Si
toutefois l’offre n’était pas déjà assez pléthorique, on voit refleurir dans les
bacs depuis quatre ou cinq ans des lives de DEEP PURPLE. D’abord répertoriés
sous le nom de Official Archive Collection, avec des LIVE IN DANEMARK ’72, ou
LIVE AT SAN DIEGO ’74, le nouvel arrivage s’appelle The Official Deep Purple
(Overseas) Live Series. Avec notamment un COPENHAGEN ’72, qui, cela ne vous aura
pas échappé, se situe au Danemark… Révisons toujours notre géographie, avec un
LIVE IN STOCKHOLM ’70 vs SCANDINAVIA NIGHTS ’70. Reste que ces rééditions
sont très bien faites, le son vaut ce qu’il vaut, mais les livrets sont
copieux. Et puis il y a des pièces comme LIVE IN MONTREUX ’69, première
apparition de Gillan en formule Rock’n’Roll après les prestations progressivo-classiques
au Royal Albert Hall, ou le LIVE IN PARIS ’75, (la prise de son est
remarquable) dernier tour de piste du fauve Ritchie Blackmore, à l’Olympia s’il
vous plait, qui a notamment servi de base au MADE IN EUROPE.
Le
dernier en date, c’est le LONG BEACH ’71, quatre titres pour 70 minutes, qui
circulait depuis des lustres en pirate sous le titre SPACE VOL.1 & 2.
Celui
qui nous intéresse est à classer à part. Dans le tiroir document. LIVE AT INGLEWOOD
’68 est le seul concert enregistré avec la première formation du groupe,
comprenant Rod Evans au chant et Nick Semper à la basse. Il a été enregistré à
Los Angeles, le 18 octobre 1968. Le groupe a déjà sorti deux albums aux USA
(seul le premier a pour le moment été distribué en Angleterre), le titre « Hush »
cartonne en radio, ils sont donc accueillis comme des stars, trois jours avant,
limousine, hôtel de luxe et petites pépées. Ils ont été engagés pour assurer la
première partie des concerts d’adieux de CREAM, une vingtaine de dates.
DEEP
PURPLE va bénéficier des ingénieurs qui enregistrent CREAM pour la parution d’un
futur live GOODBYE CREAM, et leur première prestation US sera immortalisée. Filmée
aussi, mais suite à des désaccords et des problèmes techniques (on testait les
nouvelles caméras vidéo Sony), le résultat est désastreux. Dans la salle le public est aux
anges, mais la fête sera de courte durée. DEEP PURPLE se fait virer de la
tournée après trois dates. Certains dans l’entourage de CREAM n’apprécient pas
le succès qu’obtient DEEP PURPLE, qui fait de l’ombre au trio star. Les musiciens
ne sont pas mis en cause, d’ailleurs, comme le fait remarquer Jon Lord, ils
étaient tellement défoncés qu’ils ne se rendaient compte de rien…
Le
public raffole de Ritchie Blackmore, qui étonne en glissant ça et là ses
gimmick baroques, jazzy, au milieu de solos censés être Rock’n’Roll. Ça ne se
fait pas d’épater la galerie, surtout quand Eric Clapton passe après. Les
membres de CREAM sont chargés comme des mules, se détestent cordialement, leur
musique parait brouillonne, face au juvénile quintet, qui déploie son talent sans
fausse pudeur. Les producteurs de la tournée appellent VANILLA FUDGE et Rod Stewart à la rescousse.
Autre
motif de bouderie, Jimi Hendrix, qui avait une maison à Los Angeles, invite les
membres de DEEP PURPLE après leur concert, pour jammer. Et pas CREAM. Un
affront pour les mecs de la maison de disque, qui espéraient tant de cette
rencontre. Pendant la soirée, Hendrix recommande à Blackmore d’aller écouter un
certain Johnny Winter, dont il pense le plus grand bien. DEEP PURPLE se
retrouve sans date, mais reste aux USA jusqu’à la fin de l’année, on leur
trouve des concerts vite fait, quelques séances de studios, puis c’est le
retour en Angleterre.
Sur
ce disque, on a donc la prestation complète, ce qui a été joué ce soir-là. Le son
n’est pas terrible, la guitare souvent noyée, si la pulse de batterie est
présente, les fioritures de Ian Paice passent à l’as, hélas. Mais la voix de Rod Evans
sort bien. Une voix qui détonne avec le volume sonore déployé par les autres musiciens, raison pour laquelle il sera viré quelques mois
plus tard (trop limité techniquement ; Blackmore ayant entendu Robert Plant chanter, aurait dit à Jon Lord : c'est un mec comme ça qu'il nous faut...). Evans tient plus du crooner que du chanteur de rock. On l’imagine mal éructer sur « Speed King ». Mais assure le boulot, et le groupe entame avec « Hush », le tube du
moment, bien alourdi par les riffs de guitare et la basse plombée.
On ne laisse pas le public réagir, on enchaine recta avec un « Kentucky woman » trépidant, composition de Neil Diamond. Qui appréciait cette version, proposant même au groupe d’autres reprises. Sur 7 titres, DEEP PURPLE ne propose que deux compositions originales, préférant s’appuyer sur des standards pour leur premier concert américain. Rod Evans peine un peu sur les refrains, Blackmore brille de mille feux… Les mises en place sont impeccables.
On ne laisse pas le public réagir, on enchaine recta avec un « Kentucky woman » trépidant, composition de Neil Diamond. Qui appréciait cette version, proposant même au groupe d’autres reprises. Sur 7 titres, DEEP PURPLE ne propose que deux compositions originales, préférant s’appuyer sur des standards pour leur premier concert américain. Rod Evans peine un peu sur les refrains, Blackmore brille de mille feux… Les mises en place sont impeccables.
« Mandrake root » (qui sera métamorphosé
par Ian Gillan, avant d'être remplacé sur scène par « Space Truckin'») est un titre prétexte à jam, qui souvent atteint la trentaine
de minutes, mais ici resserré à 9’30. On est clairement dans ce qui deviendra
le Heavy Métal, lourdingue à souhait, un groove très hendrixien, et évidemment,
ça dérape au bout de 3 minutes pour se barrer en impro (contrôlée), on va vous
montrer ce que ça donne d’écouter du Bach quand on joue du Hard… Ian Paice est
heureux, il laboure comme un dingue.
Une
reprise des Beatles « Help » au tempo ralenti, Rod Evans y est plus à
son aise, un peu ampoulé, très dans son époque, mais cet arrangement est plutôt
intéressant. Mais à entendre Ian Paice, assez zepplinien dans son jeu, et celui
de Nick Semper, on regrette que le bassiste ne se montre pas plus entreprenant. Un
instrumental ensuite « Wring that neck » parfois nommé « Hard
Road », là encore prétexte à de longs développements (jusqu’à 36 minutes à
Stockholm !) sur une base de Boogie-rock. Ca swingue du feu de dieu.
« River
Deep, Mountain high » est un titre de Phil Spector, arrangé pour Ike et
Tina Turner. Il faut 4 minutes à DEEP PURPLE pour en venir au fait, Jon Lord faisant un détour (pompeux ou pompier ?) vers Zarathoustra/Kubrick, son pêcher mignon. Rod Evans
prend sa voix de crooner au début, se sort un peu les tripes ensuite, mais bon.
Le chorus de Blackmore remet un peu de Rock’n’Roll dans tout ça, mais bon. Pour
finir, autre reprise le « Hey Joe » de Billy Roberts, dont la version
de Jimi Hendrix est la plus célèbre. Celle donnée à Inglewood est conforme au
disque SHADES OF DEEP PURPLE, avec son long développement hispanisant en intro.
Rod Evans gueule bien, enfin, Blackmore impose sa patte, ne lorgne pas sur le gaucher
de Seattle.
Franchement,
pour un groupe fondé tout juste six mois plus tôt, et pour une première date
aux USA, et ouvrant pour CREAM, le résultat se pose là. On retient évidemment
les prestations des trois piliers Blackmore, Lord et Paice, déjà incroyablement
en place, efficaces, imaginatifs et inspirés. Les deux autres ne déméritent
pas, mais font moins d’étincelles. Le ton est en train de changer, entre les
séances studios pop progressives, et la scène, où le volume est poussé à fond,
où les riffs se durcissent, on sent que Semper (qui rejoindra WARHORSE avec
Rick Wakerman) et Evans ne vont pas rester longtemps.
La
qualité sonore du disque ne permet pas de profiter réellement de la musique,
avec les moyens actuels, il est surprenant qu’on ne puisse pas faire mieux (les
titres de CREAM bénéficient d’un meilleur rendu). Ce qui réserve ce disque aux
amateurs confirmés. Hélas.
DEEP PURPLE - INGLEWOOD 1968
1 - Hush (Joe South) 4:44
2 - Kentucky Woman (Neil Diamond) 4:42
3 - Mandrake Root (Blackmore, Evans, Lord) 9:36
4 - Help (Lennon, McCartney) 5:33
5 - Wring that Neck (Blackmore, Simper, Lord,
Paice) 6:00
6 - River Deep, Mountain High (Jeff Barry, Ellie
Greenwich, Phil Spector) 9:18
7 - Hey Joe (Roberts) 7:57
ooo
Très seyant le moule-"Burn" de Rod Evans !!!!
RépondreSupprimerExcellent !!! Je m'en veux de ne pas l'avoir trouvée et placée dans l'article !!! Tu auras remarqué la grâce des mouvements de hanches de Blackmore, on dirait un jeune communiant sous acide ! Ce clip me rappelle un épisode de Amicalement Vôtre, dans une boite de nuit...
RépondreSupprimerExact pour le coté boite de nuit dans "Amicalement Vôtre" !! :-) Quand tu regarde le déhanché de certain danseur, comme le black en costard à 3.03 !! Tordant !!
SupprimerLe black en costard, c'est Richard Pryor.
Supprimerje ne l'ai pas reconnu !
SupprimerGénéralement, le Mark I est sous-estimé, voire carrément ignoré. Pourtant, en trois albums sortis avec juste quelques mois d'écarts, le Pourpre démontrait déjà une forte et rapide progression. Et d'ailleurs, l'album éponyme de 1969 demeure un de leurs meilleurs.
RépondreSupprimerRod Evans a démontré dans Captain Beyond qu'il était capable d'évoluer, de s'adapter, tout comme Simper au sein de Warhorse (mais, apparemment, pas assez rapidement).
Mais, l'énorme déflagration déclenchée par le faramineux et emblématique "In rock" ensevelit le Mark I.
(le déhanchement de Blackmore est certainement généré par celui des pin-ups présentes. Il a peut-être une gêne)
De superbes belles paires de loches à profusion dans ce clip.
RépondreSupprimerpas encore regardé, mais voila un argument de poids HRT...
Supprimerje vais revoir ma considération bienveillante envers Pat Slade qui s'attarde sur le moule burnes de ROD ( tiens ! ROD ,,, qui se traduit comment en notre langue de Voltaire ?? ).
SupprimerMoi, en tant que mâle poilu et tatoué je visionne avec une acuité visuelle aiguisée les Belettes de cette époque.
Il aurait mis un futal noir, j'aurais surement regardé ailleurs, le coté poutre apparente n'est pas ma tasse de thé, mais la couleur avec le reflet des spots, ça n'aide pas, ça attire l'oeil même si tu es hétéro !
SupprimerOk,
SupprimerTu me récitera 666 Pater !
Dont acte
et Viens sur mon blog !
SupprimerHola, Hola... Hola ! Camarade ! On s'égare. Voilà quelques minettes, et ça y est : on s'émoustille.
RépondreSupprimerRemarque : on voit un peu trop les musiciens sur cette séquence filmée.
Deep Purple était un groupe intéressant dés le départ. Il fut fortement influencé par Vanilla Fudge, Blackmore ne s'en cacha pas d'ailleurs. J'ai découvert cette phase avec le troisième album éponyme, simplement magnifique. On sent que Blackmore bouillonne intérieurement, et qu'il n'a qu'une seule envie : lâcher les chiens.
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