lundi 2 septembre 2013

FREE - "Heartbreaker" - (1973) par Philou




Le dernier souffle de liberté...


Après le succès phénoménal de "All Right Now", extrait de l'album "Fire And Water" (juin 1970), FREE se voit propulser définitivement en 1ère division du rock en ce début des années 70.
L'album suivant, "Highway" (décembre 1970), ne rencontre pas le succès attendu et le comportement instable de junkie de Paul Kossoff va précipiter la fin du groupe qui se sépare en avril 1971.
Les musiciens se lancent alors dans divers projets sans beaucoup de réussite. Cependant, la maison de disques Island Records continue de surfer sur la gloire passée et en profite pour publier un album public ("Free Live") en septembre 1971 qui  va rencontrer à nouveau le succès, incitant les 4 musiciens à se reformer.

Après la sortie du nouvel album "Free At Last" (juin 1972), la santé de Kossoff s'est dégradée et après une tournée désastreuse, Andy Fraser décide de quitter le groupe.

Paul Rodgers et Simon Kirke décident de ne pas laisser tomber et appellent à la rescousse le bassiste japonais Tetsu Yamauchi et l'excellent clavier texan John "Rabbit" Bundrick.
Pendant ce temps,le pauvre Koss est envoyé en cure de désintoxication.

Koss en 1973, pas aux mieux de sa forme, apparemment ...

Le groupe entre en studio en octobre 1972 et après 2 mois de séances d'enregistrements difficiles aux sudios d'Island à Londres, le 6ème (et dernier) album studio de FREE est enfin prêt. Co-produit par Andy Johns et le groupe, le nouvel opus, intitulé "Heartbreaker", est dans les bacs en janvier 1973.
Bien différent des albums précédents, "Heartbreaker" est un album sombre, rempli de tristesse, de douleur et de mélancolie. "Heatbreaker" aurait put être certainement l'album de trop, un disque inutile, l’œuvre d'un groupe en bout de course. Le génial compositeur et bassiste Andy Fraser ayant déjà mis les voiles et avec comme guitariste, l'écorché vif Paul Kossoff qui essayait de se sortir des griffes de la drogue, on aurait pu craindre le pire. Ce n'est pas le cas, "Heartbreaker" est un album sublime, mené de mains de maitre par un Paul Rodgers au sommet de son art et merveilleusement épaulé par des remplaçants de luxe. Mention spéciale à John "Rabbit" Bundrick qui, en plus de jouer merveilleusement bien du piano et de l'orgue, apporte également son talent à la composition des morceaux.
Paul Rodgers
Curieusement, Paul Kossoff n'est crédité sur la pochette que sur seulement 5 chansons. Pourtant, quand on a écouté l'album attentivement au casque, 1275 fois comme moi, on a l'impression qu'il joue sur tous les titres, épaulé épisodiquement par un certain "Snuffy" Walden.
La réponse, c'est Paul Rodgers en personne qui l'apporte dans une interview datant de 1976, dans un célèbre magazine français : "Paul Kossoff tient la guitare solo sur tous les morceaux. Je ne sais pas ce que dit la pochette, mais ce disque a été fait à une période plutôt, euh ... confuse, et je préfèrerais ne pas aborder ce sujet. Mais on en a chié pour faire ce disque, parce que le groupe n'était pas très "together", il y avait une foule de problèmes individuels, et on a réussi à arracher cet album de tout celà. Mais Kossoff joue de la guitare sur toutes les chansons, j'ai joué un peu de rythmique sur "Wishing Well" et Snuffy a eu un rôle très mineur". 
Le 1er coup de semonce est donné avec "Wishing Well", un pur joyau, une chanson violente et désenchantée dont les paroles ne sont pas adressées à Paul Kossoff comme l'ont cru des milliers d'auditeurs : "Les gens ont voulu lire entre les lignes, mais "Wishing Well" n'a pas été écrite en référence à Koss". (Paul Rodgers).
Sur la ballade crépusculaire "Come Together In The Morning", Koss prend un solo inouï, l'un des plus beaux et certainement l'un des plus tristes de sa courte carrière. En 50 secondes chrono, il nous balance toute sa détresse et triture les cordes de sa Gibson pour en faire jaillir des plaintes qui vous filent carrément des frissons. 
Avec "Travellin' In Style", même si la pression retombe un peu avec cette chanson country bluesy plus légère , Koss est toujours là, tapis dans l'ombre, égaré au fond du studio et il en profite pour nous balancer un solo (apparemment) simple mais absolument bouleversant.
C'est sur le morceau "Heartbreaker" que le groupe va atteindre le sublime. L'ambiance est lourde et oppressante, la tension est énorme, Simon Kirke martèle ses futs comme un enragé et le tout est sublimé par la voix de Paul Rodgers, le meilleur chanteur de blues/rock blanc de l'univers et je pèse mes mots !!!!
C'est Bundrick qui a composé le titre suivant "Muddy Water", une accalmie dans cet ouragan de bruit et de fureur désespérée. 
"Common Mortal Man" est également une composition de John Bundrick, une pièce de 4 minutes et 6 secondes où le groupe a créé une alchimie irréelle grâce aux notes aériennes du piano de l'auteur et à la batterie marteau pilon de Kirke. La voix Paul Rodgers arrive même à s’élever au dessus de cet inaccessible sommet de notes virevoltantes, un exploit incroyable !!!


De G à D : Tetsu, Kirke, Rodgers & Rabbit

"Easy On My Soul" est une ballade pop composée par Paul Rodgers, une chanson qui respire presque le bonheur avec ses notes de piano légères et délicates, une exception dans cet album désespéré.
L'ambiance s'assombrit d'un seul coup avec "Seven Angels", l’assaut final, pendant lequel les derniers hurlements de Paul Rodgers vont se mêler aux gémissements douloureux de la guitare de Koss et vont s'élever ensemble dans un final impressionnant qui s'accélère de plus en plus et fini par emporter tout le groupe vers le néant. 
"Heartbreaker" obtiendra un succès considérable et le single "Wishing Well" sera leur ultime classique.

Paul Rodgers
En janvier-février 1973, FREE tournera aux States avec le guitariste d'OSIBISA, Wendell Richardson (en remplacement de Kossoff, incapable de jouer), puis le groupe splittera définitivement.
Paul Rodgers et Simon Kirke iront fonder BAD COMPANYTetsu Yamauchi rejoindra les FACES, Rabbit deviendra un musiciens de studio très renommé et accompagnera les WHO pour la plupart de leur tournées.
Paul Kossoff enregistrera un album solo en 1974 "Back Street Crawler", puis fondera le groupe du même nom (albums "The Band Plays On" en 1975 et "2nd Street" en 1976).
Il décédera d'une crise cardiaque lié à ses problèmes de drogues, le 19 Mars 1976 dans un avion entre Los Angeles et New York.
Il avait 25 ans.


A lire également The Free Story
                             Paul Kossoff (best-of) 
                             Back Street Crawler "The Band- Plays On"                         
                             Bad Company "Bad Co"
                             Paul Rodgers "Cut Loose"






"Wishing Well"



 La même quelque années plus tard, Paul Rodgers, Simon Kirke et quelques amis.... 




8 commentaires:

  1. Koss qui a inspiré Angus Young dans son jeu,Paul Rodger avec Free et Bad Co, ok, mais je ne vois pas pourquoi il a remplacé Freddy Mercury au sein de Queen ( moins John Deacon) en 2005. Enfin une chronique sur un groupe que les générations actuelles n'écoutent plus.
    Merci Philou

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    1. Tout simplement parce que Brian et Roger admirent Paul Rodgers, et aussi parce qu'ils ne voulaient pas d'un clone, ou d'un ersatz de Mercury. Ils souhaitent aussi, par la même occasion, aborder des contrées plus Blues-rock.

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  2. Un disque noir, poisseux, mais tellement fort. Un monument.

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  3. Un groupe qui mérite d'être redécouvert, c'est certain. J'ai un faible pour les deux premiers albums plutot que celui là qui est toutefois bien meilleur que le trop surestimé fire and water.
    Hugo

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  4. Allez Hop commandé la lecture du Débloc Note me coûte au sens propre mais par contre m'enrichit au sens figuré merci Bien !

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    1. Vous pouvez envoyer vos tickets de caisse à Rockin'JL, s'il s'agit d'achats de CD chroniqués dans Le déblocnot', il procédera à un remboursement de 50 % de la somme de votre achat....

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    2. trop tard Philou, ton budget "bières" a explosé la caisse, l'offre n'est donc plus valable.........

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  5. Je considere le parcours de FREE identique a TASTE...

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