mercredi 10 avril 2013

BLEECH " Nude " (2012), by Bruno


Do you know Bleech ? Non ? Ben, moi non plus jusqu'à ce que le skeud me soit remis par mon facteur préféré, envoyé en express par le Déblocnot.

Et sans l'ouverture d'esprit du mag virtuel, je n'aurais sans doute jamais fait la démarche par moi-même, étant – peut-être à tort – échaudé par tout ce qui se réclame du Rock alternatif. A mon sens, appellation fourre-tout, synonyme d'un Rock qui manque d'âme et qui se donne parfois des airs faussement intellectuels. Toutefois, je le concède, une généralité qui n'a pas nécessairement de réels fondements.
En bref, à l'évocation des mots Rock Alternatif, je suis plutôt du genre circonspect.
   

 Or, voilà t'y pas que cette petite galette, sombrement baptisée « Nude », regorge de saines vibrations.

     Bleech est un trio Londonien, créé par deux jolies donzelles, les sœurs O'Neill qui se sont adjoint les services d'un copain d'école pour le placer derrière les fûts. Le gars en question, Matt Bick, ayant d'autres cordes à son arc, mais avec Bleech ce sera la batterie ; toutefois, on peut le voir empoigner une guitare lors de sets acoustiques ou semi-acoustiques.

     Bleech délivre un Rock frais, spontané, mélangeant avec aisance une énergie Punk-rock à des mélodies Pop efficaces.
     Certaines saveurs évoquent irrémédiablement le travail de Melissa Auf der Maur. Le timbre de voix de Jennifer A. O'Neill, entre fausse fragilité et conviction inébranlable, y étant certes pour beaucoup, mais la manière d'aborder sa Gibson 335 (ou de sa réplique par Vintage) et d'y plaquer ses accords peuvent également y faire référence. Dans le cheminement, on pourrait faire le lien avec les titres les plus Pop de Hole, toutefois Courtney a un timbre bien plus rauque et âpre, et un chant plus désinvolte et agressif.
On peut aussi faire la comparaison avec la musique des irlandais de Ash, en moins cossue toutefois, ces derniers frôlant de temps à autre un Heavy-rock à la Cheap-Trick. Avec Feeder aussi (sans toutes les ornementations), ainsi que The Subways, pour qui Bleech à ouvert, voire Kings of Leon, Breeders et Foo Fighters. Sans omettre une pléthore de Brith-pop indie des 90's.

     Leur premier single « Is It True That Boys Don't Cry », sorti courant 2011 en vinyl, gagne son passage sur plusieurs radio. Le Ep de quatre titres qui suit leur sert de passe-port pour une tournée aux USA, et de carte de visite pour le Royaume-Uni, où il séduit assez rapidement une frange du public. Le mensuel anglais Clash élit « The Worthing Song » à la place honorifique de chanson du mois. Même Kerrang!, le magazine dédié depuis trente ans à la musique qui fait du bruit, a cédé aux charmes des O'Neill en juin dernier. N.M.E vante aussi les mérites du trio. Le batteur des Skun Anansie, Mark Richardson, Billy Lunn, le chanteur de Subways, et des personnalités des média anglais sont fans. Il n'y a là rien de surprenant car il faudrait être sourd, ou de mauvaise foi, pour ne trouver aucun attrait à ce sympathique trio.
     Grâce à des premières parties pour des groupes et artistes jouissant d'une certaine notoriété (dont Pete Doherty et Wolfmother), Bleech parvient à jouer dans des salles moins modestes et en conséquence à toucher un plus large public.

     En 2012, sort enfin ce premier album. Dès « Weirdo », on est happé par cet explosion de Power-Pop catchy vivifiante. Le titre suivant, au demeurant plus binaire, est vite rattrapé par un refrain bourré d'énergie et de conviction communicative propre à une jeunesse insouciante. « Mondays », si ce n'est le riff binaire qui est remplacé par quelques accords égrelés, présente le même cas de figure. Ce titre est repris par la BBC pour la série « Waterloo Road ».
« The Worthing Song » (issu de leur Ep) déballe leur facette Punk-rock, savamment habillée de sensibilité féminine, où l'on pourrait croire que Courtney Love est venue pousser la chansonnette.
     Cerise sur le gâteau : Bleech n'est pas qu'une machine, bien huilée, propice à concocter de bonnes sensations Power-Pop déversant sans ménagement leur dose d'électricité bienséante. En effet, « Flowerhands » repose essentiellement sur un simple arpège de guitare couplé à des notes détachées de basse ; ces deux reposant sur tissu vaporeux fait d'un violon et d'un violoncelle. Mark Flethman (Nine Below Zero, sur le dernier opus de Rory Gallagher, "Fresh Evidence", et sur un titre du précédent) vient déposer délicatement un court chorus d'harmonica plaintif. Mélancolie et nostalgie au programme. Plus parc anglais nimbé dans un brouillard d'automne que printemps chaud et fleuri. Une ambiance floue, vaporeuse, à la David Hamilton. Retour des enfants-fleurs de la fin des sixties.


« Adrelanin Junkies » aurait pu être une composition lambda d'un rock alternatif lorsqu'il se contente de copier ses aînés, ou de rabâcher des grilles conventionnelles, s'il n'y avait ce petit truc, ce petit plus, qui élève les chanson de Bleech au-dessus du lot. Est-ce la voix émotionnelle de Jennifer, tiraillée entre pudeur et passion, sa guitare qui sait tirer parti de ses faiblesses et de sa technique (d'apparence ?) rudimentaire, la basse de Katherine qui parvient au besoin à extraire des lignes mélodiques de ses câbles (de sa Fender Precision) ? Même Bick sait modérer ses ardeurs, varier sa frappe, pour servir les compositions – et non son égo – . En fait, qu'importe l'analyse, doit-on vraiment disséquer la musique ou la prendre telle quelle se présente et se laisser toucher (si affinités évidemment) par les émotions et les sensations qu'elle génère. Dans ce cas, Bleech réussit, sans forcer, sans matraquage médiatique d'aucune sorte, à charmer.

« Holidays » trompe son monde en débutant telle une ballade douce amère, mais avant d'atteindre la première minute, elle se mue en Power-Pop-rock aux Grunge, alliant une grâce féminine à un souffle chaud irradiant d'énergie électrique ardente.
« I Wanna Be Me » (également repris de leur Ep) balance un rythme furieux, à la fois vindicatif et entraînant.
« When I Get Old » renoue presque avec l'ambiance particulière de « Flowerhands » bien qu'étant ici nettement plus électrique. La sensibilité des O'Neill transpire à travers leurs instruments et la voix douce et sussureuse de Jennifer à la somptueuse chevelure de feu. Inspiration de fées – rockeuses - de Cottingley ?

« Dancing with Me » et « The Hippie And Me » représente à mon sens les deux points faibles de l'album. Enfin, c'est relatif, car ces deux pièces en apparence un tantinet moins habitées, comportent tout de même leur part de bonnes vibrations. Là encore, on retrouve la capacité de Bleech à pondre des refrains accrocheurs, jusqu'à en être parfois entêtants.

     On peut regretter un format, certes typiquement Pop, ou Punk, des chansons qui avoisinent les trois minutes – l'album atteignant juste les trente-huit minutes avec douze pièces – alors que certaines compositions auraient gagné, sinon à s'étirer, du moins à se doter d'un couplet en plus, de quelques mesures supplémentaires, ne serait-ce que pour prolonger le plaisir. Mais le credo de Bleech, c'est d'aller droit à l'essentiel – sans pour autant réduire ses compositions à quelque chose de binaire, de primaire - ; d'ailleurs les soli semblent proscrits.

     Avec Bleech, la terre anglaise n'a pas fini de faire germer de la bonne Pop, qu'elle soit fortement ou non imbibée de Punk ou/et de Rock, et de nous enchanter avec.






shocking

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