mardi 23 septembre 2014

MIKE RIMBAUD "Put that dream in your pipe and smoke it" (2014)



 
Nous avions quitté Mike Rimbaud, le rocker underground, peintre et poète New Yorkais début 2013 avec un superbe album, "Night rainbow" consacré en partie aux conséquences de l'ouragan Sandy. Mike est certainement une des rencontres les plus enrichissantes que  j'ai pu faire ces dernières années, un artiste vivant pour sa musique, un gars plein de révoltes, de poésie aussi, un songwriter de talent, bon musicien, qui mérite une plus large reconnaissance, en France, comme chez lui. Entre "Night Rainbow" et ce nouvel album intitulé "Put that dream in your pipe and smoke it" (tiré d'une expression américaine, fait référence à la fin de l'american dream, on pourrait traduire par "prends le rêve américain et carre le toi..") il a publié quelques singles comme "Funkyshima" consacré à la catastrophe nucléaire au Japon  ou une belle  cover du "Starway to Heaven" de Led Zeppelin. Au programme de ce 9eme album 10 titres enregistrés cet été à New York dont 9 originaux et une reprise des Clash. Mike (guitare, vocaux, harmonica, basse) est accompagné de Kevin Tooley aux drums, Chris Fletcher à la basse, et se succèdent aux piano et orgue Marc Billon, Charlie Roth et Lee Feldman.
credit  photos Veronique Krieger
Ce qui est intéressant avec cet artiste c'est de savoir de quoi il parle et ne pas seulement  se contenter d'écouter sans  chercher à comprendre les paroles, comme c'est souvent le cas quand les français ont affaire à des chansons en anglais. Quant on écoute de la shit comme One Direction ou Justin Bieber ce n'est pas grave mais avec quelqu'un qui a des choses à dire ce serait dommage.. J'ai donc demandé  à l'intéressé de nous expliquer son ressenti quand il a composé ces chansons, ce qu'il a eu la gentillesse de faire.
On commence avec "Frequent flyer subway rider", belle ballade rock urbain bluesy pour un trip dans  New York en métro, visite guidée et  portrait de ses voyageurs. Mike nous raconte "on prend le métro tellement souvent à New York qu'on pourrait avoir des voyages gratuits, comme avec les compagnies aériennes, je prends le métro tous les jours, parfois 2 heures si je voyage entre Bronx, Brooklyn, Manhattan". On retrouve aux choeurs une  figure de la nuit New Yorkaise, avec la belle voix de la chanteuse Lady Zombie déjà remarquée sur "Night Rainbow".
Mike sort l'harmonica sur "Friend" qui s'attaque aux faux amis, particulièrement sur les réseaux sociaux, "c'est une communication qui est moins sincère" nous dit Mike qui avait déjà consacré une chanson à Facebook dans son album précédent; c'est un morceau bien rock , un peu "Dylanien", où on relèvera les bongos du batteur Kevin Tooley, son complice depuis 17 ans.
"Shale'n'Roll" évoque l'extraction du gaz de schiste par fracturation "et ses retombées sur l'environnement et pointe "les mensonges des grandes compagnies qui achètent les petits villages, les fermes,  détruisent tout et se fichent des hommes et leurs familles; c'est une energie à éviter". A noter une belle partie de piano Rhodes (Marc Billon)
Reggae ensuite avec "Tears don't fall in outer space", "l'histoire de la  première fille qui va voyager  vers la planète Mars toute seule.  Elle est triste de tout laisser sur le terre.  Et les larmes ne tombent pas sans pesanteur" . Ce reggae est l'occasion pour Mike de nous avouer son admiration pour Bob Marley  "J'ai toujours admiré  Bob Marley, l'homme politique et l'artiste, son écriture, son groove, un vrai héros". On retrouve ici l'envoûtante voix de Lady Zombie qui porte bien son nom.
"Know nothing know it all" charge la classe politique corrompue et l'extrême droite qui mets des bâtons dans les roues d'Obama, sur fond bluesy- jazzy, avec piano (Lee Feldman) et harmonica.
Plus léger, "What is this song" pose elle même la question existentielle, c'est quoi cette chanson ?, tandis qu' "Apple doesn't mean Apple anymore" est une belle pièce pop avec  cordes (le violoncello  de Erik Friedlander ) qui joue avec les références aux pommes, le label des Beatles, les ordinateurs, la pomme d'Adam et Eve..
"Paris is the heart" est une chanson qui tient au coeur de son auteur, en effet Mike a vécu à Paris dans les années 90 -publiant même quelques disques sur des labels français- et reste attaché à la France. Un rock un peu "stonien" aux guitares saturées sur  "la vie un peu alternative et underground de Paris et aussi sur mes relations avec cette  ville historique et romantique" nous dit Mike. J'aime bien ce titre et cette vison américaine de Paris "Finish that baguette before you get home/You know French rock had theTelephone/The guillotine took the head but not the soul/Thanks to Josephine Baker and Charles De Gaulle/and Paris still is the heart."
"Poverty is a Thief" est  "une chanson qui parle de l'inégalité des revenus aux USA qui devient de plus en plus grave. Il n'y a plus de classe moyenne ici mais des super riches  et tous les autres qui galèrent".  Avec un beau sax jazzy de Avram Feffer et aux voix une autre chanteuse New Yorkaise, Danni Gee (du groupe Suga Bush). Cerise on the cake, on termine avec une reprise bien rock des Clash, "Rock the Casbah" encore une à laquelle tient Mike:
" J'ai chanté ce morceau il y a quelques années à East Village, mais j'ai toujours voulu en faire un bon enregistrement,  parce que c'est une chanson que j'aime bien.  Joe Strummer a toujours été  une inspiration pour moi, il était un vrai rocker politique, et on a très peu  de gens comme ça aujourd'hui.  Nous avons plus que jamais besoin d'artistes qui osent combattre ce système  qui ne marche pas pour les plupart des gens.  Il y a aussi une message de paix je trouve dans ces paroles de cette chanson".

 Ancré dans son époque et lucide sur l'état de son pays et de nos sociétés en panne, Mike Rimbaud est un  compositeur - et un type - vraiment intéressant. Sa musique l'est aussi, mêlant  rock urbain, blues, folk, rock, punk, garage. Il le disait à propos de Joe Strumer, on a besoin d'artistes comme ça pour secouer un peu les consciences endormies devant la télé et les Iphones.

Rockin-JL

 à lire également la chronique de Night Rainbow et L'interview de Mike

2 extraits, ballade dans le métro New Yorkais puis à Paris, filmé par Mike: 

2 commentaires:

  1. Hello. C'est bien de voir que vous n'oubliez pas Mike. Cette fois, vous m'avez devancé. Je ne me gênerai donc pas pour utiliser ce bel article pour ma chronique à venir... Amitiés. Sam

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    1. avec plaisir Sam, il faut partager les bonnes choses..

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