Steve Berry |
Occulte !
Depuis la déferlante Dan Brown et son Da Vinci
code il y a une dizaine d'années, la littérature inspirée de l'occultisme
fait les choux gras des auteurs, des éditeurs, des traducteurs en 53 langues…
Le genre a même supplanté à mon sens la science-fiction classique du siècle
passée, la bonne, celle des Philip
K. Dick, John Brunner ou encore Franck Herbert… Le synopsis est un peu
toujours le même : un récit aventureux à la James bond. Des "bons"
partent à la recherche d'un manuscrit ou d'un objet mythique : l'arche de Noé, le dernier
mail des templiers, la lance de Longinus, le godemichet de la reine de Saba
(quand le roi Salomon est parti guerroyer) retrouvé dans une annexe de l'Atlantide
au pôle sud… Des méchants prêts à tout pour s'en emparer et mettre la planète en coupe réglée grâce aux pouvoir magique de la chose...
Plus sérieusement, les
meilleurs auteurs s'inspirent de faits historiques réels, ajoute une pincée
d'imagination et nous entraînent dans un thriller soit soft, soit survolté
comme un épisode de Jason Bourne. Steve Berry, avocat et yankee de son
état, concocte des romans à cheval entre les deux styles. La thématique repose
toujours sur un fait historique à partir duquel l'auteur va élaborer un thème et
des variations. Dans le secret des rois, son roman précédent, il
posait l'hypothèse que la reine Elisabeth I d'Angleterre, qui avait suivi la
route tracée par le sanguinaire Henri VIII, n'était en fait pas une femme, mais
un fils caché et travesti, un comportement incompris à l'époque et qui expliquerait entre autres son surnom de reine vierge. Berry nous baladait dans le temps et
imaginait un complot destinée à révéler cette supposée supercherie, ce qui
invaliderait des siècles de textes législatifs de l'empire britannique et de l'actuel
GB, bref une déstabilisation totale des institutions. Son thème favori !
Joseph Smith |
L'héritage occulte repose
sur une idée similaire et nous plonge dans l'histoire de l'Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, mieux connue sous
le nom de Mormons. Sur le plan
historique, ce livre et solide et l'on apprend à mieux connaitre cette église
typiquement américaine qui compte des millions de membres sur la planète. Comme
beaucoup, j'imaginais que le très respecté président Lincoln
avait cherché à supprimer le droit à l'esclavagisme en combattant les états du
Sud lors de la guerre de sécession ! Erreur, les esclaves, Lincoln s'en fichait. Lors de la rédaction de la Constitution américaine sous
l'égide de Georges Washington, un point
avait été omis (volontairement ou pas, la réponse est dans des documents
secrets objets de toutes les convoitises) : la possibilité ou pas à un état de
quitter l'union. Lincoln, totalement opposé à
cette idée avait déclenché une guerre faisant 600 000 victimes pour affirmer
par la violence que la réponse était NON, impossible ! Un arrêt un peu bidon de la cour suprême confirmera
cette impossibilité lors d'une tentative de séparatisme du Texas vers 1860.
Bref, un vide juridique majeur…
Abraham Lincoln WWWW |
Pour en revenir au roman, des mormons renégats vont
tenter d'exploiter les failles des textes pour que l'Utah (leur territoire
gagné de haute lutte au XIXème siècle) puisse échapper à l'emprise
de la fédération des États-Unis. Pour cela, un certain nombre de documents
cachés, montrant les manipulations lors de la genèse de la constitution doivent
être retrouvés à… n'importe quel prix.
Comme dans tous les livres de Berry, quelques personnages
récurrents : Stéphanie Nell, directrice
d'une agence secrète, répondant directement au Président US (Danny Daniels dans l'histoire). Une femme intrépide chargée de gérer
les menaces contre l'Union, là où les gros sabots de la CIA, de la NSA et FBI ne
sont pas les bienvenus. Cotton Malone,
un de ses anciens agents, la cinquantaine, libraire (d'ouvrages rares) à
Copenhague, sensée couler une retraite paisible mais souvent rappelé quand les
meurtres d'agents ou les dangers se corsent… Sa petite amie Cassiopée qui ici joue un double jeu
troublant. Une belle femme, agent freelance, qui a connu et aimé dans l'enfance
l'un des mormons membres du complot et répondant au nom de Josepe Salazar… Elle agit à ses cotés. Salazar ? Une crapule, une vraie, qui avec le sénateur mormon Thaddeus Rowan cherchent les textes qui permettrait à l'Utah et d'autres
états de quitter l'Union. L'intérêt : le pouvoir et semer le bordel dans une Amérique ainsi affaiblie ; car les mormons sont bosseurs et une manne d'or cachée depuis
l'époque 1840 faciliterait les choses. Pour préciser, la hiérarchie très pyramidale de l'église
comprend : un prophète (héritier de Joseph Smith, mystique illuminé et père fondateur), une douzaine d'apôtres
dont le plus âgé prend la place du prophète à sa mort, un certain Snow en l'occurrence qui a 90 ans… Rowan étant le plus âgé, vous avez déjà
compris la manip… Bref un complot pour disloquer l'Union et profiter du chaos. Rowan représente la facette de
l'ambition pure et dure. Salazar, victime
d'hallucinations mystiques, est moins (pas du tout) un envoyé de Dieu qu'un
soudard de second rang qui n'hésite pas à faire tuer tous ceux qui se mettent en travers de ses noirs desseins. Il a recréé la milice des danites qui dans les siècles passés
avait le droit de tuer quand l'Église Mormon était pourchassée par d'autres
fanatiques.
Mes propos sont des raccourcis. Si l'aspect historique
du récit est assez passionnant et complet (dossier en fin de volume), on ne
peut pas en dire autant de la trame aventureuse. Peu d'action, beaucoup de
parlotte et trop de pages (550). Je ne suis pas un inconditionnel des jeux de
poursuite épileptiques à la Jason Statham,
mais là, hormis un règlement de compte général dans les dix dernières pages, le
suspens fait cruellement défaut. Donc un assez bon livre pour les amateurs de
l'histoire de la création des États-Unis depuis la guerre d'indépendance, mais
en aucun cas un livre trépidant qui tient son lecteur en haleine. Dommage
également que les auteurs de thrillers américains ne connaissent pas la formule
300-350 pages max !
A noter que le titre original est The Lincoln Myth ! (Le mythe Lincoln). Titre moins accrocheur que l'héritage occulte, qui ne veut rien dire mais est bigrement racoleur ! CQFD au début de ce com...
A noter que le titre original est The Lincoln Myth ! (Le mythe Lincoln). Titre moins accrocheur que l'héritage occulte, qui ne veut rien dire mais est bigrement racoleur ! CQFD au début de ce com...
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