China Moses a de qui tenir. En effet, elle est la fille de
l'immense chanteuse Dee Dee Bridgewater dont le père lui-même était
trompettiste de jazz, autant dire que la musique est génétique dans la famille.
Je ne vais pas revenir sur la carrière de Dee Dee qui a chanté avec les plus grands de Ray Charles à Horace Silver en passant par Sonny Rollins, Dexter Gordon ou Dizzy Gillespie, je vous conseillerai son "Live in Paris", un de mes disques de chevet.
Je ne vais pas revenir sur la carrière de Dee Dee qui a chanté avec les plus grands de Ray Charles à Horace Silver en passant par Sonny Rollins, Dexter Gordon ou Dizzy Gillespie, je vous conseillerai son "Live in Paris", un de mes disques de chevet.
China a débuté par des sons plus modernes, hip hop,
R'n'B et plusieurs albums dans ce genre,
et se consacre également à la radio et la télé où elle anime des émissions.
En 2006 elle
rencontre avec la pianiste de jazz Raphaël Lemonnier et ensemble ils
vont rendre hommage à Dinah Washington
dans un spectacle, "Gardenias for Dinah", puis un album
"This one is for Dinah" en 2009. Le présent album la voit rendre
hommage à d'autres grandes dames, toujours accompagnée de Raphaël Lemonnier
(piano, arrangements), plus Fabien Marcoz (basse), Jean Pierre Derouard
(batterie) , tout plein de cuivres et d'invités au fil des titres.
Par cette démarche China veut retrouver les racines
populaires du jazz, il fut en effet un temps où celui-ci était grand public et
où ses vedettes (Billie, Dinah, Bessie) étaient de vraies stars qui faisaient
les unes et vendaient, c'était il y a bien longtemps... avant Lorie et Justin Bieber...
"Resolution blues" qui ouvre est un titre de Dinah Washington, un blues lent
somptueux où l'on note de suite la
superbe voix de China, le jeu de piano de son partenaire, et un grand solo de
sax de Luigi Grasso. Dinah sera mise à l'honneur une seconde fois avec le
poignant "You're crying" (Léonard Feather, arrangé par Quincy Jones, à écouter sur le sublime "The swingin' Miss
D" que j'ai déjà chroniqué,(clique ici ), avec un arrangements de cordes inédit de Jean
Claude Ghrenassia qui fait monter le final en tension.
"Why don't you do right" est un classique,
signé Joe McCoy (le mari de Memphis MInnie) en 1936 et interprété en premier
par Lil' Green, puis Peggy Lee, Ella, Ruth Brown entre autres, une pièce
swinguante irrésistible avec des cuivres à profusion et un solo de sax de
Pierrick Pedron.
"Crazy blues " qui donne son titre à l'album
est un morceau historique, premier blues enregistré par une chanteuse noire, Mamie Smith, et
gros succès qui permit à d'autres
"blues singers" de se faire signer.
Une complainte où la voix de China est mixé "vintage" et avec en invité le sax
de Daniel Huck. Celui-ci qui sera aussi du suivant "Cherry wine", beaucoup plus
"jump" blues, interprété en 1953 par Esther Phillips, avec en invité
au chant Sly Johnson et une belle partie de cuivres.
"I just want to make love to you", non ce
n'est pas une proposition à mes lectrices groupies grappées devant les grilles
du Deblocnot, mais le fameux titre de Willie Dixon immortalisé par Etta James
(et Muddy Waters, et encore Foghat, Chuck Berry et bien d'autres!), dit comme
ça on ne peut pas dire non à cette belle version sensuelle et swinguante.
Mais puisqu'on parle des grandes dames de la chanson on ne
peut pas oublier Nina Simone (ci contre) et elle est représentée ici avec 2 titres, "Work song"
(Oscar Brown, Nat Adderley), un titre chargé d'histoire, sur l'esclavage, on
connaît l'engagement de Nina, et un "Just say I love him",
chargé d'émotion, avec un beau passage de trombone (Bastien Ballaz). Deux autres reprises sortent du monde du jazz,
le "Hot Stuff" de la reine du disco Donna Summer façon shuffle ça le
fait bien et enfin "Move over"
de Janis Joplin, une cover puissante, piano et violoncelle en vedette.
Il y a également 2 compos nouvelles qui ne déparent pas,
"closing
time", co-écrit avec Hugh Coltman (The Hoax, groupe blues rock
anglais) qui partage le chant avec China, blues lent sur les "oiseaux de nuit" à l'heure de la fermeture
des bars et un "The mailman the
butcher and me" enlevé, clin d'œil aux personnages de
chansons, avec un solo de basse (Cedric Caillaud). Ne pas oublier un bonus
caché à la fin du dernier titre ("Move over").
Mission réussie donc pour ce bel hommage qui ne tombe pas
dans le piège de la copie mais au contraire sonne moderne grâce au soin apporté
aux arrangements, au chant dynamique, de velours mais qui sait aussi sortir les
griffes, et à la qualité des musiciens présents. Un très bon moment, à
prolonger sur scène avec d'autres
titres non présents sur l'album de
Bessie, Aretha, Billie, Helen Humes, Ann Peebles, Ma Rainey, les Suprêmes...
un "Cherry wine" bien arrosé:
un "Cherry wine" bien arrosé:
Un très bel album! ça ne pouvait pas échapper à Rockin.
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