On ne présente plus Mark Knopfler qui...
- Oui, au fond ? Claude ?
- Dis Rockin, c'est que je les confonds un peu tous vos
rockeurs chevelus, alors un petit rappel je serai pas contre...
du temps de Dire Strait..et des cheveux |
- Chevelu ? Ben tu sais Claude notre ami a 65 balais alors… 65 balais ! Ça ne nous
rajeunit pas tout ça, nous qui écoutions Dire Straits au lycée début des 80's…
Dire Strait dont Luc nous a déjà parlé dans ces colonnes (clic!) et
dont Knopfler était le fondateur, compositeur, chanteur/guitariste et qui a
écoulé quelques tonnes de vinyles dans ces années là, et de CD puisque le
groupe a été le premier à atteindre le million de CD vendus pour "Brothers in arms", pas
mal pour un groupe dont le nom signifie quelque chose comme "dans la déche"…
Knopfler lassé des tournées gigantissimes a dissous le
groupe en 1993, aussi parce qu'il souhaitait expérimenter d'autres genres que le style bien défini de
son groupe. Comme ont pu le faire aussi par exemple Robert Plant (chanteur de
Led Zepellin) et ses excursions orientalisantes ou Richie Blackmore (guitariste
de Deep Purple) passé de riffeur de plomb à ménestrel…
J'ai pu lire ici ou là concernant Knopfler, mouais c'est pas
mal, mais ça vaut pas Dire Straits. J'ai envie de répondre à ceux là qu'ils enfoncent
des portes ouvertes et que l'âge et la fortune venus, certains artistes ont peut
être envie de faire autre chose qu'ils ont toujours eu envie de faire au lieu
de se retaper pour la millième fois "Sultans of swing" (ou
"Starway to heaven" ou "Smoke on the water" concernant les
2 susnommés). D'ailleurs relisez le compte rendu du concert de Robert Plant à
Bercy (re clic!) regrettant que le public se réveille juste quand il ressortait du Led Zep…
Depuis qu'il s'est lancé en solo, Knopfler a pondu 7 albums
studios, plus quelques lives et collaborations diverses, et nous livre ici
carrément un double album, genre un peu tombé en désuétude d'ailleurs, faut croire
qu'il est prolifique et avait beaucoup de matériel sous le coude. Il s'est
entouré pour cela de son fidèle complice Guy Fletcher (claviers) de l'aventure Dire Straits et qui l'a suivi
ensuite, du batteur Ian Thomas, du bassiste Glenn Worf, du pianiste et
organiste Jim Cox et d'un paquet d'invités selon les titres. Coté blues on
retrouve un des meilleurs harmoniciste en activité, Kim Wilson (Fabulous Thunderbirds) et coté country
et celtique, accordéon, fiddle, pipes (Mike McGoldrick), mandoline, bouzouki, pedal
steel guitar (Paul Franklin), plus trompette, sax et clarinette.
Assez causé place à la zic, Mark c'est à toi, on t'écoute…
"Redbud tree" qui ouvre est un petit bijou miraculeux, écoutez à 1:17 ce
solo imparable, un son reconnaissable entre milles, la marque Knopfler (Mark
Knopfler ! Elle est bonne celle là...), ces notes à la pureté cristalline, cette
ambiance délicieusement "laid back", terrible !Et cette voix, profonde et grave qui donne la chair de poule, Knopfler n'a sans doute jamais aussi bien chanté, dire que Dylan a lui paumé sa voix..
"Haul away" est une ballade entre country et
irlandaise, à la Pogues, et country, remember aussi les Notting Hillbillies, éphémère
groupe de Knopfler dans les années 86-90 et fortement teinté country.
Kim Wilson |
"Don't forget your hat" est le premier titre
blues, assez classique avec une belle présence de Kim Wilson à l'harmonica, du
piano, une belle partie de slide de Knopfler, ensuite "Privateering" qui donne
son nom à l'album est une ballade au
souffle puissant et épique avec de beaux passages qui font monter la sauce.
Si jusque là c'est le sans faute, les choses vont un peu se gâter
ensuite et sur les 6 morceaux qui restent de ce premier CD je n'en ressortirai
que 2 : "Corned beef city" du pur… Dire Straits, qui rappelle que ceux-ci ont été les "Sultans du
swing", ça balance sévère guitare en avant et ravira les nostalgiques de "Walk of
life" ou "Money for nothing" et "Hot or what" un beau
blues rampant au beat à la John Lee Hooker.
Les 4 autres titres se perdent un peu en ballades bluesy-pop-soft rock sans intérêt majeur, parfait pour salle d'attente de dentiste,
attention je ne dis pas que c'est mauvais, juste que ce n'est pas trop ma cup
of tea…
Hé attendez! Partez pas! Je vous avais dit que c'était un
double CD, il nous en reste un !
photos Fabio Lovino, tirées de markknopfler.com |
Et ce dernier démarre avec "Kingdom of gold", une
belle ballade folk celtique. Dans ce registre ballade, nous aurons aussi
"Dream", "Blood water", et "After the Breamstak",
ainsi que la très belle "Radio city serenade", sa trompette mariachi et son
accordéon et le jazzy "Bluebird".
Le blues a
aussi sa part avec "Got to have something", "I used to
could", "Today is okay" et surtout "Gator blood", un
très bon blues rock avec ses solos de guitare "old blues".
Que retenir de tout ça ? Déjà à mon sens un album simple avec
12/13 titres aurait sans doute été préférable, permettant d'éliminer certains
titres pas impérissables et d'éviter de tomber dans le soporifique par moments.
Sévère ? Peut-être, mais qui aime bien châtie bien et je l'aime beaucoup cet
album et le père Knopfler aussi… Les 7 morceaux blues sont bien joués, avec un
grand Kim Wilson, mais peut être un peu sages et propres sur eux, dans
l'esprit du "From the craddle" d'Eric Clapton à qui certains ont pu
adresser les mêmes reproches. On aurait aimé plus de solos aussi, après tout
quand on achète un disque d'un guitariste virtuose, c'est pas pour avoir du bouzouki... Il
n'en reste pas moins un excellent album, vraiment très agréable à écouter, dans une
ambiance cool à la JJ Cale ou Ry Cooder.
Très pertinent tout ça! Il est vrai qu'il ne faut plus attendre que ce bon Knopfler nous refasse le coup de Dire Straits à chaque disque et à quoi bon?
RépondreSupprimerCe "Privatering" est le disque idéal pour ce début d'automne, à écouter à la nuit tombée et se délecter des délicats chorus du virtuose.
Un album simple aurait suffit? je possède l'édition de luxe (3cd), et j'avoue écouter sans difficulté aucune les trois à la suite! Amicalement JP
Aaaaaah... une strat en position 2 ou 4 (et je ne parle pas de Kama-Sutra, bande de cuistres !) et Choux-Fleur reste divin !
RépondreSupprimerBien mieux que lorsqu'il s'essaie à la disto (cf "Money for nothing" et autres horreurs FM-minet...)
je l'attendais cette chronique, impatiente de connaitre l'avis de Rockin sur cet album et je ne suis pas déçue puisque j'ai à quelques chose près le même, sauf que je n'aurai pas su le dire avec autant de justesse (et de tact). la référence à JJ cale me fait bien plaisir.
RépondreSupprimerC'est quand il veut pour jouer sur une gratte de métalleu avec un médiator...
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