Ce
n’est pas simple de suivre les aventures chronologiques de Bernie Gunther. Souvenez-vous de LA
TRILOGIE BERLINOISE sortie entre 1993 et 1995, et dont l’action se déroule en
1936, puis 1938, puis 1947. Les deux bouquins dont il est question, la suite de
la TRILOGIE, sont sortis en 2009 et 2010. Mais si on veut savoir à quoi Bernie
Gunther passait ses journées en 1934, il faut attendre un roman HOTEL ADLON,
qui sortira en 2012, alors que VERT DE GRIS se passe en 54, mais le suivant
PRAGUE FATALE en 1941. Période qui nous manquait dans le puzzle de LA TROILOGIE
BERLINOISE. Vous suivez ?
LA
MORT ENTRE AUTRE (2009)
Freidrich Warzok (à gauche) et Himmler. |
Où
l’on retrouve Bernie Gunther, ex-flic de la criminelle sous le IIIè reich,
détective privé, enrôlé dans la SS en 1941 sous les ordres d’Arthur Nebe, un
des pires meurtriers de la Shoah par balle, dans l’Est. Mais après la guerre,
Gunther gère un hôtel minable, à une encablure de l’ex camp de Dachau. Sa femme
se meurt à l’hôpital. Redevenu détective pour pouvoir croûter, il reprend son
créneau de recherche de personnes disparues. Y’a du boulot en 49, en Allemagne.
Une cliente lui confie comme travail de prouver la mort de son mari, afin
qu’elle puisse se remarier devant l’Eglise. L’ex, Friedrich Warzok, est criminel de guerre, qui a échappé aux poursuites, grâce aux réseaux de
protection nazie. Gunther va évidemment mettre son nez où il ne fallait
pas !
La
trame du roman se focalise sur les organisations clandestines, comme ODESSA, qui
ont exfiltré en douce des criminels nazis après la guerre. Ce qui les unit, et
ce qui les oppose, c’est d’ailleurs ainsi que Gunther sauvera sa peau. En toile
de fond, la culpabilité du peuple allemand, mais aussi le cynisme de certains,
autant allemands qu’américains, russes, anglais, hommes d’affaires, politiques
et services secrets, pour utiliser à bon escient les compétences des anciens
nazis. Philip Kerr évoque les filières, les complices, les méthodes, pour faire
sortir du pays ceux qui ne sont pas encore en tôle, en attente de jugement.
Comme
d’habitude, on croise des personnages réels (Aldolf Eichmann [photo] Herbert Hagen,
Warzok lui-même) mêlés à la fiction. Et là, Philip Kerr nous a gâtés avec une
intrigue particulièrement retorse. Le pauvre Bernie va s’avérer être manipulé,
comme bon privé qu’il est, à toujours vouloir foncer tête en première vers les
emmerdes. Un premier récit qui conduira à un second, puis un troisième, à
Vienne. Les reparties sont toujours nombreuses (un peu trop d’ailleurs, procédé
un peu répétitif) et savoureuses, autant que les rebondissements et les femmes
fatales qui peuplent les pages.
Le
rythme faiblit par moment, d’autant qu’il a commencé lentement par un long
prologue de 60 pages, pas forcément nécessaire, en tout cas, pas sous cette
forme. L’épilogue est par contre haletante (dommage que Philip Kerr se sache
pas élaguer ses romans) bien qu’on soit déçu que les méchants ne soient pas
châtiés. Enfin, si… mais hors-champ, on sait ce que Bernie Gunther leur a préparé,
mais le personnage est déjà parti quand cela se passera. On aurait voulu
voir !!
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UNE
DOUCE FLAMME (2010)
Juan et Evita Peròn |
Il
n’est sans doute pas nécessaire d’avoir lu LA TRILOGIE BERLINOISE pour entamer
ceux-ci, mais pourquoi s’en priver, si le genre vous inspire, le héros de
Philip Kerr est une brillante création. Enfin création… une habile adaptation.
L’auteur devrait pourtant moins truffer ses histoires de trop de détails
historiques (on se doute qu’il travaille une bande de documentaristes
pointilleux), d’essayer de se tenir à une trame générale plus visible, en
écrémant un peu les contenus. 550 pages pour un polar de détective, c’est 400
de plus que chez Hammett ou Chandler !
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