Come Taste The Wine, Come Hear The Band !!!
Ritchie Blackmore avait déjà laissé tomber passablement l'affaire sur l'album précédent "Stormbringer", les relations entre Blackmore, ses anciens partenaires (Ian Paice & Jon Lord) et les 2 nouveaux (David Coverdale & Glenn Hughes) s'étant sensiblement dégradées pendant l'enregistrement. Le gars Ritchie s'était d'ailleurs pointé aux sessions avec un seul morceau en poche ("Stormbringer") et avait laissé le champ libre aux autres. De plus, il ne supportait pas l'orientation funky/soul du groupe apportée par Glenn Hughes et c'est au mois d'avril 1975 que la nouvelle tombe : Ritchie Blackmore quitte DEEP PURPLE !!!!!
L'avenir du groupe semble bien compromis, mais Coverdale et Hughes, qui commencent à s'habituer à la vie dorée de rock stars, ne veulent pas laisser tomber l'affaire.
Paice et Lord n'ont plus envie de continuer, mais les 2 autres insistent et se mettent à la recherche d'un nouveau guitariste.
Clem Clemptson (Colosseum, Humble Pie) fait un essai, mais n'arrive pas à décrocher le job.
Le groupe arrête finalement son choix sur un jeune guitariste américain, Tommy Bolin, un virtuose surdoué, un véritable touche à tout, vif et spontané qui a déjà usé ses cordes de guitares au sein de nombreux groupes comme ZEPHIR, ENERGY, JAMES GANG. Il a également montré son immense capacité technique et sa virtuosité époustouflante sur les albums "Spectrum" de Billy Cohbam et "Mind Transplant" d'Alphonse Mouzon.
Tommy Bolin |
Parfois le magnéto enregistre certaines jams lorsque le groupe travaille sur un morceau intéressant. Le mixage est effectué dans la foulée et quelques bandes sont conservées, d'autres sont effacées. Deux heures d'enregistrement ont miraculeusement survécu et seront publiées en 2000 sur l'album "Days May Come & Days May Go". On retrouve sur ce disque, les 1ères versions de "You Keep On Moving", "Drifter" et de "Owned To G" qui plus tard, apparaitront sur le nouvel album.
DEEP PURPLE "Mark IV" : Hughes, Bolin, Lord, Coverdale & Paice |
Le DEEP PURPLE "Mark IV" se retrouve à Munich, au studio Musicland du 03/0/1975 au 01/09/1975, pour enregistrer son nouvel album avec aux manettes, le producteur Martin Birch, déjà garant du son du groupe depuis le début. Avant de commencer les sessions, le groupe a déjà 4 chansons de coté : ""You Keep On Moving", "Drifter", "Owned To G" plus "Lady Luck", un titre écrit à l'époque d'ENERGY par Jeff Cook. Pour le reste, c'est Tommy Bolin qui va proposer au groupe le plus d'idées. Il co-écrit sept chansons sur neuf, il s'investit à fond pendant les séances d'enregistrement et assouvit totalement sa soif de création. Il est également à l'origine du nom de l'album. En effet, un soir de fiesta bien arrosée, il commence à chanter "Cabaret" de Liza Minelli et au lieu de "Come Taste The Wine, Come Hear The Band", il fredonne "Come Taste The Band", hic ... le reste du groupe est mort de rire et décide de conserver ce lapsus comme titre de l'album.
L'album est bouclé en à peine un mois et sort le 10 octobre 1975. L'accueil des critiques est plutôt favorable, mais le fans sont un peu déroutés par le résultat final, bien trop différent du style habituel de DEEP PURPLE.
L'album débute avec "Comin' Home" signé Bolin, Coverdale & Paice, un titre rapide et nerveux sur lequel Tommy Bolin assure la basse et les backing vocals en remplacement de Glenn Hughes, congédié (momentanément) par le groupe pour aller soigner sa toxicomanie. Tommy Bolin, nous offre à l'occasion, son solo le plus long du disque, une vraie tuerie !!!
David Coverdale : "Come taste the wine" |
"Gettin' Tigher" est l'unique morceau composée par le duo Bolin/Hugues, compagnons de défonce et d'abus en tout genre. Chanté par Glenn Hugues, il reste le morceau le plus funky de l'album. Avec son riff d'ouverture tranchant et dévastateur, il deviendra un des titres phares pour la tournée qui suivra. A noter que Tommy Bolin dynamite toute la fin du morceau pour placer solo sur solo.
La chanson suivante "Dealer" est une chanson destinée à Glenn Hughes, écrite par David Coverdale et Tommy Bolin (qui sait de quoi il parle). Un rock mid-tempo assez lourd, qui relate la consommation excessive de drogues dans le groupe. Lorsque Tommy Bolin se met à chanter sur le break, ça donne carrément des frissons... surtout quand on se rappelle comment il a fini.
"I Need Love" toujours composée par Coverdale/Bolin est un heavy/blues avec une rythmique bien soutenue qui annonce le WHITESNAKE de "Ready An Willing" et de "Come And Get It" du début des années 80. Jon Lord, plutôt discret jusque là, commence à s'agiter un peu sur son clavier. Et Ian Paice dans tout ça ??? Et ben, il est toujours aussi brillant, précis, puissant, rapide.... il joue avec une facilité impressionnante et nous prouve qu'il peut s'adapter à tous les styles.
Impossible de résister à "Drifter" et au riff tranchant de Tommy Bolin qui aligne également des solos inventifs et audacieux.
Quelque chose de semblable se passe avec "Love Child", dont le riff énorme rappelle "Mistreated". Un morceau digne de l'héritage hard rock de DEEP PURPLE, avec une des meilleures performances vocales de toute la carrière de David Coverdale !!! Ian Paice sort également le grand jeu sur ce morceau. Dommage que pendant le break funky, Jon Lord essaye ses nouveaux synthés....
Glenn Hughes |
L'album s'achève avec "You Keep On Moving", le sommet du disque. C'est un morceau plus aérien, axé sur les voix de Glenn Hughes et David Coverdale sur lequel Jon Lord est enfin autorisé à faire son p'tit solo d'orgue. La guitare de Bolin est entièrement dévouée à la mélodie et pas l'inverse, ce qui renforce le coté émotionnel de cette superbe chanson.
Je laisse la conclusion à Jon Lord (RIP) qui a déclaré à propos de cet album : - "la plus belle chose que l'on puisse dire sur "Come Taste The Band" c'est que, encore aujourd'hui, lorsque vous l'écoutez, c'est un album terriblement intéressant. Tout dessus est d'un niveau incroyable. Et la pire des choses que l'on puisse en dire c'est que, dans l'opinion de beaucoup de personnes, ce n'est pas du DEEP PURPLE. Mais c'est un album de rock exceptionnel. Très moderne" -
Tout est dit, rien à rajouter !!!
Malgré l'énorme potentiel du DEEP PURPLE Mark IV, celui ci ne va tarder à imploser. En effet, car Tommy Bolin, en plus d'être un guitariste de génie, était malheureusement un sacré junkie imprévisible et instable. En plus, avec Glenn Hughes dans le groupe, cela n'arrangeait pas vraiment ses histoires. Bien conscient des problèmes de dope de Hughes et Bolin, le management du groupe enrôle même des gardes du corps pour éloigner les dealers et les fans trop généreux. La fin de la tournée qui suivra sera catastrophique et le 15 mars 1976, après le show à Liverpool, Lord et Paice, vite suivi par Coverdale jettent l'éponge... DEEP PURPLE se sépare dans le chaos le plus total !!!
Dans de bonnes circonstances, la période Mark IV aurait pu être incroyable, peu de live officiels peuvent le prouver, mais sur certains bootlegs du DEEP PURPLE Mark IV, quand Tommy Bolin était lucide, les concerts étaient géniaux et les spectateurs en sortaient irradiés par les solos du jeune guitariste.
Après le split de DEEP PURPLE, Bolin formera son propre groupe, mais son état de santé se dégradera petit à petit jusqu'à l'issue fatale.
En pleine tournée avec Jeff Beck, il décède d'une overdose d'héroïne, le 4 décembre 1976 à Miami.
A lire également sur le blog :
-Tommy Bolin (story-part-one)
-Tommy Bolin (story-part-two)
-Deep Purple (days may come days may go)
-Deep Purple (machine head)
-Deep Purple- (In rock)
-Deep Purple (made in japan)
"You Keep On Movin " - Live Japan 1976 -
"Come Taste The Band" vu par Glenn Hughes et le regretté Jon Lord -
Un de mes Deep Purple favori, le plus funky en tout cas. Les groupes de "hard" des 70's avaient ce sens du groove que la vague qui a suivit a complètement zappé, perdant à l'occasion beaucoup de ce qui faisait le charme des Thin Lizzy et consort.
RépondreSupprimerJ'ai souvent vendu (et racheté) mes disques au fil des ans, Come taste the band fait parti de ceux qui n'ont jamais quitté l'étagère.
Hugo
Je bloque sur cette dernière partie de Purple à cause d'un live calamiteux, le "Last concert in Japan" où Bolin est visiblement chargé comme une mule et massacre lamaentablement "Highway star", sans parler de Coverdale Hughes chantant faux !!! (un comble) ...
RépondreSupprimerhttp://youtu.be/873Aa6OIrDo
Donc, je note que le gars Bolin savait tricoter. Faut que je jette une oreille et que je goute à ce skeud...
:o)
BBP, le "last concert in Japan" est un crachat lancé à la face du groupe, par un distributeur avide de surfer sur la mode du "fait au Japon"... Une tentative pour remplir les caisses facilement. Un amas de titres découpés, remontés, mal mixés, une horreur ! En plus, à sa sortie, le groupe n'existait déjà, plus, donc personne ne sen est occupé ! Le Bolin, oh oui, il savait tricoter, et pour remplacer Blackmore, ils n'auraient pas pu tomber mieux, Bolin avait le don, mais aussi les expériences blues, jazz, fusion, bref, de la culture ! Mais il aimait aussi la seringue... Dommage, d'autant plus qu'avant Hughes et Bolin, les autres n'avaient touché à quoi que ce soit. Ils étaient "clean" comme on dit... (Gillan a raconté récemment qu'il n'avait fumé qu'un pétard, à l'âge de 38 ans !!.)Ils préféraient la bibine... On peut retrouver l’exhaustivité de ce concert sur "This time around" sorti en 2001, et d'excellente facture.
RépondreSupprimerAssez d'accord avec la première remarque. Les groupes de hard des années 80, anglais surtout, n'ont aucun groove. Je ne suis pas un robot, je ne suis pas un robot, je ne suis pas un robot.
RépondreSupprimerUn des meilleurs albums du Pourpre, Bolin... Un monstre de la gratte. Voilà c'est dit !
RépondreSupprimerLe groove a été, un moment, rayé du vocabulaire des musiciens friands de gros sons.
RépondreSupprimerCe n'était alors plus vraiment ce que l'on appelait le Hard-Rock ou le Heavy-rock, mais plutôt du Heavy-Metal.
La nouvelle vague s'est orientée vers une recherche de la déflagration sonique, de l'agression sonore, au détriment du rythme, du groove. Avec pour certains, le désir infantile d'essayer d'en faire toujours plus. Tant "musicalement" que théâtralement.
Et puisque l'on parle de Deep-Pürple et du groove, je trouve que "Stormbringer" est bien plus groovy que "Come Tate le Bande". Ouaip.
RépondreSupprimer2ème Album le plus bandant de l'époque... Je confirme.
RépondreSupprimerc'est vrai que ça déborde de groove dans "come taste the band" .............
RépondreSupprimerMr Groove