Il y a quelques temps, on avait furtivement abordé la scène rock de la région Lyonnaise. Irrémédiablement, on se devait d'évoquer ce qui fut probablement son âge d'or avec des groupes tels que Killdozer, Starshooter, Factory, Ganafoul, Carte de Séjour. Et à ce propos, même s'il semble qu'elle ne soit plus aussi vivace qu'il y a trente ans (et des poussières...), on a pu découvrir qu'elle était toujours bien vivante ; même si nos médias n'en n'ont cure.
Il est parfois dit, ou convenu, qu'elle prit un nouvel essor à la fin des années 90, notamment avec le groupe Prohom (on y reviendra) - collectif de Philippe Prohom -, puis, à l'aube des années 2000, avec le Peuple de l'Herbe (dans une approche nettement plus électro).
Plus récemment, on peut mentionner le très bon quintet Back Roads qui se plait à faire vivre un Classic rock de qualité (lien - clic).
de G à D : Gamet, Viallet, Habouzit et Praz. |
Ainsi on découvre aujourd'hui Lord Ruby, un groupe de Pop-rock (rien à voir avec la daube affublée de cet épithète et qui squatte les ondes radiophoniques) énergique, de Rock Alternatif, qui, eux, sont totalement dépourvus de sons électro. Un quatuor dont le nom de ralliement pourrait bien rejoindre ceux des combos de la région lyonnaise qui ont laissé une empreinte.
Un jeune groupe dont les membres ont déjà de la bouteille, arpentant la scène à travers diverses formations (Karimouche, Jigaboo et Mok) depuis plus d'une vingtaine d'années. On y retrouve d'ailleurs Damien Habouzit qui fit parti d'Aston Villa (en remplacement de Djib qui, suite à son accident de moto de mai 2003, souffrait trop de sa main gauche pour assurer les concerts) et de Prohom (Ha ! Tiens, on en parlait).
Lord Ruby est né en mars 2013, produit de la rencontre de Damien et de Frank Viallet (chant et guitare) qui, ensemble, ont dans l'idée de promouvoir une Pop-rock fringante et sans gras, martelée aux sons de Fender Telecaster (bien que Manu, the Lead guitar, s'affiche avec des Les Paul Standard ; ce qui paraît évident dès que sa pelle se détache pour jouer un court et concis solo), assez proches de combos tels que Franz Ferdinand et Kasabian.
C'est probablement Damien, en tant qu'ex-Prohom, qui alla démarcher Manu Praz, qui, lui aussi, officiait dans ce groupe. En dernier lieu, Nicolas Gamet vient rejoindre la formation pour taper sur des fûts et autres cymbales.
Nicolas "Niko" Gamet, multi-instrumentiste, musicien de studio ou mercenaire pour expéditions scéniques, auteur d'un album l'année dernière ("Le Signe du Cœur") est issu d'une famille de musiciens (dont un cousin bassiste de Camille et de Renan Luce, et un père compositeur et producteur qui a travaillé pour Blankass et Nilda Fernandez).
Bref, Lord Ruby, malgré donc son jeune âge, peut être tout sauf un groupe de débutants.
Lord Ruby, c'est une musique a mi-chemin entre une Pop-rock et un Rock Alternatif. Une musique qui se plait à s'encanailler avec certains aspects des Foo Fighters, voire du Blur des débuts, ou encore de Supergrass, de Kaiser Chiefs. On peut également dénicher quelques liens avec le trio londonien, Bleech (lien - clic) et The Killers.
Le quatuor se réclamerait aussi de David Bowie, d'Oasis, de The Divine Comedy et de Queen of the stone Age, ce qui n'est guère probant. Quoi que, effectivement, un titre comme "Dancing with Deads" affiche ce ton particulier, peu ou prou, un rien guindé et propre à Sir Bowie. Au passage, c'est un des meilleurs titres avec le tiercé gagnant d'ouverture (en fanfare).
Un tiercé qui aurait les capacités de faire son petit chemin en radio... s'il y avait encore des radios indépendantes.
Parfois, deci-delà, surgit un gimmick, une attitude musicale, que l'on pourrait également très bien attribuer à XTC ou aux Kinks. On allant chercher loin, on peut même déceler un p'tit riff boogie-rock'n'roll à la Status-Quo sur "French & Arrogant".
Une Pop-rock crue et sincère, où l'on ne ressent aucune démarche démagogique ou de recherche marketing (au contraire de... biiip Censure du P.A.F. ), affichant des couleurs bien plus british, plus précisément londoniennes, que de n'importe quel comté français. Le chant anglais est d'ailleurs de mise. Un rien dandy mais aucunement maniéré. Néanmoins, une analyse approfondie (en laboratoire) pourrait révéler quelques infimes particules transmise par le contact d'un vieux 33 tours de Starshooter.
Une approche d'un Pop-rock-alternatif que l'on pourrait qualifier de frontal, avec son attaque de guitares franches, dépourvues d'effets, un rien minimalistes, ne s'embarrassant même pas d'une petite réverbe (rien qui ne soit frappant) ou d'un delay. Dans cette optique, les claviers sont bannis, et les arrangements "artificiels" en tout genre sont inexistant ; les quatre musiciens se suffisant à eux-même pour tisser leurs mélodies et leurs rythmes. Ce qui donne un aspect relativement dur et sec à l'orchestration.
Une Pop-Rock, ou Rock Alternatif (c'est selon), qui a les dispositions pour s'épanouir en live, et a les attributs pour arpenter sereinement la scène (le contraire, vu le cursus des belligérants, aurait été fort étonnant).
C'est grâce au site Ulule, qui propose aux internautes de participer au financement d'un disque (après écoute d'extraits ; en l’occurrence, ici, un clip du titre baptisant l'album, tourné et auto-financé par le collectif ), que le quatuor est parvenu à finaliser son disque (quatre titres avaient déjà été enregistré). Une possibilité qu'offre internet aux groupes prometteurs et indépendants, qui ne souhaitent pas galérer inutilement pendant des années, et qui leur permet de ne pas être à la merci de majors qui ne paraissent plus guère s'intéresser à ce qu'ils n'ont pas créé, ou qu'ils craignent de ne pas contrôler, ou encore qui n'ont pas vendu de disques (on se mord la queue).
Voulant faire les choses biens, Lord Ruby propose un disque bien fourni (onze pièces), bien présenté, à l'artwork bichonné (avec des photos soignées, en noir et blanc, et au contraste profond - voir pochette ci-dessus-). Le petit livret donne l'intégralité des paroles des chansons. Un point positif que l'on peut souligner, d'autant plus quand certains gros labels se gardent bien de fournir parfois le moindre effort, ne craignant pas de concevoir des pochettes horribles, preuve d'un manque total de respect (tant pour le groupe que l'acquéreur).
"Keep on Moving" est disponible chez un grand distributeur français (théoriquement spécialisé dans la distribution de produits culturels).
Frank Viallet : Chant & guitare
Damien Habouzit : Basse
Manu Praz : Lead guitare
Nicolas Gamet : Batterie
- Keep on Moving (2:15)
- Franch and Arrogant (3:39)
- Sexton Freak (3:22)
- Brighter Days (3:26)
- Banging (3:59)
- Dancing with Deads (3:28)
- Run Away (3:42)
- The road is long enough (3:49)
- Dead's Bed (3:07)
- Hey You (3:26)
- The Line (3:44)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire