mardi 18 mars 2014

SAVOY BROWN "Goin' to the Delta" (2014)

Savoy Brown, voilà un nom bien connu des amateurs de british blues, et même un peu au delà de ce cercle. Faut dire que ce groupe écume la planète depuis tout prés de 50 ans. Pas sûr que les One Direction soient encore là en 2060, espérons que non... Enfin quand je parle de groupe je devrais parler plutôt de "Kim Simmonds Blues Band" tant le guitariste fondateur en est l’âme et le trait d'union entre les époques, d'ailleurs notez sur la pochette "Kim Simmonds & Savoy Brown" et non pas Savoy Brown.
Pour la petite histoire, le nom du groupe vient pour Savoy d'un clin d'oeil au  label américain Savoy crée en 1942 et qui compta comme artistes les plus grands du jazz (Miles Davis, John Coltrane, Lester Young, Charlie Parker...) et le Brown fait référence à James Brown, Charles Brown ou encore Nappy Brown..

street corner talking
Fondé en 1965 le combo aura vu défiler au fil des époques une bonne soixantaine de musiciens et c'est si je compte bien son 35 eme album. Comme je le disais Kim Simmonds est le vrai garant du nom du groupe, et il a construit autour de lui bien des line up différents depuis les débuts en plein "british blues boom". S'il ne s'agit pas d'un groupe majeur de l'histoire du rock ce combo attachant est pourtant un de mes préférés du genre, car il a une "patte" vraiment reconnaissable, et s'il n'a jamais atteint la notoriété des Bluesbreakers de John Mayall, de  Fleetwood Mac ou des Animals, Jeff Beck Group, Yardbirds ou Ten Years After (ces 3 derniers, bien qu'issus du british blues en ont vite dépassé les limites) on doit à Savoy Brown quelques perles de "Boogie/Blues'n'Roll " chaloupé et swinguant  (comme "Tell Mama" ou "Rock'n'roll on the radio" tous deux sur "Street corner talking"). Je suis bien placé pour vous parler de Savoy Brown puisqu'en vrai fan j'ai dû écouter quasi tous leurs albums -sauf peut être quelques lives ou compiles sans grands intéret- et je ressortirai les suivants : 1 street corner talking (1977) 2 Blue matter (1969) 3 Jack the toad (1973) 4 Wire fire (1975) 5 Raw Sienna (1970)  et parmi les plus récents "The blues keep me holding on " (1999). En revanche il y a eu une mauvaise période début des eighties autour du très moyen "Rock'roll wariors", au hard rock caricatural assez éloigné de l'esprit boogie/ blues du groupe. Un mot aussi sur les musiciens qui ont défilé au sein desquels on relève des noms bien connus pour qui s'intéresse au rock british, comme "Lonesome" Dave Peverett  (dans le groupe de 1968 à1971, décédé en 2000) qui quittera le groupe pour aller aux States  fonder Foghat , emmenant d'ailleurs avec lui la rythmique du SB du moment (Roger Earle et Tony Stevens), citons aussi Chris Youlden, John O'Leary, Hughie Flint (Mayall, Alexis Korner), Bill Bruford (Yes), Dave Walker (F Mac, Black Sabbath), Andy Pyle (Wishbone Ash, Ten Years, Kinks, Gary Moore), Miller Anderson, Stan Webb (Chicken Shack), Paul Raymond (UFO) sans parler d'invités comme Duke Robillard ou Hubert Sumlin.
Un demi siècle de boogie donc, à l'instar d'un autre groupe fondé aussi en 1965, et qui existe toujours aussi, autour de son batteur (depuis 1967) Fito de la Parra , j'ai nommé Canned Heat, le pendant américain du Savoy Brown. A noter que SB a beaucoup tourné outre Atlantique et y est peut être plus connu que dans son pays d'origine.
Pat, Kim, Garnet

Mais on cause on cause l'heure tourne, alors venons en à ce nouvel opus paru chez Ruf Records,
le bien nommé "Goin to the Delta" dont le titre même est une incitation au voyage au pays du blues..
Pour ce faire, Simmonds s'est accompagné du bassiste Pat DeSalvo et du batteur Garnet Grimm qui sont avec lui depuis 2009, par rapport à la précédente mouture du groupe il reprend le chant qu'il avait un temps abandonné au chanteur saxophoniste Joe Whiting, et c'est tant mieux, car même s'il n'est pas un grand chanteur sa voix un peu trainante de baroudeur est agréable et tout à fait adaptée à la zic du combo.
Un retour aux sources comme le dit Simmonds "Quand nous avons  débuté en 1965 le concept était d'être une version anglaise des Chicago blues bands, nous sommes en 2014 et une fois encore la musique de ces enregistrements renvoie au son de Chicago. Au fil des ans le style de Savoy Brown a évolué dans plusieurs directions même si le blues n'a jamais été loin, maintenant la boucle est bouclée, et nos chansons et notre jeu sur cet album sont directes et basiques comme le blues doit l'être".

Effectivement le morceau d'ouverture "Laura Lee" est un pur shuflle comme aurait pu en pondre un Luther Allison, avec un gros travail de guitare de Simmonds, 66ans, qui fait parler dextérité et expérience.
Suit le mid tempo "Sad news" puis un blues rock entre ZZ Top et JJ Cale "Nuthin like the blues", une déclaration d'amour au blues. "When you've got a good thing" et "Backstreet woman" sont des blues classiques avec sur le dernier nommé une belle attaque de gratte à la Freddie King; "Cobra" , en instrumental, est un boogie venimeux , la spécialité maison , tout comme "Goin' to the Delta" , un shuffle tout en élégance qui balance bien. Un  blues lent "Just a dream", 2 plus rapides "Turn your lamp on", "Going back", un autre shuffle "Sleeping rough" et un blues à la slide "I miss your love" forment le reste de l'album.

Alors je vois venir la question : qu'en penser ? Un bon album de blues,  mais presque trop sage et classique, qui n'égale pas ceux de la première époque mais ça on s'en doutait. Il n'en reste pas moins très agréable à l'écoute, avec quelques temps forts comme "Laura Lee" ou "Goin to the Delta", plein de belle guitares, et puis ça fait toujours plaisir de savoir qu'un des vétérans du british rock est toujours "on the road". Et pour le plus jeunes qui découvriront le groupe par cet opus ça peut être l'occasion de se plonger dans sa discographie..

Rockin-JL







4 commentaires:

  1. Sur la vidéo, y'a François Hollande à la batterie! Appelle Closer!

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  2. Tiens !? Simmonds a opté pour le trio.
    Dans la set-list je rajouterai bien les disques avec Walker : "Make me Sweat" et "Kings of Boogie". Inégaux mais fort sympathiques. Et puis, "Hellbound Train" pour... "Hellbound Train". Et puis, "Boogie Brothers", pour la présence de Stan Webb et de Miller Anderson. Et puis, "Let it Ride"... et puis...

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  3. Bien vu Shuffle!
    yes Bruno tu as raison, dans ceux que tu cites il y a qq boogies de derrière les fagots. Boogie Brothers m'avait un peu déçu, au vu du casting...

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    1. C'est pas faux. Bon album, toutefois, on s'attend à mieux.

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