R.I.P. FRED, Philémon est Orphelin - par Pat Slade

Il avait inventé le hibou-phare, la baleine galère, le piano sauvage, dessiné des Iles en lettres, enfermé son héros Philémon dans un zèbre prison. Frédéric Othon Théodore Aristidès dit "Fred" laisse la bande dessinée sur le bord de la marge.

Ce sympathique moustachu, toujours en quête de jeux de mots et de calembours était un voyageur de l’invraisemblable. Il fera partie de l’aventure de Hara-kiri, c’est lui qui en dessinera les premières couvertures. En 1966, quand le journal arrête ses publications, Fred va proposer ses planches ailleurs. Refusé chez Spirou, Réné Goscinny l’accueille chez Pilote. Et c’est avec Philémon qu’il fera parler de lui. Philémon, ado timide et rêveur, qui parle avec son âne Anatole, "Le naufragé du A" une BD qui n’a pas pris une ride. Des personnages incroyables et hétéroclites. Le manu-manu, une main gigantesque vivante, Barthélémy, le puisatier qui a envoyé un message dans une bouteille qui a poussé sur un arbre (si, si, l’arbre à bouteilles !), Vendredi, le centaure au mauvais caractère qui ne rit qu’un jour par semaine et qui pleure le dimanche.

L’oncle Félicien, magicien, qui vous emmène sur le A par des moyens tous différents, le globe terrestre, la lorgnette, la corde ensorcelée etc. etc. ! C’était le monde et ce sera toujours le monde magique et imaginaire de Fred. D’autres albums sont à mettre à son actif, comme "Le fond de l’air est frais", suite de dessins et de vignettes dans la même lignée fantastique que Philémon. Après une grave dépression qui le conduit en hôpital psychiatrique, il sort "L’histoire du corbac aux baskets". Album avec lequel il obtiendra l’Alph’ Art du meilleur album à Angoulême en 1994. Son œuvre restera à jamais liée aux histoires de Philémon et des lettres de l’océan atlantique.

Fred,  un petit nom de quatre lettres, une œuvre immense. 

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