vendredi 19 avril 2013

MICHAEL JACKSON IMMORTAL WORLD TOUR par Luc B. comme Bambi.


The King of Pop fait son entrée au Déblocnot. Grâce à mon fiston, sans qui j'aurais certainement raté l'évènement... Pat Slade, je vois ton petit sourire, et t'entends d'ici : y peut se foutre de moi et de mes visites chez Mylène "Bercy" Farmer, pour accompagner ma progéniture. Sauf que la mienne, de progéniture, elle n'a pas 28 ans... 
-Pardon? Elle a que onze ans ta fille? euh oui peut être mais moi j'y suis pas retourné 18 fois tout seul après...

Le Cirque du Soleil est une immense entreprise dédiée au divertissement, un barnum moderne, créé et dirigé depuis 1984 par Guy Laliberté, québécois de son état, et accessoirement multimilliardaire grâce à ses spectacles vendus dans le monde entier, plusieurs troupes tournent avec le même show. Le principe étant de dépoussiérer le cirque classique, en montant des shows spectaculaires, soit itinérants, soit sous chapiteau ou des théâtres. Comme Elvis en fin de carrière, ou la rockeuse Céline Dion, le Cirque du Soleil est très présent à Las Vegas, histoire d’être raccord avec ce monde des néons géants ! 

Après s’être attaqué aux Beatles à travers le spectacle LOVE, en 2006, Guy Laliberté rend cette fois hommage à Michael Jackson, sa vie son œuvre et son message. Car derrière l’aspect musical de la chose, se révèle une sorte de culte, une cérémonie païenne, une célébration quasi mystique, pour The King of Pop. Le « message » de Michael Jackson… Certes, l’homme se disait profondément humaniste, protecteur des humbles, et répétait à son public que la guerre ce n’est pas bien, et que la nature est belle et fragile. Voici donc le message de Saint Michael délivré dans un temple dédié au Messie de la pop. Le Messie ? Y pousse pas trop ? Le spectacle s’appelle THE IMMORTAL WORLD TOUR. Immortal, c’est qu’il est question de résurrection ?! D’ailleurs, à chaque fois qu’apparaît sur les écrans le visage du chanteur décédé, ou qu’une de ses paroles (généralement des "Children, take care of trees, because I love trees" ou plus simplement "I love you") lancée aux fans, c’est un déluge d’applaudissements.  Il y a quelque chose d’assez fascinant de se trouver-là, excusez-moi, je ne fais pas parti du club, j’observe, mais je ne vous veux aucun mal.

Quitte à observer, autant vous raconter. Cela se passe à Paris Bercy. Comble. Un peu après 20 heures, les lumières de la salle s’éteignent, une petite scène ovale est éclairée, un jeune type en survet’ arrive et exécute quelques pas de danse, c’est un monsieur Loyal, fil conducteur du spectacle. Trois autres, sur une autre scène, harnachés depuis les cintres, grimpent et marchent le long d’un écran vertical, où sont projetées des images urbaines, et métros tagués. Le gamin me glisse à l’oreille : c’est petit quand même, je pensais que ce serait plus impressionnant. Sauf qu’après ce numéro d’introduction, un rideau blanc qui cachait le fond de la scène tombe, et à grand déluge de projecteurs, on découvre la topographie des lieux. Le spectacle se passera sur quatre niveaux, l’avant-scène ovale équipée d’une trappe d’où sortent artistes et accessoires, la scène principale, le premier étage où joue l’orchestre, et les écrans qui parsèment le fond, s’assemblent ou se séparent, se penchent ou vrillent selon des situations. Bref, du sacré matos ! 

Le principe du spectacle est donc une évocation du parcours (et du message) de Michael Jackson, à travers des extraits de clip projetés, documents vidéos, sonores, à travers des reprises de chansons, et bien sûr de numéros de cirque, d’acrobates, danseurs, affublés de costumes plus kitschissimes les uns que les autres. Il y a un certain nombre de choix artistiques surprenants, et j’imagine qu’avec tous les ayants-droits ça ne devait pas être simple de se mettre d’accord. 

Pourquoi s’intéresser au « message » de MJ ? Personnellement, sa démarche musicale m’intéresse davantage (celle des débuts...) mais c’est moins vendeur. Le spectacle n’est pas non plus chronologique, ce n’est pas une biographie (quelques archives noir et blanc du gamin, assez touchantes). On pioche un peu partout. Mais on ne pioche que chez lui, pas chez les autres, ceux qui l’ont aussi inspirés. Passer des images de James Brown, de Stevie Wonder, du mime Marceau, Chaplin, Fred Astaire, rappeler l’univers musical d’où il venait, aurait été une bonne idée, et pédagogique. Mais tout est centré sur le héros de la soirée, constamment mis en valeur. Comme s’il n’y avait rien eu avant, et plus rien après. 

Il y a un orchestre, dont un batteur mastoc planqué derrière ses trois grosses caisses, ses trente-cinq futs et ses cent soixante-douze cymbales. Il me semble (je dis bien, il me semble) qu’ils jouent réellement, mais ce n’est pas toujours évident, d’abord par ce que l’acoustique de Bercy est assez minable, et que le groupe reproduit les titres à la note près. Sans pour autant les jouer en entier, car on a plus affaire à un assemblage (comme dans le LOVE des Beatles) avec de nouveaux mix, des titres découpés et réassemblés. Là encore, s’il s’était agit de rendre hommage à la musique de Michael Jackson, on ne se serait pas permis ce charcutage (mais qui permettra d'écouler les cd's de la B.A.). Quand je pense qu’on n’a même pas eu droit à une version stricte de l’intro de « Billie Jean » qui aurait pu être rallongée à gogo. Par contre, intéressant sur « Beat it », le solo dialogué de la guitare et d’un violoncelle électrique, joué par une amazone nippone débridée, usant de son archer comme Jimmy Page sur sa LesPaul ! (Eh Claude, t'en penses quoi de ma concertiste en talon aiguille ?). Donc, parfois des chansons entières, d’autres juste évoquées, ou mélangées. 


Ce qu’il faut préciser, c’est que la voix chantée est celle de Michael Jackson. C’est-à-dire que si l’orchestre joue, cela ne peut être que sur des bandes déjà formatées, il n’y a donc aucune digressions ou improvisation possibles. D’ailleurs, les numéros d’acrobates étant réglés sur la musique, on sait que les artistes vont devoir suivre un déroulé ultra précis. On a du mal à comprendre la démarche, pourquoi ne pas utiliser des bandes play-back, les originaux, ou carrément ré interpréter les chansons en scène ? L’aspect hybride de la chose est assez déroutant.

La partie cirque justement, est fidèle à ce qu’on en attend. Je n’ai rien vu d’innovant, les numéros sont les mêmes qu’au Plus Grand Cabaret du Monde du grand bonhomme en mousse, exécutés bien sûr avec un professionnalisme sans faille, le boulot de synchronisme étant assez bluffant. Ce qui change ici, ce sont les moyens mis en œuvre, les décors et lumières qui habillent le numéro. Pas toujours de très bon goût à mon sens, mais parfois spectaculaires à souhait. Il y a un truc qui m’a bien plu : quatre danseurs en tiennent un cinquième, à bout de bras, le lancent en l’air, le rattrapent. Lorsqu’ils se détournent, frisson dans la salle : le cinquième mec va s’écraser la gueule ? Sauf qu’il rebondit, à plat, sur un trampoline invisible à l’œil nu et installé en douce. Car le spectacle marche aussi comme un tour de magie, le close-up, le prestidigitateur qui attire votre attention d’un côté, pendant qu’il truque de l’autre. Pareil ici, si les projos braquent un endroit de la scène, dites-vous qu’il se prépare un truc ailleurs !

Les numéros de cirque sont filmés et les images projetées sur de grands écrans sur lesquels des effets vidéo sont rajoutés. Bonne idée, je déplore juste le manque de gros plans. Le spectacle est conçu pour les grandes salles, on vise le plan d’ensemble, au dépend parfois de numéros plus intimes, noyés dans la masse des effets spéciaux. Je pense aussi que les jeux de lumières ne sont pas assez exploités, ce qu’ils peuvent créer comme illusion, au théâtre, sur un corps ou un visage, mais là encore, le gigantisme du lieu n’est pas propice. Je n’ai pas trouvé les costumes extraordinaires, droits issus des années 90 ou des films de SF des années 50 ! Mais plusieurs numéros sont réussis, dans l’obscurité, mettant en avant des costumes fluorescents, comme brodés de néons qui changent de couleurs ou clignotent comme des guirlandes de sapins de Noël. 

Au bout de 50 minutes, il y a un entracte, et les danseurs habillés en MJ (représentant les différentes périodes vestimentaires) piochent des spectateurs pour les amener devant le public, et leur apprendre une petite chorégraphie. Cette interaction, plutôt sympa, aurait pu aussi trouver sa place dans le déroulé du scénario. Il reste après une heure de show, les chansons défilent, les tubes, les autres que je ne reconnais pas (et y’en avait pas mal !) et toujours ces extraits de clip dont les éléments sont tirés et servent de base au numéro. 

Le fiston me glisse à l'oreille - et je lui fais confiance - que pas mal de numéros avaient été ébauchés dans THIS IS IT, le film sur les répétitions avortées (un bon documentaire d'ailleurs...). Ainsi, on retrouverait des éléments de mise en scène à priori prévus pour la tournée qui ne s'est pas faite, faute de combattant. 

On attend impatiemment « Thriller » pour voir débouler les zombies, et le cimetière est bien là, mais sans doute l’ambiance moins gore que l’original - pour ne pas effrayer le jeune public ? Il y aura aussi le gravity-land (le numéro de « Smooth criminal », quand les danseurs se penchent en avant sans tomber, comme De Funès dans RABBI JACOB après la cuve à chewin gum !). L’énigmatique lecteur de journal dans « Billie Jean » sera illustré par des types perchés sur des lampadaires, Ray-Ban et Borsalino de circonstance. Mais j’avoue que le final autour de « Billie Jean », le hit que tout le monde attend, ne m’a pas convaincu, les mythiques dalles noires et blanches qui s’allument sous les pas du danseur n’étant pas vraiment exploitées, il y avait là un univers graphique très connu qui n’a pas été vraiment transposé. 

Et puis parmi la panoplie de MJ, on insistera beaucoup sur l’Arbre de vie comme élément de décor,figure spirituelle chère à notre disparu, ainsi que sur ses mocassins, présents sur scène, pointure 154, avec des types dedans ! (voir au centre de la première photo) ou le gant de diamants, de deux mètres de haut. Autre personnage récurrent, un singe (enfin, un type déguisé en…) qui d’ailleurs est à l’honneur de la dernière chanson « Black and white »... No comment. C’est sympa de finir un hommage à Michael Jackson sur un chimpanzé déguisé en marin ! Au moins aura-t-on découvert le point commun de Jackson avec l'acteur Michel Simon... Mais en fait non, l’ultime image est celle de notre monsieur Loyal (un smurfer à casquette, est-ce représentatif du public de MJ ?) qui, au centre de l’avant-scène ovale, se coiffe du chapeau de la star, enfile son gant, et reste dans la lumière, sous les applaudissements des admirateurs en transe.

Bien sûr que je ne suis pas le client idéal pour ce genre de spectacle. On reste un peu sur sa faim, vue la réputation des spectacles habituels de cette compagnie. Reconnaissons que les numéros sont inégaux, pas toujours très cohérents entre eux (c’est même parfois bordélique), qu'il émane une certaine mièvrerie de l'ensemble, et que l’angle choisi pour représenter Michael Jackson ne me semble pas le plus pertinent. Reste un show parfaitement réglé, un boulot de logistique que j’imagine colossal, une ambiance bon enfant, une grande fête colorée, fraternelle et rassembleuse, qui veut tendre à l’universel (belle idée que ces drapeaux de pays dont on a mélangé les motifs). 

En oubliant tout simplement que Michael Jackson était avant tout un artiste (complet) de talent, mais totalement cornaqué, dirigé, broyé, qui, passées quelques années d’intense création, s’est englué dans un dédale de croyances fumeuses, paranoïaques, et des brouettes de psychotropes sur ordonnance, à la merci d’un entourage de charognards cupides que n’aurait pas renié le colonel Parker, autre killer’s king funeste ! Et que ses derniers albums sont une suite de ballades eurembi tout justes bonnes pour Jennifer Lopez. A force de vouloir tout blanchir, MJ a réussi l'exploit de vider la musique Noire de sa substance. Mister "I'm black and I'm proud" Jams Brown : pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ! 

Mais ça, au Cirque du Soleil, on préfère ne pas en parler. Comme on entendait le dire dans L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALENCE de John Ford : "quand la légende est plus belle que l'Histoire, on imprime la légende"...

Bon, vous imaginez bien que je n'ai pas trop d'images inédites à vous proposer (je n'ai pas de aië-foune-galaxy-quatre-esse-écran couleur comme la moitié des spectateurs ce soir-là...). Voici une bande promo.

Et puis parce que même sans être ma cup of tea, j'aime bien cette chanson-là...Le clip est tout de même impressionnant.


4 commentaires:

  1. pat slade19/4/13 11:53

    Comment as tu vus que j'ai eu un petit sourire (Ironique) ? Et puis ma progéniture n'a pas 28 ans , mais bientôt 13. Pour ce qui est de M.Jackson, no comment !

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  2. C'est l'époque des coming-out ? Qui c'est qui va parler de Sheila ?

    Euh, le coup du singe, c'est parce que MJ en avait un, Bubbles ou un truc du genre il s'appelait ... Alice Cooper avait bien un boa, après tout, et Dutronc un machin qui faisait crac-boum-hue ...

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  3. Quant à la violoniste Hilary Hahn, ma petite chouchoute ;o), elle voyageait avec une souris apprivoisée nommée "Mars".
    Voyageait dis-je, car la bestiole ne fait plus partie des tournées... Lors d'une évasion dans un avion, le charmant rongeur s'était mis en tête de "bouffer" des câbles...

    Il parait que désormais, Hilary trimbale une batterie d'équipements ménagers : mixeur pour les smoothies, une passoire, une planche à découper flexible, un couteau et une cuisinière pour préparer des petits plats.

    Qui a dit que les artistes "classique" sont uniquement des bêtes à concours ? ;o)

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  4. J'adore ce suédois avec des bas noirs, c'est un des rare a avoir mis la Pop/Funk au son du Hard Rock... Il y a des montures dans le Hard qui ont concouru à son ascension... Et puis j'aime bien quand il remonte son sac à patates...

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