mercredi 24 juillet 2013

ZENO " First - Same " (1986) by bruno



     Dans la continuité des disques AOR/Hard-FM, chapitre ouvert la semaine précédente, et en raison d'une "panne" du réseau d'orange dans le quartier depuis fin juillet, - "réparée" progressivement avec la promesse que tout sera opérationnel le 23 août prochain (qui parlait de télétravail ?) -, réédition d'un vieil article paru initialement le 24 juillet 2013. Pratiquement un mois complet pour retrouver téléphone et internet ? C'et le progrès... 



- "Oui, oui, je sais. J'entend déjà les cris... Pourtant, à mon sens, malgré les années, ce premier jet, qui, en 1986, faisait également office d'OVNI, a gardé tous ses charmes et sa fraîcheur. Et puis, je l'aime bien cet album, moué !"

     Celui aurait pu être pompeux, surproduit, grandiloquent, ampoulé, mais non. Bien que la limite soit parfois proche, tel un funambule, ce ZENO réussi l'exploit de faire une musique qui a su ne pas dépasser le seuil qui l'aurait alors plongé dans ces états.  Avec un Hard-rock coincé entre Hard FM, Hard US 80's, et Heavy-rock néo-classique, Zeno délivre une musique riche, travaillée, somptueuse, mature et élaborée. 
 

      ZENO, c'est avant tout, Jochen Zeno Roth, le petit frère d' Uli Jon Roth (celui qui insufflait un parfum Hendrixien au Scorpion de 1974 à 1978 - peut-être la plus riche période des teutons, artistiquement parlant). Soit dit en passant le petit frère a tout de même trente ans au moment de la sortie du présent opus

Non seulement la ressemblance physique est assez forte, mais Zeno aborde un peu le même genre de look bariolé que le frangin, mais un brin plus "soft" ; soit quelque chose comme une mixture de hippie, d'amérindien et d'Hendrix », (quasiment label déposé par les mordus du gaucher de Seattle). Et, à l'instar de son frère, il est emprunt de l'aura du gaucher légendaire. Si ce n'est qu'il l'a quelque peu gonflé, la tornade Van-Halen étant passée par là. Avec pour conséquence quelques plans de tapping mélodiques, et de dérapages contrôlés au vibrato, parfois à la limite de la rupture mais toujours maîtrisé. A cela s'ajoute également des traits venant d'un Heavy-rock néo-classique Blackmorien. Naturellement, on retrouve quelques réminiscences de l'aîné. Et, tout comme les guitaristes sus-cités, Zeno joue sur Fender Stratocaster. Multi-instrumentiste, il joue également de la basse, des claviers, de la batterie, (il prit aussi des cours de violons dans les 70's). Malgré la mode des shredders de l'époque, et son évidente technique, il se montre toujours tempéré dans ses superbes soli, privilégiant la mélodie. Les manifestations hors-propos et les démonstrations dont abusaient alors un bon nombre de guitaristes doués, mais en mal de reconnaissance, sont ici proscrits.

     Mais ZENO (le groupe), c'est aussi, le chanteur, Michael Flexig, qui a la particularité de passer d'un registre relativement medium à des notes plus aiguës avec aisance, et sans jamais paraître intempestif, ni muer en voix de fausset. Une voix puissante qui pourrait être un croisement entre Klaus Meine (des 70's, soit avant sa mue), Lenny Wolf (Stone Fury, Kingdom Come), Robert Belmonte (Ocean) et Ian Anderson. Une voix au registre étendue, et qui parvient à prendre de l'ampleur là où celle des autres, généralement, se brise. Flexig avait chanté auparavant sur le troisième opus d'Uli Jon Roth : Beyond The Astral Sky. Il chantera à nouveau avec ce dernier sur Under a Dark Sky, et, en participation sur "Sky of Avalon".    Parallèlement, Flexig a sa propre carrière solo, avec chants en allemand, dans un registre bien différent.


     ZENO est généralement assimilé au Hard-FM, en partie par sa couleur sonore, et certaines constructions idoines au genre, mais il ne peut se résumer pas à ça. Du moins on ne ressent pas la recherche commerciale, le calibrage pour le passage radio (même si 
« Circles of Dawn » et surtout « Emergency »,  pourraient correspondre à certains critères). Peu de rapport avec la machine à tubes pour radio tel que Bon Jovi. Car il y a ici un lyrisme particulier, une subtilité, une sensibilité, qui le rapproche parfois plus d'un Magnum, ou d'un Rainbow que des ténors de la radio américaine de l'époque. Il y a même un lyrisme oriental récurrent (japonisant), plus ou moins présent suivant les compositions. A ce titre, on pourrait presque le considéré comme un fils d'un autre combo allemand, Jade Warrior (celui des trois premiers opus 👉 lien), dont l'influence des brutes amateurs de gros son des dix précédentes années aurait considérablement boosté le spectre sonore. 
   En fait, par sa richesse, on peut retrouver des points communs avec des groupes aussi divers que, en plus des sus-cités, Scorpions, Last Autumn's Dream, Stone Fury, Balance, Jeff Paris, et même Magnum (surtout celui de "The Visitation" de 2011). 

Un petit hit radio tout de même, avec « Emergecy », et deux clips vidéo qui permirent à l'album de rester près d'un mois et demi dans le billboard, mais sans parvenir à s'infiltrer dans le top 100.

     Un Rock positif prônant des valeurs de tolérance, de fraternité, d'amour et de compassion. (Zeno a écrit également des poèmes et sur la philosophie).
     Un bémol cependant, sur une batterie trop métronome et pourvue d'un son froid, sophistiquée, typique, hélas, de ces années (et qui a grevé bien des albums de ces années). En fait, c'est surtout la caisse claire qui est trop portée en avant dans le mixage général de la batterie. Comme amplifiée et bavant sur la bande.

     Malgré ce départ en fanfare, Zeno Roth mettra presque dix ans pour réaliser un nouveau disque. Un laps de temps bien trop long après un seul et unique opus. L'album passe inaperçu, ne bénéficie d'aucune promotion, et est, dans l'ensemble, plus commun. Il paraît tâtonner, rechercher un nouveau succès commercial (on n'y va de son petit Foreigner, son petit Rainbow et même d'un p'tit AC/DC mâtiné FM - cependant toujours avec élégance-). Toutefois, en 2006, son cinquième disques, "Runway to God" remporte un franc succès auprès des amateurs d'AOR et de guitares pyrotechnique. Pourtant, il goûte avidement à presque tous les travers et les abus du genre, souffrant d'un excès de production.


Zeno Roth : all guitars, harmony vocals
Michael Flexig : vocals
Ule Winsomie Ritgen : all basses, harmony vocals
***
Stuart Elliott, Chuck Burgi, Rudy Kae : drums, percussion
Carl Marsh, Don Airey : keyboards
Chris Thompson, David Austin, Martin Jay, John Quist : back vocals
  1. Eastern Sun    -    4:46
  2. A Little More Love    -    3:48
  3. Love Will Live    -    4:43
  4. Signs On the Sky    -    3:58
  5. Far Away    -    4:34
  6. Emergency    -    3:01
  7. Don't Tell the Wind    -    6:11
  8. Heart on the Wing    -    5:16
  9. Circles of Down    -    3:53
  10. Sent by Heaven    -    4:50
  11. Sunset    -    0:35

     A savoir que le bassiste, Ule Ritgen, est un ami de jeunesse de Zeno et jouait déjà ensemble dans les années 70, en se faisant les doigts en reprenant du Cream. Avant l'aventure Zeno, on le retrouve sur les trois disques de l'Electric Sun du frère aîné, ainsi que sur le " Scorpions Revisited " (2014) de ce dernier. Aux débuts des années 90, il fonde avec Tommy Heart le groupe de Heavy-rock mélodique Fair Warning. Le groupe reprendra à l'occasion sur scène, quelques morceaux de cet album éponyme. En dépit de son solide engagement au sein de Fair Warning, il répond présent pour le deuxième de Zeno, "Zenology" en 1995. Egalement peintre, il est l'auteur de la pochette de "Runway To Gods", le dernier disque de Zeno. Ritgen restera fidèle à son amitié envers Zeno.

Chris Thompson, David Austin, Martin Jay, John Quist - back voca
🌟🌞

 💀    En vingt ans, Zeno Roth n'aura pu sortir que cinq albums. 
Le 6 février 2018, Ulrich Roth, dévoile sur les réseaux sociaux que son frère était malade depuis plusieurs années, et que la veille il a succombé dans son sommeil, à soixante-et-un ans seulement. Uli Jon Roth devait travailler sur trois démos de son défunt frère pour les enregistrer et les publier. Un recueil de ses poèmes devait être également publié.

2 commentaires:

  1. A quand une chronique sur "Electric sun" et l'hendrixien Uli Roth ?

    RépondreSupprimer
  2. Houlala... Alors la on va droit dans le mur ! Uli Roth transpire Hendrix mais analyser ses CD c'est comme analyser sur un divan Franck Marino.

    RépondreSupprimer