Sur
le billet, y’avait écrit 20 heures. A 20 heures pétantes, donc, un petit
bonhomme traverse la scène de l’Olympia, une grosse guitare acoustique à la
main, s’installe sur un tabouret, lâche un « Waouh… l’Olympia, quand même… »,
et se lance dans une série de 5 ou 6 chansons, en français d’abord, en anglais
ensuite. Il s’appelle Fränk, avec un tréma. Son style est à la croisée du folk,
de la soul, et sait se faire funky. On pense de suite à Ben Harper, Eric Bibb. Je
ne vous cacherai pas qu’aussi, dans certaines intonations de voix (commune à
cette génération), on retrouve les tics de… Christophe Maé ! Ouille, qu’est-ce
que j’ai pas dit là ?!
photo JL Parot - Concert Live |
Il
s’appelle Fränk, il a 30 ans, a pas mal trainé ses valoches un peu partout, s’est
nourri de multiples expériences et influences. Et il est très sympa, je l’atteste,
puisqu’en sortant du concert, cherchant quelqu’un pour m’indiquer le bon chemin,
je suis tombé sur lui, reconnaissable aux dreadlocks XXL coiffées sur sa tête !
C’est pas vous qui avez chanté, là, y’a deux heures ? Si…
Pour
découvrir Fränk, son adresse FB… : Connect With Frank
A
21 heures, le groupe A l’Ouest entre en scène, suivi du héros de la soirée,
Paul Personne. Cool, comme d’hab, salut des deux mains, les bras levés, et
dédiant la soirée à « la tolérance, la liberté, la vie, quoi… ». Et
la petite phrase fétiche du Paulo « allez, on va se prendre un peu d’bon
temps », avant de lâcher le riff de « Il y a », premier titre de
son dernier album PUZZLE 14 (relire la chronique de Bruno : - cliquez ici - ). Paul Personne joue sur
une Les Paul (deux modèles, pour l’immatriculation précise voyez avec Bruno, ou
la préfecture de police). A sa droite, le bassiste Nicolas Bellanger joue sur
une Firebird. II y a une basse Fender sur un stand mais elle ne servira
pas. A sa gauche, Tony Bellanger joue sur une Gibson SG, et derrière, Brice
Allanic, joue sur une batterie que je soupçonne être une Ludwig, mais à mon âge la vue baisse, surtout dans une salle obscure, et encore davantage quand la grosse caisse reproduit un dessin et non la marque du matos.
Tony, Nicolas Bellanger, Brice Allanic, Paul Personne (le binôme cheveux longs / chemise à carreaux à encore des adeptes, par les temps qui courent, c'est rassurant) |
Soyons
honnête, cette première livraison de chansons à l’air d’être encore en rodage. Début
de tournée, titres nouveaux, tout est solidement exécuté, fidèle au disque,
mais manque un p’tit coup de burette à huile là-dessus. Il me semble que
certaines mises en place, ben… manquait de mise en place ! (non mais t’es qui toi pour dire ça ?).
Mais ça va changer. Paul annonce qu’on va revenir en arrière, « ceux qui
me connaissent, qui me suivent, ben, ils vont reconnaitre, je pense » et
il balance l’intro de « Comme un étranger » (EXCLUSIF, 1983), titre
jazzy que j’adore, swing imparable, qui passe bien avec cette formation. Brice
Allanic, à la batterie, possède une frappe qui sied bien au blues rock du dernier
album, mais pour des arrangements plus légers, j’avoue que le jeu de Philippe Floris
(ROUTE 97, 1997) me paraissait plus fleuri.
Paul
Personne va ensuite jouer « Plus loin d’ici », l'instrumental
« Flashes » et « Quelqu’un appelle », ce dernier avec 4x4 de
guitares, une série qui s'enchainait déjà sur ROUTE 97. Il nous annonce qu'on va se
faire « une petite blueserie », un 12/8 comme il les affectionne, à la manière de « Où est le paradis » mais là encore, je n'ai pas repéré de quel album venait ce titre. Chorus de guitare étiré, nuancé, alternant calmes et pilonnages de Grosse Bertha toutes les 8 mesures, la rythmique s’efface peu à peu, vers la fin juste un charley, quelques notes et
les mouches qui volent. Instant presque envoutant, avant le crescendo vers le
final incendiaire, épilogue à rallonge, et hop, sur un signe, un quart de tour
vers le batteur, et tout s’arrête, net, comme s’il on avait coupé le son !
Le silence après Paul Personne, c’est encore du Paul Personne !
On a eu droit à « Faut que j’me laisse aller » (24/24, 1986) avec encore un plan final à deux guitares, qui m’a fortement rappelé le « Moutain Jam » des Allman’s Brothers, puis « J’ai essayé » (A L’OUEST FACE B, 2011), conclu par un solo de batterie (court mais viril), rejoint par la basse, puis la guitare de Bellanger, puis Paulo qui nous met dans le même shaker les riffs de « Sunshine of your love » « Day Tripper » et « Satisfaction », avant de lâcher le groove de « Barjoland » (1984) encore prétexte à un duel sévère de guitares, Les Paul contre Gibson SG (avec botleneck), 1 partout, la basse au centre.
On a eu droit à « Faut que j’me laisse aller » (24/24, 1986) avec encore un plan final à deux guitares, qui m’a fortement rappelé le « Moutain Jam » des Allman’s Brothers, puis « J’ai essayé » (A L’OUEST FACE B, 2011), conclu par un solo de batterie (court mais viril), rejoint par la basse, puis la guitare de Bellanger, puis Paulo qui nous met dans le même shaker les riffs de « Sunshine of your love » « Day Tripper » et « Satisfaction », avant de lâcher le groove de « Barjoland » (1984) encore prétexte à un duel sévère de guitares, Les Paul contre Gibson SG (avec botleneck), 1 partout, la basse au centre.
23
heures, une petite pause le temps de changer de tee-shirt, Paul revient avec « Aphonie
cérébrale » (PATCHWORK ELECTRIC, 2000), puis le boogie « Vue hier
soir » (COUP DE BLUES, 2003), et re-sortie de scène. Un certain nombre de
cons se sont levés pour se tirer (quel mépris, c’est fou le
nombre de gus qui se lèvent, vont boire un coup ou pisser, reviennent, emmerdent tout le monde), sauf que Paulo revient
encore, lance un « bah tiens, si vous vous êtes levés, z’avez qu’à rester
debout » annonce qu’on va se faire un p’tit rock’n’roll pour finir, avec « C’est
la vie qui m’a fait comme ça » (COUP DE BLUES, 2003). 23h20, fin des
hostilités.
Le
son était bon, pas saturé, pas trop fort, la Les Paul sans doute mixée un peu
trop en avant parfois, mais cette salle de l’Olympia (2000 places) a vraiment une bonne
acoustique. Jeu de lumières sobre, quatre amplis sur scène (non Bruno je ne
suis pas allé voir les n° d'usine !). Paul Personne a mis 5 ou 6
morceaux avant de vraiment lâcher les chevaux, nous a donné une prestation très rock. Et comme à chaque fois, on est saisi par l'humilité, la simplicité de ce musicien, et la qualité de ses chansons. Car mine de rien - le bonhomme a 65 ans - il commence à avoir un sacré répertoire, des titres marquants. Son public, fidèle depuis les débuts, dont mézigue, n'en doutait pas.
NB : les photos illustrant l'article n'ont pas été prises ce soir-là, et datent je pense de la tournée précédente... Et pas de vidéo non plus. Mais cette version récente de "C'est la vie qui m'a fait comme ça", dernier rappel de l'Olympia.
NB : les photos illustrant l'article n'ont pas été prises ce soir-là, et datent je pense de la tournée précédente... Et pas de vidéo non plus. Mais cette version récente de "C'est la vie qui m'a fait comme ça", dernier rappel de l'Olympia.
Autres articles / Paul Personne :
"à L'Ouest - Face A" (2011)
"Puzzle 14" (2014)
ooo
Personne passe près de chez moi dans quelques semaines : je vais voir. Reste que ces derniers albums avec A l'Ouest ne me convainc guère en copiant trop ce qui semble de mise désormais outre-atlantique à savoir du Hard-Blues-Rock bourrin et plombé; On est bien loin des très bons "Rêves sidéral d'un naïf idéal" ou "Demain il fera beau".
RépondreSupprimerBref pour moi Paulo n'a plus la science mais je reste respectueux pour l'homme et le guitariste.
Avec la configuration de son groupe, le registre musical a changé, moins jazzy, blues, mais plus rock. C'est vrai que j'apprécie particulièrement la période avec claviers et sax (qui s'est arrêtée y'a au moins 15 ans) qui permettait d'avoir des morceaux plus différents, et sur scène, des chorus qui explosaient de partout. Même si Bellanger prend quelques solos (courts) c'est PP qui est davantage en avant. En tout cas, ce soir-là. Dans quelques semaines, le set aura sans doute évolué, et les musiciens seront plus rodés. Hard Blues bourrin ? Je ne dirai pas ça. Rock Blues musicalement viril, oui, surtout sur scène, avec les sonos... Mais grâce au chant, son timbre de voix, aux paroles en français, il y a un certain "velouté" qui reste, une patine Personne toujours bien présente.
RépondreSupprimerd'après votre commentaire, la salle était en configuration assise. Était-ce bien la bonne config pour un tel concert ? Comment était l'ambiance dans la salle ? Pas d'annotation sur le public et sur la tranche d'âge majoritairement représentée. Je suppose que la moyenne devait tourner autour de la quarantaine.
RépondreSupprimerOui, configuration assise. Paul Personne a 65 ans. Son public a donc une moyenne d'âge de... disons assez élevée ! Je dirais 55 ans de moyenne (ce que j'en ai vu).. Ce qui signifie que j'étais parmi les plus fringants ! C'est assez surprenant d'ailleurs, des couples "séniors", très propres sur eux, sorties de bureaux, costards-cravates... C'est Paris, l'Olympia, c'est sans doute un peu particulier. Les plus jeunes étaient venus avec leurs parents, ou l'inverse. Les applaudissements étaient riches, chaleureux, vraiment, ceux qui étaient là connaissaient bien Paul Personne, ça s'entend dans les discussions. Mais à part le dernier titre, tout le monde était assis. Et donc, non, pas de hurlements, ni de gens debout. Je ne sais pas pourquoi les dirigeants de la salle ont choisi de laisser les fauteuils, n'ont pas prévu une "fosse"... Ce n'est pas une musique très dansante, mais au moins, on aurait pu se remuer les fesses...
SupprimerMais bon... quand on y pense, les amateurs de rock, de blues-rock, issus de la fin des années 60, ils ont 60 balais aujourd'hui. On les croise chez Dylan, Springsteen, Young... sans parler de Léonard Cohen ! L'habit ne fait pas le moine. L'important, c'est qu'ils soient fidèles, collier de perles ou pas, ils viennent au concert. C'est que quelquepart, ça les secoue secoue encore cette musique de sauvage !!
En voilà au moins un à qui on ne pourra pas reprocher d'avoir essayé de sauter dans tous les trains qui passaient. Marrant, le binôme cheveux longs/chemises à carreaux. Il y a 35-40 ans, je ressemblais assez à ça.
RépondreSupprimerFichtre!! Fagoté comme cela tu t'en sortais avec les filles ?
SupprimerPas compris, Shuffle... qui c'est qui saute dans le train ?
SupprimerA Luc B. Ben, Halliday, par exemple, qui a joué jouer au rocker, au hippie, à Mad Max...etc.
RépondreSupprimerA Guy Williams: à l'époque, vers 75, beaucoup ressemblaient à ça. Il y avait l'équivalent chez les filles. Et c'était moins compliqué que maintenant. Et puis ça veut dire quoi, ces attaques ad hominem? Moi au moins, je suis pas zoophile (rapport au cheval).
Chemises à carreaux : cela veut tout et rien dire.
SupprimerRory Gallagher ? Nirvana ? Pearl Jam ? Willie Nelson ? Kris Kristofferson ? Sexy Daisy ? Emmylou Harris ? Charles Edward Stuart ?
Et en plus, ils ont tous les cheveux longs.
(Argumentum ad hominem)
Ok, ok, je ne voulais nullement offenser; je suis peut-être un peu jaloux des cheveux longs, c'est tout.
SupprimerTu sais Bruno, j'ai une ou deux "chemises à carreaux", et dès que j'en porte une, aussitôt les quolibets, les sourires, du genre, ah... la chemise de bucheron, on voit le fan de Springsteen... Ce que je ne prends pas mal, puisque c'est un fait ! Tout de même, il y a derrière cette "chemise" (plus exactement une sur-chemise, généralement ouverte sur un tee-shirt), une certaine identité, une petite revendication de la musique qu'on aime. Même s'il ne faut pas stéréotyper. Les gens que tu cites appartiennent à une même grande famille, dont le patriarche serait Neil Young... Il y a quand même cette idée de filiation avec le mi-temps des années 60, les la musique qui en a découlé.
SupprimerQuand le jeune Brian Adams, arrive sur la scène rock des années 80, il arrive en chemise à carreaux. Avant même le premier riff, t'as pigé d'où vient le mec musicalement. Même le très classieux Tom Petty en a porte, et pourtant, le ce vêtement n'est pas synonyme d'élégance !
Le fan de Punk n'a pas de chemise à carreaux, ni le fan de Free Jazz, ni le fan de musique baroque, ni le fan de Ska...
Bon, j'y vais...
"Chérie ? t'as repassée ma chemise à carreaux ???"
"Non, je l'ai jetée, y'en avait marre, toute élimée, plus de boutons, ça fait 20 ans qu'elle trainait..."
AAArrrggghhhhhhhhhhhhhhhh...
Pas d'offense. Je balance assez comme ça pour ne pas me vexer. Des cheveux, j'en ai plus beaucoup non plus, si c'est ça que tu veux dire. Faut faire avec: j'ai adopté la coupe maître-chien. Economique et permet de s'introduire dans certains milieux autrefois rigoureusement interdits.
SupprimerPour la chemise à carreaux, l'indépassable, c'est Fogerty.
Luc B.: tu vas me comprendre, toi: j'étais à Bordeaux voir mon fils et je suis reparti avec une Yam Club Custom Orange swirl à - 40%: 22X15, 10X7, 12X8, 16x15. Demain, je me lève à 5h pour la monter.
Oui, Fogerty ! Evidemment ! J'l'ai zappé, pourtant il a été un véritable tremplin publicitaire.
SupprimerSans vouloir chercher des poux, les Punks avaient aussi abordé le style des motifs à carreaux, avec rouge prédominant de rigueur, pas toujours de bon goût (certes, plus ciblé sur le futal ou les jupettes que les ch'mises).
Pour ma part, depuis des lustres, j'ai toujours eu mon p'tit lot de ch'mises à carreaux, sans que cela ne m'ait jamais valu un seul quolibet. (à l'exception d'une Canadienne, me disant que j'avais, alors, le look bûcheron et qu'ainsi j'passerai bien au Canada - j'étais aussi bien plus jeune... -).
La chemise à carreaux, identitaire ? Le futur sujet d'un long commentaire écrit et argumenté par "The amazing" Luc B.
Prochainement dans Le Déblocnot'.
Crénom Shuffle ! Elle en jette ! Les murs vont vibrer et la tapisserie se décoller !
SupprimerJ'amène ma gratte pour balancer quelques gros riffs gras et massacrer quelques soli chargés de Phase et de Guv'nor. Blam !! Blam !! Wizz ouïn greekch
Yam Club Custom Orange swirl : je suis allé jeter un oeil... merci Google. Wouah, elle est belle. On ne va voir que toi au fond de la scène (puisque nous sommes relégués à l'arrière systématiquement...) les autres vont être jaloux ! Tu n'as pris que les fûts, pas de kit cymbales ?
SupprimerFogerty, évidemment. Sa tenue détonnait à San Francisco, au milieu des groupes psychédéliques, à tel point que beaucoup pensaient le groupe issu du Sud boueux... (
Bruno : c'est une très bonne idée l'article sur la chemise à carreaux ! C'est plus dans le registre d'un Pat, ou d'un Philou, mais idée à creuser...
SupprimerLes cymbales, je sais plus où les mettre....comme les caisses claires ...et comme la Oak custom que la Club remplace...Je sais, j'ai des problèmes de privilégié.
SupprimerUn article sur les chemises à carreaux et un autre sur les coupes de douilles.
En vue d'enrichir ce prochain article qui s'annonce passionnant, je tiens à signaler que Springsteen porte une chemise à carreaux sur la pochette de "The River" et en cherchant bien on doit bien trouver Warren Haynes élégamment habillé de la même manière.....
SupprimerSpringsteen et Warren Haynes dans le même article ?! Non mais ça va pas, non ? Tu veux que Shuffle nous fasse une poussée eczéma ?!!
SupprimerEt ben ouais, moi aussi je porte des chemises à carreaux, (tiens j'en ai une justement aujourd'hui!) et j'ai pas honte! et dès qu'y fait beau c'est les tee-shirts de l'Allman Brothers Band et autres CSN and Y. C'est pas parce qu'on a 60 berges et plus qu'on va se renier non? C'est culturel! Y'en a bien qui tapent sur des tambours pour faire leurs intéressants!!!!!!!
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