Les Pieds Nickelés ou... les papis de la bande dessinée
Quelle
différence il y a-t-il entre Louis Forton, René Pellos, Jean-Louis Pesh
(sylvain
et sylvette), Jacarbo (Lili) et
Jicka ? Aucune … ! Ces cinq hommes ont
tous mis une pierre à l’édifice de ce monument de la bande dessinée que sont Les Pieds
Nickelés. Nos trois compères, sont actuellement les personnages les
plus âgés de la planète B.D.
Le
trio apparait pour la première fois dans le n°9 du journal l’épatant en 1908
sous la plume de leurs créateur Louis Forton.
Trois personnages très étranges et très hétéroclites. Croquignol, grand, un nez à
piquer des gaufrettes, toujours bien attifé, un nom qui veut dire bizarre,
surprenant et drôle. Il est aussi la tête pensante de la petite bande,
pratiquement le chef. Filochard, petit, borgne (Avec un bandeau sur
l’œil), le bricoleur, d’ailleurs filochard en langage familier veut dire
débrouillard, et Ribouldingue le barbus rondouillard et sympathique. L’étymologie de
son nom est «Partie de plaisir», mais en approfondissant, on arrive à
rebouler/ribouler et dans le patois du Maine et cela prend le sens de
vagabonder et au vu du personnage, il est vrai qu’il a plus la tête du clodo
que de Georges Clooney.
Les auteurs des Pieds Nickelés sont les premiers dessinateurs
français à avoir utilisé le phylactère (La bulle). La limite entre le récit
illustré comme Bécassine trois ans plutôt et la bande dessinée était franchie. Louis Forton le créateur du trio, leur donnera ce
langage fleuri mêlé d’argot de l’époque et de français plus ou moins titi
parisien (Sentir qu’il y a des punaises dans le
beurre = sentir le piège). Mais qui sont les Pieds Nickelés ? Hé bien, ce sont des petits malfrats, de
sympathiques escrocs à la petite semaine, un peu anars, qui ne pensent qu’à
l’argent qu’ils pourraient escroquer à des bourgeois et à de riches naïfs qui
croient encore au père noël. Bref ! Des poires et des pigeons qui se font
plumer allègrement suite aux idées les plus saugrenues les unes que les autres
que le trio infernal imagine au gré de leurs aventures. Forton meurt en 1934 après avoir pondus 20 albums. Malgré
quelques parutions pendant la guerre dessinées par Perré
et Badert jusqu’en 1940, ils disparaissent de la
circulation. Il faudra attendre 1948 pour les voir revenir en force sous la
plume de René Pellos qui restera aux commandes
pendant 34 ans.
En
1948, les
Pied Nickelés apparaissent sur les écrans, Rellys
est Croquignol,
Robert Dhéry est Filochard et Maurice Baquet sera Ribouldingue. Un succès
cinématographique qui donnera une suite où Robert Dhéry
sera remplacé par Jean Paredès.
René Pellos, la renaissance
organisateur de
safari et même ministre. Ce sont les seuls héros à pouvoir faire fortune et à
pouvoir perdre trois fois leurs gains escroqués dans une aventure de 40 pages. Les décors dans lesquels ils évoluent sont
typiques des années 50-60, même les personnages qui gravitent autours d’eux
rappellent un passé lointain, par exemple, les policiers portent encore le képi
(quand on relit une aventure, on fait un bond dans le passé) et la pèlerine,
les flics en civil portent des chapeaux mous, des gabardines et ont aux pieds
des chaussures avec des clous (Des croquenots), les bandits sont mal rasés, le
sourcil fourni, des balafres sur le visage… des sales gueules quoi !! On se croirait presque dans un film de Georges Lautner
avec Michel Audiard au dialogue. Des
personnalités de l’époque croiseront le chemin du trio. Dans «Les Pieds
Nickelés et l’opération congélation», Maurice
Chevalier viendra se faire congeler pour apporter sa voix à de futures
générations, De Funès en flic de Saint Tropez, Pompidou, Pierre Sabbagh
et même Brigitte Bardot.
Un
nouveau film voit le jour en 1964 sous le sobre titre de : «Les Pieds Nickelés» avec
Jean Rochefort (Croquignol), Charles Denner (Filochard) et Michel
Galabru (Ribouldingue). Apparaissaient aussi à l’affiche, Francis Blanche, Julien
Carette et Micheline Presle. Ne le
cherchez pas en VHS ni en DVD, il n’existe pas. Un film qui n’a pas fait date
dans le cinéma français malgré une belle distribution.
En 1976
René Pellos reçoit le grand prix du festival d’Angoulême
pour l’ensemble de sa carrière. En 1980, à 80 ans il en dessinera même l’affiche.
Pellos qui, en dehors des Pieds Nickelés, dessina
pour des revues sportives et fut connu pour ses caricatures des grands noms du
tour de France comme Robic, Bobet, Merckx ou encore
Bartali.
La fin des haricots !
Le trois
octobre dernier, la collection
Hachette a lancé la collection les Pieds Nickelés avec tous les
dessinateurs qui ont contribué à l’aventure.
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