R.I.P. : Le pianiste Aldo CICCOLINI nous a quitté à 89 ans

Mort le 1^er février 2015 à 89 ans, Aldo Ciccolini n'était sans doute pas le pianiste le plus connu des jeunes générations. Et puis même si son nom reste intimement lié à la musique d'Erik Satie, Ciccolini avait connu une carrière de soliste et de pédagogue à travers un répertoire très large, même si cet italien d'origine avait servi la musique française comme nul autre.

Aldo Ciccolini avait vu le jour en 1925 à Naples où, dès ses premières années, il étudie le piano avec un élève de Busoni. Départ pour Paris après la seconde guerre mondiale. 1947-49 le jeune homme surdoué suivra les cours de Marguerite Long, la créatrice du concerto en sol de Ravel et d'Alfred Cortot ou encore Yves Nat. Il remportera d'ailleurs le difficile concours Long-Thibaut en interprétant la 1er concerto de Tchaïkovski avec un brio qui ferra la une de la presse de l'époque. Il faut également savoir que l'enfant seulement âgé de 9 ans posait problème à ses maîtres à Naples : pianiste ou compositeur ? C'est la première hypothèse qui déterminera le destin de  Ciccolini. 
 

Dès les débuts de sa carrière internationale en Amérique latine, le jeune pianiste va se montrer un interprète exigeant et inspiré des musiciens français : Debussy, Ravel et Saint-Saëns bien entendu, mais également d'autres comme Erik Satie, Valentin Alkan, Déodat de Séverac, Emmanuel Chabrier… Il excellait également dans le difficile univers de Franz Liszt. En 1971, il obtient la nationalité française.

Aldo Ciccolini sera aussi un grand pédagogue, notamment au conservatoire de Paris. Parmi ses élèves connus : Jean-Yves Thibaudet et Nicholas Angelich… En 2010, à 85 ans, Ciccolini assure encore des concerts et des masters class. Le jeu de Ciccolini reposait sur une analyse intransigeante de la partition et une grande délicatesse du touché. Le pianiste tournait le dos à l'esbroufe, aux gesticulations et caprices qui sont parfois de mise chez certains pianistes, d'Horowitz à Lang Lang, même si leur talent est réel. Ciccolini s'effaçait derrière le compositeur, il se mettait à son service.

Très apprécié dès ses débuts, Aldo Ciccolini était le dernier géant du clavier à avoir joué sous la direction de Furtwängler, Mitropoulos ou Monteux, les grands maestros historiques nés au XIX^ème siècle.

Sa discographie reste importante. L'intégrale Satie réalisée de 1983 à 1986 salle Wagram pour EMI n'a guère de concurrente. On notera aussi une intégrale des concertos de Saint-Saëns et Erato a réédité l'intégrale de ses enregistrements de 1950 à 1991.

Gymnopédie n°1 de Erik Satie, puis une pièce de Schubert "Kupelwieser Walzer" :

Chopin : Polonaise fantaisie, en concert en 2010 :