(photo S. Murthy the Hindu) |
Ravi Shankar est décédé à l'age vénérable de 92 ans; le vieux sage est parti ravir (ça c'est fait) Ganesh et Vishnou de ses mélopées.
Il faudrait un bouquin pour raconter la vie incroyable de cet homme, il était le musicien et compositeur indien le plus célèbre du monde, celui qui popularisa cette musique dans l’oreille des petits occidentaux. Grâce au rock’n’roll ! Son nom est en effet indissociable de ceux des groupes rock en plein trip psychédélique dans les années 60.
A 11 ans il joue ainsi du sitar et danse à la salle Pleyel (1931!), il vivra plusieurs années en France, "ma seconde patrie" en dit il. Il rentre ensuite en Inde suivre l'apprentissage du maitre Alla Udin Khan (1881-1972) et s'implique dans la pérennisation de la musique traditionnelle indienne, créant en 1947 l'Orchestre national de la radio indienne puis l'Orchestre de chambre national.
Sa carrière internationale décolle, il va de triomphes en triomphes, des États-Unis à l'Union Soviétique , rencontre et travaille avec Yehudi Menuhin, Philippe Glass ou John McLaughlin. Et même le jazzman John Coltrane, grand mystique devant l’Eternel, qui est en train de virer du bop au Free-jazz, à coup de longs chorus contemplatifs, vient cueillir la parole du Maître indien, qui pour plus de commodités avait ouvert une école de musique aux États Unis. John Coltrane qui prénommera son fils Ravi en hommage… (c'est aujourd’hui saxophoniste réputé) . En 66 à Londres il rencontre un certain Georges Harrison, en quête d'exotisme et de nouvelles sonorités, qui le suit 6 semaines en Inde apprendre le sitar mais également la philosophie indienne, pendant que les trois autres Beatles refont le monde en partageant le calumet avec le Maharishi Mahesh Yogi. Harrison qui utilisera le sitar sur plusieurs titres des Fab Four puis dans sa carrière solo ("Within you without you" "Norvegian wood" "When whe where fab" ).
avec Harrison |
Il est amusant de savoir que Shankar ignorait quand il l'a rencontré que son élève était une superstar. Cette collaboration va apporter la renommée mondiale à Ravi, le propulsant sur les scènes des grands festivals de l'époque. Il aura été de toutes les grandes démonstrations de musique et de paix de la période hippie, Woodstock, Monterey, et bien sûr le concert caritatif pour le Bengladesh, organisé par George Harrison en 1971. Harrison qui restera très lié avec lui, produisant ses albums à venir. On retrouve aussi Shankar parmi les artistes qui ont tourné en 1988 pour Amnesty International . Brian Jones des Rolling Stones, se met aussi au sitar, après une visite chez Harrison, il en jouera sur plusieurs morceaux des Stones, dont bien sur "Paint it black". On retrouvera des parties de sitar notamment chez Scott MacKenzie (et son hit "San Francisco"), Traffic ("Paper Sun"), The Monkees , Mama's and Papas, Animals, Moody blues, Procol Harum, Jethro Tull, T Rex ou Steely Dan ("Do It Again" 1972). Si cette essor du sitar s'est essoufflé ensuite il reste un des sons caractéristiques des expérimentations de la grande époque de la pop. Et plus récemment les rockeurs de Metallica (!) l'ont utilisé (sur "Wherever I May Roam" du black album).
Après cette folle période le vieux maitre s'est partagé entre enseignement, concerts et disques, il a également composé des musiques de films, notamment pour le grand Satyajit Ray. Il restera dans les mémoires comme le "Mozart du sitar" (Menuhin) mais aussi comme un précurseur du métissage des musiques et des cultures. A noter que sa (sublime) fille Anoushka Shankar (ci contre) est une des rares virtuoses féminines du sitar et que son autre fille, une certaine Norah Jones, élevée par sa mère au Texas, est elle devenue une star du jazz, bon sang ne saurait mentir..
3 vidéos pour finir
1-Ravi enseigne à Georges Harrison
2- Paint it black des Stones avec Brian Jones au sitar
3- Ravi et sa fille Anoushka
Il a influencé pas mal de 68 hommes et femmes...
RépondreSupprimer