Voilà
un bon p’tit film comme je les aime. Epatant. Ecrit et réalisé par un suisse,
Lionel Baeir, et dont l’action débute à Lausanne, en 1974. Si nous avions un logo du genre "le coup de cœur du mois" il serait accolé à ce film.
Le directeur de la radio Suisse Normande est prié d’éviter les sujets d’information trop polémiques, genre l’or des nazis planqué dans les banques, et de promotionner via cette radio d’état, les échanges fructueux entre la Suisse et le Portugal. Une équipe est envoyée là-bas. Il y a Julie, journaliste et accessoirement maîtresse du directeur, Cauvin, un vieux de la vieille qui a couvert tous les conflits depuis Napoléon, mais qui a tendance à perdre la boule, Bob le preneur de son et son combi Volkswagen, et une recrue local, un ado qui sert de traducteur, dont le rêve est de partir à Marseille sonner à la porte de Marcel Pagnol, son idole.
Le directeur de la radio Suisse Normande est prié d’éviter les sujets d’information trop polémiques, genre l’or des nazis planqué dans les banques, et de promotionner via cette radio d’état, les échanges fructueux entre la Suisse et le Portugal. Une équipe est envoyée là-bas. Il y a Julie, journaliste et accessoirement maîtresse du directeur, Cauvin, un vieux de la vieille qui a couvert tous les conflits depuis Napoléon, mais qui a tendance à perdre la boule, Bob le preneur de son et son combi Volkswagen, et une recrue local, un ado qui sert de traducteur, dont le rêve est de partir à Marseille sonner à la porte de Marcel Pagnol, son idole.
La
Suisse a bien subventionné un vague complexe immobilier dans un bled du Portugal,
encore en l’état de fondation 20 ans plus tard, mais pas de quoi faire un
reportage. Retour à Lausanne, sauf que. Nous sommes en avril 1974, le pays est
chamboulé par la Révolution des Œillets, et le trio helvète trouve matière à
travailler. A noter que cette trame est quasi autobiographique, Lionel Baeir ayant vraiment été chargé de ce type de reportage dans sa jeunesse.
La
première partie voit les trois journalistes chercher désespérément des témoins
à interroger, pas facile, entre un type qui débite des horreurs racistes, et un autre qui récite une leçon trop bien apprise. Le dialogue n'est pas toujours facile avec l'autochtone. Cauvin est persuadé de parler le portugais,
mais s’emmêle les pinceaux, raconte n’importe quoi, avec un aplomb extraordinaire.
Un problème d'accent, apparemment. Ce qui donne plusieurs scènes tordantes, notamment lorsque Cauvin se lance dans
un discours à la gloire de la démocratie suisse face à une bande de
révolutionnaires enthousiastes ! Il faut fromager les varices… Il n’empêche,
c’est bien lui, vieillissant et moqué, qui va se plonger au cœur de la
révolution, vibrer avec cette jeunesse, pendant que Julie la fonceuse, relègue ses idéaux le
temps d’une partie de jambes en l’air à plusieurs…
L’ambiance
est assez tendue au départ, Julie doit s’imposer face aux deux hommes, mais
quand le souffle de la révolution se lève, l’équipe suit le mouvement, entrainée, galvanisée, et les
liens se resserrent. Une douce folie se propage, quelques images insolites parsèment le film, jusqu’à cet intermède chorégraphique à la WEST SIDE STORY, à mon sens un peu
maladroit, parce que sans contre poids dans le reste du film. Il y a de jolis
gags, comme celui du fil du téléphone, ou l’apparition d’une équipe belge de
radio, sorte de décalqué des suisses. Mine de rien, Baeir taille des croupions à la "grande" démocratie suisse (la première séquence avec le ministre est exemplaire, ça devait être la même chose chez nous avec l'ORTF !) et donne une image du journalisme qui nous paraît bien éloignée, avant l'ère des tweet, et des reportages-minutes.
Le
plaisir vient aussi des acteurs, tous épatants. Michel
Vuillermoz, franchement mufle au début (avec les hôtesses dans l'avion), empêtré dans ses souvenirs qui se font
la malle, Valérie Donzelli, énergique et pétillante, à la manière des Katharine
Hepburn, soucieuse de ses revendications, et Patrick Lapp (que je ne
connaissais pas) placide, d’une drôlerie très pince sans rire, dans le rôle de
Bob. Lionel Baeir fait le choix d’une seule musique, du Gershwin, pour
accompagner le périple, qui au passage rappelle une histoire récente de l’Europe. Et puis j'aime bien ces films avec ce petit grain de folie, le p'tit côté libertaire (souvenez-vous de LE NOM DES GENS), dont on sent que chaque scène a été travaillée pour en ressortir le meilleur, avec le budget imparti.
Le
film devrait s’inscrire dans une tétralogie, après COMME DES VOLEURS (A L’EST)
qui mettait déjà en scène, en 2006, un couple suisse en partance pour la Slovaquie. D’où le (A L’OUEST) accolé au titre LES GRANDES ONDES.
Si ce film passe près de chez vous, faites-vous plaisir, et investissez les 6 ou 8 euros nécessaires ! Typique
du film rafraîchissant, sans prétention, très bien écrit, drôle, comme ils nous en arrivent de temps à autres, et qui
passent souvent inaperçus faute de promotion. Le film totalisait 24000 entrées le mois dernier, quand le condriaque Boon en faisait 2 millions sur sa première semaine ! Le combat est inégal. Sauf si un type comme Dany Boon se pointe à la télé, et lance : allez voir mon film, mais allez aussi
voir LES GRANDES ONDES, parce que c’est vachement bien, bien plus drôle que mon film à moi, et que si on ne vous le dit
pas, comment pourriez-vous le savoir ?
Une sorte de parrainage, de grosses production envers les petites...
Ce
n’est pas demain la veille.
C’est pourquoi, nous, on vous le dit !
C’est pourquoi, nous, on vous le dit !
Couleurs -
1h25 - scope 2:35
Sujet et époque qui tentent. M'étonnerait que ça passe ici....
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