lundi 11 mars 2013

BOB DYLAN - "Desire" - (1975) by Philou



Bobby le gitan...

Après la sortie du chef d’œuvre "Blood On The Tracks", (lire la chronique complète ICI ), Bob Dylan, en pleine séparation avec sa femme Sara, part en France au mois de mai 1975 pour noyer son chagrin dans l'alcool. Dans le sud de La France, il retrouve David Oppenheim, le peintre qui avait réalisé le tableau au dos de l'album "Blood On The Tracks".
Après 6 semaines passées à trainer et à se saouler, Dylan décide de rentrer à New-York et il s'installe dans un appartement à Greenwich Village. Il est impressionné par la sortie d'un livre "The Sixteenth Round" écrit par  Rubin "Hurricane" Carter, un boxeur noir qui clame son innocence depuis 1966, jurant qu'il a été piégé par la police et jugé coupable par une cour raciste. Bob Dylan lui rend visite en prison et croyant en son histoire, il lui promet d'en faire une chanson. C'est également à cette époque qu'il assiste à un concert de la nouvelle poétesse du rock'n'roll, Patti Smith, qui le captive avec son mélange de proses et de rock. 
Un soir, dans les rues de Greenwich Village, il rencontre une jeune fille aux allures de gitane avec un étui à violon sous le bras : elle s'appelle Scarlet Rivera. Bob Dylan lui demande de participer à son nouvel album et l'invite à son studio d'enregistrement  où il répète "Isis", "Mozambique" et "One More Cup Of Coffee" des chansons qu'il a composé pour "Desire", son 16ème disque studio. Pendant les 2 semaines qui suivent, il se met à assembler un nouveau groupe, au hasard des rencontres. Petit à petit, le cercle des musiciens s'agrandit autour de Dylan et de Scarlet Rivera, avec Rob Stoner (basse), Howard Wyeth (batterie), Dom Cortese (accordéon) Steve Soles (choeurs) et Emmylou Harris (chœurs).
Dylan & Scarlet Rivera
 Dylan travaille pour la 1ère fois avec Jacques Levy, un auteur et metteur en scène de théâtre qui avait aidé Roger McGuinn à écrire pour les Byrds.
Bob Dylan et Jacques Levy vont s'enfermer dans une maison à Long Island et travailler pendant une dizaine de jours sur des nouvelles chansons. Les 2 compères sortent enfin de leur retraite avec 14 chansons dont "Hurricane", "Joey", "Black Diamond Bay" et "Sarah".
Le 28 juillet 1975, soit à peine 7 mois après la sortie de "Blood On The Tracks", Dylan et son groupe s'installent dans les studios de Columbia à New York. 
L'album est bouclé en 4 jours avec le producteur Don Devito derrière la console. Pendant les séances d'enregistrement, le violon de Scarlet Rivera et les vocalises d'Emmylou Harris vont prendre rapidement les 1er rôles et vont donner une sonorité spéciale à "Desire", une œuvre qui dégage une atmosphère unique dans la discographie de Bob Dylan.

L'album débute avec "Hurricane", une chanson construite comme un article de presse qui relate l'histoire de Rubin Carter, un boxeur noir injustement jeté en prison. Complétement impliqué dans la campagne de libération de Rubin "Hurricane" Carter, Dylan en fait une affaire personnelle et déclarera plus tard : -"il fallait que les gens soient confrontés au fait qu'une injustice avait été commise, et que cela pouvait arriver à n'importe qui"-
La chanson sort en single et met en valeur le violon de Scarlet Rivera, les textes quand à eux, prennent quelques libertés avec les faits, notamment avec le passé du boxeur, un passé de délinquant curieusement passé aux oubliettes... Jacques Levy a donné un sérieux coup de main à Dylan pour terminer cette chanson, car les personnages étaient trop nombreux et les témoignages concernant le triple meurtre trop contradictoires.
Avec cette chanson, il renoue avec un style qu'il avait délaissé depuis une dizaine d'années : le "protest song". 
Après cette attaque contre le système judiciaire américain, "Isis", le titre suivant est beaucoup moins puissant et semble plus apaisé. C'est une ballade qui débute au piano et qui laisse également la part belle au violon de Scarlet Rivera . Avant de la jouer en concert, Dylan disait que c'était une chanson sur le mariage, mais finalement il n'a jamais vraiment donné plus d'explications sur les textes plutôt obscurs.
L'ambiance est plus légère sur "Mozambique", une chanson d'amour optimiste sur ce pays d'Afrique australe où Dylan nous dit qu'il aime passer du bon temps, sous le soleil, entouré de jolies filles... 
Attention, la suivante c'est un monument : "One More Cup Of Coffee", la musique et la voix de Bob Dylan sont vraiment obsédantes. Le doux son du violon de Scarlet Rivera et les sublimes harmonies vocales d'Emmylou Harris vous prennent aux tripes et vous font ressentir l'émotion du départ, celle que l'on ressent juste avant de partir.

Emmylou Harris


 "Oh Sister" est encore une sublime chanson bouleversante, axée sur le duo vocal de Bob Dylan et d'Emmylou Harris. Cela ressemble à un chant religieux (les prémices de sa période chrétienne ?) avec le violon de Scarlet Rivera qui pleure tout au long du morceau. L'harmonica de Dylan soutient de temps en temps le violon, ce qui intensifie encore plus l'émotion que l'on ressent.
La plus longue piste de l'album c'est "Joey", une chanson onze minutes sur la vie d'un criminel qui a grandi à New York. Une ballade à l'ambiance italienne qui rend un hommage ambigu à Joey Gallo, un mafioso violent et abject, que Dylan décrit comme une sorte de héros.
"Romance In Durango" est une chanson sur l'amour interdit au Mexique. Ambiance chicanos garantie avec la guitare, l'accordéon mexicain et les quelques phrases en espagnol du refrain.
"Black Diamond Bay" prend une allure un peu country avec son rythme saccadé et entrainant. Si elle dégage moins d'émotions que les autres chansons de l'album, elle reste toutefois attachante avec ses quelques mots en français : - "Pardon, monsieur," the desk clerk says"...-
"Sara" clos le disque sur une note sombre. Une chanson triste et bouleversante sur sa femme et sur leur mariage en train de voler en éclat. Dylan a enregistré une version en présence de sa femme qui l'observait derrière la vitre du studio. Pendant l’enregistrement, il lui demande pardon et lui chante : -Sara, Oh Sara, Don't Leave Me, Don't Ever Go" -
C'est cette prise, d'une rare intensité dramatique qu'il décide de garder pour l'album, faisant de cette chanson une des plus belles de tout le répertoire de Bob Dylan.

Les fans s'opposent à propos de "Desire", certains soutiennent qu'il s'agit d'un authentique chef d’œuvre, d'autres affirment au contraire que c'est un disque indigne de Dylan, enregistré à la va vite, artificiel, pas assez personnel et trop crispé.
Pour moi, c'est un très bon disque de Bob Dylan, spontané, un instantané pris sur le vif.
Un album qui va même entrainer le chanteur sur la route, le faisant pousser l'aventure en organisant la "Rolling Thunder Revue", une sorte de caravane de chanteurs et de musiciens, qui va se produire à travers les USA et le Canada, du 30/10/1975 au 25/05/1976.

à lire aussi sur ce blog les chroniques de : blood on the tracks , freewheelin , tempest







"Hurricane" une version Live avec Scarlet Rivera et Rob Stoner




1 commentaire:

  1. Merci pour cet article très intéressant concernant l' album " Desire" !
    Je suis une immense et inconditionnelle fan de Bob Dylan... et je me permets sonc de faire ici une petite annonce :
    Soirée Bob Dylan concert commenté le 12 Avril 2013 , 20 H
    à la Belleviloise, 21 rue Boyer 75020 Paris
    soirée animée par 2 jeunes auteurs Vincent Brunner "Dylan, au delà du mythe" et Nicolas Rainaud " Figures de Bob Dylan", et illustrée par le chanteur guitariste David Scrima ...

    RépondreSupprimer