jeudi 16 mai 2013

La Chanson Libertine, l’Art de la Gauloiserie Française - par Pat Slade


AVANT PROPOS : ami(e)s aux oreilles chastes et aux mœurs bien arrêtés, passez votre chemin. Cette thématique risque de vous choquer. Eloignez les enfants de l’ordinateur ou envoyez-les chez leurs  grand-mères le temps de lire cette chronique. Aujourd’hui la gauloiserie, les chansons paillardes, gaillardes et libertines ou même à double sens vont faire monter la sève au sein de certains lecteurs… ou lectrices et à la rédaction du Déblocnot.

Attention les oreilles !!


Il y a quelques mois, je vous avais parlé de Giedré, une jeune chanteuse aux textes disons… assez osés. Et bien je récidive ! Mais aujourd’hui nous entrons dans un autre registre, plus en dessous de la ceinture. Mais ne vous effrayez pas, même si les paroles seront osées, la vulgarité ne sera pas de mise.
Quand on parle de libertinage, on pense tous de suite à la littérature érotique, à l’anticléricalisme et à l’attaque de l’ordre établi. On pense à Diderot, au marquis de Sade ou encore à Restif de la Bretonne, mais pour ce qui est de la chanson paillarde, les seules traces qui soient parvenues jusqu’à nous, viendraient des chansons des troubadours et des trouvères colportées de village en village, des scènes de la vie de tous les jours. Voici un exemple d’un chant du XVème siècle.
Glorieuse Virge pucele  (Désolé, je ne parle pas le vieux François !)
Puisque vos serviches m’est biax
Et je vous ai encoragie
Fais en sera uns cans nouviax
De moi qui chant con chieus qui pri

La chanson paillarde eut ses lettres de «noblesse» (Si l’on peut dire !) au XVIIIème siècle avec le «Gaudeamus igitur» (En latin : Réjouissons-nous) (1), des chants estudiantins en latin qui reprenaient des phrases plus ou moins explicites : «Vivant omnes virgines» Que vivent toutes les vierges «Vivant et mulieres» Vivent les femmes.
Le Gaudeamus qui dira surement quelques choses à Claude Toon, puisque que l’on va le retrouver chez Franz Liszt ou Hector Berlioz dans «La damnation de Faust» et le chœur d’étudiants (2). Au sujet de l'ami Toon, dans sa chronique consacrée au Carmina Burana, du moyen-Âge à Carl Orff, Claude nous proposait la vidéo d'un chant contant l'histoire d'une pôvre et virginale midinette victime (pas trop déçue)  des assiduités d'une bande de rustauds… par le Clemencic Consort.

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Et si on jouait au docteur ?



La folle épopée de la chanson paillarde continuera au début du XXème siècle avec les chansons à boire et les chants d’apprentis.

Edité sous le nom de Asclepios (Dieu de la médecine dans la Grèce antique, puis chez les romains), les chansons les plus connues apparaitront sur ces disques, citons par exemple «Le curé de Camaret» (Oui ! Celui la même qui les c….. Qui pendent !), «La p’tite Huguette» (1) ou «En revenant de Paris» (2). Certaines chansons ont même pris un double sens particulièrement drôle comme «Le grand vicaire» (3). Pierre Perret fera aussi un album ou il reprendra des titres du «Plaisir des dieux», mais ce dernier n’aura pas le charme désuet des enregistrements originaux. 

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Quatuors paillards, chanteurs grivois et femmes légères


Les époques changent et des artistes dut haut de l’affiche se dévergondent dans la gaudriole, la polissonnerie et la grivoiserie. Les Frère Jacques, des garçons qui en avaient dans le collant, vont commettre quelques forfais dans le domaine. Autre style, autre look, les Quatre Barbus (1938- 1969) feront aussi dans la gauloiserie.

Mouloudji sautera de son petit coquelicot pour pondre une jolie chanson  la «Complainte de l’obsédé». Plus récent, Pierre Vassiliu fera une chanson à double sens avec «Ma cousine» (1). Mais Irma la Douce tapie dans l’ombre bondit sur le genre. La grande Colette Renard, à la voix  majestueuse, va chanter en 1963 un morceau qui va faire un joli succès «Les nuits d’une demoiselle» (2). Cette chanson commence toute en douceur, se mue en rengaine, avec un refrain aux métaphores argotiques les plus imagés ! Elle ne s’arrêtera pas à un morceau puisqu’elle ne fera pas moins de 7 albums de chansons, dont un triple album de poèmes libertins du temps passé.
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Le double sens, ou la gauloiserie cachée


Qui n’a jamais écouté et compris les paroles en sous-entendus de Serge Gainsbourg  «Les sucettes à l’anis» ? Hormis la toute jeune France Gall, le double sens de cette chanson était flagrant au commun des mortels. Gainsbourg qui fera beaucoup dans le domaine avec «Love on the beat», «L’eau à la bouche». Les meneuses de revue comme  Joséphine Baker ont elles aussi jouée sur les mots et les phrases avec «Voulez vous de la canne à sucre ?» aussi Régine avec le très «Poétique» «Ouvre la bouche, ferme les yeux» (1). Même Fernandel  et son «Félicie aussi» enregistrera des 78 tours dans les années 30

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Dans le disque ci-contre, vous retrouverez en plus de Fernandel : Arletty, Pauline Carton, Dranem et Félix Mayol.


Quand les jeunes se dévergondent


Quand on parle de groupes de chanson française qui écrivent leurs propres textes, celui qui restera dans les oreilles sera quand même Elmer Food Beat. Les cinq Nantais, victoire de la musique du groupe de l’année en 1991, vont pondre quelques textes pas piqué des hannetons. Le plus célèbre reste quand même «Daniela» (Qui n’a rien à voir avec le titre des Chaussettes Noires) (1) ; ou encore "La grosse Jocelyne", titre délicat (2). Du rythme rock 60’, de l’humour, un  groupe qui, en fin de concert, reprend un jingle de publicité pour une marque de purée connu avec des paroles à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Le groupe FFF fera aussi un titre «Le yaourt».
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J’ai volontairement omis de ne pas parler de la soupe franchouillarde et vulgaire de Bézu et Patrick Sébastien.
Deux vidéos pour finir en douceur, Elmer Food Beat «Couroucoucou Roploplo» (avec la participation du Loup de Tex Avery…), et Winnie l’ourson, une bande son qui est passée un matin à une émission pour enfant, jolie double sens !

2 commentaires:

  1. Ce papier est joyeux ça le méritait bien ;) J'ai quelques Plaisir des Dieux, Colette Renard etc.. , mais je trouve dommage que cela finisse sur Elmer Food Beat et tout ça, c'est pas la même catégorie ni approche, à mon humble avis..

    Sylvie

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    1. je partage un peu l'avis de Sylvie; c'est vrai que la frontière est mince entre le paillard et le vulgaire,et Elmer FB est clairement dans la seconde catégorie à mes oreilles. N'oublions pas les Charlots qui ont commis quelques trucs et parodies assez salés (http://www.youtube.com/watch?v=0S3w6h-0PJw ). Joli sujet en tous cas

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