Le Rock du Simple au Rire par Pat Slade
La bonne Odeur du Bonheur des Dames
Qui a dit que le rock français était ennuyeux ?
Que la joie et l’allégresse ne transfiguraient pas dans ses riffs ? Rappelez-vous
d’Au
Bonheur
Des Dames
dans les années 70. Ce groupe de rock parodique est le petit frère du groupe Sha Na Na qui faisait du rock revival et qui joua même
à Woodstock en 1969. Un nom évidement
inspiré du titre du livre d’Émile Zola. Ramon Pipin
(De son vrai nom Alain Ranval) va
créer un groupe qui aura un succès immédiat avec leur premier album «Twist»
ou figure leur hit «Oh les filles».
Des musiciens avec des pseudos aussi drôles les uns
que les autres : Eddick Ritchell, Rita Brandalou (Que l’on a vu dans l’équipe de Stéphane Collaro), Chick Béru et
autre Costric 1er et Rudi Kartoffün Muller. La liste des musiciens
passés dans le groupe est tellement longues (40 en tout) que parler de
tous, un par un, serait une véritable sinécure. Mais parmi eux, les noms de Jean-Michel Kajdan et Jean-Pierre
Prévotat ne sont pas inconnus. Le premier que l’on entendra auprès des
grands de la chansons française comme Jonasz, Sanson, Bertignac, Chédid, Lockwood, etc.
et pour le deuxième, on ne le présente plus, batteur et créateur du groupe Triangle qui jouera aussi pour Johnny Hallyday.
XXX |
La plupart des musiciens rejoindront Ramon Pipin qui en 1979 avait créé Odeurs, un genre de fourre-tout musical ou tous les genres se retrouvent, du blues au disco en passant par Kraftwerk avec le titre «Couscous Boulettium» sur l’album «No Sex» avec une pochette légèrement trash.
Odeurs vivra le temps de cinq albums
et trois compilations, ils donneront leur dernier concert en mai 2008 au théâtre du Trianon à Paris.
Les Bidochons, Les Parodiques
La
recette : Prenez le nom d’une bande dessinée de Christian
Binet avec un S à la fin pour bien différencier les deux, quatre ou cinq
musiciens (selon la recette musicale) inconnus,
complètement déjantés mais au demeurant excellents, des reprises de groupe
mondialement connus, mélangez le tout et vous aurez Les Bidochons. Le gang des
pastiches était né.
Leur premier méfait discographique apparaitra en 1989 avec Les Sex Bidochons et l’album «On s’en bat les
couilles» : reprise des Sex Pistols
«Anarchy in
the U.K». Suivront Les Rolling Bidochon et les Rolling Stones «Sales gueules» pour «Somes girls», 4 beadochons dans le vent, une compile des Beatles avec une pochette revue et corrigée de «Sgt Peppers ».
Bigophone pour Téléphone,
«Disco
Bidochons» avec aussi des reprises de plusieurs titres disco ou non.
Mais ce ne sont pas seulement des reprises musicales que le groupe assure ; les
paroles sont traduites de façon phonétique ce qui rend les titres abracadabrants
et drôles à souhait.
Prenez «Jumping
Jack Flash» qui deviendra «Jeune pine,
chatte flasque» (Une histoire
de gigolo), «Paperback writer» des Beatles sera «Pas d’papier water» (Pas un morceau chiant !), «Crache ton venin» de
Téléphone devient «Cache ton machin».
Sur l’album «Disco
Bidochons» le morceau d’Axel Bauer «Cargo de nuit» deviendra «Cageot de nuit» et
«YMCA»
de Village People
«Chez les
pédés», même si le titre peut être dérangeant pour certains, il n’y a
rien d’homophobe dans les paroles. On pourra trouver aussi du Cheap Trick, du The Damned,
du Little Richard et du Nirvana. Pour revenir aux musiciens, pas d’identités
officielles, de vrais anonymes avec des pseudos qui changent selon les albums
parodiés, John Lénine (Voix officielle du
parti) de son vrai nom Thierry Wolf, Giorgio Harissa (Ukuléléctrique), Paul Maque Armé (Basses œuvres) et Ringo Tare (Peau et usage de peaux).
1989,
Ils enregistrent leur premier album sur un 16 pistes en sous-louant le studio
où enregistrait Bérurier noir, ainsi va
naître «On
s’en bat les couilles». Fort de ce succès qui restera quand même
confidentiel, ils continuent l’aventure avec les Rolling
Stones et «Sales Gueules», l’album mettra un an et ferra la navette entre trois maisons de
disque avant de sortir, mais le succès est là et tous les médias veulent les Rolling
Bidochons.
Mais
la machine va s’enrayer avec la sortie de «4 Beadochons dans le vent», les ayants droits
des Beatles, avec la veuve Lennon en tête Yoko Ono,
intentent un procès à la maison de disque pour empêcher la sortie de l’album.
Ce n’est qu’après de long mois et un procès gagné que le disque sortira dans
les bacs et sur les ondes.
Comme
beaucoup de groupes, ils sortent la compilation de leurs trois premiers albums «Le très meilleur
des Bidochons», les CD sont regroupés à l’intérieur d’une vraie
boite à camembert mais en trafiquant l’étiquette 99% de matière grasse, 1% de
matière grise, mixé à la louche. La marque Président les attaque pour plagiat
de leur logo et la justice les oblige à payer 75.000 francs d’amende. Ce qui ne les empêchera
pas de sortir ensuite deux autres albums. Les Bidochons sont maintenant en retraite
après avoir quand même vendu près d’un million d’albums dont beaucoup dans des
boites à Calendos.
Elmer Food Beat, 28 ans de Délires grivois
La
légende raconte que le groupe est né le 21 juin 1986 devant un bar de Nantes, soir de
la fête de la musique alors que la France battait le Brésil en quart de final de la
coupe du monde (4-3 aux tirs aux buts). Les compères du groupe commenceront à tourner dans les bars de la côte entre
Piriac (44 125), leur ville de prédilection, et la Turballe (44 211). Elmer Food Beat
a son propre univers musical et ne laisse pas indifférent les jeunes qui
assistent à leurs concerts sauvages.
Ils remettent le couvert l’année
suivante toujours au même endroit. En 1988 ils élargissent leur horizon en
parcourant le littoral atlantique et méditerranéen et la Bretagne qu’ils vont
conquérir jusqu’au petit bar de la marine sur l’Ile d’Yeu. Le succès commençant à prendre de l’ampleur,
ils décident en 1989 de tourner été comme hiver. Entre premières parties,
festivals et tremplins, ils ce retrouvent vite au Printemps de Bourges, au
Francofolies de la Rochelle et au Eurockéennes de Belfort.
Le groupe avait déjà sévit sur le
vinyle en 1988 en pressant un super 45 tour où apparait le titre qui les fera
sortir de l’ombre «Daniela». En 1989, ils signent chez le label
Off the Track aux côtés des Pogues et des Négresses Vertes. Ils sortent «30 cm» qui va faire un
carton (Rappelez vous des titres «La caissière de chez Leclerc» ou «Le plastique c’est
fantastique »
et «Daniela»
bien sur !) et qui sera certifié disque de platine. Un Olympia
Sold-Out, des concerts avec un public qui reprend en chœur les chansons du
groupe. 1991 second album «Je vais encore dormir seul ce soir» leur
ouvre un peu plus les ondes des radios avec le titre éponyme de l’album. Ce
dernier sera certifié double disque d’or et le soir du 2 février 1991, ils reçoivent la victoire de la
musique du meilleur groupe de l’année. Suivra en 1992 «La vie n’est pas une opérette» avec plus de 700.000
ventes.
Mais à force de traverser la France de long en large et les
pays francophones jusqu’au Canada, en faisant un crochet par New York, en assumant 500
concerts par an, le groupe s’essouffle et a besoin de se mettre en stand-by. Les
membres partent chacun de leur coté dans des aventures solo. Même si Elmer Food Beat
n’apparait plus sur scène, le groupe sortira régulièrement des compilations (5 au total) et un album live «Heureux sur
scène» qui retrace bien la folie de leurs concerts.
Et puis en 2006, ils font leur réapparition au Zénith de Nantes et la machine se remet en marche pendant l’été 2007
dans les festivals de la côte Bretonne (Poupet-Bobital...).
On prend la même recette et on
recommence, guitares, épuisette, slip kangourou, énergies, public qui chante à
tue tête et tout fonctionne à merveille même si le groupe a vieilli.
Retour en studio en 2010 avec «25 cm», un CD de 6 titres, s’en
suivra une énième compilation «Merci les filles» et en 2013 leur dernier album studio à ce jour «Les Rois du Bord de Mer».
A l’heure actuel, Elmer Food Beat
tourne toujours sur les routes de France et de Navarre, à croire qu’ils sont
heureux sur scène !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire