lundi 7 juillet 2014

MANU LANVIN "SONS OF THE BLUES" (2014)

De son paternel, l'acteur Gérard Lanvin, Manu Lanvin a hérité d'un nom et d'une belle gueule, évidement ça peut aider mais ça ne suffit pas. Il aurait pu par facilité jouer devant les caméras mais son truc à lui c'est la musique et la scène. Pas vraiment étonnant quand on sait qu'il a été biberonné à coups de Led Zep, Stones, Cream et autres géants des seventies et qu'on croisait à la maison des Bernie Bonvoisin, Paul Personne, ou des Téléphone. Ado il montre un premier groupe et reprends ses idoles, puis accompagnera Trust sur une tournée, mais il cherche encore sa voie, avec 3 premiers albums qui oscillent entre pop/rock et (bonne) variété et quelques bons titres (cherchez par exemple "Paris Hilton").
 Mais le blues n'est jamais loin, et il se plonge aux sources de la musique de ses guitar-heros (les Beck, Clapton, Page, Jimi ..) et découvre les pionniers qui les ont inspiré, les Skip James, Robert Johnson and Co.  Et puis par une nuit sans lune il y en a qui rencontrent le diable à un Crossroads, Manu a lui rencontré Calvin Russell, dans un backsatge de Paul Personne, et trouvé des affinités avec le troubadour texan buriné, c'est ainsi qu'il va co-écrire, produire et réaliser "Dawg eat dawg", qui sera hélas le dernier de ce grand Monsieur qui décédera en 2011 (pour relire l'hommage que nous lui avions consacré cliquer ici) (à noter que Gérard Lanvin s'essayait aux vocaux sur un titre et qu'à la réécoute les 2 albums de Manu depuis baignent dans le même climat musical que ce "Dawg eat dawg") . On imagine qu'une telle rencontre laisse des traces indélébiles, humainement comme musicalement. En tous cas depuis Manu suit à son tour la route du blues, joue avec des Paul Personne ou l' autre texan Neal Black et après l'excellent "Mauvais casting" (2012) sort ce "Sons of blues" qui enfonce le clou et l'installe dans le peloton de tête du blues made in France, et puisque nous sommes en plein tour de France on peut dire que le maillot jaune est à sa portée.

 Accompagné de ses "Devil blues" -nom qui renvoie à Robert Johnson et son célèbre  "Me and the devil blues"- Gabriel Barry à la basse et Jimmy Montout aux drums, il nous balance 12 titre co-écrits avec Ezra Brass ; d'entrée "Son of blues" nous plonge dans un solide blues rock, aux guitares fumantes et énervées sur lesquelles surfe la voix de Manu, éraillée juste comme il faut (pas autant que celle de Neal Black), pour une belle profession de foi ("my name is trouble, I'm a real son of blues, so trust me when I sing") . Oui Manu on te fait confiance pour nous donner notre ration de blues toute la nuit, "All night long", un blues syncopé et rampant, un peu vaudou, au beat à la John Lee Hooker ("dimples"), au riff soutenu par  l'harmonica de Diabolo (un nom qui dira quelque chose aux fans d'Higelin avec lequel il a beaucoup joué) et avec les claviers de Oscar Marchioni . Après cette entame parfaite arrive "Merci", le premier titre en français. Je sais qu'il est de bon ton chez certains puristes de casser ceux qui osent "blueser" ou rocker en français au nom de je ne sais quel intégrisme; pas d'accord du tout  et je l'ai deja dit souvent que ce soit en parlant de Paul Personne, Eddy Mitchell ou plus récemment des Witch Doctors (clic) ou des Berryblues (reclic), la seule différence c'est qu'on ne comprend pas les paroles en anglais, ce qui nous fait paraitre certains textes moins cons, mais aucune musique n'a de langue officielle, autre que celle du cœur (pas mal ça, faudra que je la replace..). Tout ça pour dire que j'aime bien le blues  en français aussi et ce titre au parfum Rhythm'n'blues New Orleans, avec cuivres et chœurs (Jennifer Ledesna) et texte bluesy aussi; comme  "Just wanna drown", blues chargé de tension, au climat lourd, traversé par des éclairs de guitares tendue, avec de judicieux cuivres et piano.
Second titre en français avec "Laisse couler", encore coloré rhythm'n'blues festif et cuivré et invitation à voir la vie du bon coté, le genre de titre qui met de bonne humeur pour la journée. Blues rock  avec le musclé "Luzern" et "Ain't gonna be your dawg", avec le retour de Diabolo et son harmo, avant le morceau le plus surprenant de l'album "Lorsqu'une femme pleure", une ballade  folk country un peu à la JJ cale, avec un superbe violon (Jo Doherty). On enchaine direct avec l’enlevé "Back in Montreux", on l'on notera un hommage au fondateur du fameux festival du même nom, Claude Nobs, décédé en 2013, Nobs qui  invita Manu à se produire à Montreux en 2012. On termine avec les rockin fifties "Ain't got time for love" et "Hey hey hey" et sa slide et le blues profond "Goin' down".

J'avais adoré "Mauvais casting" mais ce "Sons of blues" est sans doute encore meilleur, un des albums de l'année c'est sur, et montre un artiste qui prend son pied avec sa musique et dont j'espere qu'il pourra toucher le grand public. Espérons d'ailleurs  que certains grands médias s'apercevront qu'il existe (lui et d'autres) et arrêterons de donner autant de place à des pitres dénués de talent mais épaulés par une grosse maison de disques ( un nom? ok : Christophe Maé). Un artiste qui incarne sans doute la relève des précurseurs du blues de chez nous  (les Mike Lecuyer, Bill Deraime, Paul Personne, Patrick Verbecke, Benoit Blues Boy..), tant qu'il y aura des gars comme ça le blues se transmettra et c'est tant mieux. Mais c'est aussi à nous, simples quidams, de ne pas baisser les bras devant la médiocrité qu'on cherche à nous imposer, d'être curieux,  d'aller aux concerts, bref de faire un effort si on ne veut pas tous finir comme des loques affalés devant TF1.
( bon, ça c'est dit...suivant...)

le site de Manu: manulanvin.com

ROCKIN-JL




on écoute "Sons of blues " puis "sur la route 61" (ce dernier tiré de "mauvais casting"):

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