Un nouvel opus d'un artiste indépendant comme Pat Kebra c'est toujours une bonne nouvelle . L'ex leader du groupe punk Oberkampf qui connu ses belles heures fin des années 70's/début des 80's signe là son troisième album depuis son retour aux affaires après "Le cœur sur la main"(2011) et "Décoffrage" (2013) (relire la chronique), sur son propre label Kebra's cd's. Avant de glisser la galette dans le lecteur, arrêtons nous sur la belle jaquette signée comme les 2 précédentes Thierry Guitard, qui illustre aussi magnifiquement le livret intérieur, un dessin fort, sombre et un peu mystérieux en adéquation parfaite avec la musique. Pour accompagner Pat (guitare, chant) on trouve à tour de rôle 3 batteurs et 3 bassistes, aux drums Nirox, Patrick Lemarchand et Christophe Saunière et à la basse Buck Dali, Loulou et le polyvalent Christophe Saunière; aux clavier et percus Vincent-Marie Bouvot.
photo P.Terrasson
Ceux qui pensent que le punk se résume à 3 accords pourris et quelques éructations ("No future""oï") risquent d'être bien surpris à l'écoute de ce disque...Pat le dit lui même d'ailleurs "un résultat surprenant pour un ancien punk qui, pour la première fois, a envie d'être écouté et non plus de briser les oreilles de ceux qui l'écoutent. Les pages se tournent , elles sont faites pour ça.." N'allez pas croire pour autant qu'il se renie ou se ramollit le Pat, mille fois non, l’énergie et la révolte sont toujours là et bien là mais exprimées différemment, mieux canalisées et peut être de façon plus abordable pour le pékin moyen qui se signe au mot "punk"...
Kebra donne beaucoup de ses tripes dans cet album, comme sur "Confidences" qui ouvre en forme de profession de foi ("contre les conventions je me suis souvent heurté/ sur les marchands d’illusions j'ai ouvert le feu/ contre les impostures j'ai voulu te prévenir/ sous vos murs de prison je viendrai chanter"). Pat a mis une bonne dose de rock dans son punk, attention pas du rock d'opérette pour Nrj et autres médias poubelle, ni du rock bobo pour Victoires de la musique, non, du rock dur, guitare en avant, je pense à des Social Distorsion ou Replacements, ce genre de trucs alternatifs/ punk/ early rock'n'roll/ power pop. Arrive "Penser à demain" co-écrit et co-chanté avec Manu, la chanteuse du groupe Dolly et là on tient un hit en puissance, carrément! Si toutefois les radios diffusaient autre chose que les étrons de Guetta et Obispo...
Manu / photo Jipé Truong
Voila du rock français comme je l'aime, avec un coté pop survitaminée, une mélodie irrésistible et la voix pur comme le cristal de Manu qui vos donne la chair de poule et complète celle plus rugueuse de Pat. Voila déjà de quoi j’espère vous donner envie de jeter une oreille à cet opus, où on relèvera aussi de belles envolées poétiques ("Décorer la nuit" -"et si mon chant montait jusqu'aux étoiles je pourrais décorer la nuit"- "Emmène moi" d'ailleurs la qualité des textes est une constante) (Ah ma pov' dame si les punks deviennent poètes où va t'on?...), des guitares à foison ("Fleurs fanées") des hymnes punk ("Ouvre les portes"), "Inégalités" et ses percus ou encore "Oberkampf" , clin d'oeil à son passé. 13 titres dopés au Viagra pour une belle réussite et un pied de nez à l'industrie du disque et à un système mal en point, ou plutôt devrais dire un (Ke-)Bra d'honneur..
pour plus d'infos et commander les albums: PatKebra.com
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