Alvin Lee (né Graham Alvin Barnes) 19/12/1944 - 06/03/2103 |
68 years after....
Alvin Lee s'est éteint le 6 Mars 2013 à 68 ans, en Espagne où il résidait, des suites de complications d'une opération chirurgicale dite "de routine". Il devait passer à L'Olympia le 7 Avril en compagnie de Johnny Winter. Espérons que Johnny y sera ..
Au sommet de sa carrière musicale dans les années 60 et 70, Alvin Lee était présenté alors comme le guitariste le plus rapide en activité (le 1er "shredder" ?), certains journalistes l’affublèrent même du surnom de "guitariste moulinette", un guitariste de blues et de rock capable de jouer avec la rapidité et la virtuosité d'un musicien de jazz. Issu de la seconde vague de la "British invasion" et après des débuts timides en Angleterre avec son groupe Ten Years After, il devient le "guitar hero" numéro 1 après sa prestation incendiaire à Woodstock en 1969. Il quittera le groupe en 1973 après une dizaine d'albums pour une carrière solo qui le vit enregistrer une quinzaine d'albums, le dernier en 2012.
Né le 19 décembre 1944 à Nottimgham d'un père maçon et d'une mère coiffeuse, le jeune Graham Alvin Barnes va baigner dans la musique grace à la collection de disques de son paternel où l'on trouve du blues (Muddy Waters, Big Bill Broonzy..) mais aussi du jazz de la Nouvelle Orléans ou du boogie woogie. Ce n'est pas par la guitare qu'il débuta mais à 12 ans à la ...clarinette, qu'il va abandonner au bout d'un an en découvrant de grands guitaristes comme Charlie Christian. Dès ses 13 ans il embrasse la carrière de musicien professionnel, d'abord au sein d'un théâtre itinérant où son numéro s'appelle "Alvin Lee and his amazing talking guitar" (Alvin Lee et son étonnante guitare qui parle). Fin des 50', début des 60's il jouera dans différents groupes dont Vince Marshall and the Square Caps, The Atomites, Ivan Jay and the Jay Men, The Jay Cats, Alvin and the Jaybirds, les Jaybirds qui joueront notamment 5 semaines au Star Club de Hambourg (celui qui vit passer aussi les Beatles, Cream ou Hendrix) avec ce dernier groupe Alvin ne se contente plus de tenir la guitare, il se met en outre au chant.
Les choses se précisent quand Alvin et son pote le bassiste Leo Lyons recrutent le batteur Ric Lee qui vient du groupe The Mansfields puis le clavier Chick Churchill.
Suivant la voie du blues qui explose sur la scène londonienne à l’exemple des Bluesbreakers de John Mayall, le groupe change son approche musicale et change de nom également, d'abord Blues Trip, puis Blues Yard avant d'adopter Ten Years After. Toutefois si le blues est le socle, ils ne se contentent pas d'une copie fidèle, il est au contraire déconstruit et reconstruit avec beaucoup d'effets, de bruitages parfois, de créativité qui distingue le groupe de la production courante du mouvement "British Blues", le tout parsemé de fulgurants solos, écoutez ses versions des standards "Spoonful", "Help Me" ou 'I Keep From Crying Sometimes"(Al Kooper). Le riff qui tue est également leur marque de fabrique, comme sur "Love Like A Man" ou "Hear Me Callin'".
Ten Years After |
Ils se font remarquer pour leurs prestations au Marquee Club et au festival de jazz de Windsor en 1967 et signent un contrat avec la maison de disque Decca. Quatre albums en deux ans vont suivre: "Ten years after" (1967), "Undead" (live 1968), "Stonedhenge" et "Ssssh" (1969), puis va arriver le fameux Woodstock qui sera le déclic et fera basculer le groupe et surtout son guitariste dans la légende. La séquence filmée de leur "Going Home" permit de propulser du jour au lendemain TYA au rang de groupe incontournable. A noter que le groupe ne fut assuré de jouer qu'au dernier moment, en raison de la pluie, la boue ... et du bordel ambiant qui régnait, à quoi ça tient le destin...Toujours est il qu'il a joué et qu'à la fin de "I'm Going Home" Lee était passé au statut de légende et incarne des valeurs de paix et d'amour, contrastant avec son jeu musclé, un des succès du groupe sera ainsi "I'd Love To Change The World"...
Comme bon nombre de groupes de cette époque, à force d'être soit sur la route, soit en studio, Ten Years After finit totalement éreinté. L'ambiance au sein du groupe en pâtit et se désagrège. Alvin en a assez de devoir jouer à chaque concert "I'm Going Home", il souhaite aborder d'autres horizons musicaux, ce qui n'est guère du goût de ses collèges, en particulier celui de Leo Lyons. L'accueil mitigé du dernier opus, "Positive Vibrations" (disque parfois occulté par les fans), ne fait qu'envenimer les relations déjà tendues.
Ainsi, après encore 5 albums studio réalisés de 1970 à 1974 ("Criklewood Green", "Watt" , "A Space In Time" (clic ici), "Rock'n'Roll Music To The World", "Positive Vibrations") plus le mythique "Recorded Live" (1973) le groupe se sépare et Alvin aborde une carrière solo.
Ten Years After se reformera en 83, pour une tournée, puis à nouveau en 1988. Un dernier album, "About Time", avec la mouture original, est réalisé en 1989. Une participation à un festival en 1994, puis plus rien. Alvin refuse systématiquement toutes les propositions de Leo Lyons de reformation, arguant que TYA appartient désormais au passé. Lee et Lyons finissent pas se fâcher. Lyons reforme Ten Years After en 2002 avec un jeune guitariste, Joe Gooch, en lieu et place d'Alvin Lee.
Ironie du sort son dernier album en 2012 s'appela "Still On The Road To Freedom", la boucle était bouclée.
De 73 à 86, Lee mène une carrière en dents de scie, alternant le bon avec le passable, certains disques sortant parfois dans l'indifférence générale. L'engouement pour un des héros de Woodstock est désormais bien loin ; pourtant, on trouve encore de jeunes guitaristes, des années 80 et même e la décennie suivante, qui se réclame de son héritage (y compris chez les fondus de la NWOBHM, accros des murs d'amplis et des "potards sur onze").
De ses enregistrements des années 70, deux sont à retenir : "Let it Rock", excellent de bout en bout (sans doute ce qu'il a fait de mieux en dehors de TYA), et le double live "In Flight" (avec Mel Collins au saxe et à la flûte) comportant du matériel neuf où se sont perdues quelques reprises d'Elvis Presley. L'ambiance générale de ce concert est Rock'n'Roll.
La parenthèse "Ten Years Later" (ce patronyme...) par contre, en dépit de quelques sursauts, est parfois proche de la caricature (reprendre "I'm Going Home" sur la face live, ne peut être que le reflet de chercher un moyen pour reconquérir un public, de rallier les fans de TYA).
En 1980 il fonde le Alvin Lee Band, avec Steve Gould (ex-Rare Birds), qui est assez bien accueilli par la critique. Deux disques non négligeables, à écouter (les avis divergent), "Free Fall" et "RX5". Mick Taylor rejoint la formation lors de la tournée de 1981 ; on peut retrouver sur le net des extraits fumants de cette courte collaboration (des bootlegs ont circulé).
En 1986, Alvin tente de prendre le train en marche d'un Heavy-boogie-rock chromé propulsé par le ZZ-Top d'"Eliminator". La transition est aisé pour Alvin qui ne fait que rajouter quelques synthés cossus et épaissir le son de sa ES335. "Detroit Diesel" a encore aujourd'hui ses ardents défenseurs.
Vers la fin des années 80, Miles Copeland (le frère de Stewart) a l'idée de remettre en scène des anciennes stars de la six cordes. Alvin surprend son monde avec un "No Limit" terriblement moderne et original (un des sommets de l'album "Guitar Speak" et du live qui suivra, "Night of the Guitar", où l'on retrouve, entre autres, Pete Haycock, Leslie West, Randy California, Steve Howe, Ted Turner).
Malheureusement, l'album suivant, "Zoom", ne suit pas cet excellent exemple.
Quoi qu'il en soit, plus jamais Alvin ne parvient à approcher, même de loin, la flamboyance de TYA (à l'exception de "Let it Rock"). Malgré tout, il conserve son aura, et ses concerts attirent toujours du monde.
Lors de sa carrière solo, Alvin aborda beaucoup de genres, n'hésitant pas à se faire plasir, rockabilly (2004 "Alvin Lee in Tennesse" avec Scotty Moore et DJ Fontana les accompagnateurs d'Elvis), funk, rythm'n'blues, blues, blues rock musclé, et multipliera les collaborations, jouant par exemple avec Earl Scubbs ou Jerry Lee Lewis sur les "London Sessions" du "Killer".
Il restera un des plus formidables gratteux qu'ai enfanté la perfide Albion et il y en a des fameux (la trilogie Clapton-Beck-Page déjà..) et au delà du cliché de guitariste le plus rapide de l'Ouest qui l'a à la fois servi et desservi. Servi car il a fait sa carrière là dessus, et desservi car l'a enfermé dans un style, le public lui réclamant toujours plus de démonstrations et l'a sans doute éloigné des "puristes" du blues. Il regrettait également après Woodstock être passé des petites salles aux stades.
Rockin-Jl qui a eu la chance de la voir 3 fois en concert se rappelle: " Déjà je me remémore les affiches, car j'en ai eu une dans ma chambre pendant des années, annonçant "The Woodstock hero" et " The faster guitarist in the world", ensuite son look plutôt viril, plus "Rambo du rock" que dandy, et de show très rock'n'roll carré . Je me souviens aussi d'un public de connaisseurs, connaissant son "Recorded live" sur le bout des tympans, aux premières notes de "I'm Going Home" on a frôlé l'émeute au CAC de Concarneau, pourtant bien calme d'ordinaire. Et ce silence religieux puis ce murmure à l'intro de "Keep From Crying Sometimes" , et un "Choo Choo Mama" de folie en rappel suivi d'un medley de Chuck Berry décoiffant.... autant de souvenirs qui ne s’effaceront jamais de mon cerveau..."
Indissociable de l'image de son propriétaire, la fameuse Gibson 335 de 1959 customisée d'Alvin, avec ses auto-collants "Peace & Love". La "Big Red" originale était déjà estimée il y a 4/5 ans, à 500 000 dollars. Alvin l'avait acquise à 16 ans pour 90 dollars.
Depuis des années, il utilisait des répliques (en tout point identiques, décalcomanies y compris) pour la scène.
Merci pour tout Monsieur Alvin Lee. RIP.
Depuis des années, il utilisait des répliques (en tout point identiques, décalcomanies y compris) pour la scène.
Merci pour tout Monsieur Alvin Lee. RIP.
un petit show pour une télé danoise en 1994: "Keep on rocking" -"I hear you knocking"- "I'm Goin'home" :
Mes préférés : "Ssssh", "Rock and roll music to the world", "Stonedhedge", "Cricklewood green".
RépondreSupprimerJ'ai toujours été un peu déçu par le live, je ne sais pourquoi (il se disperse, se dilue trop ?).
Ma découverte du groupe eut lieu avec "Ssssh" et "Rock and roll music to the world". J'avais 14 ans. Une fascination pour l'album "Ssssh" : les compositions, les sonorités étranges, la pochette psychédélique marquante avec la belle photo du groupe au verso (il a fallu attendre plusieurs rééditions CD avant de la retrouver, celle-là !). Et puis les deux minutes de ce morceau magnifique, sobre, poétique, introverti (si j'osais : aux sonorités "humides") : "I Don't Know That You Don't Know My Name".
Fascination aussi pour "Rock and roll music to the world" : l'album de la maturité, très maîtrisé, où pointe comme un désenchantement, une désillusion.
Souvenirs cocasses à propos de "Ssssh", quand il fallait en parler aux copains (et donc le nommer) :
- "Tu connais l'album de Ten years after avec la pochette rouge ? Il est excellent ! Vraiment génial !"
- "La pochette rouge ? Je ne vois pas... Il se nomme comment ?"
- "Mais si ! Tu sais, la pochette avec la tête d'Alvin Lee en surimpression, rouge et bleue..."
- "Mais c'est quoi le titre ?"
- "Bah tu sais bien ! L'album de 1969, là..."
- "Bah non, à priori j'vois pas ! P*tain, tu peux pas me dire le nom de l'album ? Ça devient lourd, là !..."
- "Bah tu sais, là... Ssssh."
- "Hein ?"
- "Shhhhs. Non, pardon, Ssssh..."
- "Quoi "Chut!" ? Pourquoi tu me dis "Chut!" ???
- "SSSSH !!!!!!!"...
- "Quoi "Chut" ? Pourquoi "Chut!" b*ordel ??? On nous écoute ?"
- "Méééééé nonnn, pas "Chut!", mais Ssssh, là. Ssssh !"
- "Schiiiiiiiiii ????"
- "SSSSH !!! Ssssh !!! SssssssssssssssssssssHHHHH !!!! Tu vois pas ? "
- "Cheuuuuu ?... "Steuuuuuiiii ? T'as bu un truc faisandé toi ou quoi ? T'es lourd. Vraiment la blague à trois balles... CHiiiiiiiiiiiii, ha! on s'marre ! B*ordel, on n'est plus à la maternelle, là, Christian. On est en quatrième ! Dans la cour des grands. Les sixièmes, les bleus, là, ils n’osent même pas nous regarder en face tellement ils sont impressionnés par notre stature ! Bientôt la troisième mon vieux, puis le lycée. À nous les petites anglaises ! Alors arrête tes conneries de gamin là, "CHiiiiiiSSS...", p*tain, t'es lourd !'
- "Ha, et puis merde tiens !... Va écouter Status quo et fous-moi la paix ! "...
Mais c'est super bien aussi Status Quo !
RépondreSupprimerEt bravo pour l'hommage.
Sacré Alvin ,tu nous manques déjà. Tu étais et tu resteras mon Guitar Hero.
SupprimerTout était prévu pour faire la fête avec toi le 7 av à l'Olympia.
C'est foutu ! heureusement tu nous laisses une belle brochette d'albums .
En tout cas bon boeuf là haut avec Gary ,Stevie,Rory ,Jimmy .......
Rock 'n Roll
Marrant le "Ssssh" des ados de récré. Parmi les pépites, il ne faut pas oublier "The Bluest Blues" qui est magistral.
RépondreSupprimerOui, "The Bluest Blues" est très bon. Mais il y a une raison : c'est tout simplement une compilation des titres les plus blues du Sir Alvin Lee. Avec une majorité de titres de Ten Years After (7/13) dont un est une reprise de Sonny Boy Williamson. Finalement une compil un peu malhonnête
SupprimerPourquoi malhonnête la compil? Qui a pour titre "Pure Blues" et non "The Bluest Blues" qui est un titre de "1994" d'A Lee. Moi je la trouve même bonne et la sors régulièrement, car je trouve que c'est un bon équilibre entre l'Alvin Lee de TYA et celui des albums solo. Et puis j'ai une nette préférence pour le côté bluesman du bonhomme!
RépondreSupprimerMalhonnête dans le sens où cette compilation faire la part-belle aux compositions de Ten Years After, alors qu'à première vue on pourrait croire (la photographie) qu'elle ne concerne que la carrière solo de Sir Lee.
SupprimerEt puis, elle donne l'impression que TYA n'était que Le groupe d'Alvin Lee. Même si Alvin était pratiquement le seul compositeur, on ne peut dénigrer le travail de Lyons, Churchill, et Lee.
Je chipote ? Je plaide coupable.
"Pure Blues" est une bonne compilation, mais j'aurais préféré une vraie compil d'Alvin. D'autant plus que les Best-of de TYA ne manquent pas.
C'est bien gentil tout ça! J'attends avec impatience un RIP sur la disparition de l'icône du rock californien Georgette Plana! Réveilles toi Rockin!
RépondreSupprimerFaudrait voir à diversifier un peu les sujets!
euh...je mets Philou sur le coup, c'est lui le spécialiste du rock californien.....
SupprimerAlvin Lee, c'était le Patron. Je devais aussi aller à l'Olympia. J'y étais en 2008. Je lui ai
RépondreSupprimerserré la main. J'étais à Avoine en 2009. Quelle perte ! Je suis secoué. Un mec qui n'a jamais
laché son bon rock mélodieux, limpide. "Bluest blues" est le plus puissant blues dans l'histoire
de l'Humanité, a dit un critique américain. Merci Alvin pour tout ce qu'on a imaginé en écoutant
ta musique. Mais tu pouvais attendre encore avant de partir.