mercredi 26 juin 2013

CASSIE TAYLOR "Blue" (2011), by Bibi



      Cassie Taylor a fait son apprentissage de la scène en intégrant très jeune le groupe de son père Otis (en tant que bassiste et choriste). Elle s'émancipe en rejoignant le concept « Girls With Guitars » du label Ruf avec tournée et disque à la clef. Aujourd'hui, à 25 ans, c'est la carrière solo.



     Elle confirme son penchant pour un Rock-blues, raffiné et appliqué, assez soft, où sa voix Soul se pose délicatement sur des chansons qu'elle présente comme autobiographiques. Son chant généralement susurré laisse présager une puissance contenue.
Elle assume pleinement sa féminité et se fait tantôt ingénue, tantôt mutine, parfois plus sensuelle ; toujours avec nonchalance, sans pathos, sans jamais tomber dans les travers d'une facilité vulgaire.

     Même si son Blues est indéniablement travaillé, chiadé, l'orchestration n'en est pas moins sans saupoudrage à l'exception de quelques rares chœurs, ainsi que quelques plans d'orgue sur les titres les plus lents. Un harmonica nature et itinérant vient occasionnellement apposer des phrases chantantes, parfois en soutien au chant, en « question-réponse ».
La production est limpide et met en valeur tous les instruments. La guitare claque, avec un son clair et pur, un peu à la façon d'un Tom Principato, avec moins de fréquences graves.

     Hormis « Black Coffee », superbe slow-blues qui dépasse les cinq minutes, toutes les pièces tournent autour des trois minutes. Ce qui leur confère un format Pop. Même si la guitare, aux sonorités Strat évidentes, est bien présente, les soli sont courts, concis et rares (pourtant le gars n'est point manchot). Un choix délibéré pour éviter de s'éparpiller et peut-être laisser plus d'espace à Cassie.

     Des regrets ? Deux titres (« Goodbye » et « Keys ») qui lorgnent vers une Pop lénifiante, qui manque d'épices, propice aux radios (mais pas mauvais pour autant). Et aussi le fait que Cassie ne s'enflamme pas. 
Il manque une pièce ou deux avec plus de mordant et de fougue ; « Make me Cry » démontre d'ailleurs que Cassie et son groupe sont tout autant à l'aise lorsqu'ils se montrent vindicatifs.


     Toutefois, dans son ensemble, « Blue » est un bel album. Travaillé sans être sophistiqué. Un peu comme si Cassie souhaitait faire le lien entre un Rythmn'n'Blues hérité des 60's et une Pop-rock plus actuelle, sans omettre le patrimoine Blues de son père. Plutôt que faire dans la facilité en jouant et chantant à la manière de, ou en interprétant un maximum de reprises, Cassie a préféré réaliser quelque chose d'original, sans se compromettre.
A l'image de la pochette, du Blues en tailleur et dentelles.

Otis peut être fier de sa fille.

    Son prochain essai, produit par ses soins - qui doit être déjà sorti à ce jour - devrait présenter des humeurs pour rugueuses, plus rock, soit plus proche de son expérience au sein du collectif "Girls with Guitars" ; à suivre donc...


Cassie Taylor : chant, basse et piano
James "Rooster" Olson : guitare
Jeremy Colson : batterie 
Steve Mariner : harmonica

Guest : Eric Gales, Tim Tucker, Rusty Anderson, Fat Willie.




  1. Memphis 2:42
  2. Spoken for 3:01
  3. black Coffee 5:10
  4. Goodbye 2:36
  5. Bought Borrowed Stolen 3:08
  6. Keys 2:51
  7. Make Me Cry 2:53
  8. Haunted 3:39
  9. Disappointment 3:02
  10. Waste of Time 3:17






the clip




Article paru initialement dans la revue BCR n° 29

2 commentaires:

  1. Effectivement son dernier opus "Out of My Mind" vient de sortir. On le dit supérieur à ce "blues" qui n'est pas mauvais mais un peu irrégulier comme le souligne très bien cette chronique.

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    1. "Out of my Mind" semble meilleur que Blues, un ou deux crans au dessus. En tout cas, il est nettement plus blues que "Blues". La production dégage un son plus organique, ça sonne plus crue.
      Entre le British-blues et Janiva Magness.

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