Pour sûr,
Glenn Hughes devait en avoir gros sur la patate.
Alors qu'il était
parvenu à monter un super-groupe qui
lui permettait d'être à nouveau sous les feux de la
rampes, voilà qu'il se prend le chou avec Joe Bonamassa. Ce
dernier, le guitariste, osa mettre entre parenthèse, pour une
période indéterminée, l'épopée de
Black Country Communion afin de ne pas laisser sa carrière
solo se dessécher comme une moule au soleil.
Fait qui fit entrer ce bon vieux Hughes dans une colère où les mots fusèrent malheureusement plus vite que la pensée, mettant alors fin à Black Country Communion. Un collectif qui même s'il n'a pas réalisé de disques mémorables, avait le mérite de focaliser l'attention, aussi bien de la presse que du public qui répondait présent à ses concerts. Pas de renaissance possible donc pour B.C.C., d'autant plus que Joe Bonamassa a mis son veto pour l'utilisation du patronyme (alors que c'est lui qui voulait lâcher un temps le groupe... et que le nom était une idée de Hughes).
Un coup dur pour
Glenn Hughes qui s'était totalement consacré à
ce projet, pensant avoir trouver avec ce groupe cet équilibre
musical tant recherché. Certainement aussi un constat d'échec
personnel répété. En regardant en arrière,
Glenn a dû constater que, maintes fois, il s'était
retrouvé au sein de grandes formations de Heavy-Rock qui
auraient dû l'ériger comme une star internationale
indétrônable. Maintes fois il a foulé un
piédestal que bon nombre de ses compères n'ont pu
qu'apercevoir. Mais maintes fois, il en redescendit ; son attitude gangrenée par des substances chimiques n'y étant
pas étrangère.
Pourtant, ses
débuts de carrière furent plus qu'encourageants.
D'abord avec Trapeze (avec l'excellent Mel Galley) il se fit un nom
grâce à deux albums remarquables (« Medusa »
et « You are the Music... We're just the Band »)
ce qui lui permit de se faire repérer par les membres de
Deep-Purple. Ces derniers le débauchent pour monter le Mark
III qui accoucha de deux manifestes : « Burn »
et « Stormbringer ». Ensuite, pour faire court,
c'est la débâcle, un combat contre la drogue qu'il
mettra des années à vaincre, et qui, au passage,
brisera plusieurs nouveaux départs de carrière
prometteurs. Ainsi, après l'arrêt de Deep-Purple, son
retour dans Trapeze en 1976 finit en eau de boudin ; son tempérament
devenu instable rendit la tournée si difficile et pénible,
que Mel ne souhaita pas continuer avec lui dans ces conditions.
L'année suivante c'est Gary Moore qui le convie pour son
G-Force, mais ils se séparent dans de mauvaises conditions.
Enfin, en 1981, il remonte la pente et parvient à réaliser
avec le jeune Pat Thrall un superbe disque de Heavy-Rock classieux,
mélodique et puissant à la fois (« Hughes &
Thrall »). Ensuite plus rien, on le croit fini jusqu'à
« Phenomena », gros disque de Heavy-rock léché
et travaillé, avec son ancien acolyte Mel Galley. Fort de ce
succès, il enchaîne avec « The Seventh
Star », l'excellent disque de Toni Iommi/Black Sabbath.
Encore une fois, Glenn prouve qu'il peut aisément se hisser au
niveau des plus grands de la musique Rock, et Heavy en particulier.
Hélas, encore une fois, il n'y a pas de suite pour Glenn, à
cause de sa dépendance. En 1989, il s'adjoint à Robin
George (« Sweet Revenge »), mais le disque sort
dans l'indifférence générale, sans aucune promo.
Et puis en 1992, c'est Mike Varney qui, peut-être un peu lassé de ses poulains shredders, décide de se lancer dans le Blues d'obédience bien grasse et lourde, et essaye par la même occasion de relancer une petite poignée de vieux forçats au creux de la vague (voire dans le désert). Sur la pochette du sobrement intitulé « Blues », on découvre alors un nouveau Hughes au look fringuant, très proche de celui de Graham Bonnet. C'est une opportunité, un nouveau départ. Encouragé par un certain succès, peut-être inattendu, Glenn Hughes se lance sérieusement dans une carrière solo, dont chaque album a la qualité de toujours receler un lot de bonnes chansons, dont quelques pépites. Tendance qui va en s'améliorant. Toutefois, Glenn est tiraillé entre deux personnalités. Celle poussée par un égo surdimensionné qui l'entraîne à se mettre en avant, d'accaparer l'attention (dés Deep-Purple avec ses combats de braillements stériles avec Coverdale), et donc d'avoir son nom en gros sur le verso de la pochette. Et une seconde qui est le besoin viscéral de faire partie intégrante d'un groupe. Et généralement, c'est dans ce cas de figure qu'il donne le meilleur de lui-même ; preuve à l'appui quelques disques qui ont fait date. Preuve peut-être aussi, qu'il a besoin d'être canalisé. Et c'est peut-être parce qu'il est conscient de ce fait qu'il n'a pas cessé de recommencer l'expérience de groupe.
Ainsi, il
réitère avec son ami Iommi, toutefois sans que cela
aille plus loin que le studio (« The DEP Sessions »
et « Fused »), mais n'en récolte pas
moins un certain succès. Autre essai avec Geoff Downes, « The
Work Tapes », aussi avec l'italien Dario Mollo, « Voodoo
Hill », sans omettre le HTP, la collaboration avec John
Lynn Turner.
Tout ça pour dire que si Glenn Hughes dit avoir trouver l'équilibre musical avec Black Country Communion, on peut le croire. La désertion de Bonamassa dut le blesser (d'où ses propos acerbes), sans l'abattre toutefois, car ce vieux pirate qui clame son besoin vital de jouer, n'a pas attendu bien longtemps pour reformer un groupe (et non un projet solo). Après une petite tournée avec le collectif de stars du rock, « Kings of Chaos », (créé pour prendre simplement du bon temps en reprenant divers titres sur scène, dont une partie liés aux divers intervenants), Glenn convoque un très jeune guitariste, inconnu du circuit mais dont les démos avaient éveillé sa curiosité. Il s'agit d'Andrew Watt, un New-Yorkais, alors de vingt-deux ans, présenté par Julian Lennon. Glenn rappelle alors son ami de longue date, Jason Bonham (1), et tous trois composent et jouent quelques titres. Cerise sur le gâteau : le jeune Andrew chante, et plutôt bien même. Dans un registre différent de celui de Glenn mais qui se marie bien avec celui de ce dernier.
Évidemment,
la sauce prend (sinon, pas de disque) et le trio part (trop ?)
rapidement en studio enregistrer leur matériel. Des
enregistrements quasiment live (et cela s'entend parfois), où
le producteur a préféré garder les lignes de
chants que Glenn a interprétées pendant qu'il jouait en
groupe.
En conséquence,
on pourra reprocher un manque de clarté et de définition
sur bon nombre de titres. ça sonne résolument sauvage,
ça déborde d'énergie, de testostérone,
comme coincé entre un Heavy-Rock de la première moitié
des 70's et le Grunge d'Alice in Chains et de Pearl Jam.
Apparemment, Glenn ne se décide pas à vieillir (comme son nouveau look, un peu limite, le démontre), et ce n'est pas encore demain qu'il va la jouer crooner avec un répertoire de reprises. En tout cas, sa voix n'accuse aucunement son âge (63 ans le 21 août prochain !), et pas mal de jeunes hurleurs doivent se sentir petits face à l'énergie qu'il déploie.
Apparemment, Glenn ne se décide pas à vieillir (comme son nouveau look, un peu limite, le démontre), et ce n'est pas encore demain qu'il va la jouer crooner avec un répertoire de reprises. En tout cas, sa voix n'accuse aucunement son âge (63 ans le 21 août prochain !), et pas mal de jeunes hurleurs doivent se sentir petits face à l'énergie qu'il déploie.
La batterie
semble plier sous des coups de boutoirs, à la limite de se
démonter. La guitare d'Andrew surnage dans une saturation
paraissant élaborée d'une Fuzz grasse et d'une
overdrive fatiguée, poussée au ¾ . Quelquefois,
cette gratte semble être reliée à un câble
défectueux (on pense parfois à la Expandora de Billy
Gibbons) ; une pelle poisseuse qui n'a aucun complexe à
couvrir parfois la basse. Et cette dernière justement, n'est
pas toujours à la fête, parfois écrabouillée
entre les deux furieux, Jason et Andrew.
Et si l'on devait comparer Watt à Bonamassa, il est indéniable que le premier n'a pas la technique du second. Une évidence frappante dans les soli.
Quand, dans le
milieu du Rock, on a parfois tendance à vouloir écouter
la version live d'un bon titre que l'on juge trop policé et
chargé d'arrangements, en pensant que c'est sur scène
qu'il donnera tout son jus, ici c'est parfois le contraire qui se
passe. En effet, on pourrait croire que certaines pièces
auraient la possibilité de devenir énormes avec une
grosse production un peu plus raffinée.
Malgré
tout, cet album a du jus, une consistance et une authenticité
qui pouvaient parfois faire défaut au projet précédent.
Avec California
Breed, le duo Hughes-Bonham oublie le Blues-rock pour se recentrer
sur un paysage nettement plus Heavy, plus direct, plus sombre et
offensif. Mais peut-être aussi, plus récréatif
(en dépit de quelques paroles parfois plus introspectives).
D'entrée,
avec « The Way », le trio en fait des tonnes :
frappe de bûcheron, chant entre l'extase Soul et les doigts
dans la prise, et guitare façon « Jimmy Page la
joue Stoner ». Et de Led Zeppelin, il est question, mais
mué en rouleau-compresseur, écrasant sans discernement
tout sous son passage. Et pourtant, ça passe. Led Zep toujours
avec « Chemical Rain », dans une ambiance
sulfureuse, du moins dans le riff massue.
Sinon Black
Sabbath, ou Tony Iommi, avec « Day They Come »
et un « Invisible » qui s'encombre de quelques
« arrangements » superflus qui le rapprochent
plutôt d'un BigElf un peu saoûlant. Sans Iommi, Glenn ne
parvient pas à retrouver la flamme de « Fused »,
encore moins de « Seventh Star »
« Midnight Oil » retrouverait presque la puissance générée par la rencontre explosive du Funk et du Hard-Rock telle que savait le créer Trapeze, mais avec un son... un son nettement plus dirty. Une guitare en stéréo avec un canal en overdrive classique et un second où elle est saturée par un flanger à la limite du décrochement. Aux fûts, un guerrier délivre un pattern funky comme un géant dévalerait une montagne, pris dans une avalanche. Après quelques couplets, une chanteuse, Kristen Rogers, d'une voix fort puissante et claire, vient soutenir Glenn, donnant alors un agréable goût de Rolling Stones ère Mick Taylor.
« Let it burn, let it burrnn...urn. I'm gonna set it on fire with the Midniight Oiiil !!! ». Solo !
California Breed
s'attaque même avec brio au Glam-rock, non pas celui porté
par une scène californienne plus opportuniste que sincère,
mais bien celui chargé de paillettes, de provocations et de
guitares Rock'n'Roll, entre raffinement et décadence, des Mott
the Hoople, Ziggy Stardust et Marc Bolan (« Spit You
Out »).
Le trio ne se
contente pas de lâcher les vannes, de faire du boucan, de se
vouer aux dieux païens de la forge et du souffre. L'arpège
cristallin et le chant posé de « All Falls Down »
appellent à la douceur et au recueillement... enfin, jusqu'à
ce que Jason écrase ses peaux comme une brute, que Glenn
vocifère sa douleur et qu'Andrew enclenche sa Big Muff (ou un
truc du même genre). Le trio alterne entre la fraîcheur
d'une brise printanière et le souffle chaud et brûlant
d'une tempête de sable charriant les humeurs qui transportent
les hommes. Ici, Rival Sons n'est pas loin.
« Breathe »
(avec le concours de Julian Lennon aux chœurs) présente
également le groupe sous un aspect plus modéré.
Un titre saisissant, un subtil cocktail fait de ballade appuyée,
de Heavy-rock psyché et de pur Hard-Rock 70's.
On remarque que Glenn se gêne pas pour en faire parfois des tonnes, chantant comme un possédé, en se gardant bien toutefois de pousser le fameux cri des "roubignoles coincées dans la braguette" (ou autre part). Néanmoins, les gueulantes de sir Hughes se fondent totalement dans la guitare omnipotente d'Andrew, ce qui fait que cela ne paraît jamais déplacé ; au contraire de ce qu'il a pu faire autrefois, notamment en live. Ce serait parfois comme une incantation, une glossolalie païenne.
Glenn Hughes,
enthousiaste, a comparé Andrew Watt à Mel Galley. Si le
jeunot utilise une Gibson SG Standard tout comme Mel, il ne semble
pas pour autant détenir la même science du Riff, ni même
un feeling équivalent dans ses interventions solistes.
Toutefois, en dépit de quelques défauts, le constat est là. Ce premier essai de California Breed fait son office (en sautant peut être « Invisible ») en procurant de bonnes sensations Rock, du genre Sleaze, en mode pêchu et crasseux. De quoi mettre à mal les esgourdes pour peu que l'on pousse le volume.
Toutefois, en dépit de quelques défauts, le constat est là. Ce premier essai de California Breed fait son office (en sautant peut être « Invisible ») en procurant de bonnes sensations Rock, du genre Sleaze, en mode pêchu et crasseux. De quoi mettre à mal les esgourdes pour peu que l'on pousse le volume.
Et peut-être
même que, dans l'ensemble, il se montre plus excitant que Black
Country Communion. Peut-être parce que c'est tout bonnement
plus frais, direct et instinctif.
Encore une fois, on a pu lire que California Breed était en quelque sorte un ersatz de Led Zeppelin. Imagination fertile, fantasme ou psychose ? Pauvreté de culture musicale (désolé) ou disque écouté d'une (seule) oreille distraite et sale ? Ne pourrait-on pas un peu plus nuancer les comparatifs ? Voilà bien une décennie que chaque nouveau groupe de Heavy un tant soit peu Bluesy est systématiquement comparé à Led Zeppelin. Certes, ce dernier est immense et son influence énorme, mais il n'y a pas que lui.
On a aussi conclut que le trio faisant également référence à Deep-Purple (?). Vraiment ? A cause de Glenn Hughes ?
Le Dirigeable se retrouve surtout dans les deux titres mentionnés, et en étant obsédé, on pourrait aussi déceler quelques ébauches de riffs et des patterns.
Sinon, on devrait plutôt citer tout ce qui a fait la carrière de Glenn, à l'exception de Phenomena, HTP, et... Deep-Purple.
On a aussi conclut que le trio faisant également référence à Deep-Purple (?). Vraiment ? A cause de Glenn Hughes ?
Le Dirigeable se retrouve surtout dans les deux titres mentionnés, et en étant obsédé, on pourrait aussi déceler quelques ébauches de riffs et des patterns.
Sinon, on devrait plutôt citer tout ce qui a fait la carrière de Glenn, à l'exception de Phenomena, HTP, et... Deep-Purple.
Le patronyme
« California Breed » est issu des paroles de la
chanson « Solo ». Une des premières
écrites mais seulement disponible via le net (Les cons !).
(1) Glenn
connaissait déjà le père, John Bonham, qui
venait parfois jammer avec Trapeze et avec qui il se lia d'amitié. Il connut ainsi Jason enfant.
Pour en savoir plus sur Glenn Hughes (liens) :
Trapeze "You are the Music... We're just the Band" 1972
Deep-Purple "Burn" 1974
Deep-Purple "Come Taste the Band" 1975
Black-Sabbath "Seventh Star" 1986
Black-Country-Communion 2010
Je lisais dans "bassiste magazine" (euh... oui, au supermarché s'est rangé à côté de "batavia mon amie" que je lis tous les mois, je me lance dans le potager...) une interview de Glenn Hughes. Il s'en prenait surtout au manager de Bonamassa. BCC devait sortir un nouvel album, Glenn Hughes avait accepté d'en écrire les chansons (ce qu'il fit) à la condition qu'il y ait une tournée ensuite. Ce qu'on lui avait assuré. Et finalement, Bonamassa a été privé de tournée par son entourage, pour ne pas sur-charger son l'emploi du temps...
RépondreSupprimerSans doute, effectivement, pour privilégier sa carrière solo (dont - au passage - tout le monde se fout, ses participations à droite et à gauche sont beaucoup plus intéressantes !!)
Oui, effectivement, j'ai lu ça quelque part (mais pas dans bassiste Mag) : le fautif serait plutôt le management de Bonamassa. Peut-être une pirouette pour atténuer les rancœurs. Toutefois, je me souviens d'interviews de Joe où il disait clairement vouloir reprendre, du moins pour un temps, sa carrière personnelle, vouloir passer à autre chose. Et surtout, que sa carrière solo était prioritaire.
SupprimerPersonnellement, je subodore que Joe commençait à en avoir assez de passer en second plan, par rapport au chant évidemment accaparé par Glenn. De plus ce dernier est un bien meilleur show-man, sachant faire le spectacle et attirer en conséquence les regards (plus de métiers évidemment).
Au fait, je t'ai répondu sur mon blog pour Dio & Livgren.
SupprimerBon tout est dit.
RépondreSupprimerJ'en reste à Trapèze, Deep Purple, Hughes avec le gars de Pat Travers et un ou deux cd de blues. Le reste basta.
C'est sûr qu'en comparaison avec "You are the Music...", "Burn", "Stormbringer" et "Hughes & Thrall", celui-ci fait pâle figure.
SupprimerIl y a aussi le mal nommé "Blues".
Merci mon tio Bruno de me rejoindre dans mes sanctions, et pourtant je l'adore comme vocal et bassiste.
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