Back
Roads est un nouveau groupe français, d'obédience
Heavy-rock aux réminiscences bluesy. Un quintet lyonnais porté
par une chanteuse et un duo de guitares qui sait faire parler la
poudre sans pour autant se noyer sous une tonne d'amplis bloqués
à onze. Le tout assis sur une section rythmique en acier qui
évite, autant que possible, le binaire. Un combo qui a tous
les attributs pour assurer sur scène et acquérir
rapidement une bonne réputation.
Comme
la plupart des groupes, Back Roads s'est forgé sur un lot de
reprises diverses. Une sélection correspondant à leurs
affinités et non à un impératif commercial, car
le collectif est une bande de passionnés, et certainement pas
d'opportunistes. Fait évident tant leur répertoire, et
leur musique, pourraient paraître désuets pour les
« programmateurs » des radios commerciales
(notamment celles qui passent autant de pubs que de « chansons »).
A l'inverse, il révèle un collectif ayant une culture
et un goût musical des plus sûrs.
Ainsi,
Led Zeppelin, Thin-Lizzy, Gov't Mule, Joe Bonamassa et Janis Joplin
ont servi d'école et de réservoir pour le quintet. On
retrouve même sur le net une excellente interprétation
de « Remedy » des Black Crowes et une autre
toute aussi bonne de Pearl (le disque de Scott Ian et de son épouse, Pearl Aday, également fille de Meat Loaf -> * lien *), « Rock Child ».
Des choix qui cernent les goûts et la direction de Back Roads.
Toutefois, leurs propres compositions ne sont pas un ersatz, ni un
patchwork de ces diverses influences, même si irrémédiablement
ces dernières ressortent parfois au travers d'un riff, d'une
rythmique ou du chant. Ce qui est bien naturel et même
plaisant.
de G à D : Fabrice, Christophe, Sylvaine, Franck et Nicolas |
Dans
la conception de sa musique, évidemment exacerbée par
le chant de Sylvaine, Back Roads évoque également
Cheetah, Gypsy Queen (les jumelles Hard-rockeuses lancées par
Jack Douglas), et Mother Station. Des groupes de Heavy-rock empreints
de couleurs Hard-blues, ayant une ou deux chanteuses chantant avec
force.
Le
chant de Sylvaine n'a rien de mijauré : si le timbre est bien
féminin, l'intonation prend souvent une morgue toute
masculine. La voix pourrait être, à la louche, un
mélange de 20 % de Maggie Bell, 40% de Susan Marshall (Mother
Station), de 25 % de Beverly Jo Scott et de 15 % de Fabienne Shine.
Les
riffs sont gorgés d'une disto chaleureuse et canalisée,
qui ne bave pas. Avec une équalisation constituée de
graves généreux, de médiums tempérés
et d'aigus qui ne débordent pas.
Une
écoute distraite (ou sur du matériel de merde, genre
Iphone ou autre gadget dénaturant la musique) donne l'illusion
de riffs efficaces, mais carrés, or c'est réducteur. En
fait, ils reposent sur un jeu en duo totalement indissociable et
complémentaire ; à la manière des binômes
de Thin-Lizzy, Wishbone Ash, mais dans une optique plus rude, les
guitares jouent parfois des plans différents qui s'imbriquent
pour former un entrelac de power-chords et de plans Heavy-blues qui
flatte les esgourdes. Un équilibre entre un Hard-blues à
l'australienne et un Heavy-southern-Rock-bluesy (Screamin' Cheetah Wheelies), un lyrisme à
la Thin-Lizzy, et une rudesse coincée entre les Black-Crowes
et le Great-White période 87-92. Ces deux bretteurs ont l'art
et la manière de faire évoluer leurs riffs pendant un
titre, les muant, les modelant, sans que cela choque l'oreille, sans
que cela crée une cassure. Ainsi, Fabrice et Christophe ne se
contentent pas de faire tourner indéfiniment un riff. Leur
plaisir c'est de le transformer, de changer sa tonalité
Les
soli sont toujours opportuns, sans exception. Jamais verbeux, ils se
manifestent en courtes interventions ou en joutes « bonne
enfant », qui évitent de tomber dans la
démonstration puérile ; ils sont là pour
apporter un plus qui insuffle un surcroît d'intensité et/ou de
lyrisme. Ainsi, jamais ils ne déstabilisent l'assiette de la
chanson (comme on peut, hélas, parfois l'entendre dans ce
genre de musique).
Morceaux
choisis :
« Flesh
of the World » qui, bien que débutant de façon
quelque peu conventionnelle, prend de l'ampleur et du corps
progressivement. Cela débute sur des tonalités et des
vibrations entre « Led Zep II » et "Kingdome
Come - In Your Face » pour virer doucement vers
quelque chose de plus carré, plus épais. Black Country
Communion (* lien*).
« The
Escape » qui gambade gaiement, et surtout avec aisance,
dans l'univers de Thin-Lizzy. Ni plagiat, ni pâle copie, juste
une composition qui oeuvre dans la continuité du lyrisme
d'acier du fameux quartet irlandais. C'est la même démarche
que Black Star Riders (* lien *).
« Shadow
of Timeless » avec ses arpèges crunchies qui
côtoient des power-chords bien appuyés. Un genre de
blues lourd, pas Stoner pour autant. Avec un délicieux solo
abreuvé de wah-wah.
Back
Roads sait également ruer dans les brancards comme le prouve
le teigneux « Mister Gray » boosté par
une basse vindicative (qui aurait mérité un mix plus
avantageux – un discret caisson de basse est bienvenu en sculptant
la basse et les fûts -). Du Hard-blues fonceur limite Metal,
orné de refrains « punkisant ».
Avec
l'excellent Heavy-funk « Ashamed », Sylvaine se complaît dans un registre sensuel. Les guitares se font plus
crunchies, la basse groove et s'en donne à cœur joie. Et
puis, le collectif passe la cinquième sans crier gare, les
grattes s'apostrophent, se répondent, se bousculent, puis
reviennent à un rythme chaloupé. « Ashamed »
est une montagne Russe : passant de rythmiques syncopées funky
à des instants plus Hard-rock tout en restant lié,
indivisible. Une très grosse pièce qui pourrait faire
baver d'envie Glenn Hughes. Pas moins. Peut-être le zénith
de ce disque.
L'entraînant
« Lucky Bird » marche – volontairement ou non
- sur les plates bandes de Blackfoot (avec une voix féminine à
la place des rugissements guerriers de Medlocke). Il y a comme une
once d'AC/DC en fond. Sylvaine chante un peu avec une "cooltitude" propre à Bon Scott et les
chœurs virils sentent le duo Malcom-Cliff. Une slide intervient même
dans le style de Ricky et la batterie martèle tel un Spike. Un
régal.
« Invisible
Woman » hésite entre un Led-Zeppelin (le riff
principal) et un Great-White débordant d'énergie.
« Opening
Night » après son introduction en faux live
évoquant le règne des guitar-Heroes sur scène
lors des 70's avec ce chorus coulé, tout en feeling, surgit
une rythmique trépignante façon Heavy-Southern-Rock de
l'école « Screamin' Cheetah Wheelies »
(voire Tishamingo, Point Blank, Hogjaw, Catawonpus, Ultra), assise sur un lit de
plomb formé par un duo basse-batterie soudé comme deux
frères siamois. Lors des accalmies, on songe à Fabienne
Shine.
Les
accords à la guitare folk de « Rambling Heart »,
ainsi que le chant, procurent un fort parfum Zeppelinien (« House
of the Holy » ?). Et lorsque l'on envoie l'électricité,
on dérive vers le Scorpions de la fin des 70's. Back Roads
clôture en beauté.
Les
autres pièces ne sont pas en reste. Loin de là. Car il
n'y a aucun déchet, aucun remplissage. Un disque qui
s'apprécie en montant le volume (ou en l'écoutant au
casque). L'appellation « Play it loud », tant
de fois usitée pour des galettes parfois sans intérêt,
mériterait amplement d'être mentionné ici en
caractère gras. Un disque qui paraît se bonifier au fil
des écoutes (deux / trois écoutes peuvent être
nécessaires pour bien l'apprécier).
Ainsi,
Back Roads pourrait être l'héritier de Speed Queen,
Karoline, Silvertrain, Shakin' Street (plutôt l'album « Vampire
Rock »), Océan (* lien*), - on peut aussi citer Heavy-Manic
Souls (*lien*) - de sérieux et talentueux combos
hexagonaux qui avaient la matière et les capacités pour
mener une carrière internationale.
Leurs
influences revendiquées - Black
Country Communion, Gov't Mule, Ritchie Kotzen, Beth Hart, Blindside
Blues Band et Blackberry Smoke - ne sont guère transparentes,
à l'exception du premier. En fait pas vraiment évident
de cerner leur musique avec quelques références car,
dans l'ensemble, les compositions sont assez différentes, tout
en restant rattachées à un Classic-Rock baigné
de soupçons Bluesy.
On
pourrait citer, outre Led Zeppelin, Thin-Lizzy et Black Country
Communion, et les groupes mentionnés plus haut, The Answer,
Jaded Sun, Soul Doctor, UFO, Little Caesar, King Baby, Mother Superior, et Screamin' Cheetah Wheelies.
Les
qualités de Back Roads rappellent qu'à une époque
la scène dite «Lyonnaise » était
dynamique (en bref, cette scène a porté des groupes
tels que Ganafoul, Factory, Killdozer, Starshooter). Une
scène constituée de passionnés voués
corps et âme à la musique, qui avaient le potentiel pour
jouer dans la perfide et chauvine Albion sans se faire caillasser, à
une époque où il fallait se bouger et suer sur les
planches pour tenter d'avoir un minimum de reconnaissance. Ce nouveau
collectif pourrait s'inscrire dans une certaine continuité de
Heavy-rock français dont les disques avaient réussi à
séduire des passionnés ouverts et aucunement chauvins,
en-dehors de nos frontières (paradoxalement d'ailleurs,
certains disques, bien que jamais réédités,
profitent encore d'une bonne réputation et sont parfois
téléchargeables sur des sites étrangers).
Musiciens
du groupe :
Nicolas
Ammollo : Drums
Sylvaine Deschamps-Garcia : lead vocal
Fabrice Dutour : Guitar/ backup vocals
Franck Mortreux : Bass/backup vocals
Sylvaine Deschamps-Garcia : lead vocal
Fabrice Dutour : Guitar/ backup vocals
Franck Mortreux : Bass/backup vocals
Christophe
Oliveres : Guitar
Sylvaine
Deschamps est diplômée d'un Master en musicologie et a
obtenue une médaille de vermeil en danse contemporaine au
conservatoire de danse de Lyon.
Fabrice
Dutour faisait partie du groupe de Heavy-Metal Dyslesia.
Parallèlement, il officie au sein de Tremen (Rock Celtique) où
il y joue de la basse, de la guitare, de la mandoline et du bouzouki.
The Teaser
)The Teaser
The Medley
)
Pas mal. Grosse influence Led Zep. Ah, Killdozer, Born to fornicate....
RépondreSupprimerMoi, mais que.
SupprimerJ'ai un, lointain, souvenir d'une bien bonne prestation de Killdozer. Pas vraiment foule sous le chapiteau, toutefois le groupe avait joué sans se ménager. C'était d'ailleurs bien plus Rock en concert que sur disque.