Genèse & First album
CACTUS : Plante de la famille des Cactaceae, ou Cactées. Plantes xérophytes, communément appelées plantes grasses, ou succulentes, qui stockent dans leurs tissus des réserves de suc afin de pallier aux périodes de séch....
- "Mais c'est quoi ça encore !!!! Ce n'est pas la bonne fiche !!! Mais c'est quoi ce censuré de censuré de censuré !!! "
- "Je reprends... "
CACTUS : groupe
emblématique du début des seventies. Groupe qui a un
moment été érigé par une certaine presse,
avide de comparatifs et de titres à sensation, comme la réponse
américaine à Led-Zeppelin. Quarante plus tard, tout le
monde se souvient du Dirigeable (du moins ceux qui ont des oreilles),
mais de Cactus...
Cactus est la création de Carmine Appice (né le 15/12/1945) et de John Voorhis « Tim » Bogert III (né le 27/08/1944), la rythmique de Vanilla Fudge, ensemble depuis 1966, à l'époque où le groupe de Mark Stein se nommait encore « The Pigeons ».
Vanilla Fudge est
généralement mentionné comme faisant partie des précurseurs
du Heavy-rock, notamment celui aux penchants progressifs marqués
par un orgue (avec une préférence pour le Hammond) décomplexé,
parfois exubérant. Deep-Purple n'a jamais caché qu'à leurs
débuts, Vanilla Fudge a été une influence majeure. Mais
le problème avec ce groupe New-Yorkais, c'est qu'il composait
très peu, se contentant de reprises. Ce qui commença à
lasser passablement le tandem rythmique. Surtout après avoir fait la première partie de Cream (lors de la dernière
tournée du trio). Il est certain que la
prestation de Jack Bruce et de Ginger Baker n'a pu laisser indifférents Bogert et Appice ; ces deux têtes brûlées furent marquées au fer rouge par cette liberté d'expression qui ébranlait les carcans. Ils prirent aussi conscience qu'un bassiste et/ou un
batteur pouvaient également attirer les regards, improviser,
partir en solo, ce qui leur éveilla bien des aspirations.
Peu après,
un autre évènement alla marquer et parachever le duo. En décembre 1968, un nouveau
quatuor, qui n'avait alors aucun disque à son actif, même pas un
single, ouvre pour eux. C'était le Jeff Beck Group qui était
prévu initialement, mais Jeff annule et se fait remplacer par
le nouveau groupe de son copain, ex-collègue au sein des
Yardbirds, Jimmy Page. Led-Zeppelin (ou bien encore les New-Yarbirds
?) débute sa carrière en volant la vedette aux
New-Yorkais.
Bogert &
Appice sont dépités, et dorénavant étouffent
dans ce groupe et sont persuadés
qu'ils ne pourront guère évoluer d'avantage, freinés
par le défaut d'ambition et de technique de leurs comparses
(Mark Stein et Vince Martell).
En 1969, Tim & Carmine retrouvent Jeff Beck pour l'enregistrement d'une pub. Le courant passe, c'est même l'entente cordiale. Tous trois décident d'enregistrer ensemble au plus vite. Malheureusement, en août de la même année, Jeff, grand amateur de moteurs gonflés et de Hot-Rods, a un grave accident de la route. Il mettra plus d'un an et demi à s'en remettre (1).
On parle souvent
de Rod Stewart comme chanteur de cette rencontre, toutefois Rod et
Ronnie Wood étaient tous deux partis du Jeff Beck Group et
avaient promptement rejoint le nouveau projet de Ronnie Lane dans la
foulée.
Les deux compères
ne peuvent attendre (surtout que l'on ne sait pas alors si Jeff
pourra totalement récupérer) et, bien décidés
à fonder un groupe répondant à leurs attentes,
partent à la recherche de nouveaux partenaires.
C'est par hasard,
dans le studio « Electric Lady » de New-York,
que Tim Bogert croise le chemin de Jim McCarty. Ce dernier (ancien
guitariste des Detroit Wheels, le backing band de Mitch Ryder), joue
maintenant avec Buddy Miles dans son Buddy Miles Express. (ce serait
peu de temps avec que Buddy rejoigne Jimi Hendrix pour le « Band
of Gypsies »). Bogert, McCarty et Miles taperont le boeuf
à diverses reprises (il y aurait même des
enregistrements).
Après les
présentations faites à Appice, McCarty est
accepté dans le groupe en formation.
Il ne leur
manque plus qu'un chanteur. Sous les conseils de McCarty, ils
débauchent Rusty Day (né Russell Edward Davidson),
chanteur des Amboy Dukes (où un jeune chevelu, répondant
au doux nom de Theodore Anthony Nugent, fait ses armes).
Cactus est donc
né à la fin de l'année 1969. Assez rapidement
signé par Atlantic, le premier bébé voit le jour
en juillet 1970. Et c'est du lourd.
L'opus éponyme débute sur une véritable agression sonique, sentant la testostérone, la sueur et la folie. « Parchman Farm » ?? De Mose Allison ? Hormis les paroles, il n'y a plus aucun trait commun avec l'original qui est ici violenté par une bande de voyous dégénérés. Une interprétation ? Plutôt du vandalisme. A certains moments, la pièce manque cruellement de concision, et on est en droit de se demander si le « tout frais » quatuor n'est pas en train de faire une crise de delirium tremens. Une version qui ferait passer Blue Cheer pour un groupe pop. C'est un semi-remorque, sans freins et à la suspension hasardeuse, lancé à toute berzingue dans une pente vertigineuse qui, à chaque tournant, échappe miraculeusement à la sortie de route. On ne sait comment cet équipage fol-dingue a réussi à amener son véhicule à bon port, tant une bonne partie du trajet, notamment au départ, était chaotique.
A peine nos
esgourdes commencent-elles à s'acclimater à cet orgie
sonore que, contre toute attente, les barbares se muent en
troubadours pour le titre suivant, avec une chanson folk clopinante,
mais attachante. Des accents dylanniens se font entendre, d'autres
de Mott the Hoople, d'un Led-Zep folkeux, de Neil Young. Une oasis de
douceur dans un terrain miné de métaux lourds, avec
chœurs féminins et grattes acoustiques. Rusty démontre
qu'il n'est pas qu'un habile brailleur.
Rusty Day ressort
son harmonica pour le boogie-blues-rock bastringue de « Bro
Bill ». Le relatif dépouillement permet ici
d'apprécier la voix rugissante de Rusty. On sent que Howlin'
Wolf a influencé son chant et son jeu d'harmonica.
Seconde et
dernière reprise avec « You Can't Judge a Book by the Cover » qui est également difficilement
reconnaissable autrement que les paroles. L'harmonica de Rusty
apporte un sympathique chorus sautillant, mis à mal par les
sautes d'humeur de la guitare. Le solo est strident, entre fuzz et
larsen ; Jim s'amuse avec sa nouvelle pédale d'effet : une
Scrambler conçue par Ampeg. Carmine y développe des
rythmes étonnants, des patterns boogie-blues nimbés de jazz
remuant, break nerveux contrôlé : la classe.
« Let me Swim » est un Boogie-rock torride et épileptique. Sa rythmique est basique, genre rock'n'roll à la Chuck Berry, mais elle est déployée avec une énergie rare, assez intense pour oxyder un jeu de cordes neuves en une prise (On retrouvera ce Rock'n'Roll brûlant, rebaptisé « Swim », sur l'incandescente face live de « Ot'n'Sweaty »).
Le slow-blues
« No Need to Worry » va dans le sens de ceux
qui aiment à comparer Cactus au Dirigeable, car il y a
quelques similitudes avec « Since I been loving you »,
qui, lui, ne paraîtra que trois mois plus tard... hum... mais
peut-être que la source est antérieure, qu'elle est
plutôt du côté des Buddy Guy et Otis Rush. Jim
McCarty se montre ici plus convaincant que lorsqu'il est frénétique.
Ses interventions font preuve de feeling et de modération.
On repart sur des
chapeaux de roues avec un Rock'n'roll boogie entraînant comme
une locomotive en sur-régime (« Oleo »),
dont l'inspiration pourrait venir de ceux de Magic Sam ou de Freddie
King intensifiés par la rage électrique des jeunes
blanc-becs. Break avec solo de basse débordant de fuzz qui
donne l'impression que Bogert a collé son instrument contre
l'ampli, à la manière d'un Hendrix en pleine crise
d'extase sonique. Sur le titre suivant, c'est au tour de Carmine de
s'octroyer le break ; un solo de batterie, certes bon mais qui finit
dans la démonstration.
On ne ressort pas
indemne de ce premier jet : on est littéralement lessivé
(à moins d'être un habitué des Slayers et autres
Metallica, voire dans une moindre mesure de Mother Superior, des
Stooges, de Buffalo). Toutefois, on en redemande.
Ce premier opus
trahit un enregistrement et une parution faits dans la précipitation
(Rusty et Jim sont parfois à côté de la plaque).
En 69 et 70 la concurrence est rude, avec cette invasion d'entités
faites de Blues et métal lourd émergeant de toutes
parts et dévastant tout sur leur passage.
Les deux albums
suivants (tous deux parus en 1971) présentent un groupe
toujours fougueux mais qui a su trouver ses marques. Quant aux
prestations live (voir les témoignages de « Ultra
Sonic Boogie » et « Fully Unleashed : the live
gigs »), elles prouvent tout simplement que l'élément de Cactus est bien la scène.
Néanmoins on remarque que cette formation (parfois affublée du titre ronflant de supergroupe) possède des armes redoutables. Un chanteur autant capable de s'érailler les cordes vocales que de se faire intimiste, introspectif, doublé d'un sérieux harmoniciste. Un guitariste fougueux, marchant à l'énergie , un bassiste psychopathe qui joue souvent de sa basse comme d'une guitare, n'ayant aucun complexe pour balancer quand bon lui semble des licks au-delà de la quinzième case, et un batteur rusé et musclé, sachant trouver des patterns savants pour les compositions les plus alambiquées.
Malgré des
imperfections, malgré sa pochette censurée dans
certains pays ou certains états, le disque remporte un certain
succès. Et aujourd'hui encore, il est considéré
par beaucoup comme un incontournable des disques de Hard-blues, ou de
Boogie-heavy.
La suite sera de
meilleure facture, mais le parcours sera tumultueux. Des excès
d'une vie Rock'n'Roll naîtront des tensions qui auront
rapidement raison de cette mouture.
En ce qui
concerne la comparaison récurrente faite entre Led Zeppelin et
Cactus, et ce en dépit des atouts des américains, elle ne
tient pas la route. (il a été fait le même genre de
raccourci pour AC/DC).
Si la voix de
Rusty Day sait se montrer puissante, elle n'a pas la sensibilité
de celle de Plant. Jim McCarty a des capacités,
malheureusement il se montre parfois hasardeux dans son jeu ; là
où Page construit une architecture élaborée et
inébranlable, pouvant soutenir à elle seule toute une
composition, McCarty paraît trop souvent être une pièce
rapportée, pour habiller et enjoliver la formidable section
rythmique. Même Tim Bogert n'a pas -à mon sens- la
qualité et la classe de John Paul Jones. Ce dernier sait
contrôler son égo, sait s'effacer (en toute relativité)
pour servir la musique, alors que Bogert a ce besoin irrépressible
de se projeter systématiquement en avant. Indéniablement,
c'est un grand bassiste, un des meilleurs de sa génération, mais son caractère impétueux et son fort égo
le desservent et mettent parfois en péril la cohésion du
combo. Il semble à jamais traumatisé par le jeu un
tantinet « free » de Jack Bruce (un syndrome
?). Seul Carmine Appice a la stature pour rivaliser avec son
homologue.
(1)
En 1972, Tim, Carmine et Jeff forment B.B.A. (pour Beck, Bogert &
Appice) et enregistrent deux disques, dont un live, dont on parle
encore. Le premier opus, enregistré en mai 1973, affiche de
belles ventes, notamment grâce une composition de Stevie Wonder
: « Superstitions ». Au début c'est tout
feu tout flamme, mais les egos démesurés des
acteurs ne parviennent pas à s'accorder et c'est la rupture.
On sait que Beck peut être taciturne et ombrageux, mais Bogert
est connu pour avoir un caractère de cochon. Beck quitte
subitement le trio, au début 74, alors qu'ils avaient commencé
à plancher sur un nouvel album studio.
- Parchman Fram (Mose Allison) - 3:06
- My Lady from South of Detroit - 4:26
- Bro. Bill - 5:10
- You Can't Judge a Book by the Cover (Willie Dixon) - 6:30
- Let Me Swim - 3:50
- No Need to Worry - 6:14
- Oleo - 4:51
- Feel So Good - 6:03
sauf spécifié, les compositions sont signées "Appice, Bogert, Day, McCarty"
,60
Me souviens d'un vinyl dont mon frangin ne passait que la 1ere face "parce que c'est en live et que ça arrache vraiment" avec des lettres en forme de cactus sur la pochette...J'étais minot et oui ça me semblait vraiment arracher!...
RépondreSupprimerJe veux ! La face live de "Ot'n'Sweaty" est à manipuler avec précautions, et surtout à ne jamais approcher de matières inflammables.
SupprimerC'est du brut, sans effets, sans distorsions de la mort, et c'est pourtant capable de faire fondre un iceberg en un rien de temps.