mardi 8 juillet 2014

JOHN MAYALL "a special life" (2014)



Grandpa John a soufflé en Novembre dernier ses 80 bougies! Le grand père du british blues se porte bien et vient de publier son 58 eme album (si j'ai bien compté) , enregistré en Californie, "A special life". Et c'est vrai que sa vie aura été spéciale et bien remplie depuis qu'il a formé ses Bluesbreakers en 1963, en fait il n'a jamais arrêté de tourner et d'enregistrer, laissant à la postérité quelques perles comme "Bluesbreakers with Eric Clapton", "A hard road", "Blues from Laurel Canyon" "The turning point" ou "Jazz blues fusion", et parmi  les plus récents "Wake up call" et " A sense of place" valent le détour. Un groupe qui aura également été un vivier de talent puisque outre Clapton il aura vu passer entre autres Peter Green, Mick Taylor, Aynsley Dunbar, John McVie, Jack Bruce, Keef Hartley, Dick Heckstall-Smith, Harvey Mendel, Larry Taylor, Freddy Robinson, Walter Trout, Coco Montoya..
Mayall dans les sixties..
Pour cet album  Mayall  est entouré des musiciens qui l'accompagnent depuis son dernier album "Tough" (2009), à savoir Rocky Athas à la guitare, Greg Rzab à la basse, Jay Davenport aux drums, le patriarche prenant les vocaux et l'harmonica, plus piano et orgue, et lead guitares sur 2 plages. A noter qu'il signe également la belle guitare "flower power" de la jaquette. 4 originaux et 7 reprises au menu, dont une de ..John Mayall : "Heartache" présente sur son premier album "JM plays JM".
Sur le premier titre "Why did you go last night", de Clifton Chenier, le "King of Zydeco", on trouve en invité le fiston C.J Chenier à l'accordéon et au chant sur cette belle ballade qui sent bon les bayous et les  épices de gumbo et jambalaya, on y appréciera aussi un bon passage de piano "New Orleans" de Mayall. On reste dans les bayous louisianais avec la reprise du "Speak of the devil" de Sonny Landreth, un blues rock solide mené par la guitare de Athas qui prend un bon solo, Mayall assure le chant avec sa voix caractéristique qui tient toujours la route malgré ses 80 Printemps! Autre cover, celle du classique de Jimmy Rogers, "That's all right", son premier succès (1950), sur lequel Mayall sort son instrument de prédilection, l'harmonica, qu'il perfectionna au coté de Sonny Boy Williamson (II) il y a bien longtemps, à l'époque du "swinging London". Le premier original c'est "World gone crazy", un très beau blues assez swinguant, avec là encore un beau travail à l'harmonica, sur un sujet grave: l'état de la planète. (Mayall qui a d'ailleurs été un des premiers musiciens à parler d'écologie, voir "
Nature's disappearing" sur "USA Union"(1970)). Sans doute une de ses meilleures pièces depuis des lustres, aux effluves hippies, qui aurait pu figurer sans rougir sur "Laurel Canyon".
 et en 2004....
Un petit hommage à Albert King à suivre -le King avec qui Mayall enregistra en 1971 ("The lost sessions" paru en 1986)- "Floodin in California" avec Mayall à l'orgue et à la guitare, dans le style délié de Maitre Albert. On l'oublie d'ailleurs trop souvent en ne parlant que de son coté découvreur de talents mais Mayall est aussi un multi instrumentiste doué, son album de 1967 "The blues alone" où il jouait  tous les instruments le prouve. "Big Town Playboy" est le titre le plus connu de Eddie Taylor, originalement interprété avec son complice Jimmy Reed, une très belle pièce enlevée, sur laquelle Mayall nous régale encore à l'harmonica. John qui signe ensuite l'autobiographique "A special life" encore un beau blues mid tempo sur lequel Mayall prend le lead guitare. Après le "I juste got to know" du pianiste Jimmy McCracklin, avec Chenier de retour au chant,  puis le subtil "Heartache" dont j'ai deja parlé, plus élaboré que la version initiale, et avec de belles percussions de Greg Rzab, on termine avec 2 news, les blues "Like a fool" signé Rzab et "Just a memory" de Mayall.
Un disque vraiment agréable, même s'il ne faut pas commettre l'erreur classique de le comparer aux chefs d'œuvre cités plus haut, mais il faut le prendre pour ce qu'il est: un bon disque de blues sorti en 2014 par le précurseur et l'ambassadeur du blues en Europe. Je ne vous cache pas chers lecteurs que j'ai une affection toute particulière pour Papy John, c'est par lui que j'ai découvert le british blues et par extension le blues originel, c'est donc à lui que je dois ma dévorante passion du blues et grâce à lui quelque part que j'ai le plaisir d'écrire dans ce génial blog. J'ai eu la joie de pouvoir échanger quelques mots avec lui après un concert il y a peu  et j'ai été frappé par son humilité et sa simplicité, celle d'un passionné au service du blues, et qui lui est toujours resté fidèle et sans compromission.  Pour tout ce qu'il a fait ce  bonhomme mérite une statue, mais nous n'en sommes pas là, il est encore là en chair et en os et donnera sans doute son dernier souffle sur scène dans un ultime solo d'harmonica, le plus tard possible j'espere.

(chronique parue dans BCR , No 37)
ROCKIN-JL





2 commentaires:

  1. En tous cas le titre en vidéo sonen vraiment bien et les paroles de la chanson un constat très raöaliste de la situation actuelle, il n'épargne personne et c'est très bien !

    RépondreSupprimer
  2. Si toute la production Blues/Rock actuelle avait cette qualité! Le dernier Walter Trout est pas mal non plus, à écouter aussi avec attention le Brent Johnson, y'a quelque chose de bougrement interressant chez ce jeune homme!

    RépondreSupprimer