Les Étrangers en France
Il y a
peu, j’avais parlé de Dick Annegarn, Murray Head et Graeme
Allwright, des artistes qui avaient réussi à toucher le public français. Mais
et tous les autres alors ? Toute la
cohorte de ses musiciens et artistes étrangers qui ont réussi à se faire un
visage dans le paysage musical de l’hexagone ? Ces artistes un peu
trop oubliés à mon goût et qui ont eu et ont encore du succès et doivent
retrouver une place dans la mémoire collective.
Nos cousins d’Afrique du Nord
La France a été, à une époque, un pays colonialiste et
beaucoup d’exactions ont été commises. Le temps a passé et des musiciens qui
n’avaient pas une grande liberté d’expression
sous le joug de leurs colonisateurs, s’exprimeront et importeront leurs
musiques. En Afrique du nord, le folklore des rues joué par des musiciens
mendiants, appelés Bekhor au début du XXème siècle, deviendra rapidement
populaire avec des chanteuses comme Haja El Hamdaouia, chanteuse
de Chaâbi marocaine qui modernisera le «Aïta» qui, en français, veut dire appel, cri ou
plainte. Parlons aussi de Cherifa avec le chant Kabyle et Beggar Hadda pour la
musique Chaouis en Algérie. Le processus de modernisation de la musique
d’Afrique du Nord sera long et fastidieux. Il faudra attendre la fin des années
70 pour voir apparaître le trio féminin berbère Djurdjura
avec un répertoire de chants de traditions. Trois femmes qui apporteront un vent de modernisme.
Djurdjura |
Idir |
Il
ne faut pas croire pour autant que la mode anglo-saxonne et la musique moderne
déferlera outre mesure sur ce continent qui parait figé à nos yeux de continentaux. Un autre genre d’artistes
sortira des sentiers battus
et prendra le chemin des ballades de leurs pays sur des thèmes plus
modernes. Le plus connu est Idir, un chanteur
Kabyle (Encore
la Kabylie ? A croire que les bergers ont de l’inspiration !)
qui fera en 1976 un tube planétaire avec «A Vava Inouva» (Mon papa à moi), titre qui sera diffusé dans 77 pays et traduit en 15 langues différentes. Vous allez
vous demander pourquoi je ne parle pas d’Areski Belkacem ? Le compagnon de route de Brigitte Fontaine et de
Jacques Higelin ?
Parce que ce dernier est français et est né à Versailles, ses parents sont
d’origine Kabyle (Encore un !)
et il a été bercé dans la musique Chaâbi, mais c’est tout !
La grande Révolution musicale du
continent Nord-Africain se fera avec le Raï. Même s'il existait déjà depuis
les années 30 avec des instruments comme l’accordéon, le banjo et le piano, le
mélange des styles de musique françaises, espagnoles et latino-américaines
permettra au début des années 80 de moderniser le genre, avec des
synthétiseurs et des boites à rythme, tout en y ajoutant une pointes de rock,
de pop et de reggae. Les jeunes (Cheb) chanteurs de l’époque apparaissent : Cheb Khaled, Cheb Mami ou encore Cheb Kader, Faudel (Qui
ternira son image en 2007 en soutenant Nicolas Sarkozy) et pour finir et pas
des moindres, Rachid Taha
le «rockeur» du Raï. Ex.chanteur du
groupe carte de séjour qui fera un petit scandale en reprenant «Douce France»
de Charles Trenet
et qui fut distribué aux députés de l’assemblée nationale. Le 26 septembre
1998, un concert à Bercy qui réunira Khaled, Faudel et Taha, «1, 2, 3 soleils» fera un retentissant succès.
- Comment Claude ? Je n’ai pas parlé d’Enrico Macias et du Malouf ? Heuuu… ! Crois-tu que ce soit le genre de la maison ? Au fait, tu diras à Rockin' que s'il me cherche cet après-midi, je serais au métro Chatelet, correspondance mairie d'Ivry, en train de jouer du derbouka...
En descendant plus au sud...
Bienvenue au pays des griots
dans l’Afrique profonde et mystérieuse. Du Cameroun au Mali, du Sénégal à la
côte d’Ivoire, les hommes à la peau d’ébène ont apporté énormément à la world
music où tous les styles et genres sont mélangés et représentés. Certains
scientifique disent que l’Afrique noir est le berceau de l’humanité, il est
aussi celui de la musique. Attention ! Je ne parlerai pas des pages
sombres de l’histoire du colonialiste du début du XXème siècle où des pères
jésuites blancs allaient enseigner aux petits noirs que leurs ancêtres étaient
les gaulois. Donc fi de «Tintin au Congo» et
autre «Y’a bon…
Banania», mais place aux musiciens au talent
et au sens du rythme imputable à
personne d’autre.
Youssou N'Dour |
Beaucoup
d’artistes africains ont quitté leur continent pour tenter leur chance
dans la vieille Europe, Youssou N’Dour est un exemple parfait de cette réussite. Ce
Sénégalais né en 1959 sera très tôt bercé dans la musique grâce à une mère
griotte. Je me souviens l’avoir vu sur scène en 1985 à Bercy avec Jacques Higelin et le
groupe qu’il avait fondé en 1979 «le super étoile de Dakar». C’est après ce passage en France
que sa notoriété et sa carrière prendront des proportions internationales. On
pourra le voir avec Peter Gabriel, Paul Simon et il fera un duo qui restera célèbre avec Neneh Cherry : «Seven Seconds».
En parallèle de sa carrière de chanteur musicien, il a été ministre de la
culture et du tourisme.
Manu Di Bango |
Faisons un petit saut par le Cameroun pour y
rencontrer le musicien de jazz que je trouve le plus sympa : Manu Di Bango. Ce saxophoniste connu aux quatre coins
de la planète (Une sphère avec des coins ?) est le doyen des
musiciens africains. Parler de sa carrière reviendrait à faire une biographie de
50 pages, et je n’ai pas envie de recopier la page Wikipédia. Mais son talent
en fait un des musiciens de jazz respecté par ses pairs et par les autres
artistes internationaux avec qui il a collaboré comme Sinéad
O’Connor, Peter Gabriel, Manu Katché, Serge Gainsbourg. A plus de 80 ans et plus de 40 albums, je
pense que nous n’avons pas fini d’entendre parler de lui et c’est tant mieux.
Mory Kanté |
Beaucoup
auront du succès, comme l’albinos Salif Keita et Amadou et Mariam le couple aveugle au Mali, Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly en Côte d’Ivoire, Mory
Kanté en Guinée ou encore la belle Angélique Kidjo au
Bénin. L’Afrique
a su se faire une place considérable au sein de la world music en mélangeant
quelques fois son style à d’autres comme YoussouN’Dour qui jouera avec Alan
Stivell. Le style Afro réunira toujours tout le monde sous la bannière de sa diversité.
- De quoi Claude ? La compagnie Créole ? Heu… ! J’ai parlé de la musique Africaine et non des Antilles ! Qu’est que c’est que ce zouk !!! Bon ! Sur ce si Rockin me cherche, je vais arrondir mes piges métro St Michel, correspondance porte de Clignancourt, pour jouer un peu de Djembé !
…Et en remontant vers
l’Europe !
Anna Prucnal |
Et en
Europe aussi, beaucoup de chanteurs et chanteuses (surtout) vont passer la
barrière de la langue pour proposer leur talent dans l’hexagone. Ils viennent
d’un peut partout, de la Pologne à l’Italie, du Canada à l’Amérique du sud,
beaucoup de noms sont passés à la postérité. Rappelez-vous d’Anna Prucnal en Pologne qui, d’actrice de cinéma et de
théâtre, deviendra chanteuse avec une image d’artiste engagé ; Georges Perec dit un jour à propos de la belle
polonaise «Quelques-unes
des choses qu’il faudrait tout de même que je fasse avant de mourir,
écrire des chansons». En Italie, loin des Dalida
et autre Frédéric François, nous avons eu une
chanteuse très «Rive Gauche» et un paladin troubadour.
La première n’est autre que Pia Colombo, même si
cette dernière est née et morte en France, elle reste une image forte de la
chanteuse engagée qui aura «Bouffé de la vache enragée». Tous comme Barbara, elle commencera à l’écluse et, de Brassens à Gainsbourg,
de Bertolt Brecht
à Kurt Weill, de Léo Ferré à Jean Ferrat, la
tendance de ses textes sera toujours portée sur une rive de la scène qui
restera à jamais marquée par les événements de mai 68 où à cette époque d’ailleurs,
elle occupera Bobino avec Isabelle Aubret, Félix Leclerc, Georges Moustaki, Jean Ferrat et Leny Escudero. Après une vie remplie de combat et de
chansons, elle sera emportée par le crabe à l’âge de 51 ans.
La
tignasse folle, joueur de guitare de violon et de dulcimer, Angelo Branduardi est surement le dernier troubadour
sur cette planète. En 1974, il apparait avec ses ballades folks et
folklo-médiévale chantées en différentes langues. Ce n’est qu’en 1979 avec «La
Demoiselle» et surtout l’année suivante avec «Va Ou le Vent te Mène» qu’il ce fera connaître en France. Il disparaît souvent du devant de la scène pour se consacrer à la composition de musiques de films et à la peinture. Son impressionnante discographie suffirait à remplir une armoire normande. Qui se rappelle de l’image d’un homme à la coupe de douille tel un mouton que l’on aurait oublié de tondre, en chemise blanche sous un gilet de costume, armé d’un violon au grand échiquier de Jacques Chancel en 1985, Deux ans après l’album «Tout l’Or du Monde» qui sera un très gros succès ? A 64 ans passés, le troubadour des temps modernes continue de tracer sa route et à répandre sa musique de paladin tout autour de la planète.
J’avais
déjà parlé des chanteurs Canadiens dans une chronique, les Charlebois, les Leclerc,
les Vigneault, les Reno,
les Dufresne, je n’y reviendrais pas !
- Comment ça les Garou, les Justin Bieber ? Ha non Sonia …Voyons !
Restons sérieux !
- Pardon Claude ? si je serai place d'Italie correspondance Mairie d'Ivry pour jouer de la mandoline ? Non Dans ce quartier que tu connais pourtant, on jouerais plutôt du Dôngxião et du gǔzhēng...
A
faire le tour de la planète, on trouve toujours un artiste qui vous marquera
par sa voix, son style, ses textes ou plus simplement sa musique. J’en ai
sûrement oublié, je n’ai pas parlé de ces artistes de secondes générations
comme Sapho ou Armande
Altaï. Bien que pour Sapho, un jour, elle
aura sûrement une chronique...
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