jeudi 28 mars 2013

AC/DC The Razor's Edge (CD 1990) – Par Vincent le Chaméléon


Histoire(s) d'une nouvelle renaissance



AC/ Décès ?
Ils sont nombreux aujourd'hui les fans du monde entier à affirmer haut et fort que le groupe d'Angus Young est le plus grand groupe de Rock du monde. Cette affirmation à l'emporte-pièce me fait autant sourire qu'elle me fait grincer des dents. Et ce pour une seule raison. Je garde en effet le souvenir vivace qu'au moment où le groupe publiait les albums Flick of the Switch, Fly on the Wall, ou encore Blow Up your Video, lorsque l'un d'entre nous se risquait à prononcer le nom d'AC/DC, nous étions pour la plus part pris d'une soudaine gène accompagnée d'un léger rictus qui en disait finalement assez long sur l'état de santé de la formation. Bien sûr tout ce qu'avait produit le groupe au côté de l'emblématique Bon Scott continuait de faire l'unanimité au sein de la fratrie Hard que nous formions alors, tandis que leur miraculeux (et pour plus d'une raison) album Back in Black (1980) n'en finirait pas d'en imposer pour les décennies à venir, mais franchement, entre 1982 et 1988, AC/DC était alors en proie à un sérieux déclin (artistique tout du moins), et n'était clairement plus en mesure de prétendre au haut de l'affiche d'un festival comme celui des Monsters of Rock par exemple.
Il faut se rendre à l'évidence, depuis le encore très solide For Those About to Rock (avis que tous ne partageaient déjà pas), AC/DC n'en finit plus de s'enliser, de s'embourber dans sa propre légende. La faute, comme je le disais à l'instant, à une inspiration plutôt en berne, et que le groupe (suffisamment malin) tentera de faire oublier en plaçant, avec une certaine réussite, quelques clips vidéo "rigolos" grâce à la toute jeune chaine musicale MTV. La formation avait-elle déjà compris que l'image allait dorénavant jouer un rôle de premier ordre dans la carrière d'un groupe ou d'un artiste ? Sans doute.

Quoi qu'il en soit, ils n'étaient pas aussi nombreux tous ceux qui se réclament aujourd'hui du soi-disant plus grand groupe de Rock de tous les temps en ce sinistre soir de 1988 ou les "boys" n'étaient même pas parvenu à remplir copieusement le Zénith de Paris (6000 places). Oui Messieurs-Dame ! Qui aime à se souvenir, qu'au sortir de son dernier album en date (le plutôt acceptable Blow Up your Video), la bande à Angus Young n'avait péniblement vendu que 4 500 tickets ? 4 500 !!!!!! Avouez qu'on est alors à des années lumières du taux de remplissage DES STADES dans lesquels la formation se sera produite partout dans le monde lors de ses 3 dernières tournées. Quant aux prix des places, elles furent proportionnelles à l'engouement démesuré dont allait désormais jouir le groupe.


L'excellent Chris Slade
Un batteur, deux batteurs, trois batteurs 

Avant toute chose, revenons quelques années en arrières voulez-vous !

Sujet à une dépendance à l'alcool de plus en plus prononcée, le batteur Phil Rudd s'était vu contraint de quitter le groupe juste avant l'enregistrement de l'album Flick of the Switch. Remplacé par un jeune inconnu au physique aussi rondouillard que sa frappe était lourde, Simon Wright ne se sera finalement illustré que dans la période la plus boursoufflée du groupe (les années 80'). Plus tard (puisqu'à son tour remercié), on retrouvera le sympathique cogneur au sein de la formation de feu Ronnie James DIO jusqu'à son dernier album.
Pour l'heure, revenons à nos moutons... Enfin je voulais dire à nos batteurs, et plus précisément à la nouvelle recrue sur lequel Angus and Co avait jeté leur dévolu. Un nouvel inconnu répondant au nom de Chris Slade.


L'éclatant "come-back"

1990 : Chez les fans de Hard, alors que s'annonce sans trop de bruit le nouvel album du groupe, plus personne n'espère de grandes choses de la part de cet ex grand groupe que fut jadis AC/DC. De là à envisager un tel retour en grâce, encore moins. Quelques signes avant-coureurs auraient toutefois pu nous mettre la puce à l'oreille. Les deux extraits de leur album Blow Up Your Video avaient tous deux rencontré un assez joli succès, tandis que leur premier (et unique) Best Of Who made Who avait démontré peu avant que le groupe n'était peut-être pas encore à conjuguer tout à fait au passé. D'ailleurs, tout ce qu'il contient avait même fait office de Bande Originale pour le film fantastique Maximum Overdrive (un navet) tiré d'une nouvelle d'un grand fan du groupe, l'écrivain Stephen King.    

Angus Young face à ses fans au festival de Donington
Les vraies raisons de ce retour fracassant des kangourous sont évidemment multiples. Pour ma part, j'en retiendrai trois qui me paraissent fondamentales :

- La première d'entre elles est d'évidence à mettre sur le compte d'un groupe de nouveau décidé à en découdre, nous démontrant toute sa capacité à savoir écrire de très bons morceaux. Ainsi les 7 premiers titres ne risquent guère de vous donner l'envie d'appuyer sur la touche "Next" face à leurs évidentes qualités.   

- La deuxième de ces raisons est aussi d'avoir été capable de faire confiance à un nouveau producteur en la personne de Bruce Fairbairn. L'homme n'en étant pas à son premier coup de Maître (demandez donc aux Scorpions ou à Aerosmith). AC/DC a dû se dire qu'il était décidemment l'homme de la situation, capable de redonner un coup de jeune à la formation, sans trahir ses origines. BINGO ! Toujours pas l'ombre d'un clavier, alors qu'en même temps jamais morceaux du groupe n'auront été aussi taillés pour plaire aux radios. 

- La troisième raison de cette franche résurrection est aussi, et peut être avant tout, à mettre à l'actif de ce tout nouveau batteur. Chris Slade. Car sous ce physique, rappelant immanquablement un certain Mr Propre, se cache d'abord un batteur redoutable dont la rigueur rythmique équivaudrait à celle d'un coucou suisse. Incroyablement fraiche, tout en étant puissante (comme la formule concentrée de Mr Propre), il en résulte un dynamisme dans la musique d' AC/DC que l'on n'avait peut-être plus retrouvé depuis l'album Let There Be Rock. La comparaison entre celui sorti en 1977 et The Razor's Edge s'arrêtera là. Car si Let There Be Rock avait été enregistré de la plus brute des façons, The Razor's Edge allait aussi se distinguer par une production aux antipodes de celle que je viens de vous citer. Brute pour l'un, rutilante pour l'autre. Et oui ! Et à l'image de sa pochette, jamais un disque d'AC/DC n'aura sonné de manière aussi... Propre. 
D'une certaine façon, le Producteur Bruce Fairbairn aura fait du très bon boulot. Après coup, et quelques 20 années plus tard, était-ce bien là le son qui convenait le mieux pour la musique d'AC/DC ? À en croire le succès qu'aura rencontré l'album dès l'entame des premières notes sautillantes de l'irrésistible "Thunderstruck", il faut se rendre à l'évidence... La réponse serait oui. Un peu plus tard, quand les dernières mesures de "If you Dare" auront cessé de résonner à nos oreilles, chacun s'accordera à dire que le disque est une réussite.


Géant ? C'est vous qui l'dites

Non pas que je sois réfractaire ou allergique aux grosses productions scéniques façon Iron Maiden (loin de là !). Toutefois, et concernant AC/DC en particulier, allez savoir pourquoi, je trouve que toute cette artillerie, ce décorum (que le groupe ne cessera d'accentuer sur ses tournées à venir), tout ça ne lui va pas vraiment. Pardon ! Tout ça ne correspond pas à l'idée que je me suis (ou que je m'étais) toujours fait d'AC/DC. Ce Rock simple, binaire et énergique, et qui n'avait jusque-là jamais eu besoin de s'encombrer de tous ces artifices. Un mur d'amplis crachant ses décibels, une batterie au centre de la scène, un beau Light et quelques effets de fumées ok ! Va pour la cloche et les canons en fin de set. Mais tout le reste...
Bah oui ! Le Hard fiévreux des australiens, cette recette unique qui n'appartient décidemment qu'à lui, sans compter sur le seul charisme du guitariste en culotte courte... AC/DC a-t-il besoin d'autres choses pour briller aux yeux de ses fans ? Il semblerait désormais que oui.

Quand même, et aussi paradoxale que cela puisse paraître, je ne peux pas bannir de quelques-uns de mes plus beaux souvenirs de concerts, celui d'un soir de Mars 1991 ou je vis pour la seule et unique fois de ma vie, la légende AC/DC. C'était dans la moiteur torride d'un Palais Omnisport de Paris Bercy chauffé à blanc. Alors c'est vrai, au moins pour cette fois-là, l'estrade batterie qui surgit du sol, la grosse poupée gonflable sur "Whole Lotta Rosie", les montagnes de dollars qui descendent des cintres à l'effigie d'Angus sur "Money Talks", la plate-forme au milieu de la foule, la cloche, les canons, tout l'bordel !!!! Ben pour une fois c'est vrai, j'avais quand même vachement aimé.
Quoi qu'il en soit, AC/DC sur scène c'est toujours l'assurance d'un excellent moment, placé sous le signe de l'authenticité. En témoigne les images filmées aux Monsters of Rock de Castle Donington, quelques mois après les avoir vus à Bercy où le groupe retrouvait enfin le haut de l'affiche, au côté notamment des four Horsmen de Metallica. Certes, Brian Johnson y chante comme il peut (donc pas très bien) et n'aura jamais le charisme de celui qu'il eut la rude tâche de remplacer 10 ans auparavant. Mais ce qu'il faut peut être avant tout retenir d'un groupe comme celui-là, c'est sa capacité à avoir su durer, et plus encore de revenir aux moments où la plupart d'entre nous (moi y compris) les pensaient finis. Quelle que soit la fin de son histoire (puisque tout doit finir un jour), AC/DC restera à jamais l'une des plus éminentes et influentes légendes que le Rock et le Hard Rock aient connues. Ce qui, si on y pense, n'est pas aussi fréquent, et encore moins donné à tous.

We Salute You !

Set List Double CD et DVD (ATTENTION ! Les titres en rouge ne figurent que sur l'édition du Double CD).


Clip : 1 - "Thunderstruck": 2 - "Let There Be Rock". Extrait du DVD. (Pour Chris Slade et son endurance: Tiendriez-vous 13 minutes de ce tempo là sans baisse de régime ?)


4 commentaires:

  1. Je partage le même feeling, c'est un groupe que j'ai pu voir de nombreuses fois en Live et j'ai eu également la chance de les voir en concert à Los en gelée USA au L.A Forum, ils sont démoniaques en live, je rejoins également ton avis concernant Brian Johnson, il a du mal à mettre un cran au dessus de Bon scott ( mis à part peut être sur Back in Black, effet de surprise quant au remplaçant du défunt ? ). AC/DC a connu et connait encore des périodes assez longes de vaches maigres... Les opus sortis sont assez médiocres ( voir le dernier CD que l'on attendait depuis X années...) Mais... Mais... J'aime ce style de Hard. Les renier ?? C'est un groupe qui est copié dans son style... Cela veut bien dire qu'ils ont apporté une pierre ( un Rock ) au Hard.

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  2. Ouch ! Il y a là de quoi argumenter pendant des jours.
    1 - Ouaip, je fais partie de ceux qui ont du mal avec "For Those About to Rock". Déjà à l'époque, mais même récemment j'ai essayé (je n'étais dit que pi't-être avec l'âge...) mais... c'est pas ça. La chanson-titre déjà me gonfle ; c'est suranné. C'est pour moi un des moins bons. Toutefois, à mon sens, il y a toujours de bonnes choses à récupérer dans leurs skeuds.
    2 - Ouaip, "The Razor Edge" marque le grand retour des Australiens. Ne serait-ce qu'avec le carton de "Thunderstruck". Cet obus passait en radio, était repris par nombre de clubs sportifs, et tous les apprentis guitaristes s'évertuaient à massacrer le gimmick.
    3 - Ouaip, AC/DC n'a nullement besoin de se présenter sur scène avec un show à l'américaine ; d'autant plus que cela frôle parfois le vulgaire ou la caricature.
    4 - J'ai connu des personnes qui m'ont dit avoir été totalement conquis par leur show, alors qu'à la base elles n'étaient pas spécialement fans de Rock-Fort.
    5 - Brian n'a pas le charisme de Bon et il n'a pas ce petit côté Bluesy, légèrement narquois, un peu diablotin sur les bords.
    6 - Par contre, il arrive que Brian se montre excellent dans son registre. Notamment sur les albums "Black" ; soit "Back in Black" et "Black Ice". Si, si.
    D'ailleurs, il y a combien de chanteurs qui se sont cassés la gueule en reprenant des chansons de Brian-la-casquette ? Heingue ? (même Céline et Shakira, malgré tous leurs sincères efforts, ont failli ne pas s'en remettre).

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  3. M'enfin??...La seule once de respect qu'il me reste pour AC/DC viendrait en gros pour leur endurance ( mais qu'est ce qu'on en a à foutre dans ce cas là autant assister à un triathlon) et en lisant la liste sans fin des concerts sur le petit livret du DVD Live à Donington ( ils sont pire qu'Attila ils repassent 2 fois au même endroit)...
    Brian n'a jamais su chanter, son seul atout c'est sa bonne humeur et le fait qu'il soit bon camarade. On peut même pas compter sur les doigts d'une main le nombre de titres valables qu'ils ont sorti depuis Back in Black et qu'ils jouent en live. Les morceaux sont toujours les mêmes depuis Bon Scott plus les 2 ou 3 au cours de chaque tournée du dernier album en date pour le promouvoir...
    Voilà j'ai fini vous pouvez me pendre maintenant ( ou me lapider avec une hache comme dirait Dupontel...).

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  4. Je rejoindrai plus aisément les observations et remarques faites par Bruno et HRT, que celle que tu évoques juan loco (Peter !) motive.

    Petit canaillou va !

    Oh ! Tu n'as pas tout à fait tord non plus. D'ailleurs, je dois admettre que The Razor's Edge est bien le dernier album du groupe qui m'aura vraiment plu chez lui. Justement parce que le groupe y ose des choses nouvelles.
    Depuis, que ce soit avec Ballbreaker, le ramoumou Stiff Upper Lip, ou bien Black Ice, AC/DC ne parvient plus à me captiver de la même façon. Et puis cette set list qui n'en fini plus d'être la même en concert depuis au moins 20 ans...

    AC/DC est finalement devenu, + un nom "Bankable", que le groupe de dingues qu'il fut en des temps bien reculés désormais.

    Vincent.

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