C'est indéniable,
Sonny Landreth fait partie des fleurons de la slide guitar. C'est un
esthète doublé d'un passionné, toujours à
la recherche de nouvelles techniques pour faire évoluer la
slide-guitar, étudiant même de nouveaux open-tuning.
C'est un missionnaire du bottleneck.
Depuis 1992, avec
« Outward Bound » il n'a jamais cessé
d'étonner son monde avec des albums toujours en progression,
en équilibre entre une certaine tradition en mélangeant
adroitement blues, blues-rock, boogie, zydeco et cajun et une
approche parfois moderne de la slide-guitar. Auparavant, il se
contentait d'accompagner des musiciens tels que Zachary Richard,
Clifton Chenier, John Hiatt, Elliot Murphy, ou Bonnie Raitt. Il y eu également deux essais en solo, "Blues Attack" en 1981 et "Down in Louisiana" en 1986", sortis confidentiellement (et réédité respectivement en 1996 et 1993 - et à nouveau en 2011 -).
De grands
musiciens (notamment Clapton - Sonny a été invité par ce dernier sur trois Crossroads - et Warren Haynes) reconnurent son talent
et le convièrent maintes fois à monter avec eux sur les
planches, à la fois pour le plaisir et pour tenter de le faire
découvrir à un plus large public.
En 2005, l' "American Music Awards" l'a récompensé du titre du "meilleur instrumentiste".
A titre
indicatif, Sonny Landreth, c'est également la slide sur « Osez
Joséphine » d'Alain Bashung, « Carcassone »
de Stephan Eicher et « A Night in London » de Mark Knopfler.
Sonny Landreth se
caractérise par une technique que l'on pourrait juger
acrobatique, alliant dans son jeu harmoniques et tapping placés
avant ou après un bottleneck « soudé »
à l'auriculaire, en utilisant le picking (avec onglet au
pouce) et parfois même une forme de slapping pour jouer les
cordes. Le tout en maîtrisant parfaitement un jeu conventionnel
qu'il peut à volontiers incorporer à ses chorus de slide
inventifs.
Il est autant
capable de jouer avec la fougue et la force d'un Elmore James que
d'imiter un violon électrique.
Guitare de prédilection : Fender Stratocaster. Customisée ou pas. Mais on a aussi pu le voir avec des Gibsons, Firebird et LesPaul, et également une magnifique James Trussart. Sans oublier un Dobro. |
Sa personnalité musical s'explique par un parcours d'apprentissage musical peu commun. Bien qu'il clame en chanson avoir grandi au rythme de Clifton Chenier et du Red Hot Louisiana Blues - né dans le Mississippi, sa famille s'installe en Louisiane lorsqu'il a sept ans - , pendant son adolescence, il compose des menuets. Il a commencé par la trompette (qu'il aurait fort bien maîtrisée) dans les orchestres scolaires (du primaire au collège), abordant le jazz et le classique. A l'université, il suit des cours de musicologie où il aborde le piano et la flûte. Cursus qui, d'après ses dires, lui ouvrit l'esprit, écoutant alors autant Bach, Mozart, Chopin que Miles Davis. Un apprentissage qui a certainement contribué à forger son style chantant et équilibré, imprégné de rigueur même dans les chorus les plus échevelés.
Parallèlement, il y a la guitare. D'abord c'est le choc "Presley", puis les Beatles, les Ventures, les Rolling Stones, mais aussi Wes Wontgomery, qui l'incitent à dompter les rudiments de la six-cordes dès sa treizième année.
Plus tard, fasciné par la technique (finger-picking) de Chet Atkins, il se plonge dans l'étude ce jeu jusqu'à l'absorber totalement. Enfin vient la découverte de Robert Johnson avec tous les accords propres au Delta-Blues.
Son précédent opus
remonte à 2008. Son credo c'est un blues-rock généreux
s'abreuvant sans a priori au patrimoine des musiques populaires du
Mississippi et de la Louisiane, du Blues au Cajun, avec un son qui ne
s'était encore jamais montré, dans son cas, aussi chaud
et épais. Une de ses meilleures réalisations.
Contre toute
attente, en 2012, Sonny débarque avec un disque entièrement
instrumental (cette année aura été marqué par le retour des albums instrumentaux) n'ayant plus gardé qu'un fin tissu de Blues-rock.
Evolution ou essai ? Nouvelle orientation ou tentative de faire
progresser la slide-guitar vers d'autres contrées ? L'un
n'empêchant pas l'autre...
On s'en doute,
son but n'est pas ici de faire preuve d'audace technique et
ostentatoire flattant l'égo (c'est d'ailleurs parfois bien
moins technique que ce que l'on peut encore trouver sur le précédent, et fort bon, « From the Reach »), mais d'offrir à son
instrument de nouvelles aires de jeux afin qu'il puisse évoluer
et s'y épanouir.
Ainsi, tour à
tour, dans un format exclusivement instrumental favorisant une
visualisation thématique, on plane dans un univers onirique,
parfois mystique, qui fait indifféremment appel à des
scories jazz, classique (avec l'aide de membres de l' "Acadania Symphony Orchestra" présents sur cinq pièces), zydeco, Heavy-metal même (avec Joe Satriani),
blues bien sûr, mais peu. Certaines pièces pourraient
aisément faire office de B.O de luxe.
Évidemment,
lorsque l'on connait déjà Landreth, la surprise est de
taille, et la déception peut gagner même les
aficionados. Ce qui serait une gageure. A l'exception de quelques
rares pièces où la slide peut fait figure d'intruse,
il a réussi le pari fou d'allier son jeu de guitare
atypique à un univers qui incite à l'introspection, la
méditation ou la rêverie. Cultivant parfois le chaud et
le froid, bousculant l'auditeur, forçant son attention.
Finalement, quoi
qu'en disent certains, au fil des écoutes, et en faisant fi du
passé de Landreth, on découvre un bon album qui a le
mérite de ne jamais chercher à se justifier
en se raccordant
volontairement à un genre. Même si le background de
Sonny ressort forcément deci-delà, son seul souci est
d'offrir une musique qui tente de s'adresser à l'âme,
plus qu'à l'esprit ou au corps.
Avec quelques perles qui risquent de faire dorénavant partie de son répertoire scénique : "Gaia Tribe", "Heavy Heart Rising", "Letting Go", et "Elemental Journey".
Avec quelques perles qui risquent de faire dorénavant partie de son répertoire scénique : "Gaia Tribe", "Heavy Heart Rising", "Letting Go", et "Elemental Journey".
Sonny a cette
qualité de ne pas rechercher la facilité, et ici, plus
que jamais, il prend des risques.
Le meilleur joueur de slide ? Un des plus grands, certainement.
Le meilleur joueur de slide ? Un des plus grands, certainement.
Avec la
participation de Joe Satriani avec un solo furieux sur « Gaia
Tribe », qui a enthousiasmé Sonny, et d' Eric
Johnson sur un « Passionala » perdu entre un
Rock Progressif qui vogue en vitesse de croisière et le
Jazz-rock.
- Gaia Tribe (avec Joe Satriani) - 5:08
- For You and Forever - 4:02
- Heavy Heart Rising - 4:02
- Wonderide - 3:33
- Passionala (avec Eric Johnson) - 5:22
- Letting Go - 3:23
- Elemental Journey - 4:09
- Brave New Girl - 4:58
- Forgotten Story (avec Robert Greenidge) - 3:33
- Reckless Beauty - 3:24
- Opening Sky - 3:48
Grand fan de Sonny Landreth depuis ses débuts, en solo mais aussi chez Mayall ou John Hiatt, j'ai exceptionnellement fait l'impasse sur ce "Elemental Journey", justement parce que c'est un opus exclusivement instrumental et que je me méfie toujours de ce genre d'exercice! Pas convaincu par ta néanmoins excellente prose, je vais quand même aller y jeter une ou deux oreilles des fois que....
RépondreSupprimerAvec John Mayall ? En guest alors.
SupprimerA écouter avant achat, si possible. Car différent de tout ce qu'il a fait jusqu'à présent.
En guest oui effectivement, sur "A sense of place" en 1990. Landreth est présent sur tous les morceaux,avec Coco Montoya guitariste des Bluesbreakers à ce moment là. Mayall a toujours eu du nez pour repérer les petits génies de la guitare!
RépondreSupprimerOk. Thx for the info (encore un connaisseur)
SupprimerJe crois bien que c'est mon premier disque de Mayall, que je n'ai plus écouté depuis des lustres. Et à l'époque je ne connaissais pas Landreth.