Serge Reggiani, chanteur sur le tard
Beaucoup
d’acteurs français ont commencé devant une caméra et non devant un micro comme
on pourrait le croire. Le plus connu reste Serge Reggiani
qui commença à se faire un nom au théâtre. Il recevra un premier prix de
comédie en 1938. On commence à le
voir sur l’écran dans «Les Disparus de Saint- Agil» où
il ne fait que de la figuration en jouant le rôle d’un élève. Entre «Britannicus» de Racine et «Les Parents terribles» de Cocteau au théâtre, il tourne de
plus en plus, jusqu'à l’année 1952
ou il éclatera dans le rôle de Georges
Manda, un ancien apache reconverti en charpentier et repenti de son
ancienne vie. Manda tombera
éperdument amoureux d’une femme de petite vertus «Casque
d’Or» (De son vrai nom
Amélie Hélie) jouée par Simone
Signoret. Il en perdra la tête sur… la
guillotine. Un chef d'œuvre de Jacques Becker. Sans arrêter de tourner, il se
tourne vers la chanson en 1963 après
avoir rencontré le directeur artistique Jacques Canetti
chez ses amis Montand et Signoret. Son premier album sort en 1965 et est composé de titres de Gainsbourg,
Moustaki, Boris Vian entre autres… C'est un succès auprès de la
jeunesse qui prépare les évènements de mai 68. Une de ses chansons «Les loups sont entrés
dans Paris» sera un hymne pour les soixante-huitards. Avec 92 films
à son actif et une trentaine d’albums, Serge Reggiani est l’exemple parfait de
l’acteur-chanteur.
Tirez sur le pianiste
«Si il ne buvait pas tant, il pisserait moins la
vache !». Qui pourrait croire que le gars qui a chanté «La bohème» pouvait dire des choses comme
ça ? Et pourtant… ! Charles Aznavour prononcera cette réplique
dans «Un taxi pour Tobrouk» en 1960 grâce à Michel
Audiard. Comme Reggiani, Aznavour à commencé aussi par le cinéma avant
de se planter derrière un micro. Des 1936,
il apparait sur l’écran et comme Reggiani, il joue
le rôle d’un élève dans «Les disparus de Saint-Agil» (1938). Ce parisien, né de parents arméniens
en 1924, se fera connaitre dans la
chanson en 1946 au coté de Edith Piaf et des Compagnons de la Chanson. Il ne prendra son envol
comme compositeur et chanteur soliste qu'en 1960 avec le titre «Je m’voyais déjà».
Pourtant à cette époque, il avait déjà 13 films à son actif, et pas des
moindres : «La Tête contre les murs» de Georges Franju (1958),
«Le Testament d’Orphée» de Jean Cocteau (1959)
et «Tirez sur le pianiste» de
François Truffaut (1960) où l’on peut voir Bobby Lapointe
chanter «Avanie et Framboise».
Pour l’anecdote, même si c’est Aznavour au piano derrière Bobby, ce n’est pas lui qui jouait, il était en
play-back complet. Je ne suis pas un admirateur du chanteur, mais j’aime
l’acteur Aznavour
que ce soit dans «La Métamorphose des Cloportes»
de Pierre Granier-Deferre (1965) ou dans «Le Tambour» de Volker Schlöndorff (1979) dans lequel il tient le rôle
de Sigismund Markus le vendeur de jouets.
57 films entre 1936 et 2009, une belle carrière
cinématographique.
Yves Montand, la Star
Yves
Montand
un acteur au multiples étiquettes, des rôles dramatiques à la comédie en passant
par le style policier et le genre politique, il aura touché à tout, même à Marylin Monroe. Yvo Livi,
italien né en 1921, à l’inverse de Reggiani et Aznavour débutera
par la chanson avant de passer devant la caméra. Il apparaitra pour la première
fois à l’écran au coté de Edith Piaf (Qui aimait
bien les petits jeunes) dans «Etoile sans
lumière» (1944). Un film ou l’on trouvera aussi Serge
Reggiani à l’affiche. Après une apparition dans
«Les portes de
la nuit» (1946), il
explosera dans les salles obscures au volant d’un camion rempli de
nitroglycérine dans «Le salaire de la peur» de
Clouzot (1953)
avec Charles Vanel comme compagnon de "sauterie".
Il sera le seul acteur français à avoir pu tenir dans ses bras, embrasser (et
plus si affinités) la plus belle femme du monde de l’époque : Marylin Monroe, ce qui fera grincer des dents Simone Signoret. Beaucoup de films dans des genres qui
se mêlent et s’entremêlent. Dans les années 70, ses rôles se tournent plus vers
le militantisme politique, il fera une trilogie avec Costa-Gavras
dénonçant les dictatures : la Grèce des colonels dans «Z»
(1969), les procès (purges) de Prague
en 1951 dans «L’Aveu» (1969) et l’envoi d’agent de la C.I.A dans des pays sud-américains
dans «Etat de Siège» (1972), le seul rôle de soudard en cravate
que jouera l'acteur dans sa carrière. Mais il apparaîtra aussi dans beaucoup de
comédies dont les plus célèbres resteront «Le
Diable par la Queue» de Philippe de Broca (1969)
ou «La Folie des Grandeurs » de Gérard Oury (1971).
Il fera parti de «la bande à Sautet»,
des films regroupant des affiches au casting impressionnants avec «César et Rosalie» (1972), «Vincent, François, Paul… et les
autres» (1974) et «Garçon !» (1983). Il sera flic dans «Police Python
357» (1976), Procureur dans «I comme Icare» de Henri
Verneuil (1979), ex-flic devenu
truand alcoolique dans «Le Cercle Rouge» de Jean-Pierre
Melville (1970), truand à la
retraite dans «Le Choix des Armes» et Papet dans «Jean
de Florette» et «Manon des sources»
de Claude Berri (1986). Mais malgré tous les rôles qu’il ait joué quelques soit ses
costumes, même le marcel couvert de pétrole dans «Le
Salaire de la Peur», Il y a une chose qu’il a toujours eu à l’écran,
c’est la classe ! Cela dit, on ne peut pas oublier la voix chaude de Montand chantant "les
feuilles mortes" de Prévert et Kosma.
Philippe Clay plus Acteur que Chanteur
Philippe
Mathevet, plus connu sous le pseudonyme de Philippe Clay, est plus resté dans les
mémoires comme un chanteur que comme un acteur, et pourtant sa filmographie est
beaucoup plus importante que sa discographie. Même si il commencera par chanter
dans des cabarets comme aux Trois Baudets dans le quartier Montmartre, c’est en
1950 qu’il commence à tourner dans «Rome-Express» (1950),
un obscur film qui ne fera pas date dans le cinéma français. Philippe Clay
y joue le rôle d’un employé S.N.C.F... Il faudra attendre 1954 pour voir sa carrière prendre de l’ampleur sur les écrans et
sur la scène. Il fréquente les caves de Saint-Germain-des-Prés et devient ami des
habitués comme J.Prévert, B.Vian et S .Gainsbourg.
Au cinéma, Jean Renoir fait appel à lui pour
jouer le rôle de Valentin le désossé dans le film «French
Cancan» au coté de Jean Gabin. En
1956, il est Clopin Trouillefou roi des gueux et de la cour des miracles dans
le magnifique film de Jean Delannoy «Notre Dame de Paris» avec
la non moins sublime Gina Lolobrigida. Sinon,
pas d’œuvre majeure dans tous ce qu’il a pu tourner, peut être «Le Gentleman de Cocody» (1965) avec Jean Marais et le très
bon «Lautrec» (1997) de Roger Planchon ou il
incarne un Auguste Renoir libidineux avec ses modèles en général et Elsa Zylbernstein dans le rôle de Suzanne Valadon en
particulier. Il apparaitra aussi sur le petit écran et au théâtre, Même si sa
silhouette dégingandée, sa taille importante (1m90) et son visage osseux ont laissé une trace dans les esprits,
c’est quand même sa voix chantant le générique de la série «Les Brigades du
Tigre» qui lui donnera une reconnaissance auprès de ses contemporains.
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