- B'jour M'sieur Claude…
Tiens ça me dit quelque chose cette pochette… Mais vous avez déjà commenté ce
CD, heuuu : amnésie ? grand âge ?
- Vous voilà bien
impertinente ma petite Sonia, et observatrice aussi. En effet, j'avais déjà
commenté la 5ème symphonie. Aujourd'hui, épisode 2, avec la 7ème…
- Oh, désolé M'sieur
Claude, une symphonie de Beethoven c'est toujours du sûr… mais pourquoi ne pas
proposer un autre interprète, pour changer ?
- Et bien parce que ce
CD est la compilation de deux LPs parus dans les années 70 et, dans les deux
cas, un must pour ce couplage…
Cette
7ème symphonie est presque aussi célèbre que la 5ème
symphonie et son thème introductif planétaire "Pam Pam Pam Paaaam".
L'allegretto en forme de marche, qui fait office de second mouvement, a été
exploité jusqu'à plus soif par la pub et même le cinéma avec pas
moins de 32 films (merci Wikipédia) : de Zardoz
de John Boorman à La marche de
l'Empereur, ou encore des Hommes et
des Dieux…
Ah
! et surtout ne pas oublier la variété où Johnny Halliday et Michel Sardou se
sont brillamment illustrés dans deux "chefs-d'œuvre" du genre. Le jojo rugit un
texte oubliable de Philippe Labro !?
"Poème
sur la 7ème", baratin hyper dramatique et hyper abscons,
donc hyper hors sujet. Bon j'arrête de me moquer et on se fait une séquence
nostalgie début 70'… J'adore le coup de klaxon du départ...
-
Et Michel Sardou, M'sieur Claude ?
- Heuuu, Beethoven semble
absent dans sa chanson "Beethoven", et puis je ne veux pas perdre ma place
au Deblocnot… |
Les
boss du Deblocnot' et ma directrice de publication, voire certains lecteurs,
m'ont demandé d'écrire des articles moins longs et plus simples. Donc, pour la
biographie du fougueux, génial et malentendant compositeur, grâce à qui la
musique a basculé du classicisme au romantisme, je vous renvoie aux articles
déjà consacrés à Ludwig van B : Le concerto l'Empereur, le concerto pour violon et surtout les symphonies N°5,
précisément par les Kleiber père et fils, et
récemment, la 3ème dite héroïque par le prometteur Gustavo Dudamel…
Quant
à Carlos Kleiber, fils incompris et humilié du
psychorigide Erich Kleiber, c'est dans
l'article sur la 5ème
symphonie que tout est dit. Pour résumer : Carlos
Kleiber (1930-2004), homme fantasque et écorché-vif, est
l'exemple du chef qui abordait volontairement un répertoire réduit, mais en
recherchant la perfection absolue de l'interprétation. Il détestait le disque
qu'il considérait comme réducteur. Et pourtant le disque que nous évoquons
aujourd'hui est une belle exception. Il y en a quelques autres, tous parfaits,
notamment par la qualité de la prise de son, ce qui est logique par rapport aux
exigences de fidélité sonore du maître. Il existe aussi un nombre infini de
Live de concerts.
-
Mais M'sieur Claude, s'il faut lire 4 articles, ce n'est pas plus court !!!
- Bon Sonia, ça suffit
ce matin !! C'est facultatif, uniquement pour les curieux, grrrrr
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
La
7ème
symphonie a été écrite en 1811
et 1812, même si le célèbre
allegretto a été ébauché en 1806. Beethoven travaillait toujours sur deux
symphonies à la fois, cherchant peut-être à opposer dans son esprit le drame et
la joie de vivre. C'est assez vrai si on compare la violence tragique de la 5ème face
au climat bucolique de la 6ème "pastorale". C'est
moins net avec les 7 et 8, l'une bien que fougueuse n'ayant rien de tragique,
l'autre, plus courte, présentant des réminiscences du divertissement classique.
Malgré
son handicap, c'est Beethoven lui-même qui
assure la création en décembre 1813
(tiens encore un bicentenaire après celui de Wagner)
et ce sera… un triomphe. L'ouvrage sera rapidement repris dans les concerts
européens. Puisque je citais Wagner
juste avant, il faut savoir que celui-ci a donné son surnom à la symphonie :
"Apothéose
de la Danse". On comprend vite pourquoi en écoutant le
déchaînement rythmique de cette partition. Beethoven
semble tourner le dos aux affres et interrogations existentielles qui inspirent
les symphonies précédentes, pour revenir à la musique pure, une musique moins
cérébrale mais qui assurément suggère le ballet ou les folles soirées à Vienne.
La
symphonie comprend 4 mouvements organisés d'une façon on ne peut plus classique.
L'orchestration est aussi classique : 2/2/2/2, 2 trompettes, 2 cors, cordes
et timbales. On ne peut pas faire plus économique.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Bon,
je suis désolé, le visuel de la vidéo est grotesque : une carte de vœu pour
gamine nubile ! Mais nous sommes bien à Vienne (p**n ces cors !), c'est un live
de 1982 et on bénéficie de l'inimitable style
Kleiber… Le tempo est un poil plus soutenu
que lors de l'enregistrement officiel de 1975 surtout le premier mouvement. Ce qui donne :
[0]: Poco
sostenuto – Vivace ; [11'03"] : Allegretto ;
[18'45"] : Presto – Assai meno
presto (trio) ; [26'57"] : Allegro con brio
1 - Poco sostenuto –
Vivace :
Comme dans la 5ème, on se prend le premier accord en tutti et en pleine
tête. Un simple accord (premier temps) suivi d'un soupir… L'effet est d'autant saisissant
qu'une introduction calme, lente et plutôt longue va suivre. Une exception chez
Beethoven qui n'a jusqu'alors jamais commencé
une symphonie par une ouverture d'une telle durée. Cet accord est repris 4
temps plus tard. Entre les deux et après, les premiers thèmes allègres
tournoient entre les bois et les cordes. Un dernier motif [3'20"], chanté
par le hautbois et le basson, termine cette ouverture, et nous amène à l'énoncé
du principal thème, joyeux, dansant et martial [3'50] qui sera le leitmotiv du mouvement.
[4'20] Sans transition, le "vivace" explose à partir de ce thème.
Bonne occasion d'entendre l'énergie des cors de la philharmonie
de Vienne, cors réputés les meilleurs du monde en ce temps-là. Carlos Kleiber équilibre rythmes et
pupitres avec une précision diabolique, sans pathos. Le brio beethovénien va se
déchaîner jusqu'à la coda. Jamais le maître n'apparaît aussi énergique et
chorégraphique dans son écriture. [13'00] Carlos Kleiber
nous propose une coda véritablement orgiaque !
2 – Allegretto : On ne
présente plus ce morceau aux allures de marche et au tempo plus rapide que dans
les autres symphonies, je parle du mouvement lent. Beethoven
nous entraîne dans une danse galante. Le crescendo qui s'élance durant les deux
premières minutes se fait nocturne et langoureux. Dans le développement central,
le rythme de base est assumé par des altos en pizzicati. Ce rythme obsédant va
ensuite être assuré soit par la nature de la mélodie elle-même, soit par les
timbales. Il y a des oppositions entre nostalgie et mystère dans ces 8 minutes
d'une musique qui va droit au cœur, ce que Beethoven
désirait le plus, à savoir : toucher le public avec simplicité et évidence. Cela explique
sans doute la popularité du morceau…
|
3 - Presto – Assai meno
presto (trio)
: Ou comment transcender le menuet incontournable. Avec sa vivacité, son rythme
implacable et ses syncopes, le presto initial du scherzo est tout sauf un
intermède obligé par la forme. Il dure même un peu plus longtemps que l'allegretto.
[2'12] Le trio se fait plus charmeur malgré ses puissantes et éclatantes
mesures centrales. Et puis Beethoven
innove dans cette forme classique en concluant son Scherzo sur la reprise du
trio et quelques violents accords ultimes qui… introduisent l'esprit du final. Carlos Kleiber s'amuse dans cette folle
course-poursuite entre notes et instruments. C'est vivifiant mais sans aucune
sécheresse et surtout sans aucune emphase romantique qui engluerait le phrasé. Beethoven ne cherche-t-il pas, dans cette
composition, a revivre sa jeunesse, à la fin du XVIIIème siècle,
à l'époque de Haydn et de Mozart, et surtout à l'époque où il n'était pas
obligé de communiquer en écrivant… des petits papiers, faute d'entendre suffisamment ?
Écrire une musique sans rien entendre ou presque, vous, je ne sais pas, mais moi
ça me laisse méditatif…
4 - Allegro con brio : De la pure
folie. Les accords syncopés ouvrent les hostilités. Un thème furieux résolu pas
une sonnerie des cors leur succèdent. Ce début laisse la place à des phrases moins vindicatives et
moins rythmées. Oh, ça ne dure pas. Beethoven lance ses forces dans un
maelstrom musical qui semble juste reprendre son souffle de-ci de-là. Les
appels de cors sont si cuivrés que, même si on ne le sait pas, les habitués devinent
immédiatement que nous sommes à Vienne.
Cette ivresse sonore se prolonge jusqu'à la furie des derniers accords, conclusion
dans laquelle Carlos Kleiber
évite tout accelerando, et ce souci du bon goût est bien la marque du grand
chef.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Ben,
pour les enregistrements concurrents, on reprend un peu toujours les mêmes : Furtwängler, Karajan
avec 4 versions (je préfère celle de 1963). N'oublions pas Gustavo Dudamel qui a commencé sa carrière discographique avec les 5
et 7 chez Dgg. Et puis on rajoutera à cette liste Fritz
Reiner, Claudio Abbado, Klemperer, et bien d'autres, mais c'est
incontestable (et peu contesté), le disque Kleiber
par son énergie contrôlée reste un sacré must pour cette symphonie trépidante !
la version de Kleiber oui ! Mais je préfère celle de Klemperer l'allegretto est un petit poil plus lent. Quand à celle de Johnny Hallyday...... je n'en parlerais même pas.
RépondreSupprimerDîtes M'sieur Claude, c'est quand même pas parce que c'est celle que je préfère que vous dîtes qu'elle est moins cérébrale que les autres cette symphonie de Beethoven? Après tout qu'importe, pour écouter de la musique, les oreilles sont plus utiles que le cerveau! la preuve, même Jonnhy a su l'apprécier, mais ce mec là, il saccage tout ce qu'il prétend aimer.. (y a qu'à l'entendre chanter le blues pour s'en rendre compte ..)
RépondreSupprimerquoi qu'il en soit, la version de Carlos Kleiber est très belle.pour suivre le conseil de Pat, je vais essayer d'écouter aussi celle de Klemperer.
Très bonne idée Sonia, l'intégrale Klemperer avec le Philharmonia est sur Deezer. Le geste est ample, la rythmique implacable. La battue encore plus directe que Kleiber.... c'est tout dire. Quelle grandeur...
RépondreSupprimerhttp://www.deezer.com/fr/album/1557825
En musique "moins cérébrale" est tout sauf un défaut...