dimanche 26 mai 2013

BORIS VIAN : En avant la zizique ! - Par Pat Slade





Un génie bouillonnant



Qui ne connait pas l’auteur de «L’Ecume des jours », «J’irais cracher sur vos tombes»  ou «L’arrache cœur» ? Peut-être la jeune génération et encore... ! Une de ses chansons a du passer par leur cahier de dissertation, si ce n’est par leurs oreilles.
Boris Vian, auteur de génie, mort trop jeune, mort d’avoir vécu à cent à l’heure, mort de peur de n’avoir pas le temps de finir ses tâches à accomplir, mort à 39 ans. Mais Boris Vian ce n’est pas seulement l’auteur, mais aussi un poète, parolier, chanteur et musicien de jazz et c’est ce personnage-là qui va noircir les pages ci-dessous.


Le Jazz et la Java



Il n’y a pas eu beaucoup d’écrivains-musiciens, hormis Jean-Jacques Rousseau, mais faire une chronique sur l’auteur du «Contrat social» ou de «Pygmalion» aurait été barbante à souhait. Alors pourquoi Boris Vian ? Parce que ses chansons ont été pour la plupart drôles et loufoques. Si l’on regarde le catalogue des œuvres de Boris Vian, on dénombrera environ 600 textes de chansons dont 480 à peu près furent mises en musique. Ce boulimique qui écrivait vite et dévorait les livres tel le Pantagruel de Rabelais, était un fou de jazz. Elevé par son père dans le mépris de l’armée, de l’Église et l’argent, un père qui lui donnera le goût des plaisanteries, des jeux de mots et de la musique. Pendant la guerre, faute de pouvoir se procurer des disques de jazz au Etats-Unis, il forme avec ses trois frères un petit trio. Ils rejoignent très vite l’orchestre de Claude Abadie qui rencontre un gros succès à Saint Germain des Près dans les années 40.

Henri Salvador disait de lui : «Il était amoureux du jazz, il ne vivait que par le jazz, il s’exprimait en jazz». Mais il dut abandonner sa participation avec l’orchestre sur l’injonction de son cardiologue.



Une boulimie chronique



Pour ne pas quitter ce monde qu’il aime temps, il accepte de tenir une chronique dans le quotidien «Combat» de 1947 à 1956. Sortie en livre, «Les chroniques de jazz» furent longtemps le livre de chevet des amateurs français. Il rédigea une importante revue de presse dans le mensuel «Jazz Hot». Ces articles réunis aujourd’hui en livre, nous montrent la plume d’un Vian érudit avec ses goûts, ses prémonitions et ses jugements des fois très corrosifs : «Plus j’écoute B., plus je trouve que c’est une sous-merde pas croyable».
Entre deux livres, il ne pouvait s’empêcher d’écrire des textes, des poèmes et des nouvelles. Sur les 600 textes qu’il a écrit, qui d'entre nous n’a jamais entendu «Le déserteur». Cette chanson version pacifiste qui fut interprétée par Mouloudji en 1954 le jour de la défaite de Dien Bien Phu (ce fut un hasard) et qui fut reprise par un grand nombre d’interprètes différents allant de Johnny Hallyday (Oui, oui ! vous avez bien lu !) à John Baez (C’est plus logique !). La chanson sera interdite de diffusion radio et de vente.


Boris Vian aurait pu être un excellent chansonnier s'il n’y avait pas eu sa maladie de cœur et un trac incroyable. Mais il détestait chanter, il disait qu’il avait une voix ingrate (Personnellement je ne trouve pas, il y a pire maintenant !). Sur scène, il était raide comme un manche à balais et donnait l’impression d’un gars que l’on envoyait à l’abattoir. Il était mal à l’aise et transmettait ce trac au public. Ce qui ne l’empêchera pas d’interpréter ses plus grands titres comme «Java des bombes atomiques», «La complainte du progrès» (Qui par son rythme, me fait penser à Bobby Lapointe)  ou encore «J’suis snob».
X



Boris Vian et ses interprètes



J’ai déjà parlé de Mouloudji qui fut le premier, mais n’oublions pas Henri Salvador son grand pote qui enregistrera le premier Rock’n’roll français en 1956 sous le nom Henry Cording «Rock’n’roll mops»
Et puis Juliette Gréco qui fut l’égérie de Saint Germain des prés, Philippe Clay, Patachou et Magalie Noël, celle qui chanta le premier Rock’n’roll sado-maso du millénaire : «Fais-moi mal Johnny».

X



Autant en emporte le Vian



Ne pouvant pas citer tous ceux qui ont repris les perles de ce génie de la littérature et ne pouvant citer tous les titres qu’il a écrits, si vous avez déjà abordé ses ouvrages, je vous conseille d’écouter ce personnage hors du commun qui a su concilier son amour de la musique, de l’écriture et de tous les arts en général. D’avoir eu trop de cœur à l’ouvrage, le sien cèdera à l’âge de 39 ans le 23 juin 1959 dans un cinéma à la première du film «J’irais cracher sur vos tombes». Il reste beaucoup de trace phonographique avec la voix de Boris. Le top reste «Boris Vian chante Boris Vian».
Je vous conseille aussi «Boris Vian» par Philippe Boggio, une très bonne autobiographie sortie en 1995 et que l’on trouve maintenant en livre de poche.


2 commentaires:

  1. PS: un très bel hommage d' Henry Salvador à son ami.
    publier volontairement plusiers décénnie après la mort de Boris pour ne pas être taxé d'opportunisme....
    j'ai acheter le mien 1,50 € au secours populaire!!!

    http://youtu.be/M9pli8eQmaM

    http://youtu.be/kKWo75BrhDQ

    http://youtu.be/DCly4rYVW88

    http://youtu.be/9xqT1Xg2V0E







    RépondreSupprimer