- Bonjour M'sieur
Claude… Je vous trouve une petite mine ce matin, le menton en appui sur les mains…
des soucis ?
- Oui ma chère Sonia, un
manque d'idée pour faire une petite chronique thématique…
- Hummm voyons… Essayons
d'imaginer… Sur les légendes… Je serais une princesse, et vous un beau
chevalier… hi hi hi
- Ah ouiii, tiens c'est
une idée, les duos d'amour à l'opéra, les grands élans… Ça finit souvent mal
mais bon… Oui, je le sens bien…
- C'est parti M'sieur
Claude, on sort les philtres d'amour… avec triple dose pour moi… enfin heuuu… ne
le prenez pas mal…
Sonia
m'offre sur un plateau une première idée avec son histoire de philtre d'amour.
On pense immédiatement à l'un des couples les plus mythiques de la littérature
et de la musique, Tristan et Iseult, devenus Tristan
et Isolde dans l'opéra éponyme de Richard
Wagner. Wagner
interrompt la composition du Ring
pour écrire cet opéra en songeant à Mathilde
Wesendonck, une amie trèèès chère et une poétesse.
Tristan und Isolde
Pour faire simple. Tristan est chargé par son oncle, le
roi Mark, de ramener de Cornouailles
Isolde afin de l'épouser. Isolde n'a que haine pour Tristan qui a assassiné son fiancé.
(C'est sûr que pour un premier contact… !) Isolde
demande à sa suivante Brangäne
d'empoisonner Tristan, mais celle-ci
ne peut s'y résoudre et remplace le breuvage mortel par un philtre d'amour bu
par les deux héros. Ça marche ! Ce sera l'amour fou jusqu'à la mort…
Je
propose la scène "du dialogue amoureux" entre Tristan et Isolde suivi des commentaires "OFF" de Brangäne sur la suite "plus sexuelle"
de cette folle nuit de tendresse. Et le premier impertinent qui me balance que Brangäne "tient la chandelle" se fait sortir. Une astuce de
Wagner, on ne peut pas chanter tout en
jouant à la bêbête à deux dos comme écrivait Frédéric Dard… N'est-ce pas ?!
La
scène II de l'acte II de Tristan est considérée comme l'une des pages les plus
essentielles et magiques de l'art musical en occident, au même titre que la Passion selon Saint-Matthieu de Bach. Je cite Nietzsche :
"Mais aujourd'hui
encore, je cherche en vain une œuvre qui ait la même dangereuse fascination, la
même effrayante et suave infinitude que Tristan et Isolde."
Ils
n'ont peut-être pas tort les spécialistes comme Nietzsche… On écoute Kirsten
Flagstatd, Ludwig Suthaus,
et Blanche Thebom dans l'ultime vision de Wilhelm Furtwängler avec le Philharmonia. C'est vrai que chanté comme
cela, dans cette rivière de cordes de harpes et de larmes, 45 ans après ma
première audition, je sors encore mon mouchoir…
- sniff… merci Sonia !
- De rien m'sieur
Claude, bouhouhouuu… un autre kleenex….
X
Pelleas et Mélisande
Golaud,
quinquagénaire veuf, se perd dans une sombre forêt, et rencontre une frêle et désemparée
jeune fille qui a jeté sa couronne dans une fontaine… Mélisande (tel est son nom) est moyennement désemparée, car dès la
scène II, on apprend qu'elle a épousé le sévère et jaloux Golaud qui a un demi-frère, Pelleas.
Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Le mystère plane. La belle en pince pour le bellâtre
et jeune Pelleas. Encore une affaire
digne d'un film de Chabrol. Scène
violente de la vie conjugale où Golaud
tuera l'amant Pelleas et blessera Mélisande. Quelques jours plus tard, Mélisande meurt en couche sans avoir
livré le nom du père de son enfant !!!! Le grand père Arkel prend l'enfant et croit bon d'ajouter en substance "C'est au tour de
la pauvre petite de vivre maintenant"… THE END. Tu m'étonnes,
ça sent la ddass…
Stop
à l'humour noir. Le texte de Maeterlinck a pris un coup de vieux, mais pas la
musique de Debussy, secrète et diaphane, qui drape le drame d'une lumière
crépusculaire. Une partition impressionniste aux sonorités mystérieuses et
graves sans équivalent dans l'histoire de la musique. Debussy tourne le dos à
l'opéra classique et annonce l'école de Vienne par le phrasé "parlé-chanté"
exigé des chanteurs.
Je
vous propose quatre extraits de l'enregistrement historique (1942) de Roger
Desormières avec Jacques Jansen et Irène Joachim……… Le son et le style de
chant portent leur âge, mais pas l'émotion, et la diction du français est parfaite.
(1)
à (3) Pelleas et Mélisande roucoulent sans vergogne et Mélisande brosse ses longs cheveux blonds qui se déroulent par la fenêtre, tandis que Pelleas caresse, extatique d'amour, les belles tresses en déclarant
sa flamme à la belle…
(4)
Pelleas et Mélisande imprudents se sont laissés surprendre dans la nuit après
la fermeture des portes du vieux château, à deux pas de Golaud caché derrière un arbre (il surgira et tuera Pelleas).
Je
vous raconterai cette sombre affaire par le menu une autre fois. Dans le quatrième
extrait, Pelleas tente de rassurer la
jeune femme apeurée. Ça part en vrille quand on distingue la silhouette de Golaud, le mari. "Il a vu que nous nous embrassions"… Ben
oui, quand on trompe son mari avec le demi-frère de ce dernier, il y a des
risques… mortels.
L'un
des opéras de ma vie… Tss Tss, sentimental le Toon… Et fan pour l'éternité de Debussy !
- Au fait vous avez un
fiancé, ou un petit ami ma douce Sonia ?
- Oh m'sieur Claude,
quel coquin vous faîtes, nous sommes perdus dans les bois, je vous vois venir… Mais qui
est-ce ? Que vois-je ? L'ombre de M'sieur Luc dirait-on… ahhhhhhh
X
X
Carmen et Don José
"Près des
remparts de Séville". Impossible de clore cette chronique sans Carmen de Bizet.
Le torchon brûle entre Carmen et Don José. Ah ! Fatale la Carmen… cette façon qu'elle a de
manipuler son mec… Et le Don José
qui n'y voit que du feu… "Car si je t'aime, Carmen tu m'aimeras !"
Bien trop sûr de lui le pauvre garçon… Encore un bain de sang à la fin !
Angela Gheorghiu et Roberto
Alagna sont accompagnés par l'Orchestre du Capitole
de Toulouse dirigé par Michel Plasson.
Ma parole, à l'opéra, "il
n'y a pas d'amour heureux…"
…Chantait
Brassens. Il devait avoir raison le Georges, car, désolé, à part le Chevalier à la Rose de Richard Strauss, je n'ai trouvé aucun duo
d'amour tiré d'un opéra où l'intrigue ne finit pas accommodée à la mode Cluedo avec du poison, un poignard, un
suicide, le chagrin, la défenestration (Tosca) !!! … Mais l'intrigue du chef-d'œuvre de Strauss est quasi impossible à raconter
brièvement. Encore un projet à creuser. Lisons la fin de la chanson de Brassens
:
- On s'en sort vivants tous
les deux M'sieur Claude, mais ce n'était qu'un rêve bercé par les musiques…
- Et oui Sonia, dans une
autre vie peut-être…. Tiens, on finit en vidéo avec Maria et Tony dans l'adaptation
par Robert Wise du drame de Leonard Bernstein et Jerome Robbins…
Voila une chronique que j'ai adoré,même si je ne suis pas un passionné de Wagner, mais Pelleas et mélisande j'achete ! Un opéra qui ce termine bien?"La belle hélène"? Mais peut-on donner le titre d'opéra au oeuvre de Offenbach.Pour cette SA...E de Carmen et cette nouille de Don José, il y aurait carrément des pages entières a noircir pour comparer toutes les versions (Tereza Berganza et Placido Domingo).Et puis il y a aussi Faust et Marguerite, que ce soit par Gounod ou encore Berlioz qui ce termine dans une infernal fin. il y avait matière à écrire et tu l'a fait
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