JAPAN EXPO 2013 Envoyé spécial Pat "Actarus" Slade

Irrashaimase, Nippon e Ohayou gozaimasu

(Bonjour et bienvenue au Japon)

Nihongo shaberu ? (Parlez-vous Japonais ?) Moi, pas un mot et je me retrouve à la Japan Expo. Ma fille (décidément le fil rouge de ma vie) me demanda un matin : «Papa, tu m’emmènes à la Japan Expo ?». La japan Expo ? Quèsaco ? Un concours de mangeurs de sushis ? Une rencontre d’anciens samouraïs ? Des kamikazes nostalgiques ? Pas du tout ! C’est la rencontre annuelle des fans de manga en tout genre. Quand j’ai entendu le mot manga, je me suis dit « Aie ! Je suis mal barré », je ne connais rien à la culture nippone. Cherchant une excuse pour éviter de me traîner dans ce lieu ou les odeurs de ramen et de sukiyaki flottent dans toutes les allées, alors que je pensais en avoir trouvé une, le téléphone raisonnait dans mes oreilles : «Allo Pat ? C’est Rockin. Pour changer un peu des chroniques sur la chanson française, je t’envoie à la Japan Expo ! Exécution !». Et M…. ! Coincé ! Donc samedi 6 juillet, direction Villepinte. Villepinte ? C’est une ville de buveur de bière avec un nom pareil, la Mecque de Philou, pas de saké. 

Qu'est ce que la culture manga ? Nous sommes mardi, j’ai 4 jours pour apprendre la base de cette bande dessinée qui supplante auprès de la jeunesse l’école Franco-belge. Le seul lien que j’ai eu avec le dessin japonais, c’était «Goldorak», «Le roi Léo», «Albator» et le «Capitain Flam» dans les années 70. Et encore je ne regardais pas, j'étais déjà âgé et je suis resté très Tex Avery. Je demande quelques renseignements à ma progéniture sur ce mouvement à la mode qui fait bouger les jeunes. Elle commence à m’énumérer des titres   étrange : «Akira», «Naruto», «One Pièce», «Fairy Tail» et d’autres dont je n’ai pas retenu les noms. Où est passée l’espèce de souris jaune avec des taches rouges sur les joues ? «Pikachu ? Tu es complètement has-been, papa ! Les Pokémons, c’est complètement dépassé ! En plus le manga de nos jour, c’est devenu un mouvement de mode, des fans purs et durs se déguisent, on appelle ça le Cosplay, et les pratiquants les Cosplayers». Après une telle approche, tout de suite, je n’avais plus qu’à me faire le Seppuku autrement dit  hara-kiri.

Je téléphone au Déblocnot’ pour leurs faire part de ma désillusion envers ce cadeau empoisonné de Rockin et je tombe sur Sonia.

- Allo Sonia ? Rockin est-il la ?

- Non  m’sieur Pat, il est parti chez lui en Bretagne, et à cette heure là, il doit être en  train de pêcher des crevettes bleues (The shrimps blues)  à la pointe de Mousterlin pas loin de Fouesnant...

- Dites moi ma chère Sonia, si je vous dis Cosplay ? Ça vous dit quelque chose ?

- Coldplay ? Ah oui ! J’aime bien ce groupe de musique anglaise !

- Non ! Je parle de Cosplay, une mode japonaise 

- Ah non ! Désolée, la seule chose que je connaisse sur le Japon c’est Psy et son Gangnam style...

- Il est Coréen ! 

- C’est pas grave, de toute manière, c’est nippon ni mauvais ! Hihihihi !

Bienvenue au pays du soleil levant

Photo Pat Partis au jour naissant, et après un voyage d’une heure en RER, nous voici arrivés au palais des expositions Paris Nord Villepinte. Pensant éviter un file d’attente trop longue, je me retrouve finalement coincé entre de drôles d’ostrogoths, derrière moi un zombie en chaîne, et devant, des boites en cartons se mouvant seul par l’opération du saint sushi. Et c’est dans cette ambiance bonne enfant que je vais croiser, au détour des allées, différents personnages de manga. Je ne parlerai pas de la foule qui s’agglutine autour des différents stands, soit pour acheter un Katana (sabre de samouraï), soit un tee-shirt de leurs personnages préférés, ou encore un livre, une affiche, un bijou ou n’importe qu’elle autre connerie que l’on peut trouver dans ce genre de manifestation. Je préviens les personnes qui sont atteintes d’ochlophobie (Peur de la foule), d’éviter ce salon. L’année dernière en quatre jours 208.000 visiteurs ont été recensés soit 52.000 personnes par jour, et je peux vous dire, pour y être allé ce samedi 6 juillet, le chiffre n’est pas galvaudé.  Photo Cécile Après avoir essayé de me rapprocher des différents stands, je me retrouve menacé par une accorte jeune demoiselle à la chevelure rouge  armée d’un sabre, prenant mes jambes à mon cou (La peur n’évite pas le danger), je m’éloigne au plus vite de cette amazone à la tignasse vermillon. Poussant plus loin mes investigations dans l’art du manga et de ses finesses, je tombe nez à nez avec un guerrier ninja accompagné d’une infirmière et d’un inquiétant médecin. Vu la chaleur de la journée et n’ayant bu que de l’eau, j’étais sûr que ma raison commençait à me jouer des tours, quand, au détour d’une allée, je faillis percuter deux personnages qui « cartonnent » dans le jeu de P.C "mincraft". Pour me remettre de mes émotions, je décidais d’aller voir un concert dans le hall n°5. Le groupe de heavy métal japonais au nom de Ninjaman Japan donnait un set de 35 minutes. Un look qui ressemble à celui du groupe américain des années 80 WASP et Kiss «Unmasked» et une musique assez audible malgré une sono complètement pourrie. Un chanteur qui arrive en criant «Ali gâteaux… Ali gâteaux» ?? Peut-être croit-il que le public vas lui lancer des loukoums ou autre corne de gazelle ?  Une fois cette bouillie sonore digérée, je décide de revenir sur mes pas et de m’assoir pour réfléchir à toute ces japoniaiseries. La Japan Expo, en fin de compte, c’est quoi ? Des gens qui se déguisent, et des passionnés de toutes sortes qui recherchent le graal pour leurs collections. Et si parmi les lecteurs se trouve un collectionneur de figurines manga, j’ai un ami qui tient une petite boutique en ligne pas avec des articles pas chers du tout. (Cette petite pub de copinage a été faite avec son consentement.)  http://www.otaku-planete.com/accueil.htm Photo Pat Photo SAMU Au moment ou je décidais de repartir, me sentant suivi, je me retourne et le personnage du jeu «Slender» me regarde dans les yeux. Stop ! C’en est trop ! Je craque. Me retrouvant au sol, terrassé par la chaleur et les émotions, je compris à ce moment là que le Japon ne sera jamais un pays pour moi. Et pour Rockin et son papier, l’année prochaine, il enverra quelqu’un d’autre que moi. La prochaine fois je parlerai du rock dans la Mongolie septentrionale, ce sera sûrement plus reposant.