Kevin Ayers est décédé il y a quelques jours, le 18 Février,
dans son sommeil, dans sa maison de Montolieu (Aude) à l'age de 68 ans. Le nom
ne vous dit peut être pas grand-chose. Pourtant il était selon le légendaire
John Peel (1939-2004, célèbre présentateur/DJ de BBC radio 1) :
"l'innovateur le plus important et sous -estimé de la
musique britannique contemporaine" et selon Nick Kent, le rock critic, Ayers était avec Syd Barrett (Pink Floyd)
"les 2 plus importants personnages de la musique pop anglaise, tout ce qui
est venu ensuite est venu d'eux".
avec Soft M. de g à d: Wyatt, Allen, Ayers et Ratleige |
Mais revenons au début. Ayers est né le 16 août 1944 à dans le Kent. Il
passera une partie de son enfance
en Malaisie, alors colonie britannique, avant que sa famille ne revienne en
Angleterre, à Canterbury. C'est là qu'il
forme son premier groupe étudiant, les Wilde Flowers, avec notamment Hugh Hopper (basse) et Robert Wyatt (drums). Cette époque voit la
naissance de la fameuse "école de Canterbury", un mouvement entre
rock progressif, psychédélique et expérimental laissant place à l'improvisation, avec de fortes influences jazz
et folk, et un coté absurde se réclamant du dadaïsme ou de la pataphysique. Parmi
les groupes phares on peut citer Gong, Soft Machine, Caravan, Camel, Egg, Hatfield & the North ou
Henry Cow.
Mais revenons à Ayers qui rencontre alors un hippie guitariste et chanteur venu
d'Australie, Daevid Allen, c'est ce dernier qui rebaptise les Wilde Flowers en
Soft Machine d'après une œuvre de William S. Burroughs. Nous sommes en 1966. La formation est alors composée de Allen (guitare), Ayers (guitares, basse, chant), Wyatt(drums, chant) et Mike Ratledge (piano, orgue).
Allen ne restera qu'un an avec le groupe, s'en allant former un autre gang
d'illuminés : Gong.
Une autre rencontre va marquer Ayers, celle d'un génial
guitariste black américain qui étonne tout Londres en 68 et avec lequel il va
sympathiser, vous aurez reconnu Jimi Hendrix. Ayers et son groupe vont ensuite
assurer la première partie du Voodoo Child aux States. Mais pas fait pour la
vie en tournée, Ayers quitte le groupe après ce tour et part s'installer à Ibiza, il n'aura
au final participé qu'à un album de Soft Machine, pourtant son nom restera
attaché toute sa vie à ce groupe, et il collaborera de temps à autres avec ses
anciens équipiers (il sera remplacé par Hugh Hopper dans Soft Machine).
Comme sur son premier album solo "Joy of a toy"
(1969), suivront "Shooting at the
moon" (1970), "Whatevershebringswesing" (1972), "Bananamour" (1973), sans doute ses meilleurs albums. A noter
qu'il, collaborera avec des artistes aussi divers que Nico (Velvet
Underground), John Cale, Elton John, Syd Barrett, Brian Eno (Roxy Music) ou
Mike Oldfield qu'il fit débuter. Il sort encore une dizaine d'albums jusqu'en
1988, mais le succès le fuit ; ce qui n'est pas vraiment étonnant au vu de
ses problèmes d’héroïne, d'alcool (Allen
: "ce que buvait Ayers aurait tué n'importe qui d'autre"..) et son
peu de goût pour les paillettes et le monde du show-biz.
Il se retire alors de la musique, hormis quelques apparitions ici ou là, avant un album come-back en 2007 "Unfairground" avec
quelques amis invités dont Robert Wyatt. Depuis le début des années 2000 il s'était
retiré dans le Sud de la France. C'est là qu'il a rejoint le paradis des
rockeurs barrés, y retrouvant Syd Barrett, Zappa, Nick Drake, Kevin Coyne ou Captain Beefheart. Avec lui c'est une part
des années 60-70 qui disparaît, l'un des symboles de la contre culture
underground, de la créativité débridée, de l'amour libre aussi. Il restera de lui le souvenir d'un hippie, dandy, poète, créateur génial autant que maudit.
RIP Kevin
On écoute "Girl on a swing" extrait de "Joy of a toy" puis "Religious experience" tiré de "Whatevershebringswesing" et pour finir 2 vidéos de concert à la Taverne de l'Olympia (1970), ça plane sévère et ça en dit plus que de longs discours (Lol Coxhill au sax). Et en bonus Soft Machine première mouture avec Ayers.
Ça tombe comme des mouches en ce moment. Votre rubrique spécialisée RIP le souligne d'ailleurs amèrement. Je préfère éviter ce type de rubrique sur mon blog, ça déprimerait trop (parfois je n'ai pas le choix = Peter Steele).
RépondreSupprimerHeu, pour la vidéo 3 (de la Taverne à l'Olympia) indiquant Mai 1970, j'ai un doute sur la date : sur le film on voit clairement qu'il neige...