enregistrements dans le Sud, il était temps de me rendre à la
Mecque du blues électrique, me remplir de ces vibrations, m'entourer
des mecs qui vivent et respirent ici" nous dit il. Ce nouvel opus a
été enregistré par Tom Hambridge (Buddy Guy, James Cotton, Johnny
Winter, Georges Thorogood) qui prend places derrière les fûts et
signe 4 titres, contre 5 à Devon, 3 reprises complétant la set
list. Les autres musiciens sont des habitués des studios de la Windy
City, Felton Crews à la basse (Charlie Musselwhite), Gilles Cory à
la seconde guitare (Billy Branch), et Marty Shannon orgue et piano
(Buddy Guy).
Çà démarre sur les chapeaux de roue avec Half the truth, blues
rock décapant, avec super solo de guitare, le chant est assuré, à
ce sujet Allman confie que son expérience avec RSB lui a beaucoup
apporté, dans l'écriture et aussi le chant: " je me laisse plus porter
par le groove et force moins les choses vocalement". Les 2 titres
suivants Can't loose 'em all et Leavin' ont en plus la petite touche
sudiste, à l'Allman Brothers Band, puissants et mélodiques à la
fois. Première reprise avec I'll be around de Thomas
Randolph Bell (un succès des Spinners en 1972 et pour la petite
histoire massacré par Claude François "Soudain il ne reste qu'une
chanson" (1975)), une cover aux parfums West Coast. Parlons
justement des 2 autres reprises: Ten million slaves d'Otis Taylor
et Ragged & dirty de Luther Allison qui donne son titre à l'album, un sacré
Chicago blues au groove funky. Pour le reste Devon va décliner le
blues sous toutes ses formes, du blues rock (Traveling, Blackjack
heartattack) au slow blues (Back to you) en passant par le country
blues dépouillé (Leave the city, duo entre Devon à la résonator
guitar et Hambridge aux percus) et une superbe ballade riche en
claviers et guitare qui fleure bon le Sud et Lynyrd Skynyrd (Times
have changed). J'allais oublier Midnight Lake Michigan, un instru
de prés de 9mn, intéressant dans sa construction, poétique
puis montée en tension, où se croisent guitare, orgue et percus.
Avec cet album, Devon Allman confirme son fort potentiel , toutefois il souffre un peu des mêmes défauts que "Turquoise",
quelques compos sont un peu passe partout et la prod un peu trop
policée. Conclusion : bien mais peut encore mieux faire...
ROCKIN-JL
ROCKIN-JL
Chronique parue également dans la meilleure revue blues de France et de Navarre (BCR , dois je le préciser)
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