Un génie bouillonnant
Qui
ne connait pas l’auteur de «L’Ecume des jours », «J’irais cracher sur vos tombes» ou
«L’arrache cœur» ? Peut-être la jeune
génération et encore... ! Une de ses chansons a du passer par leur cahier
de dissertation, si ce n’est par leurs oreilles.
Boris Vian,
auteur de génie, mort trop jeune, mort d’avoir vécu à cent à l’heure, mort de
peur de n’avoir pas le temps de finir ses tâches à accomplir, mort à 39 ans.
Mais Boris Vian ce n’est pas seulement
l’auteur, mais aussi un poète, parolier, chanteur et musicien de jazz et c’est
ce personnage-là qui va noircir les pages ci-dessous.
Le Jazz et la Java
Il
n’y a pas eu beaucoup d’écrivains-musiciens, hormis Jean-Jacques
Rousseau, mais faire une chronique sur l’auteur du «Contrat social» ou de «Pygmalion» aurait été barbante à souhait.
Alors pourquoi Boris Vian ? Parce que
ses chansons ont été pour la plupart drôles et loufoques. Si l’on regarde le
catalogue des œuvres de Boris Vian, on
dénombrera environ 600 textes de chansons dont 480 à peu près furent mises en
musique. Ce boulimique qui écrivait vite et dévorait les livres tel le
Pantagruel de Rabelais, était un fou de jazz.
Elevé par son père dans le mépris de l’armée, de l’Église et l’argent, un père
qui lui donnera le goût des plaisanteries, des jeux de mots et de la musique.
Pendant la guerre, faute de pouvoir se procurer des disques de jazz au
Etats-Unis, il forme avec ses trois frères un petit trio. Ils rejoignent très
vite l’orchestre de Claude Abadie qui rencontre
un gros succès à Saint Germain des Près dans les années 40.
Henri Salvador
disait de lui : «Il était amoureux du jazz, il
ne vivait que par le jazz, il s’exprimait en jazz».
Mais il dut abandonner sa participation avec l’orchestre sur l’injonction de
son cardiologue.
Une boulimie chronique
Pour
ne pas quitter ce monde qu’il aime temps, il accepte de tenir une chronique
dans le quotidien «Combat» de 1947 à
1956. Sortie en livre, «Les chroniques de jazz» furent
longtemps le livre de chevet des amateurs français. Il rédigea une importante
revue de presse dans le mensuel «Jazz Hot». Ces articles réunis aujourd’hui en livre,
nous montrent la plume d’un Vian érudit avec
ses goûts, ses prémonitions et ses jugements des fois très corrosifs : «Plus j’écoute B., plus je trouve que c’est une
sous-merde pas croyable».
Entre
deux livres, il ne pouvait s’empêcher d’écrire des textes, des poèmes et des
nouvelles. Sur les 600 textes qu’il a écrit, qui d'entre nous n’a jamais
entendu «Le déserteur». Cette chanson
version pacifiste qui fut interprétée par Mouloudji
en 1954 le jour de la défaite de Dien Bien Phu (ce fut un hasard) et qui
fut reprise par un grand nombre d’interprètes différents allant de Johnny Hallyday (Oui, oui ! vous avez bien
lu !) à John Baez (C’est plus
logique !). La chanson sera interdite de diffusion radio et de vente.
Boris Vian
aurait pu être un excellent chansonnier s'il n’y avait pas eu sa maladie de
cœur et un trac incroyable. Mais il détestait chanter, il disait qu’il avait
une voix ingrate (Personnellement je ne trouve pas, il y a pire
maintenant !). Sur scène, il était raide comme un manche à balais et
donnait l’impression d’un gars que l’on envoyait à l’abattoir. Il était mal à
l’aise et transmettait ce trac au public. Ce qui ne l’empêchera pas
d’interpréter ses plus grands titres comme «Java
des bombes atomiques», «La complainte du progrès» (Qui par son rythme, me
fait penser à Bobby Lapointe) ou
encore «J’suis snob».
X
Boris Vian et ses interprètes
J’ai
déjà parlé de Mouloudji qui fut le premier, mais
n’oublions pas Henri Salvador son grand pote qui
enregistrera le premier Rock’n’roll français en 1956 sous le nom Henry Cording «Rock’n’roll mops»
Et
puis Juliette Gréco qui fut l’égérie de Saint
Germain des prés, Philippe Clay, Patachou et Magalie Noël,
celle qui chanta le premier Rock’n’roll sado-maso du millénaire : «Fais-moi mal Johnny».
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Autant en emporte le Vian
Ne
pouvant pas citer tous ceux qui ont repris les perles de ce génie de la
littérature et ne pouvant citer tous les titres qu’il a écrits, si vous avez
déjà abordé ses ouvrages, je vous conseille d’écouter ce personnage hors du
commun qui a su concilier son amour de la musique, de l’écriture et de tous les
arts en général. D’avoir eu trop de cœur à l’ouvrage, le sien cèdera à l’âge de
39 ans le 23 juin 1959 dans un cinéma à la première du film «J’irais cracher sur
vos tombes». Il reste beaucoup de trace phonographique avec la voix de Boris. Le top reste «Boris Vian chante Boris Vian».
Je vous conseille aussi «Boris Vian» par Philippe
Boggio, une très bonne autobiographie sortie en 1995 et que l’on trouve
maintenant en livre de poche.
"J'suis snob" ma préférée ;)
RépondreSupprimerSylvie
PS: un très bel hommage d' Henry Salvador à son ami.
RépondreSupprimerpublier volontairement plusiers décénnie après la mort de Boris pour ne pas être taxé d'opportunisme....
j'ai acheter le mien 1,50 € au secours populaire!!!
http://youtu.be/M9pli8eQmaM
http://youtu.be/kKWo75BrhDQ
http://youtu.be/DCly4rYVW88
http://youtu.be/9xqT1Xg2V0E