mardi 31 mars 2015

MAHALIA BARNES "Ooh Yea- the Betty Davis songbook" (2015)

     Mahalia Barnes n'est autre que la fille de Jimmy Barnes, le hurleur australien, l'une des plus grandes voix du rock des antipodes et du rock tout court, avec son groupe Cold Chisel puis en solo. Elle a été prénommée par papa Mahalia en hommage à la prêtresse du gospel  Mahalia Jackson. Evidemment avec de tels antécédents elle avait plus de chances de finir sur les planches que de devenir éleveuse de kangourous ou chasseuse d'alligators. On va donc pouvoir sortir les poncifs d'usage: "bon sang ne saurait mentir", "tel père, telle fille" , "les chiens ne font pas des chats"...

     La belle et jeune trentenaire Mahalia n'est pas une débutante, elle commença à chanter ado dans un registre pop au sein du groupe qu'elle forme avec ses frangines, "The Tin lids" puis tournera beaucoup comme choriste, notamment avec son papa Jimmy et Jade MacRae, avant de sortir un premier album en 2008. En 2012 elle participe à The Voice Australie, où elle interprète le "Proud Mary" de Creedence Clearwater Revival, à la Ike & Tina Turner, tous les jurés appuient sur le bouton avant de savoir qu'elle est la fille de Jimmy Barnes (voir clip plus bas). Je ne suis pas fan de ce genre d'émissions mais de temps en temps si ça peut ouvrir des portes à un talent... Elle se fait remarquer et sort en 2012 "Come together" en duo avec Prinnie Stevens, une autre participante, un  album de reprises rock et Rythm'n'Blues très agréable.
     Fin 2014 elle chante sur le titre "Stand up" de l'album "30:30 Hindsight" de son père ; album marquant l'anniversaire de ses 30 ans de carrière solo, avec plein d'invités dont un certain Joe Bonamassa dont nous reparlerons plus tard.

     Dans ce nouveau projet elle a voulu rendre hommage à Betty Davis, mannequin, et éphémère (un an) femme de Miles Davis qui selon la légende la quitta car il ne pouvait pas suivre le rythme de la sublime tigresse black, et je ne parle pas de rythme musical. Outre son tempérament, elle lui fait également découvrir les disques de ses potes Sly Stone et Jimi Hendrix... De 1973 à 1975 elle pond trois albums de funk incendiaires et lascifs qui ont fait date: "Betty davis", "They say I'm different" et "Nasty Gal".
Betty Davis est un des modèles de notre Mahalia: "Je suis une fan de Betty Davis de longue date. La première fois que je l'ai entendu j'ai été happée. Elle est sauvage, libre, crue, intense, puissante et sexy. J'aime les instrumentations, les chœurs, j'ai toujours voulu faire un truc qui sonne comme ce qu'elle faisait!"
Outre Betty, elle cite comme modèles Aretha Franklin, Stevie Wonder, Donny Hattaway, Betty Lavette, Ann Peebles, Otis Redding,  Ike & Tina Turner mais aussi, plus rock, Free, les Black Crowes ou...son père.

     Ce projet a été mis en boite en 3 jours, recorded dans les conditions du live à Sidney par le producteur de renom  Kevin Shirley (Black Crowes, Hoodoo Gurus, Silvertide, Aerosmith, Bonamassa, Black country communion, Black stars riders...). Mahalia est accompagnée de ses Soul Mates, à savoir aux claviers (orgue, Rhodes, piano) Clayton et Lachlan Doley, à la basse Ben Rodgers (qui est aussi son compagnon),  aux drums David Hibbard,  aux chœurs Darren Percival, Juanita Tippins et Jade MacRae et aux guitares Franco Raggat et un certain...Joe Bonamassa, qui fait là des infidélités à Beth Hart.
Ce Joe, c'est pas possible vu sa production perso et le nombre de disques où il figure il doit avoir 2 ou 3 frères jumeaux! Au passage son dernier "Different shades of blues" est plutôt pas mal.

avec son father
     Au programme donc ici 12 titres du répertoire de la bombe Davis, et dés le premier "If I'm in luck I might get picked up" le ton est donné, un  beat funky épais au groove imparable sur lequel Mahalia peut se laisser porter, et elle a du coffre, pas besoin d'analyse d'ADN pour prouver que Jimmy est bien son géniteur. Quant à Bonamassa il est étonnamment sobre, personnellement c'est dans ce registre d'accompagnateur de luxe que je le préfère, tout juste se lâche-t-il un peu sur le final.
Ce funk torride sera bien sur la clé de voûte de l'album, avec en point d'orgue un "Nasty gal" torride, "Ooh Yea",  sa wah wah, son piano et ses choeurs masculins qui évoquent Shaft (Isaac Hayes), "He was a big freak", "Your mama wants you back" et sa basse gluante, 'Shoo B doop and cop him". Sur "Walking up the road", c'est Jimmy Barnes en personne qui vient donner un coup de pouce à fifille et assure les chœurs de sa voix puissante alors que sur "You won't see me in the morning" le Joe nous gratifie d'un bon solo.
Seul "In the meantime" sort du carcan funky, débutant en soul/blues mid tempo qui se transforme en cavalcade sudiste à la Allman Brothers, guitares en avant.

     Un album à conseiller à tout amateur de funk et de soul musclés et de chanteuses puissantes, toutefois pour qui connait les originaux de Betty Davis, ne vous attendez pas à retrouver quelque chose d'aussi  sauvage et brut, de toute façon c'était impossible, Mahalia en propose une lecture différente mais bien intéressante.
On suivra Mahalia Barnes de prés, en attendant  notamment autre chose que des reprises.
OOH YEA !

ROCKIN-JL





sur Betty Davis: lire Bruno
sur Jimmy Barnes , Bruno sur "Barnestorming" et ma pomme sur "the  Rhythm and the Blues"

3 commentaires:

  1. Je confirme : ce disque est a manipuler avec précaution. C'est du chaud-bouillant. Du Heavy-funk radioactif ! Et quelle voix !
    Un des meilleurs disques du trimestre.

    Mon disquaire m'a écouté, et tout est parti comme des p'tits pains.

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  2. C'est carrément vachement bon!!

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  3. Je confirme. Sans lire la chronique, impossible de reconnaître Bonamassa avec sa casquette et son casque. Ah, si, le nom sur la guitare. Je trouve quand même son solo de la fin dispensable.

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