samedi 2 mars 2013

Duos d'amour à l'opéra… avec Claude Toon et Sonia de Guéméné



- Bonjour M'sieur Claude… Je vous trouve une petite mine ce matin, le menton en appui sur les mains… des soucis ?
- Oui ma chère Sonia, un manque d'idée pour faire une petite chronique thématique…
- Hummm voyons… Essayons d'imaginer… Sur les légendes… Je serais une princesse, et vous un beau chevalier… hi hi hi
- Ah ouiii, tiens c'est une idée, les duos d'amour à l'opéra, les grands élans… Ça finit souvent mal mais bon… Oui, je le sens bien…
- C'est parti M'sieur Claude, on sort les philtres d'amour… avec triple dose pour moi… enfin heuuu… ne le prenez pas mal…

Sonia m'offre sur un plateau une première idée avec son histoire de philtre d'amour. On pense immédiatement à l'un des couples les plus mythiques de la littérature et de la musique, Tristan et Iseult, devenus Tristan et Isolde dans l'opéra éponyme de Richard Wagner. Wagner interrompt la composition du Ring pour écrire cet opéra en songeant à Mathilde Wesendonck, une amie trèèès chère et une poétesse.

Tristan und Isolde



Pour faire simple. Tristan est chargé par son oncle, le roi Mark, de ramener de Cornouailles Isolde afin de l'épouser. Isolde n'a que haine pour Tristan qui a assassiné son fiancé. (C'est sûr que pour un premier contact… !) Isolde demande à sa suivante Brangäne d'empoisonner Tristan, mais celle-ci ne peut s'y résoudre et remplace le breuvage mortel par un philtre d'amour bu par les deux héros. Ça marche ! Ce sera l'amour fou jusqu'à la mort…
Je propose la scène "du dialogue amoureux" entre Tristan et Isolde suivi des commentaires "OFF" de Brangäne sur la suite "plus sexuelle" de cette folle nuit de tendresse. Et le premier impertinent qui me balance que Brangäne "tient la  chandelle" se fait sortir. Une astuce de Wagner, on ne peut pas chanter tout en jouant à la bêbête à deux dos comme écrivait Frédéric Dard… N'est-ce pas ?!
La scène II de l'acte II de Tristan est considérée comme l'une des pages les plus essentielles et magiques de l'art musical en occident, au même titre que la Passion selon Saint-Matthieu de Bach. Je cite Nietzsche :
"Mais aujourd'hui encore, je cherche en vain une œuvre qui ait la même dangereuse fascination, la même effrayante et suave infinitude que Tristan et Isolde."
Ils n'ont peut-être pas tort les spécialistes comme Nietzsche… On écoute Kirsten Flagstatd, Ludwig Suthaus, et Blanche Thebom dans l'ultime vision de Wilhelm Furtwängler avec le Philharmonia. C'est vrai que chanté comme cela, dans cette rivière de cordes de harpes et de larmes, 45 ans après ma première audition, je sors encore mon mouchoir…
- sniff… merci Sonia !
- De rien m'sieur Claude, bouhouhouuu… un  autre kleenex….
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Pelleas et Mélisande



Golaud, quinquagénaire veuf, se perd dans une sombre forêt, et rencontre une frêle et désemparée jeune fille qui a jeté sa couronne dans une fontaine… Mélisande (tel est son nom) est moyennement désemparée, car dès la scène II, on apprend qu'elle a épousé le sévère et jaloux Golaud qui a un demi-frère, Pelleas. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Le mystère plane. La belle en pince pour le bellâtre et jeune Pelleas. Encore une affaire digne d'un film de Chabrol. Scène violente de la vie conjugale où Golaud tuera l'amant Pelleas et blessera Mélisande. Quelques jours plus tard, Mélisande meurt en couche sans avoir livré le nom du père de son enfant !!!! Le grand père Arkel prend l'enfant et croit bon d'ajouter en substance "C'est au tour de la pauvre petite de vivre maintenant"… THE END. Tu m'étonnes, ça sent la ddass
Stop à l'humour noir. Le texte de Maeterlinck a pris un coup de vieux, mais pas la musique de Debussy, secrète et diaphane, qui drape le drame d'une lumière crépusculaire. Une partition impressionniste aux sonorités mystérieuses et graves sans équivalent dans l'histoire de la musique. Debussy tourne le dos à l'opéra classique et annonce l'école de Vienne par le phrasé "parlé-chanté" exigé des chanteurs.
Je vous propose quatre extraits de l'enregistrement historique (1942) de Roger Desormières avec Jacques Jansen et Irène Joachim……… Le son et le style de chant portent leur âge, mais pas l'émotion, et la diction du français est parfaite.
(1) à (3) Pelleas et Mélisande roucoulent sans vergogne et Mélisande brosse ses longs cheveux blonds qui se déroulent par la fenêtre, tandis que Pelleas caresse, extatique d'amour, les belles tresses en déclarant sa flamme à la belle…
(4) Pelleas et Mélisande imprudents se sont laissés surprendre dans la nuit après la fermeture des portes du vieux château, à deux pas de Golaud caché derrière un arbre (il surgira et tuera Pelleas).
Je vous raconterai cette sombre affaire par le menu une autre fois. Dans le quatrième extrait, Pelleas tente de rassurer la jeune femme apeurée. Ça part en vrille quand on distingue la silhouette de Golaud, le mari.  "Il a vu que nous nous embrassions"… Ben oui, quand on trompe son mari avec le demi-frère de ce dernier, il y a des risques… mortels.
L'un des opéras de ma vie… Tss Tss, sentimental le Toon… Et fan pour l'éternité de Debussy !
- Au fait vous avez un fiancé, ou un petit ami ma douce Sonia ?
- Oh m'sieur Claude, quel coquin vous faîtes, nous sommes perdus dans les bois, je vous vois venir… Mais qui est-ce ? Que vois-je ? L'ombre de M'sieur Luc dirait-on… ahhhhhhh
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Carmen et Don José




"Près des remparts de Séville". Impossible de clore cette chronique sans Carmen de Bizet. Le torchon brûle entre Carmen et Don José. Ah ! Fatale la Carmen… cette façon qu'elle a de manipuler son mec… Et le Don José qui n'y voit que du feu… "Car si je t'aime, Carmen tu m'aimeras !" Bien trop sûr de lui le pauvre garçon… Encore un bain de sang à la fin !
Angela Gheorghiu et Roberto Alagna sont accompagnés par l'Orchestre du Capitole de Toulouse dirigé par Michel Plasson.



Ma parole, à l'opéra, "il n'y a pas d'amour heureux…"


…Chantait Brassens. Il devait avoir raison le Georges, car, désolé, à part le Chevalier à la Rose de Richard Strauss, je n'ai trouvé aucun duo d'amour tiré d'un opéra où l'intrigue ne finit pas accommodée à la mode Cluedo avec du poison, un poignard, un suicide, le chagrin, la défenestration (Tosca)  !!! … Mais l'intrigue du chef-d'œuvre de Strauss est quasi impossible à raconter brièvement. Encore un projet à creuser. Lisons la fin de la chanson de Brassens :

- On s'en sort vivants tous les deux M'sieur Claude, mais ce n'était qu'un rêve bercé par les musiques…
- Et oui Sonia, dans une autre vie peut-être…. Tiens, on finit en vidéo avec Maria et Tony dans l'adaptation par Robert Wise du drame de Leonard Bernstein et Jerome Robbins…

1 commentaire:

  1. pat slade2/3/13 11:24

    Voila une chronique que j'ai adoré,même si je ne suis pas un passionné de Wagner, mais Pelleas et mélisande j'achete ! Un opéra qui ce termine bien?"La belle hélène"? Mais peut-on donner le titre d'opéra au oeuvre de Offenbach.Pour cette SA...E de Carmen et cette nouille de Don José, il y aurait carrément des pages entières a noircir pour comparer toutes les versions (Tereza Berganza et Placido Domingo).Et puis il y a aussi Faust et Marguerite, que ce soit par Gounod ou encore Berlioz qui ce termine dans une infernal fin. il y avait matière à écrire et tu l'a fait

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