Il y a un mois, je commençais à écrire un article sur la
Symphonie"Rhénane"
de
Schumann
dans l'enregistrement de
Wolfgang Sawallisch. À mi parcours de la rédaction, changement de style, le maestro allemand
nous quittait… R.I.P. J'avais depuis un certain temps en projet de vous
parler du
Requiem
de
Berlioz
dans l'interprétation légendaire du chef anglais
Colin
Davis. J'apprends ce matin en écoutant Radio Classique que le musicien est mort
hier. Il avait 85 ans. Au train où vont les choses, je vais abandonner le
monde musical pour envisager des articles sur les tyrans qui martyrisent
l'humanité (humour british…).
Né en 1927,
Sir Colin Davis
aurait pu ne jamais devenir Chef d'Orchestre par manque d'une bonne maîtrise
du piano ?! Il contournera cette étrange règle en créant avec des amis un
petit orchestre : le Kalmar Orchestra. En
1952, à 25 ans, il remplace
Otto
Klemperer
souffrant dans…
Don Giovanni. C'est lors d'une telle opportunité que l'on joue sa carrière.
Klemperer
est l'un des maîtres incontestés de l'époque dans cet opéra ! C'est simple,
on déçoit ou on s'envole pour une longue carrière… Ça sera le cas.
En plus de cinquante ans au pupitre,
Colin Davis
a assuré la direction d'au moins quatre ensembles prestigieux : de
l'Orchestre de la BBC, de
Covent Garden, de la
Radiodiffusion Bavaroise
et enfin de 1995 à 2006 du
Symphonique de Londres
dont il était devenu le président à vie. Le grand âge venu, il dirigeait
aussi fréquemment l'Orchestre de la
Staatskapelle de Dresde. Et pour les mélomanes,
Colin Davis restera aussi une légende du microsillon…
Les discophiles des années 60-70 penseront immédiatement à l'immense
travail d'enregistrement qu'effectuait
Colin Davis
à l'époque.
Berlioz
en premier, dont il grava pour Philips l'intégrale de l'œuvre, dont l'opéra
les Troyens
qui ne connaissait guère les honneurs du disque. Objectivement,
Colin Davis
excellait dans un répertoire très large : Les
concertos
de
Mozart
avec
Brendel, les
symphonies
de
Haydn, une formidable et limpide intégrale de
Sibelius avec
l'Orchestre de Boston. On n'oublie pas l'opéra : ceux de
Mozart,
Berlioz
évidement,
Tannhäuser
de
Wagner
à
Bayreuth… Ah, et encore une
messe en Fa
de
Bruckner
(non rééditée, on se demande pourquoi ?!!).
Colin Davis
avait anticipé la crise du disque dès les années
2000 et la mauvaise gestion
purement mercantile des majors, notamment Philips qui pourtant vendait des
millions d'exemplaires grâce à ce chef. Il crée les "labels d'orchestre", le
LSO. La production de CDs devient l'une des activités commerciales et
artistiques du
Symphonique de Londres
au même titre que les concerts. Et ainsi il réenregistre nombre des gravures
qui constituaient son répertoire de prédilection…
Berlioz
en premier mais aussi
Haendel
(un Messie des années 60 qui est encore au catalogue),
Elgar
et
Mozart
ou encore
Dvorak. En 2008, à 80 ans, il
accompagne pour Dgg
Hilary Hahn
dans un défi pour la jeune artiste : le
concerto pour violon
d'Elgar
qui dure une petite heure. Les deux complices séparés par deux générations
font un tabac avec ce disque sortant des sentiers battus…
En ce jour, voici le
Requiem
de
Berlioz
avec le
symphonique de Londres
en 2000 au Royal Albert Hall (à écouter en must le
Lacrymosa
et
l'offertoire), Un live suivi du poème symphonique
Tapiola de
Jean Sibelius enregistré à
Boston...
L'enregistrement mythique du requiem en 1969 à été ultérieurement
commenté en 2014
(Clic).
0:44: I. Requiem et Kyrie. Introit
12:50: II. Dies Irae & 18:34: Tuba mirum
26:11: III. Quid sum miser
29:31: IV. Rex tremendae
36:33: V. Quærens me
|
41:53: VI. Lacrimosa
53:28: VII. Offertorium
1:04:39: VIII. Hostias
1:08:30: IX. Sanctus
1:20:27: X. Agnus Dei
|
Le choix d'une discographie essentiel est bien difficile ; quelques
enregistrements marquants :
Vidéos : Elgar, extrait des variations
Enigma, le mystérieux
Nemrod
en forme d'adagio… Puis l'intégrale du
Messie de Haendel
en concert à la BBC.
Je viens de l'apprendre en voyant ton billet et je te l'avoue que je suis un peut sans voix.J'ai pratiquement tous ses enregistrements de la période Berlioz de 1969 avec une version du "Te Deum" qui pour moi et à l'écoute des autres reste la meilleur.Tu parlais de l'opéra "Les Troyens", sa version de " Benvenuto Cellini" ou encore celle de "Harold en Italie" sont très belle et de plus dans cette dernière,Colin Davis a suivis à la lettre ce que voulait Berlioz, autrement dit, un violon Alto de l'orchestre et non un soliste de renomée mondial(Même si après il seront reconnus) comme Nobuko Imai. Mais puisque tu as en projet de parler du Requiem de Berlioz (Ha! le dies irae et son tuba mirum !, prend la version de Charles Munch, déja c'est la meilleurs (Version de 1968 avec l'orchestre de la radio bavaroise et Peter Schreier en soliste DDG). Le seul hic ,même si Munch est décédé depuis 45 ans, Schreier est encore de ce monde, à 78 ans, j'espère qu'il tiendras encore un peut.
RépondreSupprimerAh le vieux dilemme entre les deux conceptions contemporaines Davis vs Munch !!!! A ce niveau... Je garde un faible, sans doute irrationnel, pour Colin Davis en 1969. (la dernière mouture qui vient de paraître est hélas bien terne.) j'avais le choix pour les deux liens, il n' y a pas photo...
RépondreSupprimerDe toute façon si chronique il y a, il faudra rappeler Munch à Boston (RCA), et John Elliot Gardiner sur instruments anciens...
N'oublions pas que Sir Colin nous aura aussi laissé, avant de partir, une intégrale Nielsen resplendissante.
RépondreSupprimerMerci Jean-Christophe pour cette information !
RépondreSupprimerJ'ai écouté quelques extraits, le tissu orchestral est d'une transparence inouïe. Merci aux ingénieurs du son.... La direction est précise et alerte... que demander de plus !
Pour l'instant ces 3 CD sont vendus séparément. Espérons qu'un coffret les réunira...