dimanche 19 mai 2013

LYNYRD SKYNYRD "SWEET HOME ALABAMA" (1974) par Luc B.



La chanson « Sweet home Alabama » ouvre le second album SECOND HELPING du groupe LYNYRD SKYNYRD, qui sort en avril 1974. Le groupe a déjà une solide réputation, pour tous les clubs qu’ils écument, et tous les verres qu’ils éclusent… Leur grand titre à ce jour s’appelle « Free bird » qu’on a coutume de prendre pour un hommage au guitariste Duane Allman, bien que le morceau ait été composé bien avant le décès du membre des Allman’s Brothers.

« Sweet home Alabama » a été enregistré en juin 1973, produit par l’organiste Al Kooper. C'est un tube qui propulse le groupe vers le succès, d’autant que leurs prestations scéniques valent leur pesant de décibels, de duels de guitares rageurs, fleurent bon le boogie-rock bien épais. A écouter le texte distraitement, on y entend qu’en Alabama, le ciel est toujours bleu, et qu’il y fait bon y revenir. A y regarder de plus près, on y entend des allusions à Neil Young. Tiens donc…

Petit retour en arrière, avec deux chansons de Neil Young, la première « Southern man » parue sur AFTER THE GOLD RUSH en 1970, et « Alabama » parue sur HARVEST en 1972. Deux chansons qui fustigent les états du sud, anciennement ségrégationnistes. Neil Young exprime son regret de voir l’état d’Alabama englué dans son passé raciste, passé encore trop présent…

Le sang de Ronnie Van Zant, chanteur et auteur des textes de LYNYRD SKYNYRD ne fait qu’un tour, et la réponse fuse. En Alabama, chante-t-il, il y fait si bon que ne pas y revenir voir sa famille serait pêcher. Il dit ensuite : j’ai entendu une chanson de Neil Young sur l’Alabama, j’ai entendu ce vieux Neil la fouler du pied, j’espère que Neil Young se rappellera qu’il n’est pas le bienvenu par chez nous… Houla !  Ca frise la menace de lynchage (une vieille habitude du Sud...). Ca n'arriverait pas chez nous ça, on imaginerait pas la bagnole d'une Fouine rappeuse criblée de balles... Un autre couplet rend grâce au gouverneur local, George Wallace, pro-ségrégationniste, dissident du parti démocrate (qui plus tard reniera ses idéaux radicaux ayant été touché par la grâce...) ayant frayé un temps avec Nixon. Ronnie Van Zant écrit : moi, cette histoire du Watergate j’me fous un peu, est-ce que ta conscience te travaille, toi ?  La suite est plus ambiguë encore, avec : maintenant Muscle Shoals a ses swampers, qui ont su y faire quelques chansons, qui me donnent tellement de joie quand je me sens triste

Il faut expliquer que Muscle Shoals est  une localité d’Alabama, mais surtout un studio d’enregistrement mythique. On y jouait du R’n’B pur et dur, c’est le temple d’Aretha Franklin ou Wilson Pickett. LYNYRD SKYNYRD y a enregistré quelques démos de jeunesse… Il y avait un groupe de musicien de studio, des blancs, surnommés les swampers (swamp = marécage).  Les swampers ont monté un studio concurrent, qui a accueilli la fine fleur du rock blanc (Stone, Allamn’s, Wishbone Ash…). Comment faut-il prendre les paroles de Ronnie Van Zant ? Que la musique noire lui a tout appris, ou que Muscle Shoals est devenu une vraie référence qu’avec les musiciens blancs ? Ironie, second degré, provocation ou étalage des orientations politiques du groupe ? D’autant que le drapeau confédéré (sudiste) qui orne leurs disques ou les scènes où ils se produisent, ne plaide pas en leur faveur. Le drapeau signifiait l’union des treize états du sud pendant la guerre de sécession, mais il a été rapidement amalgamé à ségrégation, esclavagisme, racisme. Du moins par chez nous en Europe. Ronnie Van Zant s'est en tout cas défendu de toute mauvaise pensée, expliquant que son texte n'était pas à prendre au premier degré, comme le montrent les onomatopées sarcastiques "boo boo boo" chantées après la référence au gouverneur (à 1'40 sur la vidéo qui suit). D'un autre côté, Van Zant ne cesse de rythmer sa chanson de "There's good people on Alabama" démago quand il chante sur scène (à 2'20 entre autre, mais sur d'autres enregistrements live aussi).

La réponse à la réponse arrive la même année, sur l’album ON THE BEACH, où Neil Young clôt la discussion avec la chanson « Walk on » dans laquelle il dit : j’ai entendu des gens trainer mon nom dans la boue, ils pensent ce qu’ils veulent, et moi aussi de mon côté, mon dieu que c’est dur de changer, je ne peux pas leur dire comment penser. En guise de calumet de la paix, Neil Young propose même des chansons au groupe sudiste, Van Zant en accepte une, mais n’aura pas le temps de l’enregistrer. En octobre 1977, l’avion qui transporte le groupe en tournée, s’écrase.

Controverse mise à part « Sweet home Alabama » reste l’hymne du rock sudiste, une superbe chanson, le titre emblématique du groupe, acclamée comme il se doit à chaque prestation (encore aujourd'hui puisque LYNYRD SKYNYRD en re-formation constante ne cesse de tourner) et on se souvient de la belle version du double live  « One more from the road » et son cortège de solos… 

Vue de France, cette histoire semble bien compliquée... Si vous avez un éclairage différent, votre avis est le bienvenu ! Halte à la polémique, et place à la musique !!





8 commentaires:

  1. Toute cette histoire, c'est du cliché, et comme dirait ah que Johnny : "Carte postale d'Alabama" ...

    Y'a même un groupe sudiste pas très connu par ici mais néanmoins excellent (Drive-by Truckers) qui a fait un opéra-rock (!) sur Lynyrd Skynyrd, un double Cd "Southern rock opera", dans lequel ils donnent la conclusion définitive à la controverse (le titre Ronnie and Neil) ...

    Sinon, pas besoin de tout ce bazar de captcha ... suffit d'aller dans les paramètres du blog, rubrique "publication et commentaires", cocher "qui peut laisser des messages - utilisateurs inscrits" et désactiver la vérification des mots (le fameux captcha)... ça suffit pour éviter les spams (en tout cas ça fonctionne sur mon blog)...

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  2. Merci pour les instructions, je transmets direct à notre responsable informatique... Ah bah, zut, c'est dimanche, y'a personne...

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  3. Bien sur, mais non, pas question que seuls les membres "inscrits" puissent nous laisser des messages. Le quidam qui passe une fois/an doit aussi pouvoir le faire, comme le lecteur qui n'a pas de compte google

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  4. Shuffle master19/5/13 20:38

    C'est faire beaucoup d'honneur à Ronnie Van Zandt que de lui prêter une quelconque pensée. Intellectuellemnt, la plupart des groupes du Sud sont au niveau de la moule. Avant, ou après la cuisson, le débat se situe en réalité à ce niveau. Musicalement, c'est autre chose. Celui-là est mon préféré avec Streets Survivrs et Gimme back my bullets. Dans la série Van Zandt, le frère, Donnie, est encore plus c...Quant au troisième, Johnny, après quelques albums, il semble avoir disparu.

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    1. Plutôt sur la même longueur d'onde au sujet des opus les plus intéressants de Lynyrd ; toutefois, le choix est difficile tant les disques du Lynyrd originel sont tous bons, et incontournables.

      Quant au quotient intellectuel des musiciens dits "sudistes", je ne sais pas... Il est vrai que je ne me souviens guère d'un quelconque propos passionnant de leur part, si ce n'est d'avoir été un peu surpris, déçu, par les badinages douteux de Rossington et certaines pensées de Donnie V.Z.

      Toutefois, oui, il y en a bien un qui soit assez évolué pour - pratiquement - rattraper les autres.
      Warren Haynes, évidemment. Si, si, et sans arrières pensées de ma part. Vraiment.

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    2. Shuffle master20/5/13 10:40

      Warren Haynes? Vous me cherchez,là?

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    3. Ben non... même pas.

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  5. Queue nenni ! Queue nenni ! Et Song Bird ??

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