mercredi 24 septembre 2014

Dan BUBIEN "Empty Roads" (2013), by Bruno



     Dan Bubien n'est pas à proprement parler un débutant puisque voilà vingt ans qu'il est un professionnel de la musique, notamment grâce à son expérience avec les « Sun Kings ». Toutefois, il lui a fallu une dizaine d'années pour trouver sa voie , celle du Blues. Il est dit aussi qu'il a toujours trempé dans la musique, grâce à son père, musicien professionnel, qu'il suivait avec son frère.

     Ce natif d'Aliquippa, Pennsylvanie, a tenté de faire un disque ambitieux en se frottant à diverses facettes du Blues tout en gardant sa personnalité.
Cette diversité passe plutôt bien, à l'exception - en étant tatillon - d'un, voire deux, sur un total de onze compositions originales.


     Néanmoins, là où il est indéniablement le meilleur, c'est dans les deux extrêmes de sa musique. Soit, d'un côté un Blues franc, cru, près de l'os, à l'image d'un Mark Selby ; avec des Blues profonds, bien marqués par une guitare âpre, au crunch baveux, usant parfois d'une slide rugueuse, le tout sur une orchestration minimaliste (« To Youngstown », « Empty Roads »), avec un harmonica pertinent en soutien. 

De l'autre, un Soul-blues, et/ou de la « Blue-eye Soul » portés par des cuivres tempérés où sa voix se fait alors fondante, émotionnelle, impliquée. Une réelle métamorphose. Ainsi « Keep Love in Mind », « Brother », « Crazy Days » et « Irony » servent une Soul policée, à l'ambiance feutrée, mais rien ici de sirupeux ou de sur-orchestrée ; d'une certaine façon assez proche d'un Smokey Robinson, d'un Lou Rawls ou d'un Marvin Gaye des grands jours, le tout avec une once de Robert Palmer, sans pour autant sonner vintage ou nostalgique. Et surtout, il n'y a rien ici d'artisanale ou de quelque chose d'où transpirerait un amateurisme. C'est du haut de gamme.  Une Soul où viennent se greffer quelques cuivres tempérés et un clavier du style Fender Rhodes, et qui ne se refuse pas un petit solo de guitare bien dans le ton et l'harmonie. Ce serait d'autant plus dommage de s'en priver car Dan Bubien est un fin soliste, sachant faire chanter sa six-cordes sans emphase.


     Deux facettes qui pourraient paraître antagonistes mais que Bubien maîtrise totalement. On pourrait juste regretter un ou deux Blues-rock supplémentaires, pour équilibrer les forces. Les six chansons sus-mentionnées sont tout bonnement remarquables.
C'est dans ces deux styles que sa voix se porte le mieux, s'épanouit, au contraire, malheureusement, des pourtant excellents Funk-blues « Fight Club » et « Dizzy Eyes » où elle paraît se perdre dans les parties les plus enlevées.
Et « Love Games » ? Un Jump-funky-blues charnu, cuivré, trépignant, joyeux et fringuant qui ouvre une porte où Dan pourrait, là encore, faire des étincelles.

Toutes les compositions sont de la main de Dan Bubien, avec l'aide d'un certain Roman Marocco (pour sept pièces). Un fait assez rare actuellement et qui mérite donc d'être spécifié.

     La production de Jay Dudt (maintes fois récompensé d'un Grammy ou nominé) est excellente : Tout y est équilibré et nanti d'un beau relief et d'une belle et chaleureuse dynamique. Le tout avec un grain feutré propre aux bonnes productions analogiques, "organiques".


Une belle réussite, surtout pour un premier essai en solo. Artiste à surveiller de près.







Une version 100% acoustique de "Love Games", adaptée à une prestation "sans filet"


Article paru initialement sur la revue BCR

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