Ce mois de juillet fut
particulièrement chaud, au thermomètre. Il m’a semblé prudent de faire un tour
dans une maison de retraite proche, pour y tâter la santé de quelques vieux
amis… Etant jeunes, ce n’était pas le genre à se laisser se déshydrater, mais l’âge
avançant… Cette chronique aurait pu s’intituler « le coin des
grabataires » si le copyright de cette expression n’avait déjà été déposé
par notre excellent et talentueux confrère Lester… Il ne s’agit pas d’une analyse détaillée,
mais d’un survol attentionné…
Rod Stewart, 68 ans aux prunes,
et 29 albums au compteur, a déclaré à propos de son dernier opus TIME un truc
du genre : j’arrête les compils, les songbooks et les chants de Noël, et
je vous fais un album de compositions originales, gorgées de rock et de soul. Promis
juré, I’m back ! 15 titres. Rouf… La digestion va être longue. D’autant
que le résultat est assez pénible, après un départ plutôt gentil, un « She
makes me happy » sautillant dont le refrain chatouille l’auditeur, Rod the
Mods enchaine les titres lourdingues, surproduits, propres sur eux, chargés de
violons et cornemuses pour sonner celtique, ou les ballades sirupeuses à grand
renfort d’orchestres philharmoniques, quelle plaie. Pour le retour aux sources
du Rhythm’n ’Blues, tu repasseras ! Mais le principal souci, c’est
qu’on a l’impression qu’il peine au micro (la voix bien mixée devant). Même ses
fameux « oh yeh » paraissent artificiels, pour la plupart overdubbés,
et copiés-collés un peu partout. Ah, un p’tit blues qui traine, « Corinna
Corinna »… en mode décaféiné, genre jus de chaussettes, ça ne relève pas le niveau. Sympathique si
l’album durait 42 minutes, mais ce n’est pas le cas…
Eric Burdon, 72 ans aux
noisettes, 25 albums en solo (il fut le chanteur de THE ANIMALS) autre grande
voix blanche de Soul, avec le Rod précédemment cité. Alors lui, question coffre, il se pose là,
la voix intacte, énorme, comme son pote Van Morrison, dont il partage le
caractère bien trempé (attendez par-là : quand il boit, il devient
méchant). Ça fait un moment qu’Eric Burdon sort des albums intéressants, dans
l’indifférence totale des médias, celui-ci n’échappe pas la règle, il s’appelle
TIL YOUR RIVER RUNS DRY. Burdon doit avoir moins de directeurs de la com’ dans
son staff, il a les mains libres pour faire les albums qu’il veut. Une Soul bien
burnée qui tire sur le Holwin’Gospel (un terme que je viens d’inventer…), des
musicos impeccables, beau son, un titre hommage à Bo Diddley où les gimmicks de
l’homme à la guitare carré sont joliment utilisés, le blues « Invitation
at the White House » rigolo, clin d’œil au « I had a dream »
d’Eddie Vinson, et une reprise de « Before you accuse me » pour
finir. Du bon boulot.
C'est bien simple, on aime tellement que Rockin'JL y consacrera un article entier prochainement, pas plus tard que Mardi prochain!
C'est bien simple, on aime tellement que Rockin'JL y consacrera un article entier prochainement, pas plus tard que Mardi prochain!
Deep Purple, avec Ian Gillan,
67 ans à la grappe. Là encore, on a entendu des trucs du genre : ça
faisait un moment qu’on s’ennuyait en studio, notre nouveau producteur Bob
Ezrin nous a dit : les mecs, souvenez-vous des jams d’antan, pointez-vous tous
les cinq, branchez les amplis et hop, jouez !! Album du retour aux sources
(bis) s’appelle NOW WHAT ?!, plus spontané, enregistré live, et dans une veine
annoncée "rock progressif". Pas trop hard pour un sou, tant mieux. Alors si "progressif" ça veut
dire nappes de synthé imitant des violons ou les chœurs de l’Armée Rouge, oui,
c’est progressif !! La montée d'accords sur "Above and beyond" est du pur prog 70's, joli départ au Rhodes sur "Blood from a stone". Les compositions ne sont pas désagréables, mais rien de
transcendant, d'osé, et un peu répétitif tout de même. Gillan chante très bien, à l'aise dans les graves (eh oui !) sur "All the time". Certains titres arrivent à 6 ou 7 minutes, les chorus sont nombreux, duels guitares/hammond B3, je devrais m’en
réjouir, mais comme je ne m’habitue pas aux tics Hard FM 80’s du guitariste
Steve Morse la pilule passe mal. Ritchie, Tommy, où êtes-vous ? (le premier dans son donjon, le second...). Très bonne prise de son, production minimale, une paire
basse-batterie toujours en place, quand on sait qui joue, ça n’étonnera
personne (le pattern de "Body line", arrghhh). Bon, on a vu mieux, mais entendu pire aussi…
Eric Clapton, 68 ans aux litchis,
22 albums sous son nom (et presque autant avant !!). Lui non plus n’a plus
grand-chose à prouver, alors il ronronne pépère en studio,jamme avec le
trompettiste Wynton Marsalis sur des standards jazzy, prête ses talents à la terre entière, se tape
des sessions Robert Johnson. Bref, Clapton s’occupe entre deux tournées ou
reformations (CREAM, BLIND FAITH). Pour son dernier disque, OLD SOCK ("vieille chaussette" !) il a enfilé
ses pantoufles, pour être sûr de ne réveiller personne en sortant des sessions…
Et faut dire qu’il y a du monde, et du beau, en mode séniors : le regretté JJ Cale, Steve
Winwood, le fidèle Chris Stainton, Steve Gadd, McCartney, Taj Mahal, et la petite famille
Clapton dans les chœurs… J’adore la pochette, elle dit tout : il fait
beau, on est pénard, on s’envoie quelques bonnes reprises avant l’heure du
Pastis. Des titres plutôt courts, donc pas de solo à rallonge (dommage) mais
beaucoup d’intervenants. On citera le « Still got the blues » de Gary
Moore, à la cool, le « Goodnight Irene », on flirte plus d’une fois
avec le reggae, les rythmes caraïbes, du bluesy, de jazzy 20’s… Des vieilleries
quoi… Bref, on se fait plaisir, et franchement, c’est rafraichissant, avec deux
glaçons s’il vous plait… A noter aussi qu’Eric Clapton, avec le temps, chante
de mieux en mieux, alors qu’il a de ce côté toujours trainé une sale
réputation.
Neil Young, 67 ans aux arbouses,
33 albums au compteur dont 11 depuis le nouveau millénaire. Cette fois, il a
rameuté ses CRAZY HORSES pour gober des pilules psychédéliques, ça s’appelle
PSYCHEDELIC PILL, et c’est un double album. Faut dire que le contenu donne dans
le lourd, avec deux titres de 16 minutes, et le premier « Driftin’
back » qui affiche 27’37 au compte-tours ! S’il n’y a pas de longs
solos chez Clapton, le Loner lui, les aligne aux kilomètres, avec son compère
Franck Sampedro (un jeune de 64 ans), dans des joutes guitaristes hallucinantes, inspirées de la méthode Coltrane. On pose le thème, on brode dessus, on triture les notes, et on voit où ça mène !
Et la rythmique, elle fait quoi pendant ce temps ? Elle assure le job, imperturbable. Qui a dit interminable ? Le morceau pourrait faire 14 ou 52 minutes, c'est sûr, ça
ne changerait pas grand-chose… Ma préférence ira vers « Walk like a
giant » et son petit motif sifflé (quand on a pas de sou pour une section
de cuivres, on fait avec ce qu’on a !). Alors forcément, sortir un disque
si hors norme, ça force un peu le respect. Comme on dit, y’a une démarche
artistique là-dessous (je fais ce que je veux, faites pas chier), même si les
effets de mixage sur la chanson titre sont franchement risibles. Tout de même,
forever young, comme disait oncle Bob.
Bon, y parait que Ringo Star (72
ans aux baguettes) y va aussi de son nouveau disque… Mais j'ai décidé de me ressourcer chez les jeunes, comme Robin Thickle, le carton de l’été,
avec son « Blurred Lines » (choisissez la version non censurée du
clip…). J'ai écouté le 33 tours... euh, le CD. Bah, c’est quoi ce disque de disco, c’est IMAGINATION, CHIC ? C’est un
vieux machin millésime 1975 aussi celui-là ? Non, c’est tout nouveau, inédit, comme le
dernier DAFT PUNK… Finalement, les disques de vieux qui font de la musique de
vieux, c’est cohérent !
Bon, on s'écoute quoi, du coup ? Allez, honneur au plus jeune, cousin Neil, avec "Walk like a giant".
Bon, on s'écoute quoi, du coup ? Allez, honneur au plus jeune, cousin Neil, avec "Walk like a giant".
L'excellent et talentueux collègue te remercie de le citer.
RépondreSupprimerNéanmoins, il se demande si le non moins excellent et talentueux auteur de cette chronique n'a pas confondu un disque solo d'un ancien Beatles avec un groupe disco bas de gamme du début des années 80 ... ou bien est-ce mon Imagination qui me joue des (33)tours ?
Ce n'est pas "juste une illusion", mais bien une bonne grosse coquille ! Merci à toi, c'est corrigé !!
RépondreSupprimer"Now What ?" - de Deep-Purple - m'a vraiment laissé sur ma faim. D'autant plus qu'avec Bob Ezrin à la production on avait droit à s'attendre à quelque chose d'un peu plus original, ou marquant.
RépondreSupprimerPourtant Gillan chante bien
Pourtant, Steve Morse a démontré qu'il pouvait réaliser de bons disques, comme "Bananas" (surtout) ou "Purpendicular". Alors que la période 80's du Pourpre Profond a bien mal vieillie.
Il y a des choses intéressantes, c'est plus instrumental, on sent qu'ils veulent explorer des trucs différents, il y a l'esprit prog, aventureux, effectivement, mais ça reste trop calibré. Et ça manque encore de spontanéité. De hargne. La volonté d'enregistrer en "live" n'a pas vraiment abouti, ça sent quand même bien l'ambiance studio. Mais rien de déshonorant. C'est déjà ça...
RépondreSupprimerLa première bio en français du groupe vient de paraitre.
Évidemment, je l'ai.
Évidemment, je l'ai lue.
Évidemment, à suivre dans le Déblocnot !
Heingue ? Que lis-je ? Vient de paraître ? Prévu pour le 22/08/13, si pas de retard de livraison chez les bons libraires, et déjà lu ?? Tu es toujours en Vacances ??? Depuis juin ????
SupprimerIl y a vraiment des accros du Pourpre-Profond !
(commandé)
Il y a belle lurette que j'ai abandonné de laisser trainer mes esgourdes à DP, Mis à part Ian G. le reste c'est du balai de chiotte, Si vous avez envie d'être sur la béquille, allez voir mon dernier post sur un morceau de Santana, depuis... je m'astique le poireau en visionnant cette vidéo. Arf'
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