vendredi 12 juillet 2013

THE BLING RING de Sofia Coppola (2013) par Luc B.


Un sujet comme celui-ci ne pouvait qu’intéresser Sofia Coppola, réalisatrice qui depuis son premier film VIRGIN SUICIDE (1999) se penche sur la vie d’adolescentes en manque de repère, grandissant trop vite, paumées dans un monde adulte où elles ne trouvent pas leur place. C’était le cas aussi dans son controversé MARIE ANTOINETTE (2006) que j’ai trouvé très réussi, comme d’ailleurs tous ses films… jusqu’à celui-ci.

L’histoire s’inspire d’un fait divers réel (le scénario est adapté d’un article de Vanity Fair), et relate une série de cambriolages commis par un gang surnommé Bling Ring. Cinq ados qui dévalisent des villas de stars, pour chiper des godasses Louboutin, des lunettes Dior, des robes Balmain, des sacs Birkin, et accessoirement, des rouleaux bien épais de billets de 100 dollars. Ça s’est déroulé entre 2008 et 2009.

On aime bien chez Sofia Coppola sa capacité à filmer les milieux sociaux. Dans ses films, les gens sont classés par catégorie, classes sociales. Et les premières séquences de THE BLING RING restituent bien ce milieu de gosses friqués, fascinés par leurs propres images, par la mode, la célébrité, tout ce qui brille, et qui s’envoient de la coke en guise de p’tit dèj. Pour garder la ligne… Mise en scène clinquante, vêtements criards et musique ad-hoc (faut dire que Sofia Coppola connait du monde dans ce milieu-là…), apparition de Kristen Dunst et quelques autres beautiful people, réelle participation de Paris Hilton, tournage dans les vraies maisons de stars… on se dit que le film porte bien son nom. Pas de scène d’exposition, Sofia Coppola attaque directe, rencontre de Rebecca et Marc, de la bande, premiers larcins. Le départ est prometteur. Sauf que…

La salle des coffres !!
Ces gamins sont des coquilles vides, leurs préoccupations nous semblent lointaines, futiles. Sofia Coppola nous l'assène en répétant inlassablement les mêmes images : recherche de la victime grâce aux sites Internet qui étalent l’emploi du temps des stars – Orlando Bloom, Paris Hilton, Lindsay Lohan, Megan Fox – intrusion dans les maisons, découverte des trésors dans les dressing room, et hop, on se casse, sous l’œil des caméras de surveillance. De même que les scènes d'arrestation, à la fin, seront aussi répétées, quatre fois, à l'identique. Certes certaines scènes sont cocasses et les actrices très convaincantes, mais ne pourrait-on pas élargir le sujet ?   
 
On pourrait croire Marc amoureux de Rebecca, sans doute, mais rien ne le montre vraiment. Il n’y a pas d’amour, de désir, ni jalousie, ni trahison. Pas de sentiment. Dans cette bande, sont-ils amis, amants, complices ?  Marc finira par porter des talons-hauts rouge vernis en douce, il est cannibalisé par le groupe de fille, n’affirme aucune personnalité. Il n’existe pas. En fait, le problème du film il est là : ils sont inconsistants. Pas de félure. Pas d’enjeu dramatique.
 
Les arrestations relancent l'intêret. Montage toujours alerte, rythmé, le film reprend du souffle. Les personnages réagissent enfin, chacun à sa manière, face à la peur. Rebbeca, la meneuse, se tire, nie, Nikki sombre dans la mythomanie, Marc, s’effondre et se déballonne. Mais Sofia Coppola ne semble pas vouloir développer, ni répondre aux questions. Il n'y avait rien d'autre à dire, à montrer ? On n’a pas eu le temps, et surtout l’occasion, de s’attacher aux personnages. D’ailleurs on ne sait pas grand-chose, ce n’est pas un film psychologique, les personnages n’ont pas de passé. Et d’un autre côté, Coppola ne souhaite pas, ou n’a pas réussi, aller au delà du sujet original, pour toucher à l’universel. On observe ce monde vain, en vase clos, mais on n’y entre pas, et par conséquent, on n’entre pas non plus dans le film.

Il y a pourtant quelques idées intéressantes, comme la réflexion sur l’image. Les gamins se prennent en photos, se vantent publiquement auprès de leurs potes, affichent leurs trophées sur Face Book. L’image. Sans arrêt à se prendre en photo. Mais aussi l’image qui va les perdre, celles des caméras de surveillance. Et la première star qui a été cambriolée, a récupéré les bandes vidéo, et les a diffusées sur Face Book ! Afin de lancer à appel pour identifier les voleurs. Mais il est question aussi d’image de soi. Comme le personnage de Nikki, jouée par Emma Watson, qui témoignera pour la presse, pour le magazine Vanity Fair, mesurant chaque mots, secondée par un couple d’avocats, et sa mère bien barrée dans son délire spirituel. Nikki se tourne vers la caméra, nous regarde, et nous vend l’adresse de son nouveau site Internet ! Un des meilleurs plans du film, mais le dernier. Percutant, cynique.

Sofia Coppola arrête son film là. Dans une scène, on entend un interviewer demander « pourquoi pensez-vous qu’ils se livrent à des cambriolages ? » et l’interlocuteur répond : « parce qu’ils rêvent d’avoir la vie de ces stars, en les volant, ils en partagent une partie ». Ouais, on avait compris. Ça tient en une phrase. On pensait que Sofia Coppola en ferait quelquechose de plus consistant, voire de plus cynique, drôle. L'humour reste tout de même le grand absent de ses films... On ressort de la salle un peu dépité. Rien de déshonorant, il y a de beaux moments de cinéma, mais à force de filmer des gens pas intéressants, ben, le film ne l’est pas non plus !


THE BLING RING
couleur  -  1h35  -  ratio 1:1.85 
 

6 commentaires:

  1. A fréquenter des rockers (Phenix des rockers ? ouais, bon ça va ...), elle devient comme eux, elle s'installe dans la routine ...
    elle a tout donné au début (virgin suicides, et lost in translation mon préféré), et depuis, elle assure ... pour moi, rien que le scénar du film est une mauvaise idée, rechercher la célébrité en braquant les baraques d'"artistes" de quinzième zone ... peut-être que les forcenés du tweet et ceux qui passent leurs journées sur Facebook vont adorer, ça me semble un film fait pour eux ...

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    1. C'est Phoenix. Le chanteur est son mari. Le papa du chanteur a lourdé tous ses resto à Versailles pour acheter un domaine viticole en Provence. Il a construit une cave à 400 000 euros. Francis Ford déboule des fois en hélico passer le week end.
      Un de leur plus proche voisin c'est Dyson, l'inventeur des aspis sans sac. Il a un domaine de 200 hectares, il fait aussi dans le pinard, il a crée sa cave et son vin. Ce sont mes voisins, ils font des travaux colossaux en embauchant exclusivement des artisans du coin. Mais je préfère le Bordeaux, ou le Château Neuf du Pape...
      Sinon ce film a l'air complétement con mais dans l'air du temps des réseaux sociaux...M'en fout j'ai acheté les cahiers 1 et 2 de Paul Valéry et ça baigne!

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  2. C'est l'impression qu'on a, oui, un film pas fait pour nous, le gens "normaux" !!

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  3. Deux secondes Juan. T'es voisin avec des gens qui connaissent des gens qui connaissent FF Coppola ???? Et on ne me dit rien ? La prochaine fois que tu vois un hélico se poser, passes moi un coup de fil que je rapplique !!

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    1. Ah ben en voilà un justement...Ah non, c'est un Canadair...

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  4. Un Canadair ? Prépare un verre de Pastis, et attend en dessous !!!

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