En
1970, Leon Russell (multi-instrumentiste, compositeur, producteur,
que l'on retrouve sur le célèbre « Mad Dog
and Englishmen » de Joe Cocker, et le concert lancé
par George Harrisson, « The Concert for Bangladesh »)
signe sur son récent label, Shelter (créé en
1969 avec Denny Cordell), un des plus grands bluesmen de tous les
temps, Freddie King. Et permet ainsi de relancer internationalement
la carrière de ce costaud débonnaire de près de
deux mètres.
Freddie King, robuste gaillard, né le 3 septembre 1934 à Gilmer au Texas, semblant toujours à l'étroit dans ses vêtements, redéfini certaines règles de la guitare Blues. Son jeu puissant est un pont entre le Blues-Texan et le Chicago-blues, tout en y incorporant un rythme soutenu très certainement hérité de la surf-music.
Freddie
King c'est une main gauche puissante et sûre, plaquant
solidement ses accords, et jouant des bends avec fermeté (où l'on sent la force des paluches du gaillard). Une
main droite équipée d'onglets lui permettant d'obtenir
précision et diversité dans les accords et vélocité
sur des chorus percutants, avec ses Gibson Les Paul (Gold Top 56)
et, surtout principalement, ses Gibson ES 345 (d'où la 335 d' Eric
Clapton !). Une voix puissante, sachant se faire rauque autant que
(presque) mielleuse, reprenant parfois certains « gimmicks »
de B.B. King.
Un
jeu qui s'explique en partie par ses origines Texanes, avec pour
première et forte influence celle de T-Bone Walker, et par son
expérience des clubs de Chicago (il part à Chicago avec sa mère à seize ans) où il a joué
pour Hound Dog Taylor (à qui il aurait piqué "Hideaway") et Little Sonny Cooper, ainsi que ses sessions en tant que musicien de studio pour le label Cobra (Otis Rush, Magic Sam). Sans omettre
qu'entre ses origines et son apprentissage du Blues rugueux de la
Windy-city, l'ascendant de B.B. King n'a jamais cessée de
planer sur ses épaules. Toutefois, il s'émancipera progressivement de l'influence de ce mentor, au fur et à mesure que son propre style s'affirmait.
- "Comme je me défendais pas mal en tant que guitariste, j'ai commencé à gagner ma vie juste avant d'avoir atteint dix-huit ans. Je devais me vieillir pour pouvoir travailler. je jouais sur une guitare acoustique Harmony. Plus tard, lorsque je me suis mis à l'électrique, j'ai pris une Key, et, quand on me l'a volée, une Gibson. Depuis, je suis un Gibson-man".
- "Comme je me défendais pas mal en tant que guitariste, j'ai commencé à gagner ma vie juste avant d'avoir atteint dix-huit ans. Je devais me vieillir pour pouvoir travailler. je jouais sur une guitare acoustique Harmony. Plus tard, lorsque je me suis mis à l'électrique, j'ai pris une Key, et, quand on me l'a volée, une Gibson. Depuis, je suis un Gibson-man".
En
1960, le pianiste-compositeur, et accessoirement producteur, Sonny
Thompson, lui fait enregistrer pour le petit label Federal (une subdivision
de Kings Records) une série de Blues vocaux mettant en valeur
sa chaude et puissante voix, où, sur certains slow-blues,
l'ombre de B.B. King domine encore (« I Love a Woman »).
D'ailleurs,
auparavant, la firme Chess ne l'avaient pas retenu parce que, justement,
on avait jugé son chant trop proche de celui de B.B.
Certaines
pièces gravées chez Federal sont des classiques, parfois reprises, ou plagiées,
sans jamais atteindre la qualité de l'originale (« I'm
Tore Down », « Have you ever loved a Woman
? »). Suit rapidement une riche série de Blues
instrumentaux qui feront par ailleurs office de maître-étalon
du genre et sur lesquels moult guitaristes se feront les dents
(aujourd'hui encore). Parmi les plus célèbres on
retrouve le célébrissime « Hideaway »
qui permettra dès 1966 à un jeune anglais, Eric, de se
faire mousser sur scène en l'étirant (et en incorporant
d'autres plans) et en le chargeant de décibels, éblouissant
les foules qui surnommèrent alors ce fier godelureau, « God ».
D'autres pièces instrumentales comme « The
Stumble » ou « San-Ho-Zay » ne sont
pas en reste.
Pendant quatre années, King grave pour Federal un lot de compositions (dont certaines sont signées ou co-signées Sonny Thompson) d'une qualité exemplaire et dont une partie obtient un succès commercial national. En 1961, année faste, six 45 tours sont classés dans les charts Rhythmn'n'Blues.
Ces
faces sont la preuve tangible qu'à l'aube des années
60, Freddie King était un des meilleurs guitaristes de Blues,
doublé d'un grand chanteur au timbre graveleux.
Enfin, après un séjour chez Cotillon (filiale d'Atlantic) pour deux disques grevés par des arrangements inadéquates et une production plate, où on a voulu gommer les aspérités de sa musique (pour la rendre plus commerciale ?), museler sa vitalité, Freddie est donc reçu chaleureusement par Leon Russell, qui le fait signer un contrat pour son label, Shelter. On imagine ce dernier, un authentique fan de musique afro-américaine, trop heureux d'avoir l'opportunité de prendre sous son aile un des géants du Blues d'après-guerre.
Le label traite Freddie à la mesure de son talent et lui réserve les studios Chess à Chicago avec des musiciens confirmés, dont Don Preston à la guitare (Joe Cocker, Frank Zappa, Captain Beefheart, John Carter) et Donald « Duck » Dunn.
Leon Russell joue du piano ainsi que quelques parties de guitares.
Ainsi donc, en 1971, arrive « Getting Ready... ». Une galette regroupant des titres qui font tous aujourd'hui office de standards (repris maintes et maintes fois). Certes, il n'y a qu'un seul titre de Freddie, trois sont des compositions de Russell ou/et de Don Nix, le reste n'étant que des reprises, néanmoins toutes les pièces sont marquées de son sceau, certaines, en conséquence, devenant alors la nouvelle référence.
- "L'épatant, avec Shelter, c'est que je peux vraiment, et pour la première fois de ma vie, faire tout ce que je veux".
« Same Old blues » et "Goin' down » avaient été composé initialement pour un obscur groupe d'Acid-blues-rock non dépourvu d'intérêts, mais qui a assez mal vieilli, (Moloch), auxquels Freddie donne une seconde jeunesse. « I'm Tore Down » était déjà en 1961 un hit (seul titre composé par Freddie sur cet opus). « Living on the Highway » et "Palace of the King » (qui font encore les chaudes heures des blues-rocker) sont deux chansons écrites par Don Nix et Leon Russell. « Worried life blues » de Big Maceo dans une version relativement rock. « Walking by Myself » de Jimmy Rogers en version acoustique de toute beauté, tout comme « Dust my Broom » d'Elmore James ; alors que, tout comme ce dernier, Freddie a contribué à l'émergence d'un certain Blues-rock, cette magnifique version prend le contre-pied en bannissant l'électricité.
Le label traite Freddie à la mesure de son talent et lui réserve les studios Chess à Chicago avec des musiciens confirmés, dont Don Preston à la guitare (Joe Cocker, Frank Zappa, Captain Beefheart, John Carter) et Donald « Duck » Dunn.
Leon Russell joue du piano ainsi que quelques parties de guitares.
Ainsi donc, en 1971, arrive « Getting Ready... ». Une galette regroupant des titres qui font tous aujourd'hui office de standards (repris maintes et maintes fois). Certes, il n'y a qu'un seul titre de Freddie, trois sont des compositions de Russell ou/et de Don Nix, le reste n'étant que des reprises, néanmoins toutes les pièces sont marquées de son sceau, certaines, en conséquence, devenant alors la nouvelle référence.
- "L'épatant, avec Shelter, c'est que je peux vraiment, et pour la première fois de ma vie, faire tout ce que je veux".
« Same Old blues » et "Goin' down » avaient été composé initialement pour un obscur groupe d'Acid-blues-rock non dépourvu d'intérêts, mais qui a assez mal vieilli, (Moloch), auxquels Freddie donne une seconde jeunesse. « I'm Tore Down » était déjà en 1961 un hit (seul titre composé par Freddie sur cet opus). « Living on the Highway » et "Palace of the King » (qui font encore les chaudes heures des blues-rocker) sont deux chansons écrites par Don Nix et Leon Russell. « Worried life blues » de Big Maceo dans une version relativement rock. « Walking by Myself » de Jimmy Rogers en version acoustique de toute beauté, tout comme « Dust my Broom » d'Elmore James ; alors que, tout comme ce dernier, Freddie a contribué à l'émergence d'un certain Blues-rock, cette magnifique version prend le contre-pied en bannissant l'électricité.
On
pourra toujours reprocher quelques rares erreurs d'appréciation et
de choix de certains arrangements pas toujours heureux, ils ne sont jamais prégnant. Et puis, de toutes façons, dès que
Freddie et sa guitare se font entendre, ils balayent tout sur leur
passage avec une facilité déconcertante, sans jamais
avoir besoin de forcer le trait. Et malgré
tout, Freddie démontre avec un naturel non feint, qu'il est un
maître, un géant du Blues, et qu'en face de lui, tous
ses imitateurs et ses élèves, même les plus
doués, ne sont finalement que des (habiles) apprentis.
Une production de qualité (de Leon Russell & Don Nix), un croisement entre le son Stax et celui du Rock Anglais, qui a su éviter l'écueil en omettant toute surcharge inutile, qui met en valeur la voix et la guitare de Freddie sans pour autant écraser les autres instruments. Très peu de cuivres, mais on notera néanmoins quelques violons vraiment discrets sur les titres acoustiques (et on se demande bien qui a eut l'idée saugrenue d'en rajouter sur "Walking by Myself").
On parle souvent de disques indispensables à toutes discothèques qui se respectent ; indéniablement, celui-ci en fait partie.
Freddie King influencera à vie un grand nombre de musiciens (tant de
blues que de rock), à commencer par toute la confrérie
du British-blues. Eric Clapton lui doit énormément, Popa
Chubby, au début de sa reconnaissance commerciale, criait haut
et fort qu'il lui devait tout. Même Grand Funk Railroad y va de son petit hommage en citant le nom du bluesman dans leur hit, "We're American Band".
On peut également citer pêle-mêle Larry McCray, Jeff Healey, Johnny Winter, Billy Gibbons, Kim Simmonds, Gregg Allman (pour la voix, évidemment), Smokin' Joe Kubek, Carl Weathersby, Michael Burks, etc... (la liste est immense).
Je rajouterai qu'il serait totalement aberrant d'écouter au moins un des artistes mentionnés ci-dessus, sans connaître Freddie King.
On peut également citer pêle-mêle Larry McCray, Jeff Healey, Johnny Winter, Billy Gibbons, Kim Simmonds, Gregg Allman (pour la voix, évidemment), Smokin' Joe Kubek, Carl Weathersby, Michael Burks, etc... (la liste est immense).
Je rajouterai qu'il serait totalement aberrant d'écouter au moins un des artistes mentionnés ci-dessus, sans connaître Freddie King.
Hélas,
cet immense musicien mourut trop tôt (à 42 ans), sur
scène... le 28 décembre 1976, à Dallas, Texas.
Live at Surgarbowl - 1972
- Same Old Blues (Don Nix) - 3:57
- Dust My Broom (Elmore James) - 3:10
- Worried Life Blues (Big Maceo) - 2:50
- Five Long Years (Eddie Boyd) - 4:20
- Key to the Highway (Bill Broonzy - Charles Segar) - 3:24
- Going Down (Don Nix) - 3:21
- Living To the Highway (Russell - Nix) - 4:14
- Walking by Myself (Lane) - 2:50
- I'm Tore Down (Freddie King) - 4:09
- Palace of the King (Russell - Nix - Donald Dunn) - 3:38
Une réédition CD présentait une très bonne cover, bien énergique, de "Gimme Some Lovin'" (du Spencer Davis Group).
Très bonne chronique avec laquelle je suis d'accord c'est un disque intéressant même si je ne déteste pas non plus sa période plus funky notamment le disque Burglar. Il m'a toujours fasciné par son attaque avec onglet de pouce ca devait salement saturer les bande magnétique de l'époque :o)
RépondreSupprimer"Burglar" est également un bon disque de Freddie ; le premier sur RSO et son dernier bon disque. Le suivant et dernier, "Larger Than Life", accuse un déclin, même si c'est encore d'une certaine teneur.
SupprimerEnfin, personnellement, j'aime tous ses disques. Des premiers regroupant ses faces pour Federal (extraordinaires - quel feeling !) aux derniers pour RSO (même si...).
Merci Jipes
C'est avec Albert Collins celui par lequel je suis arrivé au blues. Sans doute par son jeu assez "rock", au sens viril du terme ! Et ses batteurs avaient tendance à bien cogner aussi, on était loin des shuffle aériens des Muddy Waters... On ne doit pas être nombreux à avoir un live enregistré à Nancy, en 1975, en deux LP puis deux CD. Gros son, set-list irréprochable, dont un Boogie Chillum assez destructeur ! J’ai aussi un live à Antibes, 1974, moins bien mixé...
RépondreSupprimerEt bien allons-y gaiement ! On remet sur la table le fameux "Live in Nancy 75". Crâneur ! Pas nombreux, hein ? Mouais, mouais, mouais.
SupprimerPour le "Live dans Antibes 74", c'est le mixage, c'est la mer en bruit de fonds...
J'adore les mecs qui portent leur guitare en bandoulière comme une mitraillette! J'en avais déjà parlé par ailleurs mais je ne me souviens plus qui la tient de la même façon.
RépondreSupprimerPetit rappel svp?
Et bien, justement, Albert Collins. Un autre Texan d'ailleurs.
SupprimerEt T-Bone Walker... un autre Texan.
Autant j'ai du mal avec BB King, autant j'accroche avec lui, toutes périodes confondues. Grand chanteur.
RépondreSupprimerShuffle, essayes la périodes 60's. En l’occurrence, "Blues on top of Blues" est une merveille ; à l'écoute, on croirait avoir affaire à un "Best-of".
SupprimerEt le batteur - puisque Luc en parle - est un régal pour les esgourdes.